Jean-Marc Pilorget
Paris pour la vie

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Qui de mieux placé que Jean-Marc Pilorget pour nous parler du PSG ?
435 matches en Rouge et Bleu, il détient à ce jour, et peut-être pour l’éternité le record de matches disputés avec le Paris Saint-Germain (1975-1989).
Une histoire passionnante le lie à Paris, sa ville natale,
et ce n’est pas pour rien si Pilorget, ça rime avec PSG.


Virage : De vos 435 matches au PSG, lequel vous a procuré le plus d’émotions ?

Jean-Marc Pilorget : La finale de la Coupe de France face à Saint-Etienne en 1982 (15 mai 1982, 2-2, 6 tab 5). C’est le match le plus fou que j’ai jamais joué. Beaucoup d’émotions, et au bout le 1er trophée pour le club, ce qui reste quelque chose de très fort. Cette finale était hors-norme : l’égalisation de Dominique Rocheteau dans les arrêts de jeu, Francis Borelli qui embrasse la pelouse, le public qui envahit le terrain, la dernière de Michel Platini avec les Verts.

Virage : Et c’est vous qui inscrivez le dernier penalty ?

JMP : Oui, même si j’ai failli ne jamais le tirer.

Virage : C’est à dire ?

JMP : Avant la séance de tirs au but, Georges Peyroche, le coach, nous rassemble pour désigner les tireurs. 1er tireur, 2ème tireur…Chaque fois je levais la main, chaque fois il me faisait comme s’il ne me voyait pas, peut-être n’avait-il pas trop confiance je ne sais pas (sourires). Une fois les 5 tireurs passés, je dis : « C’est bon, j’y vais ! ». Et je suis allé tirer le 6ème…

Castaneda en chiale encore

Virage : Aviez-vous la pression ?

JMP : En fait pas trop. Je me sentais « à l’aise » d’une certaine façon car Christian Lopez (ASSE) venait de rater le sien. Donc si je ratais, la séance continuait, j’étais assez zen par rapport à ça. J’avais décidé de l’endroit où j’allais la frapper. Avant même que la balle ne rentre, je sais qu’il y a but car je vois Jean Castaneda prendre ses appuis de l’autre côté. C’est l’explosion de joie dans le stade. Francis Borelli est la 1ère personne à me sauter dans les bras. Il court vers moi, m’embrasse et me dit : « Merci ».

Virage : Que lui répondez-vous ?

JMP : La même chose : « Merci ».

Virage : On imagine que vous avez fêté ce premier trophée ?

JMP : C’est sûr que l’on n’a pas dormi beaucoup. Le club avait organisé la soirée au Pavillon Gabriel près des Champs. Il y avait pas mal de gens du show-biz, des chanteurs, Charles Talar (dirigeant historique du PSG, NDLR) était dans le milieu artistique. Un autre match restera gravé : mon premier en pro avec Paris. C’était à Reims, avec Carlos Bianchi en face… qui plus tard allait devenir mon coéquipier à Paris. Un très grand joueur, j’ai toujours eu beaucoup d’affection pour ce mec. Je l’ai revu l’an dernier au Parc, c’est toujours un vrai plaisir.

Avec Luis, Safet et Dominique

Virage : Vous jouez votre 1er match en pro à 17 ans !

JMP : Nous étions 4 jeunes du club (Thierry Morin, Lionel Justier, François Brisson, Jean-Marc Pilorget, aussi surnommés les « 4 mousquetaires », premiers jeunes formés au club NDLR) à être lancés ce soir-là (Reims-PSG 3-2, 21/12/1975, NDLR). Avant Reims, nous étions partis en stage 2-3 jours à Deauville. Le coach (Just Fontaine), le président (Daniel Hechter) ne voulaient pas nous mettre trop de pression, ils voulaient que cela se fasse naturellement. Et ça s’est fait naturellement.
Je jouais en défense centrale, avec Carlos Bianchi en face (sourires). Physiquement, il n’est pas le plus fatiguant à marquer car il ne fait pas beaucoup d’appels, il ne court pas beaucoup, mais dès qu’il entre dans la surface, il est très, très dangereux.
Ma famille, mes parents étaient venus me voir depuis Chilly-Mazarin (91). C’était une belle soirée.

