François Berléand

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Le comédien, né à Paris en 1952, a vu naître le club de la capitale.
Depuis, François Berléand n’a pas manqué une saison du Paris Saint-Germain au Parc. Il fut même abonné dans les années 1980.
Apprenons à mieux connaître le supporter qu’il est…


François, votre toute 1ère fois au Parc, c’était quand ?
PSG-Nancy, en 1974. Si mes souvenirs sont exacts, c’était l’un des premiers matches de Platini. Dans l’équipe du PSG, il y avait M’Pelé. Et à l’époque, j’étais avec ma future femme. C’était le 1er match de foot qu’elle voyait de sa vie. Elle me dit : « Pelé joue ? » Je dis : « Oui, Pelé joue », « Ah oui, ils ont une super équipe à Paris ». Je n’ai pas démenti, jamais ! De toute façon elle s’en foutait.

En fait, vous suivez le PSG depuis le début ?
Oui c’est drôle car j’habitais juste à côté du Parc des Princes. J’ai connu le Parc d’avant, rouge en briques, les travaux, et le nouveau Parc en 1972. Quand le PSG s’y est installé (1974), j’y allais à pied, c’était pratique. C’est vraiment le PSG qui m’a fait venir au Parc. J’achetais des places au jour le jour.

L’abonnement c’était autour de 1 600 Francs

Avez-vous été abonné ?
Le problème que j’ai comme je suis tout le temps au théâtre, c’est que c’est compliqué de prendre un abonnement… J’ai pu m’abonner 1 saison, quand je jouais à 18h au théâtre Chaillot. C’est vraiment la seule année où j’ai pu le faire. J’ai eu de la chance car c’était une superbe saison. L’année où Sušić signe à Paris (1982-1983) avec les Ardiles, Dahleb… Et donc au mois de décembre est arrivé Safet Sušić (1er match PSG 0-1 Monaco, 18/12/1982, entrée de Safet Sušić à la 53’, ndlr).

Osvaldo Ardiles, Georges Peyroche et Safet Sušić

C’était une année extraordinaire. J’étais avec 2 copains, nous étions 3 abonnés dans la tribune, au même niveau que la présidentielle actuelle, mais en face. C’était extraordinaire. Le seul problème, c’est que quand tu es abonné, tu as toujours les mêmes personnes à côté de toi, donc c’est un peu à quitte ou double… Et nous, on n’était pas forcément bien tombés (sourires). Si mes souvenirs sont bons, l’abonnement c’était autour de 1 600 Francs.

Comment était le Parc à l’époque ?
Ce n’était pas majoritairement un public de supporters du PSG. Il y avait beaucoup de « faux Parisiens ». Quand Paris jouait face à Saint-Etienne, il y avait tous les Stéphanois qui venaient, d’autres fois c’était les Bretons. Au Parc, la plupart des gens étaient pour l’équipe adverse. On était plus amoureux du beau jeu. C’était assez étrange car j’étais un vrai supporter du PSG et on se sentait un peu en infériorité numérique. Mais c’était très bon enfant.

J’adore le Parc. L’ambiance, elle est extraordinaire. Le bruit est énorme, les couleurs… On ressent une atmosphère unique, beaucoup plus que dans d’autres stades. Quand les supporters jouent le jeu, l’ambiance est exceptionnelle.
Avec l’équipe qu’on a aujourd’hui, les supporters qui reviennent, c’est magnifique. C’est festif. Et c’est ce que doit être le foot, une fête.

Comment suivez-vous les matches quand vous êtes au théâtre ?
J’enregistre. Depuis que le magnétoscope existe, je n’ai jamais eu de problème pour voir Paris jouer. Par contre, il ne faut rien me dire. Dans le taxi, la radio est éteinte, je mets des Boules Quies du théâtre jusque chez moi, ou du théâtre à l’hôtel… Personne ne doit me dire quoique ce soit. J’arrive assez bien à maîtriser. Le seul « risque » c’est si des proches m’appellent et me disent « tu as vu le match ? », des choses comme ça. Mais maintenant j’éteins mon téléphone.

De temps en temps je suis contre nature

Que ferez-vous le 14 février ?
Je vais jouer en Bretagne, c’est horrible ! Bon, on joue à 20h, donc la pièce finit à 21h30. Je vais tout de suite me brancher sur mon IPad, rentrer à l’hôtel très vite, je vais me mettre le match au début, en différé. Entre la mi-temps, les arrêts de jeu, je vais essayer de rattraper ma ½ heure de retard pour regarder en direct.

Au Parc, comment vivez-vous votre match ?
Le « problème » si je puis dire, quand je suis invité en présidentielle, c’est qu’il faut se tenir. Et donc de temps en temps je suis contre nature. Un peu comme les dirigeants qui ne doivent pas montrer leurs émotions, benh moi je ne bouge pas je ne dis plus rien. Sauf quand il y a un but, là je me lève c’est plus fort que moi.
Je suis un grand passionné de rugby aussi, et c’est la même chose : en présidentielle on parle plus doucement, on ne hurle pas. Il y a l’âge qui fait que je suis plus calme aussi. Il ne faudrait pas risquer la crise cardiaque (sourires).

Vous êtes depuis plusieurs années un habitué de la « corbeille », avez-vous toujours la même place ?
Non, cela change à chaque fois. Il y a pas mal de comédiens. Je connais à peu près 20 personnes à chaque fois.

