It’s time to say goodbye to Napoli

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Cette semaine, je l’ai attendue comme un dément.
Un personnage de Dostoievski, dans sa cave, qui tourne et tourne et tourne.
En attendant Naples et marseille. Il n’y avait plus que ça. Pour vous, les sociabilisants, les vivants, les bien portants, il existe la vie, le travail, l’espoir, les projets.

Pour moi, juste ces deux matchs. C’est ainsi. Le football peut parfois devenir la seule lumière.
La dernière drogue avant le néant. Naples d’abord. Mercredi, asphyxie, accélérations cardiaques, plein de clopes, chiottes et chiottes encore. Lecture de deux SAS. Et attente. Attente. Attente.
21 heures putain !!! Nos soldats défilent à l’écran. J’y ai pensé toute la journée.

Vais-je encore apercevoir dès la présentation des équipes en gros plan pendant les hymnes ces tronches de bileux, de flippés, de joueurs rattrapés par la gastro des grands soirs ? Rabiot blanc comme une merde de laitier ? Le PSG va-t-il une énième fois foirer le match crucial ? Trébucher en Europe ? Se retrouver en culottes courtes devant des millions de téléspectateurs ? Comme une malédiction. Quelque chose de (presque) déjà écrit ?

J’ai entendu toute la semaine les médias évoquer le contre-exploit en cas de défaite au Parc, j’ai croisé des gens qui parlaient de Naples comme de Guingamp, une formalité en somme, j’ai lu que les professionnels du pari en ligne donnaient Paris gagnant pépère. Froid dans le dos. L’arrogance des néo supporters de la Capitale trop habitués à écraser leur championnat, trop installés dans leur confort de nouveau riche, de futur blasé et/ou déserteur, quand le Qatar aura trouvé une nouvelle marotte soft power (2022?). Les fous, les naïfs, les cons !

Malgré l’égalisation jouissive et sur le fil de Di Maria, que dire ? Oui, cette malédiction est réelle. Paris a récidivé. Pas de pressing, boulevards, pas de milieu, pas les efforts, pas vraiment la technique. Pas envie ? Impossible, évidemment, nos stars savent que ces soirs-là sont les soirs qui comptent (en banque) vraiment. Et pourtant, depuis ma télé, ça peut ressembler à ça. Une certaine nonchalance, une équipe de joggers avec walkman. Contre les Italiens, je ne vois pas Paris avoir peur, être véritablement dépassé, comme il a pu l’être ces dernières années en C1. Non. Ils trottent, tranquilles presque. Ou alors, pire encore ! Nos joueurs se la racontent ! Ils pensent VRAIMENT que Naples, c’est Guingamp. Boum ! 0-1. Areola avance et recule sans musique et prend un lob. Voilà. C’est reparti. Mbappé rate un un contre un qu’un Ballon d’Or ne devrait pas rater pour être certain de gagner sa breloque dorée.

On n’y parvient pas, on est souvent moche. On est décevant, prévisible, agaçant, irritant, têtes à claques, paresseux, grosses chevilles et petites idées… Le PSG n’aurait jamais retrouvé le soldat Ryan. Le PSG a perdu son chemin sur la pelouse du Parc et avait oublié la boussole au vestiaire. Il faudra désormais ne pas perdre à Naples et gagner les deux dernières rencontres. Tout se complique. Ça en excite certains chez Virage. Jean Cécé jubile par texto. Il dit que c’est ainsi qu’on se dessine la route vers la finale. Avec des poules à la grenade tranchée par tranchée. Il a peut-être raison. Mais moi, au coup de sifflet final, je les maudis encore, dans mon salon, je les maudis en boucles. Ils ont si peu fait, nos héros, ils ont été si pâles, si médiocres. Je zappe un peu partout. Sur l’Équipe, ça ricane. Oui, certaines choses ne changeront jamais. Paris est incorrigible et l’Équipe indécrottable.

Je suis pourtant dès le lendemain matin positivement excité. marseille ! Deux fois. Contre la Lazio jeudi en Europa League (la coupe que Thauvin ne veut plus jouer) et puis chez eux, dimanche…
Les Ritals ouvrent l’om pendant 90 minutes, c’est absolument délicieux (le troisième but…). Il n’y a rien à dire. Fessée au vélodrome. Les joueurs sudistes ont beau prévenir sans attendre après la douche aux micros que dimanche, ils seront au rendez-vous, on voit déjà dans leurs yeux quelque chose qui ressemble à de la… Trouille, oui, c’est à peu près ça. Du fatalisme aussi. Garcia parle du public fabuleux et si fidèle, pas de cojones mais pas loin. Halloween avant l’heure. Il se déguise en espérant faire peur. Alors qu’il le sait, Rudy, dimanche, c’est Paris qui décidera du résultat. Lui et personne d’autre. Naples a tout fait pour écrire son Histoire mercredi. L’om, elle, pourra, au mieux, être un témoin assisté.

On y est. J’y suis ! Y seront-ils ? En championnat, il est bien sûr plus difficile de craindre le pire. L’angoisse d’avant Naples traverse mon cerveau a quelques reprises avant le coup d’envoi mais rien ne se fige. Ce soir, je redoute plus un arbitrage orienté et un manque d’engagement coupable de la part de nos joueurs. Quand j’apprends la composition des nôtres vers 20 heures (je m’étais imposé un black out toute la journée pour ménager ma haine et mon stress), je balance entre ricanements nerveux, textos affolés et incompréhension complète. Un petit vertige s’empare de moi, je dodeline sur mon canapé.

