Adrien Rabiot Saison 7 Virage

Adrien Rabiot, saison 7, épisode 25

par

Tant de choses ont été dites et écrites ces derniers mois à propos d’Adrien Rabiot,
de sa situation contractuelle, de sa mère/agent, leurs manières ou leur mentalité. Pourquoi en rajouter me direz-vous ?

Bien évidemment parce qu’on a entendu la terre entière donner son avis sur le joueur et ce qui n’est rien de plus qu’une négociation contractuelle lambda, mais à des niveaux de revenus que personne ne peut s’imaginer, si ce n’est le top 5% du football professionnel européen ou des gars comme Bernard Arnault ou Carlos Ghosn. Le seul qu’on n’ait pas vraiment entendu à ce sujet, c’est le premier intéressé, à savoir le vrai Duc de Boulbi, pas celui qui tape des mecs à Orly avec des flacons de parfum.

De peur de froisser notre grand Gourou rédac’ chef, et de voir s’abattre sur les autres illuminés de notre secte du Virage le discrédit et l’opprobre du monde extérieur, j’ai patiemment attendu que le mercato d’hiver referme pudiquement ses portes sur les doigts d’Antero Henrique, et avec ce petit pisse-froid d’Adrien Rabiot bien au chaud à l’intérieur. Après tout, le temps que ce billet soit mis en ligne, j’aurais pu passer pour un gros sac en découvrant que Tottenham, la Juve ou le Bayern avaient mis la main sur lui, auquel cas ma seule consolation aurait au mieux été qu’encore une fois on ait fucké Barcelone et leur demi-milliard d’euros de masse salariale annuelle. Passons.

J’ai croisé mes doigts à moi depuis le début de saison pour que la nouvelle sorte, Rabiot prolonge pour on s’en fout de combien de temps, mais c’est réglé, il continue l’aventure avec son club de toujours, et a enfin un salaire à la hauteur de ses coéquipiers qui font le même boulot, voire moins. Les persifleurs diront volontiers à la hauteur de son melon, mais on n’est pas là pour parler salade de fruits. Tuchel le clairvoyant en fait dès le début de saison un titulaire systématique, au point qu’il cumule après trois mois le temps de jeu le plus important du groupe pro. Mais les mois passent, et la sanction tombe, Adrien Rabiot n’a pas prolongé son contrat, en conséquence de quoi il est mis en quarantaine. On reviendra là-dessus un peu plus tard.

Rabiot Saison 7 Virage
« Fire moi ce trück de tes chefeux Adri, on dirait Kristopf Dougarry ! »

En l’état, on parle d’un enfant, oui, un jeune adulte si vous préférez, 23 ans et des poussières, qui a entamé, excusez du peu sa SEPTIEME saison avec l’équipe première du PSG. oui, septième.
Plus de deux cents matches joués avec le club parisien déjà. Soit autant que toute la carrière de Lassana Diarra par exemple, qui négocie actuellement son départ à la retraite pour mettre fin à un emploi fictif au sein du même club.
Un gosse passé par toutes les sélections nationales depuis les U16, régulièrement surclassé, et je ne pense pas que ce soit uniquement à cause de ses longues jambes.

Un ado repéré et retenu par le Mister lorsque durant sa première saison au club, il demande de la chair fraiche de la réserve pour boucher les trous à l’entraînement de l’équipe première.
Un grand dadais qui s’est permis très jeune de répondre à Zlatan un aprem de match amical aux Stazunis au motif que ce grand con de suédois l’avait obligé à faire faute et qu’il ferait mieux de fermer sa bouche.

Plus grave, un rescapé, un pauvre mortel à la croissance à peine terminée qui a dû enfiler pendant six mois les maillots violets immondes du Téfécé, et avoir comme seuls partenaires Ali Ahamada, Pantxi Siriex ou encore Etienne Didot. Combien de jeunes auraient plongé face à cette précarité footbalistique? Pas Adrien, qui se rappellera une saison et demie plus tard au bon souvenir de ce qui reste à ce jour comme le seul autre club dans lequel il ait évolué en leur calant un petit doublé des familles. Circulez, loqueteux du football français.

Alors oui, il faut bien lui trouver des défauts à ce gamin, il aime la confrontation, tout autant avec ses adversaires qu’avec son employeur. Depuis qu’il est pro, il a des accords de principe avec la moitié de la planète ballon – l’AS Rome à l’époque de sa première renégociation avec le PSG, ce qui lui vaudra quelques mois au gnouf de la réserve parisienne, peut-être avec Barcelone cette saison (mais qui sait vraiment?).

