Diarra ohohoho, Diarra oh oho ho

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Il n’est jamais trop tard pour bien faire…
31 janvier, dernières heures du mercato d’hiver, durant lesquelles se font les transferts les plus improbables, voire les meilleures affaires.


Je m’étais mis en tête d’écrire un bon de sortie dans le carnet de correspondance de Lucas Moura, ses 228 matches en 5 saisons pour le PSG, rappeler les quelques fois où il aura fait vibrer le supporter parisien, son « air dribble » sur Alessandrini ou ses 80 mètres ballon au pied des soirs de Classiqueau par exemple, mais globalement il aura surtout personnifié la frustration de ces nouveaux riches que nous sommes devenus
face à un tel potentiel si peu mis en pratique durant toutes ces années.

A la place, l’arrivée de LASSANA DIARRA, valeur sûre des transferts de mi-saison depuis 10 ans,
est porteuse de nombreux espoirs, et ce billet lui est donc consacré.

En effet, tu peux quitter Paris un jour, mais Paris ne te quitte pas, et c’est par un juste retour des choses que Lass, mon ptit gars du XXème, le gamin de la rue Julien-Lacroix, a enfin joué mardi dernier un bout de fin de match avec le maillot de son club local sur le dos. Rudy Haddad, son contemporain des années bellevilloises, doit se dire qu’il y a de la place pour un petit come-back au Parc….

Lassana Diarra, c’est 250 matches en dix saisons, étirées de l’Angleterre à l’Espagne en passant par le fin fond de la Russie et le Pôle Emploi, avant de jouer plus récemment une cinquantaine de parties supplémentaires en pour un premier club de Ligue 1 dont le nom m’échappe, et une pige on ne peut plus figurative de quelques matches au milieu du désert moyen-oriental. Mis autrement, c’est la conséquente expérience internationale mais néanmoins préservée d’un joueur de 32 ans qui a autant joué depuis ses débuts qu’un… Lucas Moura par exemple.

Claude Diarra

A noter toutefois que le globe-trotter Lassana, dont la moitié de la production journalistique qui lui est consacrée traite généralement de ses prétentions salariales ou de ses problèmes contractuels subséquents, quand ce ne sont pas ses pépins physiques juste avant une compétition avec l’équipe de France, a porté quelques maillots de grosses équipes, Chelsea, Arsenal ou ces fdp du Real Madrid pour ne pas les nommer. Il est surtout à créditer de quelques matches/morceaux de saisons de très haut niveau dans sa carrière, et il avait marqué les esprits à ses débuts en championnat de France il y a trois ans.

Un profil de jeu très similaire à celui de Claude Makelele, pour ne pas dire un profil tout court, même taille, même poste, même coupe de cheveux, eux qui se seront côtoyés ou succédés à Londres, Madrid, M*rseill*, et désormais à Paname. En définitive, seule Noémie Lenoir pourrait les différencier…

Lass tente le pari osé de l’exil

Latéral droit éphémère sous Mourinho à Chelsea, ce qui tendrait à mettre en évidence dès cette époque que c’était une buse et qu’il fallait bien boucher un trou sur le terrain, ou au contraire, que Lass démontrait déjà des qualités d’adaptation intéressantes, en plus d’une bonne vision du jeu. Tu me diras, ce trouduc de José l’a bien retentée par la suite avec Eto’o à l’Inter. Hey mais ces deux-là ont joué ensemble pour un gros paquet de billets à l’Anji Machaklalalatoïchtoï, putain c’est encore un coup de la kabbale des Illuminatis tout ça. Passons.

Un petit détour par Arsenal (j’avais espéré très fort qu’il y fasse un peu carrière à l’époque) et Portsmouth plus tard, Lassana Diarra arrive au Real Madrid en 2009 pour pallier à la blessure de … Diarra Mahamadou, l’ex-Lyonnais. 130 matches plus tard, un Diarra en ayant remplacé un autre, et sans doute parce que l’abus de Mourinho est dangereux pour la santé, Lass tente le pari osé de l’exil en Féderation Poutinienne.

Lassana Makelele

Deux clubs russes foireux et un an de chômage technique après ça, le monde du foot se demandait légitimement ce qu’il allait rester dans les chaussettes de ce joueur à son arrivée à la Commanderie en juillet 2015. Débuter en Ligue 1 à Marseille, bien des joueurs ne s’en sont pas relevés… Lassana Diarra a fait rapidement taire les détracteurs en empilant les prestations de qualité ++, et en particulier contre Paris, j’ai d’ailleurs le souvenir d’avoir parfois retenu ma respiration quand il montait presser/asphyxier le milieu de terrain adverse. Demandez à Marco Verratti ce qu’il en avait pensé à l’époque, ou à Didier Deschamps, qui en aurait bien fait un titulaire au dernier Euro… On passe l’épisode Al-Jazira qui n’aura duré que 5 matches, et nous voici en janvier 2018.

