Adrien Rabiot Virage

Adrien Rabiot, parole à la défense

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L’affaire Rabiot déchaine les passions et les jugements hâtifs.
En ces temps où il paraît bon de conspuer sans réfléchir, et de souhaiter au joueur
les pires ignominies, tel que la rupture des ligaments croisés, la carrière
d’Hatem Ben Arfa ou, pire, la signature à l’OM, il m’apparait nécessaire de clarifier
les choses, de prendre la parole pour défendre mon avatar.


Qu’il soit bien clair dès le début qu’aucune position dans ce dossier ne peut être tranchée, à l’heure de faire le procès du soldat Rabiot : Non, il n’est pas innocent. Est-il toutefois coupable ? Mérite-t-il d’être envoyé en prison ?

« J’me présente, je m’appelle Adri. J’voudrais bien réussir ma vie, être aimé » (air connu)
On imagine aisément Véronique Rabiot chantonner cette chanson à son fiston, penchée au-dessus du berceau telle une bonne fée des temps moderne. Cette phrase, Adrien semble en avoir fait son mantra, son objectif, sa raison de vivre. Réussir sa vie, sa carrière, son projet professionnel, et surtout être aimé.

En effet, tout, dans le parcours du joueur, démontre un irrésistible besoin de reconnaissance, et d’amour. Est-ce dû à un déficit d’amour paternel, qui n’a pas s’exprimer parfaitement tout au long de sa carrière (on rappellera que Michel Rabiot a subi un AVC il y a une dizaine d’années et est aujourd’hui paralysé) ? Toujours est-il que, très vite, le jeune homme attire l’œil des foules. Prodige de l’équipe de France espoirs, Adrien Rabiot est un pur produit du centre de formation parisien. Un titi dans l’âme et dans le cœur, de la trempe des Sakho, avec une volonté inébranlable, et désireux de faire ses preuves.

Rabiot connaîtra ainsi la réussite à de nombreuses reprises, déjouant souvent l’avis des observateurs avisés du football. Qui n’a pas tremblé en le voyant entrer en jeu à la place d’un Marco Verratti blessé lors du match contre le Real en poules de LDC ? Pourtant, le titi se montrera à la hauteur de l’enjeu, surpassant le remplacé, et asphyxiant le milieu adverse, pourtant futur vainqueur de l’épreuve.

A cet instant, Rabiot sait qu’il a une place spéciale dans le cœur des parisiens, et cette pensée ne le quittera jamais, et ne le quitte toujours pas aujourd’hui. Non, Adrien Rabiot ne se fout pas de la gueule du PSG, il ne manque pas de respect aux fans en ayant tant traîné pour prolonger son contrat. Il se trouve simplement dans l’impossibilité d’annoncer clairement sa décision, de briser le cœur et la confiance de ceux qui l’ont tant choyé. Adrien Rabiot veut juste être aimé. Le plus longtemps possible.

Aujourd’hui, les rumeurs parlent d’un refus de prolonger. Les foudres se déchaînent, Henrique requiert la condamnation à 6 mois de prison ferme.
Pour le condamner, le PSG met en avant le parcours du joueur, et le fait que son club a toujours misé sur lui. On rappellera que le départ de Matuidi étant en partie motivé par le fait que Paris souhaitait permettre le développement d’Adrien Rabiot. Ce dernier a-t-il répondu aux attentes du club ? Pas tout à fait. Citons ainsi son refus de jouer n°6, ses nombreux caprices concernant ses prétentions salariales, et, surtout, ses repoussées incessantes de sa prolongation.

D’ailleurs, pourquoi Rabiot a-t-il tellement hésité à prolonger ? Le deal proposé par le PSG était-il si beau qu’il aurait été fou de le refuser ?
Si le club lui proposait d’incarner une image, un symbole, le titi parisien formé au club et possible futur capitaine, un destin à la Steven Gerrard en somme, il y a une contrepartie à cela. Une contrepartie que connaissent bien les Thiago Silva, Marquinhos et autres Verratti : Quand tu signes avec le PSG, tu ne pars que quand le PSG le décide.

Souvenez-vous des psychodrames estivaux de de nos têtes d’affiches, courtisées par Barcelone ou Madrid, du feuilleton Marco Verratti dans lequel celui-ci s’est décrit comme un prisonnier. Avait-il tout à fait tort ? Il voulait partir, il n’a pas pu pour cause de refus de la direction qui a invoqué le sacro-saint respect du contrat signé, et tant pis pour les désirs du joueur. Nos dirigeant Qataris pratiquent régulièrement la rétention de passeport, force est de constater qu’ils l’ont transposée aux joueurs. Qui peut sérieusement penser qu’un joueur sous contrat pourrait tordre le bras du PSG et obtenir son départ ?

Alors Rabiot a voulu conserver sa liberté, a refusé de s’enchainer à ce club qu’il aime pourtant, il n’est pas possible d’en douter. Aujourd’hui, cet amour lui revient en pleine face parce qu’il n’a pas réussi à l’exprimer parfaitement, parce qu’il a été tiraillé entre l’attachement à nos couleurs et la peur de se voir privé de sortie, si l’aventure tournait court.

Le Duc a été lâche. Il n’a pas su se positionner.
S’il n’est pas exempt de tout reproche, il convient de s’interroger : le mettre en prison comme le suggère Henrique ne risquerait-il pas d’accélérer sa radicalisation ?
Sortir Rabiot des feuilles de matches, c’est à la fois antisportif et totalement inconscient. Aujourd’hui, le PSG ne compte dans ses rangs qu’un seul milieu axial en la personne de Marco Verratti, déjà sous la menace d’un carton jaune en ligue des champions. Ses remplaçants se nomment Draxler, Nkunku (dont le poste a tellement varié qu’il est devenu inclassable) ou Lassana Diarra (on ne tire pas sur l’ambulance).

Sortir Rabiot des feuilles de matches, même pour un mois, c’est s’assurer de l’absence totale de motivation du joueur à chacune de ses entrées en jeu (et oui, bande de mauvaises langues, il y a une différence avec ses entrées en jeu actuelles !)

Non, il ne faut pas se priver de Rabiot, il faut respecter son choix. Parce que pour la première fois de sa carrière, il semble enfin sur le point d’en faire un. Et s’il veut réellement partir à la fin de la saison pour aller ailleurs clamer son désir de jouer n°8 et pas n°6, d’avoir un meilleur salaire, de pouvoir arriver en retard aux rassemblements, le club doit plutôt se réjouir de perdre un élément si perturbateur de son groupe.

D’où vient ce goût âcre dans nos bouches ? Ce goût de regret, de rendez-vous manqué ? Aujourd’hui, les fans du PSG ont la rage contre Rabiot, considéré comme traitre du fait qu’il refuse de prolonger, de rendre au club l’investissement qui a été mis en lui.

En réalité, le problème vient du fait qu’on est à peu près sûrs qu’Adrien Rabiot ne tiendra pas le même discours ni la même attitude ailleurs. De deux choses l’une : soit il se mettra au travail, deviendra une machine à gagner et se pliera à l’institution du club qu’il rejoindra (ce qui achèvera de démontrer que le PSG a du chemin à faire), soit il explosera en plein vol et connaîtra une carrière Benarfesque.

Quelle fin lui souhaiter ? Celle où il connaîtra le plus d’amour. Car visiblement, c’est tout ce qu’il recherche.


Rabiot Jacob

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