Il a aussi une fâcheuse tendance à accumuler les retards, ce qui l’a privé de quelques matches, le dernier en date pour le classique au en terres phocéennes, événement auquel nos grands devins de plateaux télé rattachent le début de la fin de l’histoire de Rabiot avec son club. Plus grave encore, il a fait le pire choix de carrière l’été dernier en se trouvant trop beau pour être un simple réserviste de l’EDF, et a choqué la terre entière avec ses états d’âme de mec très sûr de lui. Mais dans les faits, et je m’en réjouis en ce 5 février 2019, Adrien Rabiot est toujours un joueur du Paris Saint-Germain, et je l’espère pour de longues années encore.

J’entends déjà les puristes arriver à toute balle, « eh ho on n’a pas besoin de lui, il chie sur le club, il est où le respect de l’institution, du maillot » tout ça ? Ben justement minou, plusieurs choses :
La première et sans doute la plus importante, lui et sa mère le savent bien, BIEN SÛR qu’on a un besoin de ouf de ce joueur. Pour mille raisons, mais la première tout simplement parce qu’il est là, qu’il existe numériquement, qu’il a un pied gauche 100% soie, et qu’il connait la maison par coeur. Puisque Paris n’a « fait » que Paredes cet hiver (le prochain que j’entends utiliser cette expression, je l’envoie en échange linguistique à Damas), la plus belle prise du mercato consisterait à montrer le chemin de la rédemption à Adrien en le réintégrant au plus vite dans le groupe pro, et pas seulement à l’entrainement.

Rabiot Saison 7 Virage
Bon pied bon oeil, un fer 2 dans un bas de soie

Après tout, un (ex) international français, disponible hors mercato, qui ne couterait pas un euro d’indemnité transfert ni de prime à la signature, ça ne court pas les rues. Entendre sur les plateaux d’émissions sportives les commentateurs oser le « et si Rabiot rejouait avec le PSG? » ça me fait penser à la presse écrite française en décembre dernier qui s’est subitement interrogée sur la possibilité que la police ait usé de la force de manière disproportionnée face aux manifestants (#davduf). Oui il va rejouer, Tuchel l’apprécie, a besoin de lui. Et puis qui est-ce qui va se coltiner les camionneurs de Manchester autrement? On va quand même pas mettre Dani Alves, 37 ans et 1m64 contre les golgots de catcheurs Red Devils?

Ensuite, il ne respecte pas le club, c’est vous qui le dites. Pas d’amour du maillot, à ma connaissance il n’a jamais fait une Kezman en quittant le terrain. Tous ceux qui crient au respect du maillot alors qu’ils sont ok pour en porter un jaune poussin ou pire un survêtement gris et rose acheté sur aliexpress, … Les gens ont bien pardonné un aller/retour de Jerome Leroy à Marseille au début des années 2000, alors pourquoi est-ce qu’Adrien Rabiot n’aurait pas droit à la même mansuétude, pour des faits bien moins graves, en attendant des lendemains plus joyeux? Je me rappelle également une époque où Paname flirtait avec la relégation et des joueurs comme Rothen par exemple annonçaient sans pression qu’ils ne pourraient pas rester en cas de descente… Je n’ai pas le souvenir que ça avait ému les foules à l’époque, alors que c’était autrement plus irrespectueux vis-à-vis du club et de ses supporters, de leur jeter à la gueule qu’il n’avait aucune responsabilité dans la situation sportive du moment et qu’il ne pourrait pas en subir les éventuelles conséquences.

Depuis ses jeunes années, Adrien Rabiot drive sa barque, s’achète la liberté de pouvoir décider fréquemment de son futur, de son éventuelle prochaine destination, dans un monde pro. extrêmement borné, où de nombreuses règles non écrites dictent leur comportement aux joueurs, et les relations entre eux et leur employeur. Ca ne dérange personne que Marco Verratti ait été augmenté 17 fois depuis son arrivée au club, en usant de toutes les ficelles les plus pétées du game, je suis un petit hibou tout triste, Barcelone me veut, mon agent c’est Raiola il sait ce qui est bon pour moi etc… Pour un gars qui est systématiquement absent pour les derniers grands rendez-vous de l’année, il bénéficie tout de même de beaucoup d’égards par rapport à Rabiot, qui je le rappelle à passé la moitié de sa vie au club.

