Un an au club !
Éverton et Souza | 2008-2009

par

Ils ne sont restés qu’un an, et ils ont marqué le club.
D’autres sont restés plus longtemps et on les a oubliés.
Par leur immense talent ou par leur médiocrité abyssale ils ont créé l’identité du PSG.

Un an se fut très court avec Šurjak, Weah, Leonardo, Dhorasoo, Kees Kist, Djorkaeff ou Sorin. Mais ça peut être aussi très long avec Edmilson, Geraldo, Goma, Dalmat,
Da Fonséca, Digard, Hellebuyck, Landrin, Ardiles ou Ouédec.

Pour d’autres comme Marcelo Gallardo ou Martin Cardetti on ne sait pas.
Qu’ils aient fait rêver, pleurer ou rire, ils ressemblent tous au PSG.

Éverton Santos | 2007-2008, n°19
Willamis Souza | 2007-2008, n°10


L’arrivée d’un joueur brésilien à Paris est toujours observé avec un certain intérêt, mais l’arrivée de deux brésiliens inconnus en même temps dans un club comme le PSG peut paraitre plus que suspect. Et nous n’avons pas été déçu.
Avec Éverton et Souza, le PSG se paie un duo à six millions d’euros.
Ramon et Pédro, Brock et Schnock, on aurait pu leurs trouver d’innombrables surnoms de duos, mais Everton se chargea lui-même d’inspirer ses coéquipiers qui le surnomme Jean-Claude Robigneau car il se comparait à Robinho.
Pour nous ils resteront à jamais associés au point même que pour beaucoup ils ne sont qu’une seule et même personne sous le nom d’Éverton Souza.

Si un transfert doit symboliser les années galères du club de la capitale, c’est bien le recrutement de ces joueurs brésiliens de seconde zone. Un recrutement qui fut réalisé bien-sur durant les dernières heures du mercato d’hiver en janvier 2008. Vous me direz qu’il ne pouvait pas en être autrement.

Danse avec les Stars

La saison 2007-2008 est sûrement une des pires de l’histoire du PSG, oui vraiment une sale saison, mais une saison à suspense. Comme beaucoup, je pense que le jour où ce club descendra en D2 il ne reviendra plus et n’existera plus. Cette saison là, on y est passé très très près.
En cet hiver 2007-2008 on s’ennuie ferme au Parc. D’ailleurs on s’ennuie sur tous les terrains de France.
On est presque au bout de l’hégémonie lyonnaise avec 6 titres d’affilé, on n’en peut plus. L’OM ne gagne plus rien, et le PSG se traine entre le maintien et la League Europa.
Depuis plusieurs années le club est au top de ses problèmes structurels, qui débordent inévitablement sur le terrain. Cette saison marque aussi la cassure définitive entre les supporters et la direction du PSG, qui se terminera par la mise en place du plan Leproux.

C’est vraiment pas la fête au club, avec un coach, Paul Le Guen arrivé en grande pompe et plein d’espoir mais qui n’assure pas, et une cellule de recrutement qui fait n’importe quoi. Sans oublier la spécialité parisienne, le changement de président en cours de saison.

Pourtant l’équipe type de cette saison se compose de quelques noms comme Mickaël Landreau, Bernard Mendy, Mario Yepes, Jérôme Rothen, Peguy Luyindula, et Pauleta qui doivent normalement amener le club dans les cinq premiers du championnat et une qualification européenne.

2008 a eu le numéro 10 qu’elle mérite.

Le très bizarre mercato d’été nous alertait déjà, pour la suite de la saison. Les arrivées de Didier Digard, Zoumana Camara, Marcos Ceará. Le retour de près de Fabrice Pancrate et la signature du premier contrat pro de Mamadou Sakho. À signaler l’arrivée d’Apoula Edel, les connaisseurs apprécieront.

