Big John de Paname

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Big John de Paname, 1m 97, plus de 100 kilos. Des mensurations à faire pâlir Zlatan et Peter Crouch réunis. L’ancien physio du club select Le Baron vient de sortir un ouvrage au titre éponyme où il raconte ses meilleurs souvenirs de la nuit parisienne.  L’occasion rêvée de parler foot et nightclubbing avec un vrai fan du PSG.

 – – – – [ Interview ] – – – –

Virage : Pourquoi Big John ? C’est quoi ce surnom ?

Big John : Au début des années 2000, j’étais basketteur professionnel. Je participais à un tournoi et il me fallait absolument avoir un surnom. Comme Jonathan c’est mon prénom et que j’étais déjà grand et costaud à l’époque, Big John est venu tout de suite.

Virage : « De Paname » c’est parce qu’il y a une confrérie des Physios et qu’il faut préciser d’où on vient ?

BJ : Non… Ça c’est à cause de Facebook. Quand tu dois créer ton profil il faut donner ton nom de famille et je ne voulais pas donner mon nom. Comme je suis parisien de naissance et de descendance, Paname pour moi était une évidence.

Virage : Y a un centre de formation des physios ?

BJ : Y a pas vraiment de centre de formation. C’est plutôt du genre : un club se retrouve en galère un soir, met quelqu’un à la porte et tu sais tout de suite si cette personne pourra faire ce métier ou pas. Le tout c’est d’écouter le conseil des anciens et après c’est à toi d’imposer ta personnalité. Mais très honnêtement c’est pas un métier qui est à la portée de tout le monde.

(c) Mika Cotellon
(c) Mika Cotellon

Virage : Commet tu t’es retrouvé à faire ce taf ?

BJ : J’étais grand, j’ai toujours eu un peu de tchache, de la répartie. On dit souvent que les grands balèzes c’est pas fait pour communiquer, et bien moi c’était le contraire. Du coup ça a été très facile pour moi à gérer.

Virage : Tu ne fais plus l’entrée du Baron ?

BJ : Non, le Baron est fermé actuellement. Il y a eu un changement de propriétaire et puis ça faisait 10 ans que j’y étais donc il était temps de faire autre chose. Je vais sans doute reprendre du service dans la nuit mais sous d’autres formes.

Tu dois savoir envoyer au bon endroit
et au bon moment

Virage : Chez les physios on est fidèle à son club ? Ou c’est comme dans le foot, mercenaire ?

BJ : Un vrai mercato a lieu tous les étés. C’est la période qui précède l’ouverture de nouveaux clubs. Perso, j’ai toujours été dans la fidélité. A partir du moment où je me sens bien dans un endroit, pas de raison de partir. C’est pour ça que je suis resté si longtemps au Baron. Comme je le dis souvent : « Tu sais ce que tu quittes, mais tu ne sais pas ce que tu gagnes »… J’en connais beaucoup qui sont partis au plus offrant et qui se sont retrouvés dans des clubs qui se cassaient la gueule au bout de 2-3 mois et qui se retrouvaient du coup au chômage.

Virage : A chaque rentrée, y a donc un vrai un mercato à Paname ?

BJ : Oui, chaque année j’ai été démarché par 2-3 clubs à l’intersaison et à la rentrée. Mais oui, il y a un vrai marché car les bons physios à Paris se font très rares.

Virage : Un physio c’est pas une espèce de défenseur central en fait ?

BJ : Si je devais faire un parallèle avec le foot, c’est un mélange de défenseur central, de gardien de but et de recruteur ! Tu dois déjà recruter tes clients, être sur qu’ils vont dans la logique artistique de ton club, ensuite assurer la sécurité d’où le rôle de gardien de but et de défenseur en même temps, et finalement si il y a des problèmes avec les clients, tu es un peu attaquant de pointe car tu dois savoir envoyer au bon endroit et au bon moment…

Virage : En fait tu es partout sur le terrain, tu es une espèce de Leonardo quoi…

BJ : Ah ah, oui, c’est un petit peu ça. Je mets des coups d’épaule pour barrer les routes.