J’ai joué avec Johan Cruyff au Parc

Virage : Comment votre histoire avec Paris a-t-elle commencé ?

JMP : J’étais en sélection avec les cadets de Paris. Lors d’un match, René Baule, le recruteur du club, le seul, car à l’époque il n’y en avait qu’un (sourires). René Baule m’a demandé si je voulais faire un essai au PSG. Il a appelé mes parents et je suis allé faire un essai de 3 jours à Saint-Germain, ce qui s’est concrétisé par un contrat aspirant.
J’ai ainsi intégré la formation du PSG, mais il n’y avait pas encore de centre de formation. Par exemple, on ne logeait pas au Camp des Loges mais au foyer des immigrés à Achères.
L’été 1975, je débute la saison en 3ème division, puis en D1 quelques mois plus tard. Mieux qu’un centre de formation, c’est ce qu’on appelle une formation sur le tas (sourires).

Virage : Le 17 juin 1975, Johan Cruyff joue avec le PSG lors du Tournoi de Paris. En étiez-vous ?

JMP : Oui. J’ai joué ce jour-là avec Johan Cruyff avec le maillot du PSG. Ce qu’il faut savoir, c’est que j’étais un très grand fan de ce joueur. J’avais 17 ans et j’avais deux idoles : Johan Cruyff et Franz Beckenbauer. Beckenbauer, je n’ai jamais joué avec lui. J’ai eu cette chance de pouvoir jouer avec Johan Cruyff, au Parc (PSG 0-1 Sporting Lisbonne, NDLR).
Je ne lui ai pas spécialement parlé, on s’est serrés la main on a échangé 2-3 mots. J’étais avec des grands yeux de gamin qui regarde son idole.

Johan Cruyff et Jean-Pierre Dogliani lors du Tournoi de Paris

Virage : Quel est votre match le plus triste avec Paris ?

JMP : Mon dernier match au Parc, mon dernier avec Paris en 1989. J’étais en fin de contrat, je savais que c’était le dernier (PSG Metz, 2-2, 31 mai 1989, NDLR). A la fin du match, j’étais un peu amer… Peu de gens savaient que c’était le dernier, moi si. J’étais triste. J’étais bien à Paris, je n’avais pas forcément envie de partir. Débuter ma carrière à Paris, la finir à Paris, aurait été beau. On ne fait pas toujours ce que l’ont veut.

Virage : Que vous a-t-on dit à ce sujet ?

JMP : Tomislav Ivic, le coach, un jour est venu me voir : « Jean Marc, non pas Jean-Marc car il m’appelait Marco. Marco, je vais prendre un défenseur qui est meilleur que toi. Et tu n’es pas un garçon qu’on met sur le banc ».

Virage : Qu’avez-vous répondu ?

JMP : Rien. J’avais compris. Ivic a mis fin à ma carrière au PSG mais c’est quand même quelqu’un pour qui j’ai de l’estime. Je suis parti à Guingamp, où j’ai joué une saison, avant de mettre un terme à ma carrière.

Au PSG je n’ai jamais dit « au revoir »

Virage : Et ce 31 mai 1989 au Parc, le public ne savait pas que c’était votre dernier match ?

JMP : Je ne pense pas. Au PSG je n’ai jamais dit « au revoir ». C’est bizarre. Alors parfois je me dis que c’est peut-être car un jour, j’y reviendrai (sourires).

Virage : Votre match le plus dur sportivement ?

JMP : OM-PSG, 1-0, le 5 mai 1989. On perd le titre à Marseille quand Franck Sauzée marque son but à la 90ème. Cette défaite a été vraiment difficile à encaisser. On finit la saison deuxième à 3 points de Marseille…

Depuis Franck, plus aucun milieu de terrain français ne sait tirer des 30 mètres…

Virage : Pensez-vous que votre record (435 matches) peut être battu ?

JMP : On dit que les records sont faits pour être battus. C’est possible, il ne faut pas l’exclure, si un joueur arrive jeune au club et choisit de lui rester fidèle.

Virage : Ce record, est-ce une fierté ?

JMP : Quelque part, oui. Je suis né à Paris, j’ai vécu à Paris, en banlieue parisienne dans le 91. J’ai joué dans ce club, j’y suis resté un certain temps. C’est une grande fierté, bien sûr.

