Flynt Virage

Flynt

par

Rappeur atypique et patient, ciseleur méticuleux de punchlines,
Flynt revient enfin sur le devant de la scène avec un album plus sombre et plus mature au titre pourtant optimiste « Ça va bien s’passer ».
Celui qui éclairait sa ville en 2007 reprend du service pour déclarer sa flamme au Hip Hop, à Paris et au football. Entretien riche et passionné avec un homme serein.

Il y a beaucoup d’allusions au foot dans tes lyrics. Pour toi c’est naturel d’y inclure cette touche ballon rond depuis toujours ?
Je suis connecté au foot au quotidien, je m’intéresse de près au sujet et les références au football viennent naturellement. Je ne suis pas une encyclopédie du football mais j’aime bien placer quelques références par-ci par-là. Et puis il y a beaucoup de parallèles à faire entre la musique et le sport : l’entraînement, la préparation, la performance, le collectif, le rapport au public, la technique, le mental… sauf qu’en musique tu n’as pas d’adversaire en face de toi. Mais tu dois donner quelque chose aux gens, livrer une performance, laisser une trace, un souvenir. Et puis on peut dire beaucoup de choses et faire passer beaucoup de messages en parlant de football. Dans Ça va bien se passer par exemple, je dis « j’ai toujours cette flamme, je passe mon temps à la raviver, comme un supporter sang et or j’espère que l’argent va arriver », le mec qui connait le contexte lensois, ça va lui parler. Je me mets à leur place, ils sont dans une situation difficile vis-à-vis de leur club, mais ils continuent à le supporter. Comme moi quand j’étais dans une situation difficile dans la musique, j’ai continué à y croire, à avoir envie et à pratiquer. Dans le foot, il y a beaucoup de personnages et d’histoires à raconter et je m’en sers parfois pour illustrer des idées. C’est un hasard mais mon nouvel album commence par un titre qui s’appelle Joga Bonito et finit par un autre qui s’appelle Champions du monde. Ce n’était pas prévu au départ mais c’est marrant que la tracklist soit ainsi faite.

Tu joues toujours au foot ou maintenant c’est juste à la télé comme un daron ?
Plus maintenant car j’ai eu de sérieux problèmes de dos et je ne veux pas prendre de risques. Mais mes deux garçons jouent au foot. Je vais les voir le mercredi, le jeudi et le samedi. Mon aîné, qui va avoir 10 ans, est piqué par le ballon. Il est en survet’ toute la journée, il s’intéresserait même à des matchs de D2 italienne tu vois. Certains matins quand il n’arrive pas à se réveiller, s’il y a eu des matchs la veille, je lui souffle les scores à l’oreille, il se réveille direct et il demande qui, quoi, où, comment, c’est drôle ! Et puis il se débrouille bien, il est technique et il a une bonne vision du jeu et le sens du placement. C’est le seul de son équipe qui joue à une touche de balle par exemple. Et puis il marque souvent en plus. Ça fait plaisir. Pour le coup, lui je lui ai vraiment transmis le truc. Le premier match qu’il a vu c’était France-Uruguay pendant la Coupe du monde en Afrique du Sud. C’était tout un protocole ce jour-là. Il était beaucoup trop petit pour s’en souvenir, mais pour moi c’était important. Cette volonté de transmission était volontaire, je voulais partager ma passion avec lui, c’est quelque chose qu’on a en commun aujourd’hui. Je voulais qu’il connaisse aussi le plaisir que le foot me procure, même si je souhaite évidemment qu’il ait d’autres passions. A son âge, le plus important c’est de le laisser rêver et qu’il s’amuse.

PSG, une évidence pour toi le gamin qui a grandi dans le 18ème ? Pas d’hésitation ?
Aucune. C’est comme ça, oui c’est évident. Personne ne m’a mis dans le football. Je suis fils unique et j’ai grandi seul avec ma mère. Ce n’est pas un grand frère ou un père qui m’a transmis ça. J’ai découvert le football à la radio. J’ai aimé le foot sans même l’avoir encore vu, ni à la télé, ni en vrai. J’écoutais les matchs, je collais l’oreille au poste radio pour suivre le multiplex du samedi. A l’époque on pouvait voir les matchs de coupe de France sur la Une aussi je crois.

