Portrait

Mon Blaisou

Souvenez-vous. La nouvelle est sortie entre la dinde aux marrons et les cotillons,
en toute discrétion. Dans la seule semaine de l’année où même l’actualité footballistique fait une courte pause. Enfin, en général.

Car en cette fin d’année 2022, on a quand même vécu en quelques jours le sacre d’un Messi, la naissance d’un autre et la mort du Roi. Alors bien sûr, Messi et Pelé sont l’histoire même de notre sport préféré. Et il est normal que les médias nous abreuvent jusqu’à plus soif de ces deux légendes.

Mais heureusement, le football n’est pas réservé qu’aux génies. Et souvent, pour ne pas dire toujours, ces génies ont besoin de coéquipiers. Messi aurait-il gagné la Copa America et la Coupe du monde sans Di Maria ? Pelé aurait-il gagné trois Coupes du monde sans Garrincha ? L’essence même de ce sport formidable est que chaque joueur est important dans une équipe. Et que même les plus grands ont besoin des autres. Pour rester cocardier, demandez à Zidane ce qu’il pense d’un Makélélé. Demandez à Platini sauvé de la haine et de la bêtise humaine par un Luis Fernandez, un jour de juillet à Guadalajara.

Prenez un peu de tout cela, du milieu infatigable, d’un style et d’une dégaine unique, du joueur de devoir, d’Equipe de France, de Paris-Saint-Germain, de champion du Monde, de champion tout court. Et vous obtiendrez l’information dont je souhaite vous parlez : Blaise Matuidi met officiellement un terme à sa carrière.

Une belle carrière commencée en banlieue parisienne du côté des Créteil-Lusitanos il y a 18 ans, et qui s’achève donc de l’autre côté de l’Atlantique dans le club au nom improbable de l’Inter de Miami. Entre ces deux clubs ? Les débuts en Ligue 1 avec le Troyes de Jean-Marc Furlan, puis la bascule dans un club plus important historiquement, l’A.S. Saint-Etienne. Il y côtoiera comme entraîneur un certain Christophe Galtier. Puis enfin, le Paris-Saint-Germain F.C.

Le 14, entre Cruyff et Tigana © Icon Sport

Mais tout cela vous pouvez le trouver dans sa biographie « Au bout de mes rêves » co-écrite avec Ludovic Pinton. Les biographies de footballeur, je vous l’avoue ne m’ont jamais passionné. Rarement écrites par le joueur lui-même, elles n’ont en général que peu d’intérêt. Quand Stéphane Bitton (qu’il soit encore ici remercié) m’a gentiment offert celle de Blaise je ne me doutais pas que celle-ci m’intéresserait autant. Je connaissais sa carrière, moins sa vie privée. Derrière le joueur infatigable ramasseur de ballon se trouve un homme bien. Un sage comme l’on dit sur son continent d’origine.

Mais revenons au football et au 25 juillet 2011, date de sa signature au PSG. Le Parc n’en finit pas d’agoniser du maudit plan Leproux. Le PSG ne peut plus compter sur l’atout de ses deux virages pour signer des joueurs comme cela a pu être le cas à une époque où le Parc avait deux poumons composés de 13000 vrais passionnés pour le faire chanter. Mais même pas un mois plus tôt, le prince héritier du Qatar, Tamim bin Hamad al-Thani, s’est offert le PSG. Le club devient attractif comme il ne l’a jamais été. Le projet de QSI est de dominer rapidement la France puis l’Europe.

Matuidi apparait alors comme une recrue idéale, le potentiel du milieu stéphanois est évident, il est Français et aime le PSG depuis toujours. Dans son livre, il se souvient de ce premier jour : « Mon cœur ayant toujours été parisien, il n’y avait pas plus beau symbole que de poser (…) avec le maillot rouge et bleu (…) sur la pelouse mythique du Parc des Princes » ; « Je me répétais : T’es Parisien, Blaise…T’es un joueur du PSG, ton club de toujours ». L’union durera six saisons pleines et intenses.

Si je ne devais retenir qu’un instant ce serait cette frappe enroulée du pied droit dans la lucarne de Mandanda au Vélodrome un soir d’avril 2015. Paris est mené depuis 5 minutes, les Marseillais se voient déjà couler le bateau parisien et n’ont pas fini de fêter le but du grassouillet André-Peter Gignac que Motta remonte le terrain, décale à bâbord pour Matuidi, contrôle du gauche, crochet et pan ! Délicieuse frappe caressée, brossée qui s’élève doucement et en précision, le capitaine et gardien olympien ne peut que toucher le ballon du bout des gants juste pour dévier légèrement le ballon qui touche le poteau et rentre en pleine lucarne. Blaisou fait mouche et fait taire le chant des sardines. La course folle qui suivit, tel un enfant perdu ivre de trop de bonheur, reste pour moi un grand moment.

Ici bat le coeur de Paris © Icon Sport

Le voir se frapper avec le poing l’écusson du club où palpite ce cœur à jamais parisien, cette montée d’adrénaline reste pour moi un des grands moments de ces dix dernières années. Comme en plus cela se termine, cerise sur la bouillabaisse, par un chambrage devant le virage marseillais, main sur l’oreille, ce but est un de ceux dont je ne me lasserai jamais de revoir. Score final 2 – 3. Eternelle jouissance d’une victoire en terre sudiste. « Battre Marseille, pour moi, ça aura toujours une saveur particulière ». Joueur et aussi supporter.

Ce jour-là Blaise est devenu « mon Blaisou » pour moi et tous les amoureux du PSG. D’ailleurs tu marqueras (oui après ça on peut se tutoyer) encore deux buts aux Marseillais. Dont un en finale de Coupe de France 2016 pour ouvrir le score. Tu obtiens ensuite le pénalty pour le 2 – 1 et c’est toi qui lance Zlatan pour le quatrième but.

Bien sûr, des émotions et des buts importants, on en aura connu. Cette égalisation dans les arrêts de jeu au Parc face au grand Barcelone pour un 2 – 2 qui aurait dû nous ouvrir le chemin des demi-finales si, au retour Messi n’avait pas tout changé. 1 à 1, éliminé sans avoir perdu. Suspendu, tu n’auras pas joué le retour. Un hasard ? non je ne pense pas. Cette double confrontation aura son importance dans le projet Qatari, il marque le retour du PSG dans les clubs qui comptent en Europe, plus de quinze ans après nos derniers exploits au sommets de l’Europe. Un sommet que nous ne quitterons jamais jusqu’à ce jour, en partie grâce au trio formé avec Thiago Motta et Marco Verratti. Pendant plusieurs années ce trident du milieu a fait partie des meilleurs au monde.

Malheureusement, il en manquait toujours au moins un si ce n’est deux dans les matchs décisifs de Ligue des Champions. Ce milieu n’a d’ailleurs toujours pas été remplacé. Ni Motta, ni Matuidi.

Je fais trop long me dit-on dans l’oreillette, alors mon Blaisou, merci, merci pour toutes ces années, ces titres, ces émotions, merci pour ton intelligence, ton humilité, ta rage de vaincre, merci d’avoir marqué l’histoire de mon club. Tu resteras à jamais dans le cœur des supporters et tu seras toujours chez toi à Paris.