On jouait devant 5 000 personnes

Virage : Auriez-vous pu quitter le PSG plus tôt ?

JMP : Il y a une seule fois où j’ai vraiment failli partir. C’était en 1986, à Monaco sous la présidence de Campora. Arsène Wenger, alors à Nancy, devait venir et voulait que je signe. Finalement il a rejoint Monaco l’année suivante. Je suis resté à Paris, sans regret.

Virage : Entre 1975 et 1989, vous avez vu évoluer le Parc. Comment c’était en 1975 ?

JMP : On jouait devant 5 000 personnes, le stade était donc… assez vide. Et calme. Il y avait du béton partout, l’ambiance était glaciale. En 1989, il y avait beaucoup plus de monde au Parc qu’en 1975 ! Les Kops commençaient à se structurer, l’ambiance allait crescendo. J’adore le Parc, c’est un stade magnifique, un vrai stade de football. Son évolution est remarquable.

Daniel Bernard plonge sous le regard inquiet de Jean-Marc Pilorget et de François Brisson

Virage : Quand le Parc a-t-il véritablement commencé à se remplir ?

JMP : Cela a commencé petit à petit avec les grandes affiches, quand les grosses équipes venaient au Parc. Donc au début quand les gens venaient, c’était surtout par rapport à l’affiche. Mais attention, il y a toujours eu des fidèles qui sont là depuis le début. Parfois quand je viens au Parc, en tribunes, je croise des gens qui m’ont vu débuter au Parc, ça fait chaud au coeur. Ce sont des passionnés, de grands supporters.

Virage : Vous avez porté les tout premiers maillots du PSG, dessinés par votre président Daniel Hechter.

JMP : Oui ceux-là, avec le flocage RTL, ils sont collectors. Tous ceux que j’ai portés, je les trouve beaux.

Virage : En avez-vous gardé ?

JMP : Peut-être deux ou trois, ils sont rangés dans un tiroir. Je ne suis pas du tout nostalgique des maillots ou photos. Mes plus beaux souvenirs, je les garde dans le cœur et dans la tête.

Un président au grand cœur

Virage : Vous avez eu deux présidents : Daniel Hechter (1974-1978) et Francis Borelli (1978-1991), comment étaient-ils ?

JMP : Daniel Hechter, je ne l’ai pas connu très longtemps. J’étais tout jeune joueur, et jeune, on n’a pas la même approche, on ne cherche pas à connaître forcément les gens. Mais j’ai le souvenir de quelqu’un de timide, gentil et attentionné.

Virage : Et Francis Borelli ?

JMP : Un président au grand cœur. Incontrôlable par moments, il faisait ce qu’il avait envie de faire. Un passionné, qui aimait le foot, aimant ses joueurs, fidèle à ses joueurs. J’ai eu beaucoup de plaisir, beaucoup de respect à travailler avec lui. Et c’est quelqu’un qui connaissait le football.

Le président Borelli ne lâchait jamais la recette

Virage : Votre premier coach au PSG, c’est Just Fontaine ?

JMP : Oui, là aussi j’ai un grand souvenir : quand je signe mon premier contrat. Justo était là. Moi j’étais encore mineur, mes parents étaient avec moi dans le bureau et j’ai encore en tête le regard de mon père vers Justo, admiratif. Le Stade de Reims, la Coupe du Monde 1958…

Virage : Vous auriez dû participer à l’Euro 84 en France, sauf qu’un grave accident de la route vous en a privé ?

JMP : Tout se passait bien, j’étais pré-selectionné, et j’aurais dû le jouer, oui je pense. Le 18 décembre 1983, au petit matin, j’ai cet accident de voiture avec ma fille à l’arrière qui par chance s’en est mieux tirée que moi.
Fracture du col du fémur, entre autres choses, je reste 18 mois sans jouer. Après l’accident, il y a un moment très marquant, décisif pour moi, c’est quand mes parents viennent me voir à l’hôpital, qu’ils demandent au médecin : « Il y en a pour longtemps ? Quand est-ce qu’il pourra rejouer au foot ? ». Et là le médecin répond : « On espère déjà qu’il remarchera ». Je crois que je n’étais pas censé entendre ça. Mais ça a été une motivation exceptionnelle pour moi. Quand on est sportif, que l’on se retrouve dans un lit, c’est très compliqué. Ces paroles ont été une source de motivation énorme, un dopant.