En janvier 2008, Paris est 13ème du championnat après 23 journées avec seulement trois petits points d’avance sur Auxerre, premier relégable. Nous sommes au mercato d’hiver et avant le dernier jour le PSG ne recrute personne à part Guillaume Hoarau qui sera tout de suite prêté au Havre jusqu’à la fin de la saison pour on ne sait quelle raison.
C’est alors que la nouvelle tombe, deux brésiliens arrivent à Paris ! Ils ne viennent pas de n’importe où en plus, SC Corinthians et São Paulo FC, deux clubs Paulista mythiques avec une histoire et un palmarès à faire pâlir une jeune équipe comme le PSG. Everton signe pour quatre ans et demi, Souza pour trois ans et demi et hérite du numéro 10. Oui n°10 au PSG, c’est pas une blague ! Pas étonnant que Zlatan se soit moqué du passé du club.
Avec ces deux joueurs Paris cherchait surement à compenser les départs de Marcelo Gallardo et Pierre-Alain Frau, mais cette opération fit perdre au club énormément en crédibilité.

Le reste de la saison, Paris continue à vivoter dans le ventre mou du championnat, avec une descente en enfer qui s’annonce. Le PSG sauve sa place en L1 lors de la dernière journée en l’emportant à Sochaux 1-2 grâce à deux buts d’Amara Diané, et ne termine qu’à une piètre 16ème place à seulement deux longueurs du RC Lens premier relégable.

Les brésiliens et cette obsession du derrière

Heureusement que le PSG est une équipe de coupes, ce qui permet aux fans de se faire plaisir de temps en temps en coupe de France ou de la League. Paris atteint la finale de la coupe de France, et remporte la coupe de la Ligue, ce qui le qualifie pour la coupe UEFA.

Revenons à notre duo, je pense qu’il faut être allemand pour être sur de s’adapter à un club quand on est transféré au mercato d’hiver, malheureusement notre ami Éverton Souza est brésilien. Qui est-il ? D’ou vient-il ?

C’est Valdo qui sert d’intermédiaire au recrutement, pour lui Souza est une valeur sûre du championnat brésilien. Et c’est Alain Roche qui valide. Les deux Brésiliens ne sont pas les premiers choix, et ne valent pas leur tarif final, mais l’insistance du PSG dans les dernières heures du mercato fait grimper les prix.
Roche le dira plus tard : « On savait qu’on prenait des joueurs moyens. C’était dans la panique totale que la décision a été prise. Je pense que tout le monde la regrette ».

Dès le début nos deux lascars n’ont pas convaincu. Non désiré par le coach qui voulait un milieu droit, et même si Souza débute en tant que titulaire en février, Le Guen l’envoie rapidement chauffer le banc, et Santos en formation avec la réserve en CFA, sans avoir véritablement foulé la pelouse du Parc.

Ca(i)sse Noisette

Everton, 21 ans, n’a jamais fait d’étincelle aux SC Corinthians. Il n’est pas au top quand il arrive à Paris car il finit la saison d’été sur une blessure. Pourtant lors de sa première interview sur le site du PSG il se fait remarquer : « Je sais que les supporters sont très chauds ici, mais je suis préparé mentalement. Je viens de Corinthians, le deuxième plus gros club du Brésil avec 17 ou 18 millions de supporters dans le pays. Avec un public très chaud également ». Il poursuit avec cette fameuse comparaison : « Je suis un joueur rapide et technique. Sans avoir la prétention de me comparer à lui, mon style de jeu correspond à celui de Robinho, dans mon caractère, ma position et ma manière de jouer. Je bouge beaucoup côté droit, côté gauche. Je pense que mes qualités vont me permettre de m’adapter au championnat français qui est physique et laisse peu d’espace »
Motivé et prêt à affronter l’hiver parisien et les défenses françaises, il ne connaitra que la CFA.

Après son départ, Everton affirme haut et fort et il n’a pas vraiment tort, qu’il n’est pas le seul responsable de son échec parisien. D’après une interview réalisée par Foot Mercato, le brésilien pense que « C’est à cause de la situation du club, très critique à ce moment-là. On attendait de moi un rendement immédiat et je n’ai même pas eu le temps de m’adapter à la culture locale, à l’équipe ».