Comment cela se passe quand on est invité dans le carré ?
Le club vous envoie un message : « bonjour, est-ce que vous voulez venir voir tel match ? ».
Je réponds toujours de façon très reconnaissante, courtoise, même quand je ne peux pas. C’est un privilège de pouvoir assister à un match dans ces conditions. Quand on arrive, c’est assez impressionnant, ils ont fait un travail extraordinaire, les conditions sont exceptionnelles. On peut par exemple revoir les actions sur une télé.

Gerard Darmon est là depuis le début

Le plus fidèle du carré, c’est vous ?
Il y a Gérard Darmon aussi. Il est là depuis le début.

Gérard Darmon

Et Nicolas Sarkozy ?
Oui, il très passionné mais comme je suis plus âgé, c’est moi le plus ancien des deux (sourires).

La composition de la corbeille a-t-elle changé ces derniers temps ?
Non, il y a pas mal de gens qui étaient là avant, même si avec l’arrivée de Neymar, il y a des nouvelles têtes, parfois du très lourd.
Il y a toujours des gens qui n’en n’ont rien à faire et qui viennent se montrer. Ils viennent « dans le dernier endroit où il faut être vu ». Mais cela a toujours été un peu comme ça.
En 1998 pendant la Coupe du monde, au Stade de France, ½ finale France-Croatie. J’étais invité dans une loge par un grand couturier avec beaucoup de gens de la mode. Ils ne connaissaient rien, mais rien de rien au foot. Ils n’en avaient absolument rien à faire. On devait être deux à s’intéresser au match.

Quand tout à coup, je me mets à crier : « Enculé l’arbitre !!! » (rires) Tout le monde me regarde. Je dis : « Bah oui, c’est aussi ça le foot ! » Une comédienne qui était là renchérit « Tu as raison, c’est un gros enfoiré l’arbitre ». C’était rigolo.
De toute façon au Stade de France, l’ambiance est froide. Cela n’a rien à voir avec le Parc. Pour le rugby, c’est un peu différent avec les bandas. Mais rien ne vaut le Parc. L’ambiance y est inouïe.

Rai était venu au théâtre voir l’Enfant Do

Avez-vous déjà fait des déplacements ?
Jamais. Ah si une fois à Marseille au Vélodrome. J’étais en tournage et le réalisateur me propose une place qu’on lui avait donnée. Ce n’était pas en présidentielle. J’étais au milieu de supporters marseillais. Et là, je peux vous dire que je n’ai pas fait le mariolle. Quand le PSG a marqué, je ne pensais qu’à une chose : me maîtriser. Paris gagne 1-0. A la sortie du Vélodrome, j’ai même pris l’accent marseillais : « le PSG, c’est vraiment une équipe de merde ». Ce n’est qu’une fois à l’hôtel que j’ai pu redevenir moi-même et extérioriser ma joie.

Vous venez voir le PSG au Parc, des joueurs sont-ils venus vous voir sur les planches ?
En général, je rencontre plus de joueurs de rugby que de football. Une fois, j’ai rencontré Jallet dans une émission tv, on avait échangé les numéros.
Un jour, il s’est passé quelque chose d’assez incroyable. Raí, qui carrément est venu au théâtre. On ne le savait pas. En coulisses, quelqu’un me dit : « il y a un joueur de foot qui est là ». « Un joueur de foot ? » Je regarde et là, je vois Raí. C’était incroyable, un Brésilien qui vient voir l’Enfant Do. Je viens le saluer, il me dit qu’il adore le théâtre. Luis Fernandez, Alain Roche, sont déjà venus aussi. Des dirigeants également, comme Alain Cayzac, quelqu’un de très courtois et avec qui on rit beaucoup.
Quand je travaillais à la Comédie de Saint-Etienne, en 1975, pas mal de joueurs de l’ASSE venaient nous voir. C’était une autre époque.

Lorenzo Callegari, c’est un petit bijou

Avez-vous des maillots du PSG chez vous ?
J’en ai, mais ils sont floqués à mon nom ! (sourires) Je n’achète pas de maillots, cela ne m’intéresse pas. Les maillots floqués « Berléand », ce sont des cadeaux des dirigeants.

Lorenzo Callegari

Vous avez joué dans « Mon idole », de Guillaume Canet. Avez-vous une idole au PSG ?
Safet Sušić. Pour moi, c’est vraiment le plus beau. C’est magnifique d’avoir vu jouer un tel artiste. Il savait tout faire avec le ballon. Raí aussi. il y avait ce respect du maillot. Les joueurs du PSG qui partent à Marseille, j’ai toujours eu du mal. Je suis sensible à un Messi qui fait toute sa carrière au Barça… Là on commence à parler de Neymar au Real… Ça m’agace. Suis je devenu ringard ? (sourires) J’apprécie les Mbappé, Kimpembe, Areola… Il y a une histoire avec Paris. J’aime aussi Cavani.

Si vous étiez Unai Emery, que feriez-vous ?
Déjà, je changerais de coupe de cheveux (sourires). Si j’avais été lui au Camp Nou, j’aurais fait rentré Javier Pastore. J’ai encore du mal à digérer. J’aurais plus donné sa chance à Lucas. Et je ferais davantage confiance aux jeunes. Il y a un super jeune, extraordinaire. Lorenzo Callegari c’est un petit bijou. Je ferais aussi entrer le petit Nkunku un peu plus que 2-3 minutes en fin de matches.


Emilie Pilet

Une réflexion au sujet de « François Berléand »

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