Premier match au Parc, un souvenir en particulier ?
Je ne me souviens pas de mon tout premier match au Parc, mais celui qui m’a marqué c’est le 2-1 face à Marseille avec les buts de Simone et Rodriguez [ndlr : 4 mai 1999]. C’était mon premier match à Auteuil ce soir-là. Folie. Mais je n’ai pas beaucoup fréquenté le Parc. J’y suis allé sur le tard. Et puis le Parc c’était un truc qui paraissait inaccessible pour moi, je ne pensais même pas que ce soit possible d’y aller. Depuis j’y vais parfois mais rarement. La dernière fois c’était avec mon fils, pour sa première. Un PSG – Nantes pas terrible où on gagne 2-0. J’aime bien regarder les matchs à la télé moi de toute façon.

Est-ce que tu vois un parallèle entre l’évolution du foot et du rap entre tes débuts et aujourd’hui ?
Le foot avant 1998 c’était, on va dire, pour les « beaufs », en grossissant le trait. Le mec qui gueule et boit des bières, et à Paris qui est facho en plus… Le rap pareil, il avait une étiquette qui lui collait à la peau, ce n’était même pas considéré comme un art ou une discipline au départ. Aujourd’hui ça a changé, les deux se sont largement démocratisés. Le rap est devenu la musique n°1, la plus écoutée, achetée, vue. Ceux qui prédisaient que ce ne serait qu’un effet de mode se sont trompés. Il y a eu un changement de perception du grand public pour le football et le rap. Et c’est tant mieux. L’autre parallèle évident, c’est l’argent. Il y en a plus qu’avant dans les deux cas.

Dans Joga Bonito, tu dis justement « ils représentent des chiffres, je représente des gens ».
Ce que je veux dire par là, c’est que ce qui fait foi dans le rap et la musique en général aujourd’hui c’est le nombre de vues, le nombre d’écoutes, la qualité passant un peu beaucoup au second plan. Pour le public, un artiste qui fait 20 ou 50 millions de vues, c’est qu’il est bon. S’il passe à la radio c’est qu’il est bon, c’est que c’est bien. Le nombre de vues est devenu LE baromètre. Le public et les médias regardent les chiffres des réseaux, des plateformes. Certains artistes ne représentent que des chiffres. Moi je représente d’abord des gens. Si on revient dans le foot, le prix des transferts et des droits TV s’envolent et c’est vrai que certains joueurs s’en foutent de « représenter une ville, ses gens et la culture de cette ville ». Certains reprochent ça à Neymar par exemple. Dans le rap c’est pareil, beaucoup s’en foutent de toucher les gens, de les représenter, de leur parler au cœur, ce qu’ils veulent c’est scorer, faire du chiffre et basta, l’auditeur, ils s’en foutent. Quand tu entends certains discours dans le rap, tu te dis qu’ils se foutent des auditeurs, de leurs enfants, de leurs valeurs. L’important c’est le chiffre, leurs chiffres.

Dans So Foot en janvier 2013 tu déclares : « Mon rapport au club, c’est que je suis un supporter qui a trop mal quand son club perd ou fait n’importe quoi et qui se méfie maintenant. J’attends cette grande équipe que tout le monde attend et que la ville mérite. » Ça va mieux aujourd’hui ?
Ah bah oui. On sortait des années Colony. Paris est une ville mondialement célèbre, celle qui attire sûrement le plus de touristes. C’était anormal qu’il n’y ait pas une grosse équipe de foot internationalement reconnue ici. On mérite d’avoir un grand club. Après est-ce qu’on peut dire que le PSG est un grand club ? Pour moi c’est forcément un grand club, ça l’a toujours été. Même si on n’a pas encore le palmarès européen qui va avec. Aujourd’hui je profite tous les jours de ce que le club est devenu. L’autre jour je discutais avec un pote après le match contre Belgrade. Il m’a dit qu’il avait lâché l’affaire à 4-0. « C’est bon c’était un entrainement » il m’a dit. Je lui ai dit « Mais gros tu veux quoi ? C’est la ligue des Champions, c’est ce qu’on a toujours voulu, t’es un malade, profites-en ». Les gens ne se rendent pas compte, ils ne sont jamais contents. C’est bien les Français ça. Je comprends que les Français qui ne supportent pas Paris puissent être agacés, et encore… Mais les joueurs qu’on a sont des artistes, c’est extraordinaire de pouvoir jouir de ça. Jouissons tous !

As-tu toujours la peur de perdre avant chaque match ? Ce sentiment purement parisien que quoiqu’il arrive on va finir par tomber ?
Toujours mais ça c’est normal. Pour les gens de notre génération en plus, avec tout ce qu’on a vécu de traumatisant c’est logique. Mais j’ai aussi cette boule au ventre avant de monter sur scène. C’est le trac, on espère être performant mais on ne sait jamais comment ça va se passer. Il y a toujours une part d’incertitude. C’est ça la passion.

