Jean-Michel Badiane, le coeur qui parle

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14 ! C’est le nombre de saisons qu’il a passées au Paris Saint-Germain, de 1992 à 2006… Arrivé au club à l’âge de 9 ans, il y a côtoyé 2 Ballons d’Or, connu des hauts, des bas, signé pro, vibré au Parc, comme supporter, puis comme joueur, et même marqué, une fois. En fait, il a connu toutes les divisions avec Paris, du district à la Ligue des Champions. Jean-Michel Badiane est un enfant du club qui s’est construit avec le PSG. De toutes ses années Rouge et Bleu, il nous en parle avec le cœur.

– – – – [ Interview ] – – – –

Virage : Jean-Michel, comment avez-vous intégré le Paris Saint-Germain ?

Jean-Michel Badiane : J’avais 9 ans, et je jouais au foot à Neuville/Oise (95) depuis l’âge de 7 ans et demi. Au début de ma 2ème saison à Neuville, je me blesse en jouant au quartier sur le bitume : fissure au genou, jambe dans le plâtre, etc. Pendant ce temps, mon oncle qui jouait en D2 à Louhans-Cuiseaux cherchait à se rapprocher de la région parisienne, et pourquoi pas la N2/N3 du PSG, l’équivalent de la CFA aujourd’hui.

Et donc je l’accompagne à une journée d’entraînement. Il y a des jeunes de ma catégorie d’âge qui s’entraînent mais moi je suis dans mon coin avec mon ballon, je ne calcule pas trop. L’éducateur me demande si cela m’intéresse de venir jouer au PSG. J’ai dû répondre quelque chose comme : « Si mes parents veulent bien, oui. Il faut que je leur demande ». Et mes parents, ils supportent le club depuis toujours. Ils m’ont répondu : « oui si tu veux, c’est avec plaisir ».   

Virage : Et ensuite, que se passe-t-il pour vous ?

JMB : Je participe à un match amical. Je me rappelle cela s’était bien passé, on gagne 6-0. Je n’avais pas encore de licence avec le PSG. Après on a un peu « bataillé » avec le club de Neuville. C’était si on peut dire mon 1er clash avec comme agent : ma mère (rires). Le club a dû faire une lettre de sortie pour que je puisse prendre une licence au PSG.

Virage : On vous connaît défenseur central, mais vous avez débuté attaquant de pointe ?

JMB : Oui j’ai commencé numéro 9. Ensuite, j’ai reculé progressivement, mais toujours dans l’axe.

Avec sa collection personnelle dans le vestiaire de la CFA du PSG : U10, U13, U15, 1er match en L1, saison 2005-2006, Finale Coupe de France 2006 OM-PSG , EdF Espoirs Euro 2006
Avec sa collection personnelle dans le vestiaire de la CFA du PSG : U10, U13, U15, 1er match en L1, saison 2005-2006, Finale Coupe de France 2006 OM-PSG , EdF Espoirs Euro 2006

Virage : A 9 ans, que représente le PSG pour vous ?

JMB : Je suis né à Paris (9ème arrondissement), je me sens Parisien depuis toujours en fait. J’aime énormément le foot et aussi j’avais une idole, George Weah. Il venait de signer à Paris. Je regardais un peu toutes les équipes à la télé mais je me rappelle que je n’aimais pas Marseille. Dans la famille, on n’aimait pas l’OM (sourires). Mes parents ont toujours suivi le PSG.

Virage : Quand on est enfant, porter ce maillot a-t-il quelque chose de particulier ?

JMB : Ben moi, le truc qui m’a le plus marqué, c’est que tu te rends compte que même à 9-10 ans, porter le maillot du PSG, c’est quelque chose de très clivant. Tu sens que les gens aiment, ou n’aiment pas, mais que le PSG ne laisse pas indifférent. Parfois, tu vas ressentir une sorte d’admiration, c’est l’image du club, par rapport aux pros… A 9 ans, tu ne comprends pas trop. Et à l’opposé, on a aussi les fois où on se fait insulter. Cela m’a fait bizarre les 3 premiers mois. Tu peux marcher, te balader et entendre « allez l’OM ». Les éducateurs nous ont appris à être indifférents aux insultes et parfois, jouer là-dessus pour nous motiver, c’est le côté « seuls contre tous ». Il fallait répondre sur le terrain, mais pas ailleurs.