Mais comment évoquer la carrière de Blaise Matuidi sans parler de l’équipe de France ? Impossible. Pour faire court : champion du Monde 2018. Tu n’es pas uniquement rentré dans l’histoire du PSG, mais également dans celle de la France, et dans celle du football mondial. Comme Messi, comme Pelé.

Avant, pendant, après. Toujours devant. © Icon Sport

J.J. Buteau

Christophe Galtier, qui es-tu ?

L’un des éléments les plus surprenants du débat actuel est l’importance accordée
à l’avis des joueurs. Oubliés tous les commentaires, les critiques et les sifflets
à leur endroit, on fait désormais tout pour les remettre dans le confort
en s’inquiétant de leur jugement sur le coach…

Concernant le palmarès, Galtier est plus intéressant que beaucoup ne le disent : il compte plus de titres à son actif (une coupe de la Ligue et un championnat) que ses deux prédécesseurs aux PSG à leur arrivée dans la capitale (une coupe d’Allemagne pour Tuchel). On peut même se souvenir qu’il a construit son palmarès face au PSG en dominant toutes les confrontations directes ces 2 dernières années.

L’humain

La principale force de Galtier est le rapport humain. Quand on parle de cette qualité chez Klopp, c’est un atout fabuleux. Evoquer l’écoute d’un entraineur Français, c’est un aveu de faiblesse.
 L’ex entraineur niçois n’a jamais caché faire appel à un préparateur mental. N’est-ce pas une solution évidente dans un club qui souffre depuis des années de grosses failles dans ce domaine et dont la seule victoire européenne avait été accompagnée par… Yannick Noah dans un rôle assez similaire.

Cohérence

Enfin, sa complémentarité avec Campos rend ce choix cohérent. Nos dernières saisons ont été sabotées par les dissensions entre les DS et leurs entraineurs. Avoir un duo qui se connait, où les périmètres de chacun sont clairement définis semble idoine. Campos travaille apparemment sur une refonte complète de l’effectif et tout le monde attend de voir des jeunes s’intégrer dans la rotation et une réelle émulation s’instaurer. Encore une fois, l’expérience Lilloise a démontré à quel point Galtier pouvait sublimer le travail du Portugais.

La logique de prendre Zidane aurait consisté à refaire ce qui a été fait avec Emery et Messi : prendre des profils qui ont gagnés des coupes d’Europe en pensant qu’ils contamineront le vestiaire de ce « virus de la gagne ». 
Malheureusement, comme les deux l’ont démontré, l’équation est bien plus complexe et il ne fait aucun doute que Zidane – entraineur aussi habitué aux succès qu’aux démissions – aurait pu très rapidement prendre ses jambes à son coup comme l’avait fait Bielsa après quelques mois de collaboration avec le nouveau conseiller sportif du PSG…

Ainsi, je suis très heureux de voir un Galtier motivé venir apporter son énergie, son enthousiasme et son envie de gagner à Paris !


Jean Miflin

Des mots pour Bruno

Bien sûr, il n’a pas marqué l’histoire du PSG.
Six mois au club seulement, de janvier à septembre 99, 20 matchs joués
et un ratio pas dégueu du tout car il a quand même planté six fois. Pas mal.

Mais une chose est sûre, Bruno Rodriguez donnait tout ce qu’il avait sur le terrain sous les couleurs du PSG. Il avait la hargne d’un taurillon, la volonté farouche et il ne lâchait rien. Jamais. Ce qui est déjà plus que la quasi majorité de l’effectif actuel.

Bruno Rodriguez n’avait aucune chance de devenir Ballon d’Or. Il n’avait pas la vitesse de Mbappé, ni la technique de Neymar mais il compensait ces manques par une activité continuelle sur le terrain et à l’occasion, une bonne patate de forain. Je ne l’ai jamais vu tricher sur la pelouse du Parc. C’était un guerrier comme on les aime, toujours prêt pour le taquet nécessaire, toujours à disposition de ses partenaires, toujours volontaire et parfois avec Okocha, Simone et Leroy à ses côtés, ça faisait des étincelles.

Comme lors de son très beau but au Parc face à l’OM sur une superbe passe décisive de Madar (oui, c’est arrivé) après une jolie action collective. Sa joie communicative après son but, sa course à l’aveugle, maillot retourné sur le crâne, m’est restée. Peut-être vous aussi.

« il y aura tout le PSG avec toi pour te soutenir. » © Icon Sport

Et s’il lui arrive tant de malheurs aujourd’hui (si vous n’avez pas suivi, il a dû se faire amputer d’une jambe pour d’insupportables douleurs chroniques), c’est peut-être, aussi, un peu à cause de ce qu’il a donné au PSG. Comme à Monaco, Bastia, Strasbourg, Metz, Bradford, Lens, Guingamp, le Rayo Vallecano, Ajaccio et Clermont où il a terminé sa carrière en 2005. Les infiltrations, vouloir jouer à tout prix, défendre ses couleurs quoi qu’il en coûte. Un guerrier, on vous dit.

Bruno, tous les supporters du PSG te souhaitent de trouver ta voie. Tu vas avancer comme tu l’as toujours fait, ton moral devant toi pour carapace, tu vas affronter la difficulté parce que tu ne t’es jamais défilé. Ni sur le terrain ni dans la vie.

D’autres grandes personnalités ont perdu une jambe ou d’autres membres et se sont relevés. François Le Clerc, « Jambe de bois » était un corsaire redouté, Rick Allen le batteur de Def Leppard n’a qu’un bras, Frida Kahlo a continué à peindre, Philippe Croizon a traversé la Manche sans bras, ni jambes, Valérie Pécresse et Eric Zemmour vivent bien sans cerveaux.

Bruno, te te relèveras aussi et sache qu’à chaque pas, il y aura tout le PSG avec toi pour te soutenir.


Safet Sous X

Mbappé, l’interview idéale

Si je devais choisir un joueur du PSG avec qui mener un entretien, aucun doute,
je prendrais Mbappé. Il ne s’agit pas ici d’une affaire de « joueur préféré »,
ou de se demander quel client apporterait le plus de visites au site Virage.
C’est plus une histoire de feeling, de personnage. La finesse du bonhomme,
sa folle destinée qui s’accomplit sous nos yeux, il y a autour de lui une aura de prophétie qui ne demande qu’à se révéler… ou à verser dans le tragique.
Avoir Mbappé une demi-heure au bout d’un micro,
ça pourrait donner l’interview idéale.


Killian, tout d’abord, comment allez-vous ?
Ce serait ma première question, obligé. Pas tellement par politesse, mais parce qu’à bien y réfléchir, c’est LA véritable interrogation : comment Mbappé se sent-il, aujourd’hui ? Le voilà, l’enjeu de l’entretien. Tout découle de ça.