Du coup, Ça va bien s’passer, c’est un mantra que tu te répètes avant chaque match du PSG, chaque concert ?
Ça va bien s’passer est le premier titre qui a été écrit et enregistré pour cet album. Je l’ai écrit pendant l’Euro 2016. C’est drôle car j’ai bouclé l’écriture de l’album 5 jours après la Coupe du monde 2018. Ce titre est très personnel. J’étais dans un moment de ma vie où je voulais sortir cet album mais je n’avais aucune instru, pas de texte, pas de temps, j’arrivais pas à me mettre dedans, je ne savais pas comment j’allais y arriver. Je voulais faire mieux que ce que j’avais fait précédemment mais je voyais la montagne qu’il me restait à gravir. Cet album, ça a été beaucoup de travail et de sacrifices. Je me répétais tout le temps que ça allait bien se passer, comme un leitmotiv. Et puis je me suis rendu compte que cette expression revenait tout le temps dans les dialogues, dans la vie de tous les jours et dans toutes les situations. Ce titre a donné le La au reste de l’album. L’album est plutôt sombre, il parle de situations de la vie pas forcément joyeuses, mais ça se finit sur la touche d’espoir suprême, pour tout un peuple. Ce titre de Champions du monde dont j’ai fait un titre qui s’appelle Champions du monde justement.

Ce titre, tu l’as prémédité ou ça s’est fait à la dernière minute ?
Ce morceau je l’avais imaginé fin 2017. Je m’étais dit que si la France gagnait la coupe du monde, je résumerais leur parcours dans la compétition dans un morceau. Je m’étais déjà essayé à l’exercice en résumant des matchs de Premier League. J’étais moi-même surpris que ça fonctionne aussi bien. Ces titres sont restés confidentiels. J’ai donc attendu de voir ce que donnerait le parcours des Bleus. J’ai commencé à écrire à la fin de la demi-finale contre la Belgique. Mais je prenais des notes pendant les matchs avant la demi. J’ai écrit le premier couplet juste après la Belgique. Alors que d’habitude je suis plutôt du genre à mettre du temps pour écrire, là j’ai mis deux jours. Et puis après j’ai prié pour qu’ils gagnent. J’ai attaqué le deuxième couplet après la victoire. Le 20 juillet le morceau était enregistré. Ça a été vraiment un coup de pouce du destin, car je tenais à ce titre, inédit dans la forme : commenter un match et le parcours d’une équipe de football en rappant. Et aussi car ce titre véhicule de l’espoir. L’album est certes par moment un peu sombre, mais j’ai voulu faire passer des messages importants : croyez en vos rêves, croyez en vous, organisez-vous, entourez-vous de bonnes personnes, laissez-vous guider par l’amour et la passion et ça va bien se passer. Donc ce titre boucle la boucle avec une note positive, populaire et inespérée. J’y ai vu un signe du destin me concernant.

Effectivement on sent que la plupart des titres ont été inspirés par des expériences personnelles difficiles. Avoue que le 6-1 face au Barça n’a rien arrangé ?
C’était le ciel qui nous tombait sur la tête. Mais il fallait vite passer à autre chose, sans oublier. Je me suis dit que cette expérience allait nous servir un jour. Je suis un peu dans cet état d’esprit en général. On peut tous chuter, on a tous des déceptions, mais ce qui est important c’est d’apprendre de ses échecs et de s’en servir pour faire mieux la prochaine fois. Alors OK l’année d’après ils ont chuté face à Madrid, le futur champion d’Europe. Ils n’étaient pas au rendez-vous non plus, mais les cadres qui étaient sur la pelouse sont toujours à Paris, ça va leur être utile cette saison. Autre chose. Après le 4-0 ils ont un peu chambré mais il faut rester humble dans la vie. Ça aussi c’est une leçon pour tout le monde. OK tu as gagné 4-0 à l’aller mais ce n’est pas fini, pas gagné d’avance. Continue à bosser. Et puis ils sont arrivés avec la trouille à Barcelone. Emery n’a pas réussi à amener cette sérénité dans le groupe. C’est bien de se dire « attention on peut se faire éliminer », mais là c’était la trouille !

Tu crois que le PSG peut ramener la C1 cette année ?
Bien sûr ! On a la meilleure attaque d’Europe, du monde même, une défense et un milieu incroyables, tout est réuni. Mais on ne sait jamais. C’est ça qui fait qu’on aime le foot.