Virage : D’autres choses vous ont-elles marqué à vos débuts ?

Avec le maillot saison 1981-1982 (n°9, Dominique Rocheteau)
Avec le maillot saison 1981-1982 (n°9, Dominique Rocheteau)

 JMB : C’est vrai que moi, j’avais du mal à aller vers les autres, et je me rappelle que le gardien Jordan Brinster, avait été d’une grande gentillesse quand je suis arrivé, il m’a fait visiter le camp des Loges, il m’a beaucoup parlé. S’il n’était pas venu me voir je serais peut-être encore tout seul (sourires). Je me rappelle aussi que notre éducateur Monsieur Jarry remettait chaque mois au joueur le plus « méritant » un ballon dédicacé par les pros, ou un maillot « historique » du PSG. J’ai eu la chance d’avoir des maillots « RTL », que j’ai gardés.

Virage : Dans votre 1ère équipe du PSG à 9 ans, y a-t-il d’autres des coéquipiers qui sont devenus pros ?

JMB : Il y a Mounir Obbadi, Houssine Kharja qui sont toujours en activité. Ils sont devenus pros, mais pas à Paris. Ils étaient de Chanteloup-les-Vignes (78), on rentrait ensemble après les matches, avec mes parents.

Virage : Vos parents vous accompagnaient à tous les matches ?

JMB : Oui. Je suis d’origine sénégalaise et dans la famille, il y a 2 choses auxquelles on ne touche pas : la lutte sénégalaise et le foot ! (sourires). Il y avait 99% de chances pour que mes parents me suivent. Ils étaient derrière moi. Ils n’ont pas raté un match, et ma mère, jamais un entrainement. Il y a des parents qui restaient dans la voiture, ma mère était au bord du terrain. Elle ne disait rien, elle était juste là. On habitait Vauréal, à côté de Cergy Pontoise et Vauréal – Saint-Germain c’était 40 kms aller-retour 3 fois par semaine, plus les matches.

Là où je me rends compte que mes parents étaient derrière moi, c’est que mon père travaillait beaucoup : quand il finissait son 1er travail, comptable au Crédit Mutuel, il était pilote d’avion dans le privé. Son seul jour de repos, c’était le dimanche, et il allait voir son fils jouer au foot. De ce côté là j’avais de la chance. J’ai eu beaucoup de chance aussi, mes parents étaient derrière moi sans jamais me faire ressentir : « tu dois devenir un joueur pro ».

Sur l’état d’esprit,
ils savaient que je ne rigolais pas

Virage : A quel moment avez-vous pensé pouvoir en faire votre métier ?

JMB : La 1ère fois, c’est quand j’ai été pris à l’INF (1996-1999, etc). Les éducateurs nous disent souvent que tout le monde n’y arrive pas, qu’il y a beaucoup d’appelés, peu d’élus. Moi tous les jours, à partir de l’INF je me disais : « tu dois faire en sorte de devenir pro ».

Virage : Vous y avez toujours cru ?

JMB : Quand on commence le foot, on n’y pense pas trop sérieusement. En plus en U11, il y avait 5 équipes au PSG, je jouais en équipe 3… avec Franck Bentolila (actuel coordinateur de la Youth League pour Paris., ndlr) C’était une superbe saison, super ambiance… C’est plus quand tu rentres à l’INF, que tu es en équipes de France jeunes, que tu y crois de plus en plus.

Virage : Vous avez régulièrement été capitaine et ce jusqu’en CFA, cela renforce-t-il votre sentiment d’appartenance au club ?

JMB : Pas plus. Je ne sais pas trop comment expliquer, mais je me suis toujours senti « PSG ». Je n’avais pas besoin de dire « j’aime Paris », d’avoir un brassard, un signe extérieur, je me sens parisien et voilà. Après porter le brassard, c’est une responsabilité, mais je ne devais pas forcer ma nature. Le plus important, c’était que tous les joueurs intègrent l’état d’esprit PSG. En CFA tous les jeunes Boukary Dramé, Rudy Haddad… c’était mes potes, mais sur l’état d’esprit, ils savaient que je ne rigolais pas (sourires). 