Alors évidemment, il y a fort à parier que l’attaquant parisien réponde en pilote automatique : il est là pour le boulot, on ne se connaît pas, et quand un inconnu vous demande au taf comment vous allez, personne ne se met à rentrer dans des détails perso. Le gars est ceinture noire de « sourire malicieux » en plus, bien du genre à me contrer avec un truc style « bien, et vous ? »… Sacré enchaînement pour l’intervieweur…

Pas mal, merci, mais comme je ne viens pas de prendre part à une déception nationale, j’imagine que ça passionne moins les foules que votre propre état d’esprit. Racontez-nous plutôt : qu’est-ce qu’on ressent, après avoir raté un tir au but qui élimine son équipe ?
Tiens, en voilà une question con. Il ne va pas me dire qu’il était super joyeux après la Suisse, ravi d’être parti en vacances l’âme légère, deux semaines plus tôt que prévu. On la retire. Non, il faudrait le lancer sur le registre de ses émotions, mais sans l’agresser. Pas facile : Mbappé y croyait sans doute au moins autant que nous à cet Euro. La violence de l’échec a dû être terrible pour lui.

Vous avez été champion de France, et champion du monde très jeune. Ce parcours, marqué par d’exceptionnelles réussites vous aide-t-il aujourd’hui, alors qu’il s’agît de gérer une période plus difficile ?
Bon, c’est mieux. Et on touche du doigt la problématique de Kylian saison 2020-2021 : affronter la première lourde désillusion, lorsque tu avais pris l’habitude de toujours voler de victoire en victoire. Toute sa carrière, Mbappé a renversé les obstacles qui encombraient sa route, et là, en l’espace de 12 mois, ce tout jeune footballeur a perdu une finale de Ligue des Champions (après avoir lutté comme un chien pour revenir d’une blessure), puis échoué sur la deuxième marche d’un championnat (alors que son club était donné grandissime favori), il a vécu une élimination en demie de LDC (sans même avoir pu jouer le match retour), et il sort de l’Euro en huitième, dans les conditions que l’on sait…

Comment tu gères ça quand jusqu’ici tu n’avais jamais perdu de ta vie ? Ou plutôt quand tu n’avais jamais voulu montrer de défaite à ton public, pour construire ta légende. L’idéal, dans cette entretien, serait de l’amener à réfléchir au story telling du footballeur invincible que son clan a construit pour lui, pour voir sa réaction.

Votre carrière donne l’impression que dès l’enfance vous avez été programmé pour devenir un immense champion. À quel moment avez-vous compris que vous étiez différent ?
On le sait tous : pour devenir footballeur pro, un gamin doit montrer davantage que des centaines d’autres. Même le plus doué d’entre eux, s’il ne croit pas en sa destinée, s’il ne trouve pas des ressources pour passer devant ses camarades, il ne perce pas.

Le petit Kylian mignon, et ses gentils posters de Cristiano Ronaldo, se souvient-il comment ses camarades le percevaient ? Pouvait-il jouer avec eux, à 14 ans, sans arrière pensées ? Était-il encore libre, ce pré-ado, ou bien les tous premiers grains de cette statue de futur meilleur joueur du monde avaient-ils déjà commencé à s’accumuler, et à lui peser dessus ? Très tôt, Mbappé a dû voir les masques de l’envie et de la jalousie recouvrir le visage de certains de ses proches.

Bien sûr, on voudrait pouvoir diriger cet entretien vers des rivages plus gais. Après tout, personne n’interroge Mbappé tous les matins. Mais justement, l’occasion est trop belle, le garçon a l’intelligence et la maturité nécessaires pour aborder ces questions dont aucun champion ne parle jamais pendant sa carrière : les conséquences d’une adolescence quasi exclusivement tournée vers une exigence de résultat. Question suivante tiens, sur les exigences…

Vous avez souvent fait allusion à vos statistiques, les intégrant dans une vision à long terme. Vous êtes-vous fixé des temps de passage ? Des objectifs de fin de carrière ?
À l’image de ses qualités physiques et de son extraordinaire volonté, les ambitions annoncées par Mbappé ont toujours paru hors normes : mi-dissimulées, pour prévenir une image de joueur présomptueux, mi-avouées, pour contribuer au mythe en construction. À son arrivée à Paris, Kylian a sous-entendu qu’il visait le record du nombre total de buts marqués en Ligue des Champions.

Marque d’un plan de carrière hallucinant, l’obligeant à être le meilleur sur plus de quinze ans, au sein des meilleures équipes. Plan d’autant plus dingue que les premières années de Mbappé laissent la porte ouverte à sa possible réalisation. Plan d’autant plus indigeste que personne, jamais, n’avait dressé un tel menu d’entrée, à peine majeur.

Viser aussi haut, sans se permettre des accomplissements intermédiaires, ce serait vivre toute une vie pro privée de satisfactions personnelles dans l’espoir de récolter le méga jackpot en fin d’exercice. Risqué… Avait-il anticipé cela, le surdoué fluet, tout juste démarqué de Monaco ? Et y a-t-il de nouveau réfléchi depuis ? L’a-t-on amené à s’autoriser des micro-réussites, en chemin ? Comment Mbappé gère-t-il les titres glanés au PSG, titres pour lesquels des sudistes à houppette tueraient ? S’autorise-t-il seulement une joie ?

Mais la fin de l’entretien arrive déjà, et on n’a pas abordé la question qui fâche : celle sur son prochain contrat. Évidemment, il l’attend, il s’y est préparé, et il bottera en touche. Reste à trouver la bonne formule…

La poétique : Est-ce que partir, c’est grandir, un peu ? Pas assez claire, il faut avoir la rèf Haraucourt et comprendre le message caché.

La passive-agressive : Quitter Paris avant d’y avoir remporté la LDC ne serait-il pas le plus grand de vos échecs ? Vacharde et peu motivante… On raye.

Celle qui donne à réfléchir : Pensez-vous vraiment que vous seriez plus admiré hors de France ? Un peu dangereuse : après tout il est fort possible que le public anglais soit plus reconnaissant que nous autres froggies.

La vaguement culpabilisante : Avez-vous le sentiment d’avoir rendu au PSG tout ce qu’il vous a offert ? Un peu médiocre, bassement comptable.

La moins orientée : Que vous manque-t-il aujourd’hui au PSG pour être heureux ? On gardera celle-là. Parce qu’après tout, richissime champion du monde au talent fou ou pas, la quête du bonheur ne semble simple pour personne.


Arno P-E
Paredes Virage PSG

Paredes, éloge de la patience

La patience est une vertu. Deux ans après son arrivée au PSG, LEANDRO PAREDES semble donner toute la mesure de son talent. Il aura pris son temps pour faire taire les nombreuses critiques à son sujet. Qualifié d’arnaque retentissante après sa première demi-saison en Rouge et Bleu par bon nombre d’observateurs et supporters (je répète : la patience est une vertu), l’Argentin voit sa popularité monter en flèche depuis quelques semaines. Qu’il s’agisse de son jeu ou de l’opinion à son sujet, PAREDES a toujours la même stratégie : d’abord prendre le temps, puis accélérer.