Ce titre pour moi, c’est plus qu’un titre

Virage : Comment avez-vous vécu la convalescence ?

JMP : Je suis resté deux mois à l’hôpital, puis ce fut étape par étape, petite victoire par petite victoire. Je ne voulais pas brûler les étapes. J’avais l’impression de bien connaître mon corps, et de gérer ma convalescence, avec une rééducation sans trop de rechute.

Virage : Comment a réagi le club suite à l’accident ?

JMP : C’était pendant les vacances d’hiver, Francis Borelli était sur le point de partir au Brésil, il a annulé ses vacances, il a fait venir un avion à Salon de Provence pour me rapatrier à Paris. Un beau geste.
18 mois hors des terrains, c’est long très long. Je ne me suis jamais senti abandonné. Mais j’étais avant tout concentré sur ma rééducation, seul avec mon « combat ». Première étape : remarcher. Deuxième étape : courir à nouveau. Troisième étape : taper dans le ballon. Quatrième étape : rejouer au football.

A la relance…

Virage : En 1985-1986, vous êtes de retour, et titulaire ?

JMP : L’été 1985, j’ai quand même eu un grand coup de pouce de la part de Gérard Houillier qui arrivait au club. Je me rappelle exactement es premiers mots : « Je vais t’aider, je te fais confiance, tu vas attaquer la saison ». Cela m’a beaucoup touché, encore aujourd’hui je lui dis sincèrement : « Merci Gérard ».
Au final, j’ai joué tous les matches cette saison-là, on termine champions, pour la première fois. Quand on vous dit que vous n’allez peut-être jamais remarcher… Ce titre pour moi, c’est plus qu’un titre. J’étais heureux et fier d’avoir pu trouver la force mentale pour revenir.

Virage : Sans cette longue convalescence, vous auriez probablement franchi la barre des 500 matches avec Paris ?

JMP : Oui, c’était quelque chose de possible je crois.

Virage : Y avait-il déjà une rivalité PSG-OM ?

JMP : Oui. C’était bien chaud… C’était bien, mais c’était chaud ! Le dernier match de Daniel Hechter au Parc comme président (08/01/1978) m’a marqué. On gagne 5-1 face à Marseille, leader à l’époque. Le public scandait le nom de Daniel Hechter, sur le point d’être suspendu par la Fédération (affaire de la double billetterie, NDLR).

Virage : En 14 ans, vous avez côtoyé plusieurs générations de joueurs. Lesquels vous ont le plus marqué ?

JMP : Je dirais Jean-Pierre Dogliani (1973-1976), Mustapha Dahleb (1974-1984), Safet Sušić (1982-1991) : trois mecs hors normes, des grands joueurs mais aussi des grands hommes, des supers mecs. Après dans un registre différent, un coéquipier comme Dominique Bathenay, c’était un grand bonhomme. Je pense aussi à Osvaldo Ardiles, champion du monde avec l’Argentin en 1978, des mecs comme ça, c’est précieux dans une équipe. Toko également fait partie de ces joueurs qui ont marqué le club.

Legends

Virage : Avez-vous toujours des contacts avec le club ?

JMP : Ils ont eu la gentillesse de m’inviter en Coupe d’Europe cette saison (Ludugorets-PSG, 2-2, 06/12/2016. JM Pilorget avait disputé le premier match du PSG en Coupe d’Europe en 1982, Lokomotiv Sofia 1-0 PSG, NDLR). J’ai fait le déplacement avec eux, j’ai trouvé ça sympa. Je pense qu’il faut qu’ils continuent à ne pas oublier les anciens. A un moment, le club avait fait machine arrière vis-à-vis des anciens, ils se sont rendus compte que ce n’était peut-être pas la meilleure idée.

Virage : En septembre 2016, vous étiez au Parc pour le 1000ème match du PSG. Est-ce la première fois que vous refouliez la pelouse de votre « jardin » ?

JMP : Presque. J’étais revenu une fois quand j’entraînais le Paris FC, on avait fait une photo avec Antoine Kombouaré.

Virage : Quelles ont été vos sensations ?