Virage : Votre 1er match au Parc, c’était quoi ?

JMB : Le tout premier, je ne me rappelle plus exactement j’avais 7-8 ans, c’était avec la MJC de mon quartier. Le 1er dont je me souviens vraiment, c’est PSG-Real (1993), avec mon père. Il avait eu des places avec son CE. On était bien placés en plus, en latéral, derrière l’un des deux bancs. C’était fou. Quand Zamorano marque, il y a eu un gros silence dans le stade. Et après Antoine Kombouaré qui vient délivrer le Parc. C’était magique.

La fameuse passe en retrait du défenseur
La fameuse passe en retrait du défenseur

Virage : Chaque jour, ou presque, vous croisiez les pros au camp des Loges ?

JMB : Oui, c’est sûr que c’est une chance. Sous l’ère Canal+ il n’y avait que des internationaux dans l’équipe. Et surtout George Weah, mon idole depuis tout petit.

Virage : Avez-vous pu l’approcher, lui parler ?

JMB : Je n’aurais jamais osé lui parler. La 1ère fois c’est lui qui est venu me voir. C’était lors d’un entrainement des pros. J’y allais avec mon père, on se mettait juste derrière le grillage et on regardait. C’était un peu la « carotte » avec mon père, il me disait : « si tu as 15 ou 16 à l’école, on ira voir un entrainement ». S’il m’avait dit, je sais pas par exemple : « je t’achète une paire de Nike », cela m’aurait moins motivé. Je crois que j’aimais plus voir les pros s’entraîner, que d’aller aux matches.

Virage : Que vous a dit George Weah ?

JMB : Un des adjoints d’Artur Jorge, Nambatingue Toko, qui connaissait un peu mon père, va dire à George Weah : « le petit là, il est d’origine sénégalaise, il joue avec les équipes jeunes du PSG », et là George Weah vient me dire bonjour et il dit : « c’est toi le futur Weah », je ne sais plus trop ce que j’avais répondu… J’étais impressionné. C’est une star, mais d’une très grande simplicité et gentillesse.

Souvent, avant qu’il parte en mise au vert à domicile, le vendredi, il venait nous voir à l’entraînement, pendant ¼ d’heure, 20 minutes. Il avait toujours un petit mot gentil, il y a des gens qui croyaient que c’était mon père. Une fois après un match il vient et me dit : « Bonne chance pour la suite petit Weah ». Comme les gens croyaient que c’était mon père, il jouait le jeu. Moi je ne démentais pas, ni ne confirmais (sourires)

"Mister" George Weah
« Mister » George Weah

Virage : Quel match vous a le plus marqué en jeunes ?

JMB : Un tournoi en U11 à Gournay, un gros tournoi international. On arrive en finale face au Milan AC, c’était une très grosse équipe, on gagne 1-0. Au delà du match, c’est l’organisation, les kinés, la logistique… qui m’a marqué. Je me disais « tout ça pour des jeunes ? ».

Virage : Durant vos 14 années Rouge et Bleu, vous en passez 3 à l’INF Clairefontaine (1996-1999) ?

JMB : Oui de 13 à 16 ans je passais la semaine à l’INF, le vendredi mes parents venaient me chercher, je jouais le dimanche avec Paris et ils me ramenaient à Clairefontaine après. La 1ère année ça allait car je connaissais bien les joueurs, la suivante en 15 ans nationaux, j’étais le plus jeune, mes coéquipiers passaient toute la semaine ensemble à Verneuil, au centre de préformation. Je suis toujours réservé, ce n’était pas évident pour moi. Même si tout le monde faisait en sorte que je sois à l’aise. Paradoxalement, j’étais content car je jouais en équipe 1ère, et avec mon cousin, Issa Djeme. La 3è année, j ‘étais à l’INF 7j/7.

Je me suis dit : « vas-y, on ne sait jamais »

Virage : Comment se passe une sélection pour l’INF ?