Ceux qui avaient eu la curiosité de l’observer avant qu’il ne signe au PSG n’avaient pu qu’admirer ses indéniables qualités de passeur. Mais une bonne passe, geste pourtant élémentaire du football, demande des conditions particulières. Une passe réussie est le résultat d’une compréhension parfaite de l’espace et du temps. Envoyer le ballon au bon endroit, au bon moment. Pour une passe latérale de cinq mètres dans les pieds, c’est plutôt simple. Pour une diagonale de soixante mètres qui arrive dans la course de l’attaquant, sur son bon pied, avec juste la bonne puissance, c’est une autre affaire. Cela requiert une très haute vision du jeu, un sens de l’anticipation sans faille, et bien sûr une excellente habileté technique. C’est le domaine réservé d’une élite du ballon rond où Paul Scholes, David Beckham, Juan Roman Riquelme ou Andrea Pirlo ont leur siège pour l’éternité. Est-ce que Paredes a sa place à côté de ces légendes ? Peut-être, à condition qu’on lui laisse le temps. Leandro a du talent, c’est incontestable. Mais il est plus besogneux que ses illustres prédécesseurs. Alors il a travaillé. Il a patiemment pris ses repères au sein de ce PSG qui n’en manque pas, de talent. Il lui aura fallu quasiment deux ans de travail, mais cela valait la peine d’attendre.

Ses derniers matchs ont été des modèles de justesse. Jeu court, jeu long, temporisation, accélération, Paredes a dicté le tempo de son équipe avec une apparente facilité. Un tempo plutôt lent, patient, typique du meneur de jeu en retrait version albiceleste. Faire vingt passes courtes s’il le faut avant de trouver la bonne ouverture en profondeur. Paredes a cela dans son ADN. Mais il a aussi su faire évoluer son jeu pour coller aux exigences parisiennes. Même si le PSG veut toujours la possession et le contrôle du ballon, l’équipe est dotée de qualités exceptionnelles en contre-attaque. Et sa vision du jeu peut aussi faire des merveilles dans cette configuration plus verticale. On parle souvent du « Q.I football » des joueurs, celui de Paredes force l’admiration, en tout cas lorsqu’il a le ballon. Mais le football se joue aussi sans le ballon, et dans ce domaine, Leo n’a pas toujours brillé. Personne n’est parfait. Si sa vision du jeu est optimale lorsqu’il s’agit de faire circuler le ballon et de trouver des décalages, il est plutôt myope quand l’adversaire a le cuir. Son placement défensif a souvent laissé à désirer. Ses interventions rugueuses dans les pieds adverses lui ont valu une jolie collection de cartons. Mais même dans ce domaine, on constate une amélioration récente.

Leandro Paredes Virage PSG
L’héritage argentin dans le fond © Icon Sport

Une fois de plus, Leo a pris le temps pour bien assimiler son rôle dans l’entre-jeu parisien. L’arrivée de Pochettino sur le banc n’y est pas étrangère. Le nouveau coach a visiblement su trouver les mots pour mettre en confiance son compatriote. Plus attentif à son placement, plus efficace dans ses interventions sans pour autant se mettre à la faute, le numéro 8 affiche des progrès très encourageants dans un domaine qui était son talon d’Achille il y a encore peu de temps. Il est aujourd’hui en mesure de combiner la précision technique à une très bonne lecture tactique, avec ou sans ballon. Bien sûr, Paredes n’aura jamais le coffre d’un Matuidi pour presser sans relâche et faire des courses à répétition pour couvrir ses coéquipiers. Il n’aura pas non plus la rapidité nécessaire pour percuter balle au pied. Mais son intelligence de jeu lui permet de compenser ces lacunes, à l’instar d’un Thiago Motta avant lui.

Outre les considérations technico-tactiques, il y a un autre domaine où Paredes a pris de l’ampleur. Il est devenu un des leaders incontestés sur le terrain. Il est sans cesse en train de replacer ses coéquipiers, de les motiver (« AGRESSIVO !!! »). Pendant 90 minutes, sa voix parfaitement insupportable résonne dans des stades toujours vidés de leurs supporters. Seul le capitaine Marquinhos se fait autant entendre, ça en dit long. Il fait preuve d’une implication sans limite. Si Neymar se fait découper, il est le premier à intervenir et à réclamer un carton à l’arbitre. Une attitude parfois insupportable qui lui a aussi joué de mauvais tours (une expulsion face à l’OM, par exemple). Mais le voir prêt à en découdre avec son ami Leo Messi, ou Dario Benedetto, ancien joueur de Boca Juniors tout comme lui, situe le niveau d’engagement du garçon. Leandro Paredes est prêt à tout laisser sur la pelouse pour le maillot Rouge et Bleu, ce qui lui vaudra à n’en pas douter le respect éternel des supporters. La patience est toujours récompensée.


Café Crème et Sombrero

Non, Mauricio, il ne fallait pas.

Je revois tes cheveux, cette improbable coupe argentine
dont je n’ai jamais osé te dire le ridicule. Tes maillots flottants des années 2000.
Et ces deux années passées à tes côtés qui m’avaient laissé des souvenirs
pour l’éternité. Pourquoi es-tu revenu Mauricio ?

Je me remémore tes matches, du haut de la tribune bleue. C’est si loin… Je ne sais pourquoi, dans mon esprit il faisait toujours froid. Pourtant, tu as bien dû jouer l’été ? Mais voilà, pour moi il gelait et nous jouions Sedan, ou Lorient, qu’importe, et Luis s’agitait sur son banc. Les supporters réclamaient l’entrée de Ronaldinho, et nous étions menés et le Parc grondait de désespoir. Un tourbillon de froid, de rage, et d’impuissance : voilà qui doit paraître un peu étrange aux supporters trop jeunes, ceux qui ont la chance de ne pas avoir vécu ces années glorieuses. Eh oui, dans mon souvenir nous étions toujours menés. Toujours. Tout est si embrouillé. Ne subsistent que des mirages.

Quand je te revois Mauricio, tu marchais, brassard au bras. Autour de toi, dans la tempête, un Heinze que la trahison n’avait pas encore défiguré, et Cristobal, el viejo. Leur parlais-tu en espagnol ? Détail futile. C’était la guerre, et ils te suivaient. Tu lançais tes commandements en surplombant les blocs ennemis, et là où certains auraient vérifié si le message était bien entendu, toi Mauricio tu continuais de fouler la pelouse du Parc, tête haute.

Puis tu es revenu. Alors il leur faut te présenter. Te raconter, dans les talk-shows, pour ceux qui ne savent pas et voudraient te connaître. Autour de leur table, ils parlent charisme. C’est mignon. Ceux qui ont vécu ces moments en tribune, eux, vingt années plus tard ils en frissonnent encore. Tu marchais, et tes troupes appliquaient les ordres. Pourquoi en aurais-tu douté ? Ils t’auraient suivi jusqu’au bout et nous le savions. C’était ainsi.

Comment expliquer cette aura ? Ils disent que tu étais un modèle… Je t’entends, il y a une éternité, ne répondre aux interviews qu’en phrases trop courtes. Mal à l’aise ? Disons plutôt que tu ne voyais pas l’intérêt de t’épancher avant un match. Seul importait le terrain, le combat. Rien à dire au micro, ou alors des choses si évidentes…


« Mauricio, pourriez-vous nous définir votre rôle, en tant que défenseur ?

– Mon travail c’est que si un attaquant adverse arrive vers mon but avec le ballon, j’empêche que le ballon passe. C’est ça votre question ?

–  Mais le football ne peut pas être aussi simple ! Et si, malgré tout, le ballon passait ?