Dans Lutèce, tu balances sur les US, du coup le maillot Jordan, tu en penses quoi ?
Depuis l’élection de Trump et même avant ça, j’en suis un peu revenu des USA. Pourtant quand j’étais plus jeune, tout me faisait rêver là-bas. La NBA, le rap, les villes, les voitures, les fringues… Mais quand tu vois ça avec des yeux d’adulte, c’est différent, c’est pour ça que je dis « J’ai la carte vitale, fuck les US ou encore fuck la NFL on a le football ». Je n’écoute quasiment plus de rap américain même si le rap US est toujours au top niveau. La plupart sont des guignols en fait, avec des valeurs bidon. Pas tous bien-sûr. L’Amérique ne me fait plus rêver. Quant à Jordan, c’est une icône du sport mondial. Mais ça ne me fait ni chaud ni froid. C’est juste un truc de marque pour faire parler de la marque PSG. C’est un joli coup. Personnellement, je n’ai jamais porté un truc Jordan même si j’admirais le joueur, je ne trouve pas ça beau du tout ses fringues, même ses pompes à part les toutes premières. Et puis c’est cher pour rien je trouve. Lui il ne fait pas de vêtements pour le ghetto c’est sûr. Enfin si, sa mentalité c’est de dire « je vends des vêtements chers pour que les jeunes aient envie de réussir pour pouvoir se les acheter ». Pourquoi pas, mais je pense plutôt que c’est « Je vends des vêtements chers pour gagner un max de fric ». Enfin bon, je ne suis ni pour ni contre, si ça peut ramener de l’argent dans les caisses du club et nous permettre d’avoir encore et toujours d’excellents joueurs dans les décennies à venir, pourquoi pas.

La bâche « j’éclaire ma ville » en virage Auteuil, tu sais d’où elle sort ?
Oui c’est incroyable. C’est le groupe LPCMA (le Parc c’était mieux avant) qui a fait ça. Ça m’a fait énormément plaisir. Et sans être un spécialiste des Ultras, je sais que pour certains d’entre eux « J’éclaire ma ville » a été un disque marquant. Car il représente Paris et il les représente eux. Certains se sont appropriés ce titre. J’ai été contacté récemment par un autre groupe d’Auteuil qui veut faire un visuel Joga Bonito aux couleurs du PSG destiné à un deux mâts. C’est cool. C’est vrai qu’il y a pas mal de supporters parisiens qui viennent à mes concerts quand je joue à Paris. Ils sortent les écharpes, ils entonnent les chants. Il y en a même certains qui ont demandé s’ils pouvaient ramener des fumis à la Machine du Moulin Rouge le 5 décembre pour mon concert ! Ça risque d’être assez drôle. Bon ce soir-là c’est un mercredi, Paris joue à Strasbourg, heureusement que ce n’est pas tombé un soir de C1, j’ai fait gaffe à ça, j’étais inquiet à l’idée que mon concert à Paris se déroule un soir de Ligue des Champions, au Parc en plus, imagine.

Pour revenir sur « J’éclaire ma ville », tout ceci ne te donne pas envie d’écrire la suite ? La version 2018 ?
Je l’ai déjà écrite dans cet album sur le titre Dos Rond. C’est un regard très cinématographique sur la ville. C’est mon J’éclaire ma ville 2018. Le public voudrait toujours retrouver la même chose que ce qu’il a connu en découvrant un artiste qu’il apprécie, mais ce n’est pas possible. Un artiste doit évoluer. En écoutant la sonorité du nouvel album et la façon dont c’est rappé, c’est différent, j’ai évolué. Et tant mieux. Ça me fait penser au commentaire d’un fan que j’ai lu sur je ne sais plus quel réseau. Je sors un album en moyenne tous les 5 ans et ce supporter disait en gros que chaque album représentait une période de sa vie. Lorsqu’il écoutait le premier album, il était étudiant, au deuxième il venait de quitter le domicile de ses parents et de se caser avec une nana et qu’au 3ème il était devenu daron. J’évolue comme tout le monde. Le rap évolue. Mon rap évolue. Je ne vais pas continuer à vivre chez ma mère ou à m’habiller comme quand j’avais 15 ans pour faire plaisir à mon public. Et je ne veux pas non plus avoir l’image d’un mec Parigot-Parisien. Je m’adresse à tout le monde et pas qu’aux parisiens. Alors c’est normal dans un disque de parler de ton contexte, de là où tu vis mais mon nouveau disque évoque des sujets qui touchent tout le monde. Je parle d’amour, de haine, d’échec, de réussite, de routine au travail, de mort, de séparation, de remise en question, de rap et de foot aussi… Je parle de sujets qui touchent tout le monde dans leur quotidien et leur intimité.