JMB : Plusieurs tests se sont déroulés à Clairefontaine en 1995-1996. C’était une saison un peu charnière : soit j’intégrais le centre de préformation du PSG, soit l’INF, soit j’étais pris nulle part. Pour les 2, il fallait passer des tests. A la fin à l’INF, ils en gardent 25. Si un jour tu manques un test car tu es malade, blessé, où que tes parents ne peuvent pas t’emmener, c’est fini, pas de séance de rattrapage. Pour un des tests, j’étais fiévreux, je ne m’étais pas entrainé depuis 4 jours, mais je me suis dit : « vas-y, on ne sait jamais ». Dans les tests, il y a de tout : test de vitesse, technique, détente, capacité de résistance, mental : il faut s’imposer face à des gens qu’on ne connaît pas. A l’époque j’étais milieu de terrain mais je jouais un peu partout dans l’axe ,défenseur, milieu et attaquant.

Virage : Comment apprenez-vous votre sélection ?

JMB : Un mois après le dernier test à peu près, Sébastien Thierry mon entraineur, qui m’avait inscrit au test, me dit tout simplement : « tu es pris à l’INF promotion 1996, et aussi Verneuil, tu as un choix à faire ». Moi à la base je voulais rester à Verneuil au centre de préformation, avec mes amis. Je n’avais pas envie de revivre d’être le petit nouveau comme quand je suis arrivé au club à 9 ans…

Virage : Et puis, la maman de Selim Benachour a su trouver les mots ?

JMB : Oui voilà. Selim était à l’INF depuis 2 ans. Sa mère connaissait bien mes parents, qui lui disent : « Jean-Michel préfère rester avec ses amis à Verneuil ». Ce à quoi elle répond : « Non mais il faut qu’il aille à l’INF, il va être très bien là-bas, l’internat est très bien, les équipements supers, et Thierry Henry, Nicolas Anelka, ils ont fait l’INF ». Au final je choisis l’INF et en plus je retrouve mon meilleur pote, mon meilleur ami dans le foot encore aujourd’hui, Jérémy Aliadière. C’est le seul vrai ami que j’ai dans le football. Nos parents s’entendent très bien aussi.

Selim Benachour
Selim Benachour

Virage : De retour à Paris, vous signez votre 1er contrat ?

JMB : J’intègre le centre de formation au camp des Loges, j’ai 16 ans et je signe un contrat Espoirs de 5 ans. En fait le PSG me propose assez tôt ce contrat car la 3è année à l’INF, je n’appartenais plus au club et j’étais libre de m’engager où je voulais. Cela s’est fait naturellement car je voulais rester au PSG.

Virage : Quel était votre 1er salaire ?

JMB : C’était encore en francs (sourires) et la 1ère année c’était entre 15 000 et 20 000 F, ce qui fait à peu près 3 000 euros par mois. C’était un contrat progressif sur 5 ans. La 1ère chose que j’ai payée avec : le câble. Je ne voulais pas rater un seul match : j’ai pris C+, Canal Sat… toutes les chaînes qui passaient du foot.

Virage : A quel âge et comment choisissez-vous votre 1er agent ?

JMB : A partir des équipes de France jeunes, en 16 ans nationaux, on a pas mal de sollicitations, j’ai eu d’abord Pape Diouf comme agent. Un coéquipier en équipe de France, qui l’avait comme agent, me l’a présenté. Après, j’ai eu Christophe Mongai, c’est avec lui que je signe mon 1er contrat pro. Ensuite je suis retourné dans la structure de Pape Diouf, avec Pierre Frelot. A chaque fois mes parents ont reçu les agents, et ils ont choisi avec moi.

Virage : Y a-t-il eu des rencontres, des approches improbables ?

JMB : De la part d’agents, pas spécialement, mais après au niveau des « intermédiaires », il y a de tout et n’importe quoi, peut-être encore davantage à Paris, ou dans des grandes villes/clubs. On peut te proposer de rencontrer telle ou telle femme, d’organiser tes vacances, de tout faire à ta place en quelque sorte.

Virage : Racontez-nous votre 1er entrainement avec les pros !

JMB : C’était en 2000. J’étais encore au centre et l’entraîneur, c’était Philippe Bergeroo. C’est l’époque des Okocha, Ducrocq, Luccin, Dalmat, Laurent Robert, Anelka… J’ai 17 ans, je me dis c’est bien, c’est une nouvelle étape, mais comme d’habitude je parlais très peu, j’étais dans mon coin… Là encore, j’ai eu beaucoup de chance de tomber sur des joueurs comme Nico Anelka, Jay-Jay Okocha, Peter Luccin, qui m’ont tout de suite mis à l’aise. Ensuite Luis Fernandez est arrivé, j’ai fait les matches amicaux avec l’équipe.