–  Si le ballon passe ? Alors l’attaquant, lui, il ne passe pas. »


Et voilà. Ils peuvent écrire tous les articles du monde sur tes années d’entraîneur, sur ta « grinta ». Nous, nous étions au Parc, il faisait si froid, et le PSG perdait contre Le Mans, ou Gueugnon, une de ces équipes qui n’existent plus… Nous te connaissions. Nous savions que oui, si le ballon passait, alors l’attaquant, lui, ne passerait pas. Et je nous revois dans la brume, les poumons qui nous brûlent de tant hurler après tes tacles. Tête haute tu replaces ta défense. Et dans la nuit nous, supporters, nous te suivions.

Pourquoi es-tu revenu Pochettino ? Ils vont te salir. Même dans la défaite, même dans l’hiver noir, ces souvenirs sont si beaux…

Ils vont couvrir des pages entières avec ce qu’ils imaginent comprendre de tes tactiques. C’est leur métier, je les plains, il leur faut produire du contenu, jour après jour. Alors ils tenteront de décortiquer ta vision du jeu, la limitant à leurs théories sur le contre-pressing et la relance en 4-4-2. Écrire, imaginer, broder, conjecturer, après chaque match, avant chaque trêve, encore. Ils ne comprendront jamais ce que tu nous as montré. Et un jour, nous perdrons. Tu le sais : le PSG perdra contre Guingamp, ou Munich, c’est pareil. Pourquoi es-tu revenu ? Ce jour-là il leur faudra écrire leurs articles. Que tu ne gères pas les stars. Animer leurs émissions : que tu n’as jamais rien gagné avant. Fourbir leurs analyses, tu n’arrives pas à imposer ta marque. Et nous, ces mots, nous les subirons.

Le présent va briser nos mémoires de toi, Mauricio. Il est trop tard, tu es revenu, et j’aimais tellement ton souvenir… Pochettino, capitaine, tu es de retour. Ils ne le mesurent pas encore, mais cela finira mal. Et pourtant, tu es là. Comme avant. Alors déjà nous n’avons plus le choix. Mauricio, dis-nous seulement : jusqu’où faudra-t-il que nous te suivions ?

Pochettino Virage PSG
Tous derrière et lui devant © Icon Sport

Arno P-E

Maurice revient

Mauricio Pochettino arrive.
Pesons en toute objectivité le pour et le contre.



⁃ Il remplace Thomas Tuchel.
⁃ Nous l’avons aimé à une époque où Paris n’aimait pas tout le temps le foot.
⁃ Il est argentin.
⁃ Il a emmené Lucas en finale de Ligue des Champions (merci Paco)
⁃ Il a fait chier le Big Four en qualifiant plusieurs années de suite Tottenham en LDC.
⁃ Il ne sera pas commenté par Stéphane Guy.
⁃ Sa virilité et son sens du devoir ne sont pas des mythes.
⁃ Il affectionne le jeu offensif.
⁃ Il a préféré s’inspirer de Bielsa que de Moustache.
⁃ Il a porté le même maillot que Maradona et Javier (être argentin est évidemment une valeur ajoutée, j’insiste).
⁃ Il va obliger tous les néo-supporters parisiens à wikipédier pour se mettre à la page.
⁃ Il a la réputation d’être toujours proche de ses joueurs.
⁃ Quand il était sur le terrain, je ne l’ai JAMAIS sifflé, maudit, insulté, détesté, vanné et lui ne m’a JAMAIS fait peur ou honte.
⁃ Je pense qu’il est préférable que l’entraîneur du PSG soit un ancien joueur, même si cela n’offre aucune espèce de garantie.
⁃ Signer à Paris à quelques heures de Noël, comment ne pas y voir un signe?
⁃ Il n’est pas responsable de la venue de Kehrer.
⁃ Il a le même prénom que Pialat.
⁃ Il a le sourire apaisant de l’homme avec qui tu peux monter au front. Leader.
⁃ J’ai vu un documentaire sur RMC Sport qui retraçait son parcours. J’y ai appris que l’éducation qu’il avait reçue avait fait de lui un homme avec des valeurs.
⁃ Il est moins laborantin et tête en bois que Tuchel. Il accepte apparemment le dialogue.
⁃ Je le vois bien relancer pas mal de nos joueurs aujourd’hui en errance au cœur de la forêt de la perdition technique. Un Sarabia, par exemple, un Gueye, un Paredes peuvent revivre pleinement avec Mauricio. Draxler ? Mauricio est peut-être génial. Mais pas divin non plus hein !
⁃ La grinta, baby. La grinta.
⁃ Le grand Sorin s’est félicité de cette décision. Ça me suffit comme validation dans l’absolu.
⁃ La fidélité est un mot qui ne lui est pas étranger.
⁃ Il a été notre Capitaine.


⁃ Palmarès d’entraîneur vierge (voila un tweet chambreur que Dimitri Payet ne pourra pas envoyer).
⁃ Les mauvaises langues parlent  déjà de nouvel Emery, syndrome « bon entraîneur, piètre manager ». Les corbeaux. Peut-être. Nous verrons.
⁃ Perd donc ses finales…
⁃ Parce qu’il aime Bielsa, il aime la souffrance. Très exigeant, adepte du « on attaque et on défend à 11 », on peut bien sûr craindre que nos stars capricieuses exigent rapidement un professeur remplaçant… Ça passe ou ça casse.
⁃ Il manque à Paris un collectif, une identité de jeu et de la discipline. Autant dire à peu près tout. Nous fonctionnons au talent intermittent et en mode total dilettante, on joue à la carte. Mauricio a de quoi régler tous ces problèmes. Mais l’ultime déclaration de Tuchel sur le politique et le sportif à Paris nous démontre aussi qu’entraîner le PSG, malgré une bonne volonté en titane (on peut reconnaître ça à Thomas, il a vraiment essayé, avec foi même parfois), peut se transformer en une frustration mortifère. Là encore, ça passe ou ça casse.
⁃ Je lis que le choix de Pochettino était plus celui du Qatar que de Leo. Si c’est le cas, ça part déjà de traviole, ça signifie que Leo n’est peut-être plus le boss et que ses jours pourraient être comptés. Pour nous, c’est une mauvaise chose.
⁃ Comme il va avoir du mal à imposer à Kyky, Neymar et Angel ce pressing intensif, va-t-il pouvoir soit gagner leur respect soit leur faire comprendre que désormais, il n’y a qu’une seule direction, la sienne ?
⁃ Il démissionne au bout d’une semaine après avoir véritablement évalué l’immensité du chantier et le boulard de nos sénateurs en short. Un vrai Bielsa’s Boy !
⁃ Mauricio finira-t-il lui aussi par entraîner au Qatar ?

À l’heure qu’il est, je suis heureux de son retour. Et je n’ai qu’une certitude : à cause d’un virus, le Parc ne pourra pas le saluer comme il se doit. C’est un beau souvenir qui n’en sera jamais un et c’est une triste chose. Moi, je serai debout devant ma télé à applaudir. Très certainement un peu ému. Ça me va et j’ai hâte.

Pochettino Virage PSG
Capitaine Momo lors de l’humiliation marseillaise au Vélo le 9 mars 2003 © Icon Sport

Jérôme Reijasse
le saut de l'ange virage psg

Le saut de l’ange

Ligue des Champions en mode cordon sanitaire oblige, il est quasiment impossible
de savoir ce qu’il se passe exactement au sein du groupe parisien.
Mais cela n’empêche pas d’en rêver. De s’imaginer à leur place.
Et qui sait, peut-être que l’on tombera juste ?
Aujourd’hui, portrait de Di Maria, l’homme qui ne voulu pas devenir un ange.