Parlons de quelqu’un qui éclaire Paris en ce moment : Kylian Mbappé. Tes fils sont-ils fans du gamin de Bondy ? Et toi qui es attaché aux valeurs de l’éducation, penses-tu qu’il a un rôle important à jouer auprès des jeunes ?
Moi je suis complètement fan… J’habite dans le 93 depuis plus de 10 ans maintenant, pas très loin de Bondy en plus et c’est vrai que l’impact de sa réussite est important. C’est une fierté pour les gens du 93. Vu son talent et son exposition, s’il met une golden à un arbitre demain, l’impact sera terriblement négatif car c’est un modèle malgré lui. Ceci dit, je ne pense pas qu’un footballeur pro doit être un éducateur ou être à tout prix un exemple. Ce n’est pas son rôle. Il doit faire attention, bien sûr. Comme un rappeur. On n’est pas là pour éduquer les jeunes, on n’est pas l’école ou les parents. Mais on a une influence, c’est certain. Pourtant quand Zizou a mis le coup de boule, je ne crois pas qu’on ait vu les enfants se mettre des coups de boule au plexus à tire larigot par la suite. Comme le rap n’est pas à l’origine de la violence dans certains quartiers. La violence existait déjà avant le rap. Et avant le football.

Tu penses que c’est le meilleur joueur du monde ?
Oui, sans hésiter. Et sans chauvinisme. C’est le meilleur joueur du monde actuellement. Neymar joue avec lui et ils ont une association vertueuse. Mais de par son ascension, ses performances, sa technique, son style, le fait qu’il soit déjà champion du monde à son âge, qu’il ait réussi à s’imposer à Paris, que tout se passe comme prévu en fait… C’est le meilleur. Et il mérite le Ballon d’Or. Je suis abasourdi qu’il joue à Paris. Des fois j’en reviens pas. Je suis fan. J’espère qu’il aura le Ballon d’Or. C’est bon Cristiano, Messi, c’est bon circulez. Même Griezmann c’est bien, mais Mbappé c’est Mbappé. Ballon d’Or. Tout de suite.

Pour finir, le fait que Tuchel fasse jouer les jeunes du centre de formation, c’est un peu comme dans le rap, ça enchaine les featurings avant de sortir un album solo ?
flynt virage psgJe trouve ça super positif. Il a l’air d’avoir un contact très chaleureux avec les joueurs, et il arrive à gérer son groupe, en tout cas pour le moment. On a de l’empathie pour lui, contrairement à Emery. Et puis surtout on est passé à côté de trop de jeunes à Paris. Je comprends que les jeunes originaires d’île de France aient eu du mal à trouver leur place au PSG dans le passé, et le fait qu’un joueur comme Mbappé revienne, c’est important. C’est fort qu’un mec de son âge revienne en disant qu’il veut marquer l’histoire du club. Il envoie un signal fort. Intégrer des jeunes comme Kimpembe, Nkunku, Diaby, Nsoki, Dagba, c’est bien car c’est sans doute le futur du club. Pas besoin d’aller systématiquement chercher ailleurs. On a un vrai vivier. Et Tuchel les fait jouer maintenant, les prépare mentalement en coulisse pour qu’ils s’intègrent bien. Ils ont du potentiel. Ils ont bossé depuis des années, en équipe de jeunes, se sont préparés pour ça. Avant on avait l’impression que ce n’était pas possible pour eux. Qu’ils étaient arrivés là par hasard. Mais ces mecs étaient forts. Je les vois les gamins quand j’accompagne mon fils à des tournois. On les voit tout de suite ceux qui ont un vrai potentiel. Ça saute aux yeux. Ils ont 12-13 ans, ils crèvent l’écran. Et s’ils avaient le sentiment que Paris ce n’est pas pour eux, l’arrivée de Kylian ou le management de Tuchel est un cercle vertueux qui va changer les choses, c’est vraiment génial. Je vois ça d’un très bon œil. Faisons passer ce message aux gamins, à Paris ça va bien s’passer !


Album « Ça va bien s’passer » disponible le 26 octobre 2018
En concert à la Machine du Moulin Rouge  (Paris 18ème) le 5 décembre 2018

Crédits photos (c) Nina Magdas, Leo Ridet, Sebastien Girod


Xavier Chevalier

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