Peter, Nico et Laurent
Peter, Nico et Laurent

Virage : En 2003-2004, c’est votre 12ème saison à Paris, et vous signez pro !

JMB : Oui cette saison-là, je suis dans le groupe tout le temps. A la base je n’aurais pas dû car pendant l’été on me propose un contrat pro, mais la base salariale était inférieure à mon contrat Espoirs. On m’invite à retourner avec la CFA. Puis j’ai appris, plus tard, qu’Alain Cayzac avait dit à Vahid (Halilhodzic) : « Jean-Michel est un enfant du club, il a toujours été respectueux ». Vahid me convoque ensuite pour retourner dans le groupe. Je fais toute la saison avec les pros, et je signe professionnel en fin de saison. Je signe 3 ans, en même temps que Franck Dja Djedje, au Parc. Le lendemain, on était présentés à la presse ensemble.

Il n’y aura aucun problème avec le jeune

Virage : Votre 1er match en pro, c’est bien à Toulouse ?

JMB : Oui le 21 août 2004, lors de la 3ème journée. Je me souviens en conférence de presse avant le match, José Pierre-Fanfan (défenseur et capitaine, ndlr) me met à l’aise il dit : « il n’y aura aucun problème avec le jeune ». Alain Roche m’avait appelé aussi : « tranquille, tu joues ton match comme d’habitude ». Du coup j’ai abordé la rencontre à peu près de la même façon, j’avais la pression mais pas plus qu’avant.

Virage : Un mois plus tard, rebelote mais en Ligue des Champions

JMB : On perd 2-0 à Moscou (29/09/2004), c’est vrai que de ce soir-là je me rappelle du froid, et de la défaite. Le lendemain, j’avais fait Luis sur RMC, j’étais dans mon quartier avec des potes. Ils me disaient : « sérieusement tu ne te rends pas compte tu viens de jouer un match de C1, avec Paris, tu étais là sur le terrain pendant la musique tout ça. » Moi sincèrement je restais bloqué sur la défaite.

Virage : Avez-vous davantage profité de la Ligue des Champions ensuite ?

JMB : Cette saison-là, c’était compliqué en Coupe d’Europe. Face à Chelsea à domicile, malheureusement on perd 3-0 mais l’ambiance au Parc m’a marquée ce soir-là. Et aussi face à Porto le but de Charly Coridon, son coup du scorpion, je l’ai vu depuis le banc… Impressionnant.

Virage : Vous aussi, vous avez déjà marqué au Parc, face à Troyes !

Après le but face à Troyes
Après le but face à Troyes

JMB : (Sourires) Ce n’est pas le même but, mais oui un but de la tête en Coupe de la Ligue face à Troyes (26/10/05). On gagne 4-1, je marque le 4ème but après Edouard Cissé et un doublé de Pedro Pauleta. On menait 4-0 (76’), j’avais eu le droit à mon nom scandé par le Kop Ultra, ça fait bizarre et très plaisir. Mes parents étaient là, ils étaient aussi contents. Moi bien sûr j’étais content d’avoir marqué, mais plus heureux pour la qualif. Et ce qui m’a touché aussi c’était de voir les mecs super contents pour moi dans le vestiaire, c’était vraiment cool.

Virage : A Paris vous avez côtoyé 2 Ballons d’Or, George Weah puis Ronaldinho ?

JMB : Oui Ronaldinho venait de devenir Champion du monde avec le Brésil. Il était impressionnant de facilité et en plus il ne donnait pas la pleine mesure de son immense talent à l’entraînement. Il en gardait sous le pied. Lui comme George Weah, ce sont de très grands joueurs, également très simples. J’ai fait des sorties avec Ronnie, des restaus tranquille. Peut-être que les journaux en rajoutaient un peu sur ses soirées, lui se fichait totalement de ce que la presse écrivait. Bon, ça lui est déjà arrivé de venir au décrassage en rentrant de soirée, mais à d’autres joueurs aussi, et dont on a jamais parlé !