Le jour où l’un d’entre vous se retrouvera autour d’une table à pouvoir négocier une prime à la signature à 7 ou 8 chiffres, on en reparle. Je sais que ça rend les gens dingues de voir un gamin jouer la montre, temporiser ses décisions, rajouter des conditions alors que tout le monde a l’air prêt à signer… Dans le cas d’espèce, nous sommes confrontés à un problème plus large que simplement l’ego quelque peu démesuré d’un gamin de 23 ans qui se demande s’il a encore envie de jouer pour un club avec qui c’est le chaud/froid affectif depuis 6 ans. Ok sa mère agent femme de sa vie casse les nuts. Mais il y a au sein du club un plus gros bourrin encore, nommé Antero Henrique, qui visiblement semble être le problème commun de la famille Rabiot et de Thomas Tuchel, et qui n’a pas l’air de faire quoi que ce soit pour changer cette désagréable impression. A part proposer des joueurs semi inconnus portugais, ou qui se sont déjà foiré dans un grand club, le père Antero ne sert pas à grand chose depuis 18 mois.

En revanche, il les a brisées à un gros paquet de gens, et les DS des plus grands clubs en Europe se plaignent de ses manières de porc. Ca marchait peut-être quand il était à Porto, mais force est de constater que depuis qu’il est à Paname, son meilleur atout reste la vente, pas l’achat. Tuchel fait des pieds et des mains depuis le début de saison pour préparer l’arrivée d’un milieu def. d’expérience, et Henrique s’amuse à clasher les joueurs qu’il a sous la main, et proposer des quilles hors de prix à la place.

Ce dernier mercato a résumé l’apport limité que peut avoir un mercenaire comme Henrique, à plus forte raison dans un environnement où pour la première fois de l’ère QSI, tous les indicateurs ou presque sont au vert, un groupe de plus en plus fort et homogène, drivé par un mentaliste allemand qui semble arriver à faire sauter un par un tous les verrous psychologiques de l’équipe, voire du club. Le seul caillou dans sa chaussure est précisément celui qui l’empêche de façonner un effectif selon ses désirs, alors qu’il était lui-même le choix de Doha, et qu’à ce titre il fait presque figure d’intouchable.

Rabiot Saison 7 Virage
Marco discute revalorisation avec Arsène

Le cas Rabiot est donc le révélateur d’une crise qui couve depuis un moment déjà, à savoir le management improbable/déplorable par Henrique des joueurs sous contrat, et les différences majeures d’appréciation entre lui et Tuchel au sujet de possibles ajouts au groupe existant. Les stars de l’équipe ont l’air d’échanger soit avec Tuchel, soit directement avec Nasser. Sa position étant ultra précaire, la logique voudrait donc que Henrique saute dès les prochains jours, comme sanction de cette inadéquation, et qu’il soit remplacé par quelqu’un qu’on nommera au hasard Arsène Wenger, dans une volonté d’apaisement, et de travail harmonieux en vue des prochaines échéances.

La première d’entre elles étant la qualification en Champions League contre Manchester, ce qui ne pourrait rendre plus heureux un mec comme, disons, Arsène Wenger, ce dernier aura eu la bonne idée de valider à son entrée en fonctions la mise à disposition d’Adrien Rabiot. Celui-ci étant un chouchou historique de Nasser, il n’y a aucune raison pour l’on ne revoie pas le Duc, catogan au vent ces prochaines semaines, portant son maillot frappé du numéro 25.

J’en viens à ce voeu qui je l’espère sera prémonitoire: match retour au Parc contre United, Di Maria est fantomatique depuis 20mn, Tuchel tente un coup tactique en faisant rentrer Rabiot et en le plaçant en soutien de Cavani et Mbappé. 17 minutes plus tard, même Stéphane Guy est obligé d’avouer que cette minasse de 25m de la part d’Adrien Rabiot, il ne l’avait pas vue venir…. Petit à petit, Rabiot reprend sa place au sein du groupe et dans la tête des supporters qui le conspuaient. L’avenir proche nous dira s’il a encore 15 ou 150 matches à jouer avec son club formateur, ce qui est certain en tous cas, c’est que le club doit à tout prix le re-signer, que ce soit pour lui donner envie de rester encore 5 ans, voire toute sa carrière à Paris comme Presnel, ou seulement pour le remettre à sa juste valeur durant la prochaine fenêtre de transferts.

Moi j’ai fait mon choix depuis longtemps, je sais qu’il serait aussi élégant dans un grand club italien, mais je préfère m’imaginer qu’un jour Adrien Rabiot devienne enfin le Steven Gerrard ou le Daniele De Rossi du Paris Saint-Germain.

Crédits photos (c) Panoramic


Jérome Popineau

Laisser un commentaire

Découvrez les articles de