Angel passe la main sur le miroir de la salle de bain pour en effacer la buée. Il étudie son reflet. Serviette autour de la taille, il réajuste sa mèche de cheveux et retourne dans la chambre du centre d’entraînement. Un coup d’œil sur son lit pendant qu’il serre son chrono à son poignet : le costume est prêt, la chemise aussi, il est dans les temps. Un sourire anime son visage pendant qu’une pensée saugrenue traverse son esprit. Si elle le voyait, bien peigné, bien propre, sa mère serait contente de lui. Tant mieux, c’est pas si souvent ! De toutes façons, que voulez-vous faire, une fois que votre mère a décidé de vous prénommer Angel ? Amusé, Di Maria ouvre la fenêtre de sa chambre, et pose les mains sur le cadre. Comment voulez-vous être à la hauteur du désir que cela cache ?

Les dimanches matins, le petit ange portait les habits qu’il ne fallait pas abîmer. Il assistait à la messe dans l’église débordante de statues, sur-recouverte de peintures, et les modèles étaient partout. Des anges, et des anges et des anges, à qui sa maman donnait vie en lui chuchotant leurs aventures. Des chérubins aux fesses pleines de cellulite portant la palme à des martyrs un peu trop sublimes. Des archanges descendants des cieux annoncer à une Vierge abasourdie la naissance divine. Et lui, assis à demi sur son banc de bois ciré, les pieds remuants de leur propre volonté, le bermuda déjà poussiéreux de la partie de foot d’avant messe. Lui qui n’écoutait rien d’autre que ses plans pour la seconde mi-temps.

Angel Di Maria. Rien que ça ! Avec ses oreilles décollées, son nez trop long et sa mère qui d’une main mouillée de salive tentait de lui plaquer son épi sur le crâne. Le tout surmonté d’un baiser devant les copains et d’une remarque extrêmement pas discrète pour lui dire qu’il était le plus beau. Qu’il était son ange… L’ange de Marie !

Allez, à l’évocation de ce souvenir Di Maria se marre franchement. Sa fenêtre surplombe les terrains d’entraînement désormais vides, quoiqu’il arrive le PSG quittera le Portugal demain. Et pour la dernière fois, le vent lui apporte l’odeur de l’herbe coupée. Sa peau encore mouillée de la douche en prend la fragrance. Ses tatouages en prennent la saveur. L’ange frissonne. Lui préfère rôtir dans les fortes chaleurs. Comme elle a pleuré la Mama quand il lui a montré ses tatouages, la pauvre ! Angel l’a embrassée, hilare. Il lui a dit qu’il l’aimait, que c’était comme un remerciement pour elle. Pour lui dire que finalement il acceptait son choix. Qu’il serait toujours son ange à elle, malgré tout. Même si ce n’était pas exactement celui qu’elle avait imaginé…

le saut de l'ange virage psg
Un enfer rouge et bleu © Panoramic

Il faut dire qu’Angel n’a jamais été très sage. Parce qu’il appréciait un peu trop le goût des matches de foot dans les rues. Il n’a jamais été doux non plus. Parce que, ma foi le goût des chocs avec les gars plus grands que lui l’avait vite enivré. Jamais gentil. Parce que le plaisir de gagner. À tout prix. Quitte à faire mal. Quitte à se battre. Quitte à revenir en sang. Du moment que l’adversaire était battu, et qu’on pouvait fêter ça. Alors les ailes dans son dos, c’était pour demander pardon.

« Pardon de ne pas être celui que tu souhaitais maman. Pardon de ne même pas avoir essayé. Dès le départ c’était trop dur. Pardon de ne pas t’avoir écoutée maman. Pardon de t’avoir fait pleurer maman. Mais si seulement tu savais combien ton ange est heureux, maintenant ! »

Il se voit, dans l’encadrement de la fenêtre. Il sait à quoi ressemble son dos, face à la lumière de la fin d’après-midi. C’est cette photo. Quand il était monté sur la rambarde en béton, en haut de la tribune, après Dortmund. Il y a des mois ! Tout le monde lui avait crié dessus. Angel, redescend, tu vas te tuer ! Et lui qui gueulait, hurlant de joie, avec les supporters. Il lui aurait fallu un fumi. Bien rouge. Le lendemain, sa sœur l’avait appelé, la gorge nouée. Maman a vu la vidéo, on a eu tellement peur… Angel, tu veux la tuer ? Il avait ri aux larmes, lui disant de l’embrasser fort fort fort. Comment aurait-il pu tomber ? C’était tellement bon !

La tête rejetée en arrière, il prend encore quelques rayons de soleil avant d’enfiler sa chemise. Et le plaisir qui l’inonde. Lui seul pouvait rester debout au bord du Virage. C’est dans le pacte. Les autres qui sont grimpés se sont vite assis. Lui, il aurait pu s’envoler. Parce que c’est ce que font les anges. Même les anges noirs. Il est temps. Angel embrasse ses doigts, et dans un dernier clin d’œil adresse une pensée à sa mère. Pas une prière, n’exagérons pas, ce serait de mauvais goût. Ce soir c’est la finale. Alors il va s’envoler. Il va sauter, enfin. Depuis le temps qu’il patiente, sur cette rambarde. Aucun match ne comptait. Même la demi-finale. Même la passe à Marquinhos, parfaite. Même le deuxième but, le sien, celui qui tue l’adversaire. Il n’y a que ce prochain match pour se révéler vraiment.

Il faudra que maman le regarde, ensorceler le ballon. Elle comprendra. Elle n’aimera pas, mais elle comprendra : elle verra qu’il aime ça, courir vers le but, et renverser un défenseur qu’il aurait pu éviter, juste pour récolter la faute. Chercher l’affrontement. Oui, elle lira sur ses lèvres l’insulte obscène pendant qu’ils se redressent. Celle qui salit qui l’entend et qui la profère. Elle comptera chacun des dribbles de son fils, même les plus inutiles, même les plus démoniaques. Ceux qui ne sont là que pour marquer l’adversaire, lui montrer qu’on le domine. Qu’on fait exprès de l’humilier. Et elle aura peur des coups qu’il cherche. Et elle aura honte des coups qu’il donne. Et lui de rire, et de rire… Il a sauté, enfin. Il a déployé une paire d’ailes noires incongrues, il vole au-dessus de ses adversaires, et son ombre qui les écrase porte le nom terrifiant : défaite.

le saut de l'ange virage psg
Mi Angel mi Presnel © Panoramic

Angel finit de boutonner sa chemise. Il est comme il a choisi d’être. Il a une coupe à aller chercher. C’est le pacte. Il sort dans le couloir, son sac sur l’épaule. Une coupe aux oreilles plus grandes que les siennes, faut le faire ! Kimpembe est devant lui, qui attend l’ascenseur. Une coupe pour laquelle certains donneraient volontiers leur âme. Dommage que Di Maria n’ait plus la sienne depuis longtemps. Kimpembe se retourne, surpris. Surpris et un peu inquiet. Angel a peut-être ri un peu fort…


Arno P-E

Thiago Silva Virage PSG

Thiago Silva
nous nous sommes tant ressemblés

Lorsqu’on lui a prêté des velléités de départ, contre les amnésiques gueulards
et les trop jeunes pour savoir, mièvre, suranné et déjà désuet supporter parisien
des années 80, j’ai défendu NEYMAR.
Au soir de son dernier match au Parc,
j’en ai autant pour THIAGO SILVA.