Je tente d’analyser les choix de Thomas. Il fait visiblement tourner. Choupo devant, sabre au clair. Un enfant en défense. Kylian et Adrien sur le banc. Le message semble clair : l’om, c’est la L1, il y a Naples dans deux semaines, 30 points sur 30, on ne prend aucun risque. Je me dis que Kylian paye sa petite prestation de mercredi. Je comprends mais je flippe quand même. Je ne veux pas perdre ce soir. Il ne faut pas.

Ça commence. Je tente évidemment l’expérience sur Canal + décalé, où Cazarre, son pote Toen et Laurent Weil commenteront en direct le clasico, en mode supporters. L’idée est admirable, excitante même. Ne plus se taper Guy et son pote de dézinguage systématique du PSG, entendre Cazarre bombarder de vannes alors que Paris crucifie pour la 369ème fois Marseille de suite ! Ouiiiiii. Mais en fait, non. L’idée était bonne, oui. Pas la réalisation. Virer Weil, l’homme qui JAMAIS n’osa démonter un film ! Et qui, ici, ne sert qu’à canaliser les débats. Un éducateur social en plein Kop de Boulogne en somme. Incongru, voire parfois même embarrassant. Il aurait fallu supprimer l’incrustation en bas à droite de l’écran. Simplement entendre la voix des deux protagonistes, comme dans un match lambda.

Bon, au final, Cazarre a tout niqué mais en même temps, il n’avait presque personne en face de lui. Et le football est (était) la chose la mieux filmée au monde. Faut arrêter de vouloir toujours balancer de nouvelles formes. Le football a-t-il vraiment besoin d’évoluer ? VAR, coupe du monde à 1200 participants, Chapron qui propose dans son livre plein de nouvelles lois du jeu, toutes plus connes les unes que les autres ! Il a fait quoi le foot pour se prendre des velléités de lifting intégral dans la gueule à longueurs de temps ?

Bref. Je finis donc le match avec Guy et Beye, en deuil après le deuxième but de Draxler dans un vélodrome qui a encore une fois démontré qu’il ne savait faire du bruit que les soirs de victoires. Garcia a gesticulé, Tuchel tirait la tronche, Guy a bien essayé de coacher marseille tout du long, rien n’y a fait. Paris a décidé du score final et Paris a gagné. En étant plutôt insipide, encore paresseux, dilettantes. Kylian était en fait puni. Il était arrivé en retard à la causerie. M’a rappelé ma scolarité. Anecdotique. Mais là, j’ai aimé un peu plus Tuchel. Punir le môme sacré le jour du clasico. Pas mal. Et quel camouflet pour la grande soirée de Canal… L’aurait-il fait le jour du match retour à Naples ? Pas sûr me dit un ami. Moi, j’aime à penser que si. La punition levée, Kylian est rentré et a marqué, après deux ballons touchés, peut-être même qu’un seul et trois minutes à peine sur la pelouse. J’ai encore plus aimé la polémique sur le but soi-disant refusé aux sudistes. Le faux bloc de Strootman et la simulation de Marquinhos. Ahahahahahahah. Encore !!!

Ils en sont là, les finalistes malheureux de l’Europa et Poulidor de la C1. Garcia a une nouvelle fois était frileux, petit épicier, à espérer un miracle, une improbable chatte. Aucun attaquant véritable au commencement. Payet et Thauvin, les deux doublures bleues, en stars de kermesse. 0-2. Terminé. Ménès s’énerve contre l’arbitrage. Contre l’injustice carrément ! Ce qui le classe directement entre Jean Moulin et Tartuffe. Ils ne parlent que de ça. Et évidemment, de la discipline selon Tuchel. Ils se demandent si le PSG est en train de devenir une vraie institution. Moi, je me demande juste quel modèle de télévision va briser Mohamed Henni, ce supporter marseillais qui aime Youtube et l’humour de répétition, dans sa prochaine vidéo ? Ça fait quoi ? Sept ans que Paris piétine l’om. Pfff. Canal parle de défaite encourageante. Je leur laisse. Je me contenterai de cette victoire sans panache et de Kehrer tentant d’attraper les couilles d’un marseillais, Ocampos il me semble, en bord de ligne pour l’empêcher de déborder. Neymar a subi quelques jets d’objets à chaque corner. Il y a eu un tifo bébête de jalousie sur notre C1 mais rien de grave.

Au moment où Paris est devenue cette équipe de Harlem Globe Trotters, marseille n’a plus qu’à faire comme tout le monde: Acheter son ticket et faire la queue. De voir Mbappé faire des selfies avec des mecs en tribune latérale fans de l’om, c’est ça, la réalité. Les enfants aiment les champions du monde et les marseillais sont des enfants. Une bonne fessée deux fois par an ne peut que leur faire du bien.

PROCHAIN ÉPISODE: Paris va-t-il honorer la malédiction la semaine prochaine à Naples? Rabiot arrivera-t-il en retard à son enterrement? Kylian mérite-t-il le Ballon d’or, de diamant, de saphir et de rubis? marseille va-t-il revendre Mitroglou pour racheter Mamadou Niang? Thomas Tuchel évite-il systématiquement la station de métro Stalingrad les veilles de match? Prend-il au moins le métro? À suivre…

Crédit photo (c) Panoramic


Jérôme Reijasse

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