JMP : Quand je foule cette pelouse, je ressens la même chose que quand on est joueur. Les gens au Parc aujourd’hui, dans la grande majorité, ne me connaissent pas. Ils connaissent davantage la génération 1990, 2000… mais moi, pas forcément. Je le comprends. Il faut juste être un peu réaliste. Je n’attends pas d’aller sur la pelouse pour qu’on m’applaudisse. Si je vais au Parc, je préfère si un supporter vient me voir en disant qu’il m’a vu jouer, qu’il se rappelle de moi. Ça, ça me fait plaisir. Je préfère les rapports humains.

Ce maillot…

Virage : Quels joueurs vous plaisent dans l’effectif actuel ?

JMP : Je dirais Maxwell car il n’est jamais mauvais, il fait toujours ses matches. Il est discret, répond toujours présent et son palmarès est incroyable. Je l’ai croisé quand je suis allé en Bulgarie. Thiago Motta aussi, complètement différent mais j’aime bien ce genre de bonhomme.

Virage : En 2014, vous atteignez les ¼ de finale de Coupe de France avec Cannes (CFA), après avoir éliminé Saint-Etienne aux tirs au but, décidément…

JMP : Oui, un petit clin d’œil symbolique du destin (sourires). Et au final, on est battus par Guingamp (0-2), où j’ai joué une saison (1989-1990) après Paris… On avait réussi à éliminer Montpellier, Saint-Etienne, ce sont de beaux souvenirs.

On reste costaud en tant qu’homme

Virage : Où en êtes-vous depuis ?

JMP : Après Cannes, j’ai entraîné Fréjus Saint-Raphaël et là je suis à la recherche d’un club. Je vais voir des matches, j’ai toujours cette passion. J’ai envie de m’investir dans un nouveau challenge. On sait qu’en football, tout peut aller très vite.

Toujours la rage

Virage : Vous avez arrêté votre carrière de joueur tôt, à 31 ans. Pour devenir entraineur ?

JMP : J’ai toujours été plus passionné par m’occuper des autres plutôt que d’être joueur de foot. Après Paris, j’ai joué à Guingamp, puis oui,  j’ai arrêté ma carrière pour devenir entraîneur.
J’ai pris tout ce que je pensais de bon des coaches que j’ai eus et j’ai gommé tout ce à quoi je n’adhérais pas. Après bien sûr, j’ai ma patte. Et puis dans ma carrière de coach, il y a un avant et un après la perte de ma fille. Je suis un homme différent et un entraineur différent, plein de choses ont changé. Mais on reste costaud en tant qu’homme, en tant qu’entraîneur.

Virage : Votre fille Julie (25 ans) est décédée en janvier 2011 alors qu’elle était en vacances en Thaïlande…

JMP : Oui, un cauchemar. Cela a été des moments terribles. Six ans après, on ne sait toujours pas de quoi Julie est morte. Elle était partie en vacances, elle est revenue dans un cercueil. L’autopsie, pratiquée sur place, n’a pas expliqué son décès. C’est très dur à vivre.

Virage : A l’époque, vous avez contacté les autorités et même Nicolas Sarkozy pour avoir des réponses au flou qui entoure ce drame. Sans suite ?

JMP : J’ai eu à un moment besoin d’aide, pour ma famille, pour moi et il n’y a eu personne. Et quand je vous dis personne, c’est vraiment personne. Cela a été une grande déception, encore plus grande pour mon autre fille Marina. Elle avait mis tout ce qu’elle avait pour faire une pétition, 5 000 signatures, et l‘envoyer à Nicolas Sarkozy. En retour, nous avons eu un silence radio, au mieux des lettres bateaux. J’ai aussi écrit à Alain Juppé (alors ministre des affaires étrangères, NDLR), Xavier Bertrand (alors ministre de la santé, NDLR). Et rien. Peut-être avaient-ils des enjeux avec la Thaïlande, qui passent avant la mort suspecte d’une gamine de 25 ans ? Nous, on a cru que leur priorité c’était de s’occuper des citoyens… Les politiques n’en n’ont rien à faire tout simplement.
On a aussi appelé les journalistes TV, pour les sensibiliser sur ces disparitions, sachant qu’entre 2009 et 2012, plusieurs disparitions suspectes, 30 à 40, ont eu lieu en Thaïlande. Et rien. L’indifférence.. Vous ne pouvez pas savoir comme cela peut faire mal.

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