Quand à Souza, 28 ans, il déclare : « A Sao Paulo les latéraux aiment jouer vers l’avant et j’ai l’habitude de combiner avec le latéral. Cela correspond au profil de Cearà, donc nous devrions bien nous entendre. J’ai vu un match du PSG récemment. J’évolue sur le côté droit un peu comme Rothen sur le côté gauche ».
Dans la même interview, qui aurait dû nous alerter : « Alex et Aloisio, avec qui j’ai évolué à Sao Paulo, m’ont parlé de Paris et du championnat de France ».  Il y a mieux comme parrainage.

Le Rivaldo du pauvre

Le soucis est qu’après cinq saisons aux São Paulo FC, club de Raí, il a juste laissé l’image d’un joueur de devoir.
Pourtant, Souza a un CV qui parle pour lui. Vainqueur de la Copa Libertadores et de la Coupe du monde des clubs en 2005 et deux fois champion du Brésil avec São Paulo.
Dans l’absolu Williamis Souza n’était pas si mauvais que ça, avec une bonne condition physique et plutôt bon techniquement, il était même comparé à Rivaldo au début de sa carrière. il est arrivé au club au mauvais moment, sans temps d’adaptation, ce dont tous les joueurs brésiliens ont besoin en arrivant en Europe. Malgré quelques matchs avec l’équipe première, et une ou deux passes décisives il ne marqua aucun but avec le PSG.
Je pense que c’est un joueur qui aurait très bien pu réussir ailleurs en L1 à l’époque, dans une atmosphère plus pacifiée.

Même leurs vies privées n’a laissé aucun souvenir aux bars et boites de nuits parisiennes.
On aurait pu croire qu’en rejoignant leur compatriote Ceará dont ils étaient assez proche au PSG, on les aurait vu trainer dans les offices évangéliques, même pas. Vraiment curieux ces deux-la, en général un joueur brésilien à Paris est un joyeux fêtard ou un cul béni.

Jean-Claude Robigneau

Que sont-ils devenu ?
Prêté en fin de saison puis transféré définitivement à Fluminense, Everton joue encore en 2018 au Santa Cruz FC (Brésil). Entre temps il évolua au Japon, puis dans douze clubs différents dont quatre années dans la championnat coréen de 2011 à 2015 où il y deviendra un joueur majeur.

Souza quant à lui continua une carrière plutôt honnête dans de très bons clubs brésiliens comme le Grêmio de porto Alegre, Fluminense FC, Cruzeiro de Belo Horizonte et comme un pied de nez à Ceará le club de Fortaleza. Pur joueur du Campeonato Brasileiro, sans faire de bruit il réussit à être titulaire partout où il est passé, sauf à Paris.

Éverton et Souza ont très peu joué, mais ils ont réussi à marquer l’imaginaire collectif du club et donner du grain à moudre à tous ceux qui détestent le PSG.
À leur décharge, ils arrivent à Paris dans un climat météorologique et politique qu’il leur était impossible d’appréhender, et surtout ils n’ont jamais eu le temps ni l’occasion de montrer leurs qualités. Pris en grippe par les supporters et n’ayant aucun soutien de la direction du club, du staff technique et de leurs coéquipiers.
Tous les vrais supporters du PSG se rappellent de cette doublette, pour eux ils resteront à jamais liés comme un seul homme. Ce n’était pas le premier échec de la filière brésilienne de Paris, mais pour beaucoup le pire coup de l’histoire du club et le symbole du PSG de l’ère Colony Capital.

Éverton
Sélections – Buts : 0 – 0
Arrive de : SC Corinthians
Part pour : Fluminense FC
Achat : 2 M€
Matchs avec le PSG – Buts : 1 – 0
Revente : 0 M€
Palmarès avec le PSG : Coupe de la Ligue et Finaliste de la Coupe de France

Souza
Sélections – Buts : 0 – 0
Arrive de : São Paulo FC
Part pour : Grêmio
Achat : 4 M€
Matchs avec le PSG – Buts : 17 – 0
Revente : 2 M€
Palmarès avec le PSG : Coupe de la Ligue et Finaliste de la Coupe de France

Illustration signée Dashi


Jean Cécé

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