Le droit d’y croire

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Mardi 14 février, 23h. La télé vient de s’éteindre. J’étreins une dernière fois mon frère, qui m’a accueilli pour ce match d’anthologie (le croirez-vous ? Ma copine m’a fichu dehors le temps d’une soirée). Je le remercie, et m’excuse encore pour l’amende qu’il recevra pour tapage nocturne.


Putain. On vient d’éclater le Barça, 4 à 0, à domicile, sans encaisser de but face à eux, avec une défense partiellement composée d’un puceau au niveau européen.

Je ne vais pas dire que je ne l’avais pas vu venir (souvenez-vous, hommes de peu de foi mon dernier article), mais honnêtement, je n’avais pas imaginé que notre équipe empêcherait cette armada offensive, qui a mis l’Europe à genoux plus d’une fois, de marquer au moins un but.

Alors ce 14 février au soir, quand je regagne mon lit et que j’étouffe un relent de bière avant d’embrasser ma chère et tendre, je suis confiant. Oui, le 8 mars prochain, le PSG vaincra, Barcelone ne verra pas le jour, onvalétaper.

A l’heure où j’écris ces lignes, 2 jours nous séparent de ce qui peut être la confirmation de notre plus bel exploit européen, ou l’humiliation la plus totale que nous puissions subir.

Et je flippe.

Je flippe parce que, comme après avoir gagné le premier round face à un boss de fin de jeu vidéo, on se dit que le pire est à venir, que cette équipe qui est capable du pire est surtout capable du meilleur, et qu’elle le montre souvent.

Je flippe parce que je sais que ma journée sera rythmée par cette rencontre qui m’attendra le soir, par ce match qui parait si indécis, alors qu’on pourrait considérer que tout est joué d’avance.

Ces collègues qui se foutent du foot

Je flippe parce que mon club est imprévisible, que Bucarest en est la preuve, mais que Chelsea 2013 aussi.

Je flippe parce que je sais que je subirai une journée éprouvante, sous les railleries de ces collègues qui se foutent du foot, mais qui prennent un malin plaisir à instiguer le doute par des phrases anodines, et qui s’amusent de me voir suer à grosses gouttes au fur et à mesure que l’échéance approche.

Mais j’y crois.

J’y crois parce qu’il n’est pas concevable que le match aller ait été le fruit d’un hasard, d’un alignement des astres.
J’y crois parce que j’ai vu Barcelone tenter de jouer son jeu, et même y parvenir parfois, sans toutefois parvenir à franchir notre courageuse arrière garde.

J’y crois parce que, comme à l’aller, c’est au tempérament des joueurs que tout va se jouer, c’est la hargne que nous mettrons dans nos tacles, dans notre pressing, dans nos passes et nos frappes qui nous permettront de vaincre.

J’y crois surtout parce que nos héros nous ont montré qu’ils avaient pris la mesure de l’enjeu, que leur mentalité avait évolué et que cet ogre ne nous faisait pas plus peur qu’un petit poucet.

Nous leur devons cet espoir

Oui, l’exploit barcelonais est possible. Il faudra craindre, il faudra trembler, il faudra crier, peut-être même douter en plein cœur du match, si le score nous est de moins en moins favorable.

Mais il ne faudra pas oublier que malgré ce doute qui nous étreint, ils sont capables de tenir une nouvelle fois, ou mieux encore, de faire chuter à nouveau le géant catalan.

Il ne faudra pas oublier que dans toute cette agitation, toute cette ferveur, ce tourbillon émotionnel qui nous submergera lorsque nos joueurs toucheront leur premier ballon, nous leur devons cet espoir presque incroyable de réaliser enfin une performance européenne majeure.

Nous le leur devons, parce qu’ils nous ont donné le droit d’y croire.

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