Virage : Question arroseur arrosé, tu t’es déjà fait foutre dehors d’un club ?

BJ : Virer d’un club ,non. Refuser l’entrée, oui. La dernière fois c’était il y a environ 3 ou 4 ans. C’était un club de la rue de Ponthieu. Le physio m’a recalé d’une manière assez irrespectueuse. Mais j’ai réussi à garder mon calme.

(c) Mika Cotellon
(c) Mika Cotellon

Virage : Tu es conscient qu’après les flics, les parents et Cyril Hanouna, vous êtes les pires ennemis de la jeunesse ?

BJ : Peut être même juste après les flics. A partir du moment où tu es de l’autre côté du cordon, les gens ne te voient plus comme un humain mais comme le mec qui les empêche d’aller faire la fête. Ceux qui rentrent sont toujours cools avec toi mais ceux que tu refuses ou que tu mets dehors, ça vire vite aux insultes et plus.

Virage : Avant ça, c’était quoi ta vie ?

BJ : De base, j’étais basketteur professionnel. J’ai joué à Paris, à Nancy, à Bayonne, à Cognac et j’ai même joué une saison à Marseille… Et ouais j’ai vécu un an à Marseille !

Virage : Supporteur de Paris depuis quand ?

BJ : Depuis le début des années 90. En fait j’ai commencé à supporter le PSG après la finale perdue de Marseille à Bari en 1991. Y avait un tel engouement derrière Marseille… Je ne comprenais pas car moi j’étais parisien et j’ai eu comme un sentiment de révolte. J’ai eu envie de supporter mon équipe, ma ville et l’endroit où je grandissais.

Virage : Un souvenir de match en particulier

BJ : Il en a plein comme tout le monde. Dans les souvenirs classiques il y a le PSG-Real en Ligue des Champions.. Mais le but que je retiens le plus c’est le but de Bruno Rodriguez face à l’OM en 1999. On les prive du titre en les battant et j’étais au Parc ce soir-là.

Virage : Un joueur qui t’a marqué ?

BJ : Si je devais m’identifier à un joueur, ce serait Raí. Il est resté au PSG alors qu’il avait des offres de toute l’Europe. Le mec a décidé de rester fidèle à ses couleurs et à son club. Ça me représente bien puisque je suis resté fidèle au même club.

Lavezzi c’était un gros sorteur,
gros fêtard, gros consommateur

Virage : Des habitudes en tribune ? Abonné ou invité ?

BJ : Je viens de me désabonner et j’achète des places ponctuellement. En général, j’essaie d’acheter du côté tribune Paris car c’est là que la majorité de mes potes sont abonnés. Je n’aime pas la tribune Borelli parce que je la trouve morte. Et puis avec le retour des ultras, il y a un peu plus d’ambiance du côté de mon quart de Virage Paris / Auteuil.

Virage : Tu n’as jamais joué de ton statut pour rentrer gratos au match ?

BJ : Il m’est arrivé d’avoir des places avant l’ère qatarie, mais le jour où on a su qu’on avait signé Zlatan, c’est devenu compliqué d’avoir des places. A l’époque je n’avais pas encore d’enfant donc je pouvais gérer mon agenda facilement. J’étais donc abonné. C’était un kif. Mais maintenant que j’ai 2 enfants, je me contente des matchs du dimanche soir.

Virage : Mythe ou réalité : Lavezzi, King de la nuit parisienne durant ses années PSG ?

BJ : Lavezzi c’était un gros sorteur, gros fêtard, gros consommateur. Mais d’une très grande gentillesse. Il plaisantait toujours avec toi, toujours le sourire, super poli. Il se comportait super bien à l’intérieur. Il est venu 5 ou 6 fois au Baron. Mais il faisait aussi d’autres boîtes de nuit  ! Nenê, gros fêtard aussi !