Neymar, il n’y en aura peut-être pas d’autre avant longtemps. Thiago Silva, il n’y en eut pas d’autre avant. Depuis nos entrailles-archives, Indiana Jones du Parc et de ses princes, Champollion de nos bâtisseurs de pyramides, Cortès et Corto de nos châteaux en Espagne, j’ai bien l’honneur de vous confirmer que jamais nous n’avions compté dans nos rangs défenseur central si grand, capitaine si évident, professionnel si constant.

En 2012, quand ils sont tous arrivés, Zlatan, c’était un cracheur de feu, un lanceur de couteaux, un dandy en « ic » qui venait chez nous se remplir les fouilles, gonfler ses stats et dorer sa future retraite. Rang et salaire inespérés pour ce grand joueur de petits matchs, nous le savions – comme nous savions que c’était alors ce que nous méritions. Formé au Fluminense, raffiné à Porto, successeur de Maldini et partenaire de Nesta au Milan, salaire mis à part, Thiago pouvait aspirer à mieux que nous. Et était trop jeune pour une pige royale de mercenaire. La preuve, il est resté. Huit ans. Comme Safet, il est devenu français. Zlatan, dans une Ligue 1 en chantier (ou en démolition), a trop facilement tout cassé pour qu’on puisse bâtir une équipe autour de lui. Sa fonction était de faire éclater au grand jour une sacrée vérité : la Ligue 1 est un championnat quelconque, voire médiocre.

Thiago Silva Virage PSG
« Cette force qui guide mes pas » © Panoramic

O monstro, comme l’appellent ceux qui ont joué avec lui, avait le profil et surtout, semblait-il, les épaules pour nous emmener vers la Terre promise. Ces yeux d’honnête homme rieur. Un sourire de bon fils – comme Javier, ça nous changeait des bad boys. Ce regard qui sait se baisser devant les supporters les soirs de naufrage. Cette inaltérable aisance à passer du rictus au sourire éclatant. Une implication minutieuse, attentive et sérieuse. L’humilité du vrai leader qui laisse en rigolant les dix faire les malins – le 5 (même floqué 2) n’est jamais que le 10 de la défense. Libéro élégant et fidèle comme le défunt Sciera, technique et fluide comme l’impérial Beckenbauer – ils furent l’un comme l’autre des cinq et demie -, intelligent et bien placé comme le malin Baresi. Buteur régulier. Décisif. Dans le top 1 de nos meilleurs joueurs de tête.

Thiago, surtout, est si agréable à regarder évoluer. Logique. Rationnel. Harmonieux. Relâché. Fluide et implacable comme un Oscar de La Hoya des grands soirs. Plus Chico Buarque que samba. Si jamais cette machine ne s’enrayait, elle serait inhumaine de perfection. Capable de royalement feinter l’incongru et zélé pécore presseur – ce précieux petit frisson délicieux qui parcourt alors le Parc, nappé de fierté, d’un zeste de trouille et de moquerie immédiatement réparatrice (T’as cru que t’allais baiser Thiago ?). De diagonales dans les pieds ou dans la course. De remises immédiates et sèches à la Motta pour désorienter l’incongru zélé mentionné ci-dessus (mettons Delort). Netteté de ses contrôles – rappel, selon saint Platini, le football, c’est le contrôle (voir Zidane). Tacleur – rare – de légende. Etouffeur de buteur – l’Edi de Naples en cauchemarde encore. Déplaceur d’offensives adverses vers les ailes – où, déployant les siennes, il récupère et nettoie le ballon, essuie-glacise le panorama et distribue le jeu. Peu de toiles, au final.

Thiago Silva Virage PSG
Un volontaire pour un but qualificatif en finale ? © Panoramic

Et c’est pas tout : épanouissant : Marqui, Presnel et Marco, dans une salle des trophées pleine de LDC, en 2028 ou 2029, diront ce qu’ils lui doivent – compensateur constant et généreux : David Luiz, Van der Viel, Meunier, Layvin, cent fois, sans lui, auraient fini sous nos quolibets et injures ensevelis – rédempteur ambassadeur de l’image de notre équipe rutilante et un peu vulgaire parfois, car humble, respectueux et sympathique pour vingt-cinq, rassurant d’humanité, de diplomatie et de bonne conduite – un arbitre dût se jeter sur sa main pour qu’il prît un rouge au Parc – au top tout au long d’une saison : l’alpha et l’oméga, l’indépassable horizon quotidien, c’est le championnat, pas Jérôme Reijasse qui me contredira : il faut d’abord nettoyer tout le monde chez soi – intelligent, au point de ne jamais ou presque commettre une de ces fautes dites « intelligentes »…

On pourrait, en revisitant les anthologies et les bilans de PSG sous Thiago Silva, ou, plus simplement, en parcourant sa fiche wikipédia – toutes les déclarations de grands voyant, à juste titre, en lui le meilleur défenseur du monde y sont soigneusement recensées et sourcées -, recueillir la matière d’un volume de contes, de légendes et d’exploits aussi merveilleux qu’édifiants et comme lui exemplaires. Un autre, plus didactique, sur l’art et les manières de conduire une défense.

Et j’entends rire ma belle-progéniture, moqueur Neymarien de 17 ans, qui si souvent m’a subi, blâmant, tançant, fustigeant, au choix, Thiago la fiotte, Thiago la chiasse, Thiago le seul Brésilien au monde à jouer comme un Argentin au centre d’une défense hollandaise ou schleuhe. Thiago que, lui, jamais il ne cessa de défendre. De respecter. D’admirer – longtemps un ample poster d’O monstro, puisque c’est ainsi que finissent par l’appeler ceux qui finissent par oser avouer l’aimer, orna un important mur de sa chambre. Suspendu de sa demie-finale de world cup en 2014 et pourtant tenu responsable des 7 buts boches (Benzema’s ghost in Knysna). Absent du plus grand match de toute notre histoire, le 4-0 contre le Barça au Parc. Jouant bas, si bas, durant la remontada (de merde) – et s’il ne faisait qu’appliquer les directives d’Emery, c’est pire. Infoutu, une fois n’est pas coutume, de relever, de relancer, de regonfler Kehrer contre Manchester. Les fesses dans l’herbe sur le but d’Haaland. Les nerfs fragiles – malgré la volonté de fer qui lui permit de se relever d’une incroyable tuberculose et de, finalement, nombreuses et emmerdantes blessures.

Thiago la frousse. Thiago la foi et les foies. Nous avions besoin d’un père pour nous botter le cul. Thiago Silva fut un oncle. Et en trouille un frère. Le genre de joueur qu’il nous aura fallu manger pour grandir. Thiago Silva avait peur comme un supporter du PSG sous Thiago Silva. Thiago Silva, c’est nous. Depuis 2012, PSG lui ressemblait tellement.