Les médias, les critiques, ça glissait sur lui. Quand j’étais à Sedan, j’allais parfois à Barcelone le week-end, je l’ai revu, avec son préparateur physique, toujours la même simplicité. Nicolas Anelka un jour m’a dit : « tu verras dans ta carrière, tu n’auras jamais de problèmes avec les grands joueurs ». Weah, Okocha, Ronnie, Nicolas Anelka, Pauleta, Gaby Heinze, Mario Yepes etc : ce sont tous de supers mecs, très simples.

Et c’est Bernard Mendy
qui met le but la victoire

Virage : Quels PSG-OM vous ont le plus marqué ?

JMB : En pro, il y la victoire 2-3 au Vélodrome (10/11/2004*) en Coupe de la Ligue, la 8ème de suite face à Marseille, 3 jours après PSG-OM (2-1) au Parc, on va au Vélodrome avec pas mal de titulaires au repos. On est rapidement menés 2-0, Branko Boskovic égalise juste avant la pause, puis doublé de Branko. Et c’est Bernard Mendy qui met le but la victoire (89’). C’était magique. J’ai eu la chance d’être titulaire. Je me souviens à la fin du match, on va célébrer la victoire avec nos supporters. C’était fort. A titre personnel, après ce match, je reçois ma 1ère convocation en équipe de France Espoirs, France – Pays-Bas.

Et sur Paris les 2-3 mois qui ont suivi, on sentait vraiment l’impact que cette victoire avait eu. Une fois, avenue de la Grande Armée, je grille un feu rouge involontairement, je ne l’avais pas vu. La police m’arrête, me dit : « bravo pour le match à Marseille, allez vous pouvez y aller » (sourires). Au restau, dans la rue, c’était un peu pareil, et ça fait chaud au cœur.

En 2006, la victoire en finale de Coupe de France, au Stade de France (2-1). J’étais sur le banc, cela reste un très grand moment aussi ! L’ambiance au stade, la Mairie de Paris, les supporters : ce 29 avril reste gravé.

Virage : En jeunes aussi, les OM-PSG , c’était électrique ?

JMB : Ah oui. Je me rappelle d’un tournoi international 13 ans à Donges près de Nantes. Toutes les équipes dormaient dans un énorme dortoir. Et on a eu la bonne idée de nous mettre juste à côté de l’OM. Le 1er soir, je ne sais plus pourquoi mais il y a eu une bagarre générale entre Parisiens et Marseillais. On a dû nous séparer, puis nous changer de place. On s’est retrouvés à côté des Girondins de Bordeaux. Quelle que soit la catégorie, il y a toujours eu une rivalité. Les insultes sur le terrain, les coups aussi, on était conditionnés pour cela. 

Avec Edouard Cissé en coupe face à l'OM de... Fabrice Fiorèse
Avec Edouard Cissé en coupe face à l’OM de… Fabrice Fiorèse

Virage : En 2006, vous quittez le PSG, est-ce un regret de ne pas vous y être imposé ?

JMB : J’aurais aimé jouer le plus longtemps possible dans le club que j’aime. Jouer au Parc à domicile, c’est rare et déjà je suis heureux de l’avoir connu. Après des regrets, oui et non car à l’époque, je revenais de l’Euro Espoirs au Portugal et j’avais besoin de jouer. J’avais 23 ans. Le PSG recrute alors Sammy Traoré. J’ai compris que je devais partir pour avoir du temps de jeu. Nantes, Valenciennes, Sedan me suivaient. Je signe à Sedan en fin de mercato, cela s’est fait très vite. Trop vite ? Au début cela se passait bien, et puis j’ai vécu des moments compliqués là-bas.

*Marseille : Barthez – Lizarazu, Meïte, Déhu, Ferreira – Pedretti, Battles, E.Costa – Bamogo, Luyindula (Marlet, 78e), Koke (Fiorèse, 66e). Entr. : Anigo // PSG : Alonzo – Ateba, Badiane, Helder, Pierre-Fanfan, Pichot, Mendy – Benachour, Boskovic (Ibisevic, 73e), Cissé – Ljuboja (Ogbeche, 65e). Entr. : Halilhodzic.

Un grand merci à Thierry Morin pour nous avoir ouvert les portes du CFA Omnisports PSG

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