(c) Mika Cotellon
(c) Mika Cotellon

Virage : Parmi l’effectif actuel du PSG, tu fais rentrer qui et tu sors qui de ton club ?

BJ : Si toute l’équipe vient, personnellement je les fais tous rentrer ! Je me vois pas refuser mon équipe de coeur. Maintenant si c’est un joueur que j’aime bien qui vient avec sa femme je le fais rentrer également. Mais si c’est un joueur qui vient avec ses potes et qu’ils ne correspondent pas à l’endroit, ce sera non pour moi, PSG ou pas. J’ai déjà refusé des footballeurs qui venaient accompagnés de toute une bande de potes.

Virage : Les footeux en club, ça vient seul ou accompagné ?

BJ : Les sud-américains viennent souvent entre eux. 3-4 pas plus. Le vrai problème ce sont les jeunes joueurs français qui viennent avec la bande de potes avec qui ils ont grandi. Ce sont souvent des mecs de Paris ou de banlieue. Tu vas avoir 1 ou 2 footeux et puis 7 ou 8 potes. Beaucoup de clubs les refusent en soirée.

Je vais les recaler juste pour te foutre la rage

Virage : La caricature du jeune joueur incontrôlable ?

BJ : Pas les joueurs mais plus les potes. Les joueurs ont un pouvoir d’achat élevé qui leur permet de commander 5 à 6 bouteilles, mais leurs potes ne savent pas boire, se bourrent la gueule comme pas possible et tu as toujours le risque que l’un d’entre eux déborde et foute le bordel, devienne lourd avec les meufs, avec le staff.

Virage : En vrai les footeux, ça picole et ça fume en club ?

BJ : Ça picole oui, et y en a pas mal qui fument aussi. Mais je vais te prendre mon exemple personnel. Quand j’ai commencé à jouer pro en basket, je devais avoir 18 ans et ça correspond au moment ou j’ai commencé à fumer. Quand j’ai intégré le groupe pro, les gars qui étaient là depuis 10 ans buvaient et fumaient ! J’allais en boîte de nuit avec ces mecs là, on sortaient, on buvait, on fumait !

Virage : Une anecdote PSGiste au Baron ?

BJ : J’en ai une mignonnette. Un soir, Lavezzi, Verratti et des amis à eux se pointent au Baron. Ce soir-là, je n’étais pas à la porte du club. C’était un collègue à moi qui faisait l’entrée et il était supporter de l’OM. Il m’appelle et me dit : « Je vais les recaler juste pour te foutre la rage ». Je lui réponds « Non, non, tu les fais rentrer ! ». J’appelle le patron en parallèle pour être sur qu’il les fasse rentrer mais, coup de chance, il se trouve que ce soir-là, c’était une soirée gay ! Quand ils ont vu la clientèle qui sortait du club,Lavezzi de lui même a dit « Non merci, on va aller ailleurs finalement… ». Malgré ça, mon collègue a posté un truc sur Facebook en se vantant d’avoir refusé l’entrée à des joueurs parisiens…

Virage : Dans une interview, tu déclares : « Les vrais riches ne se mélangent pas. Et lorsque votre club est situé dans les beaux quartiers, les gros dépensiers sont indispensables pour pérenniser l’affaire ». une spéciale pour Nasser ?

BJ : Ah ah, alors tu sais quoi, Nasser n’est jamais venu au Baron mais une fois il est passé devant. Il marchait, il se baladait seul dans l’avenue Marceau. En plus, il était en doudoune. Quand il est passé, je ne l’ai pas reconnu tout de suite mais on s’est dit bonjour et là je l’ai reconnu. Je lui ai dit : « Président ? ». Il m’a souri. On a discuté 20 secondes, je l’ai remercié pour ce qu’il faisait pour Paris et puis il a continué son chemin. Dingue.

BIG JOHN DE PANAME
Anne Carrière Editions
Déjà disponible
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