Un Lass’ de guerre, que le supporter que je suis est impatient, quitte à devoir m’assoir sur ma stricte politique anti transfuges marseillais, de revoir aujourd’hui au même niveau qu’à cette époque récente.

Tête dure, mais bon pied

En effet, le Paris Saint-Germain, dans sa quête de la Coupe aux grandes oreilles, et sa reconquête du titre en Ligue 1, a mis la main avec roublardise, et non sans une once de prise de risque, sur un sacré bonhomme. Tête dure, mais bon pied, et surtout très bon œil, son recrutement est une vraie valeur ajoutée au milieu de terrain rouge et bleu, vue la fragilité rédhibitoire de Thiago Motta, et le déficit de couillardise dans les grands matches de certains des dépositaires supposés de l’autorité au sein de cette équipe. Sans doute un bien meilleur garde du corps sur le pré que négociateur auprès de ses employeurs, son talent aura toutefois compensé des choix parfois douteux de carrière, et lui permet aujourd’hui de revêtir enfin le maillot de la capitale. En tous cas, nombre de ses désormais collègues l’auraient volontiers récupéré dès la fin de sa première saison phocéenne (Marquinhos, Motta, etc).

« Ah ouais donc on joue bien en jaune… »

Si son nouveau club a beau jouer dans des couleurs que même un non-voyant réprouverait, et que l’ambiance au stade a copieusement changé depuis les années où il jouait sur les hauteurs de notre colline parisienne, les attentes sportives également, et son arrivée répond à un besoin de remettre la gagne au centre du jeu.

On ne parle plus ici de Joga Bonito, de score fleuve ou de coup franc dans la lulu contre un promu, mais bien de Winning Dirty si besoin est. Face à des numéros comme Casemiro, Kroos prochainement, ou même des Gustavo, Seri ou Tielemans en championnat, l’heure est à l’impact, au harcèlement, à montrer qui est le papa. Comme lançait Sheryo dans un freestyle mémorable dans lequel il fit d’AKH sa chose, « Ici on fait pas d’ciné, tu testes, crois-moi tu gagnes trois mois d’rééducation chez le kiné ».

Ça veille au grain derrière

Quel beau complément il va pouvoir faire avec Rabiot, Verratti ou Lo Celso… Les laisser bosser leurs arabesques tout en sachant que ça veille au grain derrière. Se caler une mi-temps chacun à pleine balle avec papi Motta, et rendre dingues les joueurs d’en face. Et au pire, il pourra toujours nous servir de guide touristique à Santiago Bernabeu ou Stamford Bridge… Plus sérieusement, qu’il commence par se refaire les dents et une caisse pendant des rencontres de face B ces prochaines semaines, avant je l’espère qu’il soit un casse-tête pour Emery au moment de composer son onze de départ pour les plus gros matches.

Rentré d’un exil lointain et incertain, il pourrait nous dire comme son homonyme Sidy Lamine Diarra que « le printemps écourte le murmure ». Bref, que la Champions League ça reprend vraiment bientôt, et qu’il n’est pas revenu à Paris pour beurrer les sandwiches…

« J’te jure Flo, je vais signer au PSG »

« Les titis n’ont pas le temps de leur ville, les passants viennent de loin
Nous, dès qu’on veut profiter d’elle un peu la vie se complique
Courir sans la forme olympique, vous trace le regard oblique
À force de pression constante, la tension va s’estomper (*) »

Après tout, Lassana a porté le n°10 au Real et à l’OM, et ça même Zizou ne l’a pas fait, c’est dire. Il ne le portera vraisemblablement jamais au PSG, mais en même temps, a-t-il déjà eu de tels clients ?

Alors est-ce que je suis plus content qu’il soit enfin parisien après sa carrière mouvementée parce qu’il est né ici ? Parce que ça fout le seum aux supporters marseillais qui avaient enfin un bon joueur à se mettre sous la dent il y a deux ans ? Ou tout simplement parce que Lass’ des As au max, il vaut mieux l’avoir dans son équipe qu’en face ?

Trop tôt pour le dire, même si Paris a à l’évidence scoré le meilleur joueur gratos depuis longtemps, avec un CV certes atypique, mais qui rendrait envieux plus d’un pro. Encore un peu et ils se hisseront peut-être au niveau de la Juve en termes de recyclage/valorisation de joueurs majeurs sur le retour.

Entre ici Lassana Diarra au Panthéon du football français, et fais ce que tu sais faire de mieux, mais en mieux encore. Merci d’avance, bisous.

(*) encore un Diarra ! (Oxmo Puccino, Pam-Pa-Nam)


Jérome Popineau

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