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Gregory Protche

Leandro Paredes Virage PSG

Léandro est paré

Ligue des Champions en mode cordon sanitaire oblige, il est quasiment impossible
de savoir ce qu’il se passe exactement au sein du groupe parisien.
Mais cela n’empêche pas d’en rêver. De s’imaginer à leur place.
Et qui sait, peut-être que l’on tombera juste ? Aujourd’hui, portrait de Paredes,
l’artisan argentin qui avait cessé de rêver courir vite.


Léandro lève la tête vers la journaliste qui l’interpelle. Il ne croit pas la reconnaître. Une jeune femme masquée, à la blondeur peu naturelle, et au débit bien trop rapide. « Votre entrée en jeu correspond au moment où le PSG a enfin su se montrer efficace. En voulez-vous à votre coach de ne pas vous avoir titularisé ce soir? » Léandro n’est pas très à l’aise quand il faut s’exprimer avec des mots. Le piège est tellement grossier qu’il préfère continuer son chemin, sans relever. S’il essayait de lui expliquer, à sa blonde masquée, il n’arriverait pas à bien se faire comprendre de toutes façons. Alors pendant qu’il marche, d’un pas lent, ses pensées flottent doucement. Les yeux grands ouverts.

Bien sûr qu’il est déçu. Mais il est heureux aussi, follement. Comment expliquer ça ? Une joie énorme, qui recouvre un fond de tristesse mais ne l’efface pas. Paredes retient un soupir. C’est compliqué : s’il dévoilait la plus légère marque de frustration, ce serait interprété comme un reproche à Tuchel. Sauf qu’il n’arrive pas à en vouloir au coach. Ça n’est pas son genre. Il l’a écouté, pris le temps de digérer ses explications et compris ses choix. Et maintenant Léandro ajuste ses écouteurs, puis arpente les longs couloirs qui mènent vers le bus. Pourquoi tournerait-il sa peine vers qui que ce soit d’ailleurs ? L’aventure continue, le groupe va disputer une demi-finale de Ligue des Champions et il n’est pas dit que l’occasion se représente une autre fois dans sa carrière. Ce qu’ils ont vécu après Dortmund, et ce soir, c’était juste un truc dont il n’avait même pas osé rêver. Alors oui, au fond demeure une pointe d’amertume. Mais sa déception elle lui appartient. Il aimerait simplement pouvoir donner plus. Parce qu’il sent qu’il en est capable.

Alors qu’il monte dans le véhicule climatisé, tout le monde le charrie. Paredes, dernier arrivé, comme d’habitude. Lui, il promène ses yeux à la recherche d’une place libre. Dernier arrivé, oui. C’est qu’il n’est pas très rapide. Tout le monde le sait, alors pourquoi s’en agacer ? Il s’assied et sourit, même si personne ne peut le remarquer, sous le masque. Se presser, faire vite, ce n’est pas lui. C’est comme ça, chacun ses qualités.

Leandro Paredes Kylian Mbappe Virage PSG
« Si tu fais marquer Choupo, je te respecte » © Panoramic

Le bus démarre, les autres crient, lui observe les façades. C’est une jolie ville, Lisbonne. Il n’en avait jamais entendu parler à l’école, pourtant c’est très beau. Ou alors on lui en a parlé, et il a oublié. Possible aussi : en classe déjà, il était un peu à la traîne. C’est qu’il n’a jamais trop compris ces histoires de notes, pourquoi c’était important. Lui pense qu’il aurait fallu travailler à plusieurs, faire des projets ensemble, avec les copains. Là, travailler pour soi tout seul, ça ne l’intéressait pas. Mais même si ça lui a pris du temps, il s’en est pas mal sorti. Comme toujours. Pas besoin de s’exciter. Il suffisait de comprendre ce qui le motivait.

Aujourd’hui, Paredes se connait. Le front posé contre la vitre froide, il repense à son match, revoit ce qu’il aurait aimé changer, ce qu’il aurait fallu faire mieux. Pas courir partout, non. Ni toucher plus de balles pour améliorer ses propres stats. Auparavant il rêvait de ça. Distance parcourue, nombre de sprints à haute intensité, pourcentage de transmissions réussies. Mais à quoi bon ? Chacun ses qualités. 

En revanche il revoit cet appel de Neymar, qu’il n’a pas servi. Ça c’est vraiment dommage. Une petite course, plein axe, Léandro aurait pu lui offrir la passe qui fait plaisir. Celles-là, Paredes les apprécie particulièrement. Comme celle donnée à Mbappe en finale contre Saint-Etienne. Un vrai bonheur. Quand on lève la tête, qu’on prend la décision et que le ballon part là où il faut. Pas là où est le coéquipier, mais là où il sera, bientôt. Le cadeau, version sur mesure.

L’Argentin sait ce qu’il a à offrir. Il sait qu’avec lui sur le terrain, c’est le ballon qui courra plus vite, qui se déplacera plus loin, là où personne d’autre ne l’imaginait. Ce sont les passes qui feront des sprints à haute intensité, et plus il jouera, plus il aura d’occasions d’en régaler. Il est prêt pour ça. Pas pour lui, mais pour le groupe. Et parce qu’il trouve ça beau, ces passes qu’il crée lui même.

Leandro Paredes Neymar Virage PSG
« Léo, dans les côtes à mi hauteur, ça fait hyper mal mais ça laisse pas de traces » © Panoramic

Hurlant de rire, Neymar bourre de coups de pieds le dossier de son fauteuil, pour qu’il enlève son casque et participe à la fête. Paredes sourit. Le Brésilien a raison. Neymar, son truc quand il assume, c’est de rigoler, de chanter. D’autres parlent, certains promettent, déclarent… et ensuite ils se cachent. Pas Ney. Pour cela, Léandro respecte son coéquipier. Alors il se marre, ôte ses écouteurs et prend soin de les ranger dans leur étui. Il ne veut pas les abîmer. Maintenant il est prêt. Chacun son truc. Il sait que si le coach fait appel à lui, en demi, en finale, même pour une minute, il sera là. Prêt à trouver en lui la lucidité pour dessiner la belle passe, pour user de son art. Il ne manque pas de vitesse, simplement sa force à lui, c’est de trouver le calme qui permet de faire les choses bien. Comme il faut. Pour qu’elles lui plaisent. 

Qu’on le laisse tricoter le jeu qui pourra faire briller les autres, comme il l’aime, c’est tout ce qu’il demande. Qu’on lui donne l’occasion d’offrir du football à l’ancienne. Sereinement. Voilà. Tout ira bien. Mais surtout qu’on ne vienne pas saccager son ouvrage.

Alors qu’il redresse sa tête et que se croisent leurs regards, Neymar marque une pause, imperceptible, puis lui adresse un clin d’œil. Paredes se demande si le Brésilien n’a pas compris à quoi il pensait. Surtout, une fois qu’il sera sur le terrain, que personne ne vienne abîmer son œuvre. Si on s’attaquait à ceux vers qui ses ballons s’envolent, si on venait gâcher ses cadeaux, en agressant ses coéquipiers Léandro se connait : il pourrait bien s’en agacer. Fort. Neymar hoche la tête, et s’il n’interrompt pas son sourire, quand il pose la main sur son épaule, l’Argentin se dit qu’ils se sont compris. Il ne reste plus que deux matches, et nul ne peut dire ce qu’ils réservent. Mais Paredes est paré.


Arno P-E