La Haine

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Mercredi matin, 8h57. Il pleut sur Montreuil. Un ciel gris écrase tout.
Mon fils me serre fort avant de rejoindre son école.
Il est triste parce que je suis triste.

Son regard dit tout : Mon fils aimerait pouvoir inventer une machine à remonter le temps, pour que le PSG s’offre une nouvelle chance d’y croire. Et que son père relève la tête et desserre les poings.
Rien que pour ça, je hais notre équipe.

IMPARDONNABLE.

C’est le seul mot valable ce matin.
Paris ne fait jamais les choses à moitié. Jamais !
On ne se contente pas de gagner ou de perdre. Il y a toujours quelque chose qui vient se greffer à nos exploits, qu’ils soient positifs ou violemment négatifs. Là, ce n’est pas uniquement une qualification qui s’échappe. C’est le Qatar qui vacille, c’est Unai qui s’en va, c’est le cimetière indien qui revit, c’est Neymar qui convoque son avocat au coup de sifflet final (peut-être même dès la mi-temps…), c’est le début de la fin. Paris fait le pire match au pire des moments. Bien sûr. La remontada, c’était encore autre chose, c’était presque magique. Alignement des planètes incroyable, soirée maudite, c’était autre chose.

Hier, Paris a tout confirmé

Hier soir, Paris avait mal au ventre, les jambes qui tremblent, les nerfs à fleur de peau, la passe lourde, le tir fantôme… Hier, Paris a tout confirmé.
Il était interdit de jouer ce match comme nos joueurs l’ont joué. Nous sommes tombés dans tous les panneaux. Et il n’y a qu’une seule question à poser aujourd’hui: Pourquoi le PSG qatari perd systématiquement tous ses moyens les soirs où il doit écrire l’Histoire ?

Inutile de parler de l’indigence technique, de l’absence d’occasions, de la médiocrité de nos joueurs (Rabiot jouait avec une couche, Marco et Edinson ont craqué comme des pucelles, Angel a fait du Angel quand il est assuré d’être titulaire, Kylian a dribblé beaucoup de promesses…), de la blessure de Neymar. Non. Pas la peine. Il faut simplement répondre à cette question. Ou se taire à jamais.

Les médias vont pouvoir s’en donner à coeur joie. Je valide même le titre de l’Equipe, “Tout ça pour ça”. Moi, j’aurais opté pour “Modrić en Doudoune”… Nos ennemis journalistes vont remuer la merde, ils vont s’enivrer de débats cruels, de prévisions vertigineuses, ils vont pointer du doigt, ricaner en direct… Ils auront raison.

Paris a oublié sa propre devise

Je repense ce matin aux propos de Verratti cet été qui souhaitait un recrutement plus ambitieux… Voilà où nous en sommes en mars 2018. Nos petits garçons ont encore rajeuni. Ils étaient minuscules et perdus sur cette pelouse admirable. Ils ont tout raté, tout trahi. Après la mascarade marketing et les clips ridicules où Joey Starr, Pascal Elbé et quelques autres personnalités opportunistes et de troisième zone ont tenté de nous faire croire que l’union sacrée, c’était maintenant (on ne s’achète pas un public d’ultras comme on achète une star brésilienne), Paris a oublié sa propre devise, Paris a sombré. Et contre un Real tranquille, comme à l’entraînement. Même l’arbitre n’a pas eu besoin d’en faire des tonnes. Nous n’étions pas là. Nous n’étions personne. Nous avons échoué.

Seuls ces nombreux fumis dégainés pendant le match ont réchauffé mon coeur. Josse et Bravo avaient beau trembler devant cette pyrotechnie vandale, craindre les sanctions de l’UEFA, moi, j’ai jubilé parce que ces fumis ont été hier la seule preuve de vie au Parc. Je ne parle pas du tifo géant représentant la coupe aux grandes oreilles… Une arrogance déplacée, presque idiote.

Sincèrement, cette qualification, je n’y croyais pas vraiment. Je nous voyais gagner (ça aussi, ils vont nous le mettre dans la gueule et en boucles encore : première défaite au Parc depuis la mort de Vercingétorix) mais pas passer. Un 3-2 ou un 2-1, un truc dans le genre. Je nous avais imaginés fiers, courageux, déterminés, efficaces. Et nous n’avons rien fait. Nous avons accepté de nous soumettre, d’entrée. Nous avons piétiné le rêve, l’avenir, le football également.

Et si Neymar ? Et si, et si, et si… Non !!! S’il avait été là hier, pas sûr que ce se soit passé différemment. Aux Abonnés absents. Tous! Même les blessés, même le banc. Il n’y avait rien. RIEN !

On endosse la panoplie du bouffon

J’ai beau essayé là, tout de suite, de deviner la suite, de relativiser (le mot dégueulasse), de me dire que cette catastrophe va nous aider à grandir comme il faut, un mal pour un bien, ce genre de mantras à la con qui te permettent de tenir le coup les lendemains de naufrage, je n’y parviens pas. C’est un gâchis total. L’Europe nous attendait au tournant. Et une nouvelle fois, on endosse la panoplie du bouffon. Il y a longtemps, nos dirigeants avaient fait appel à Noah pour motiver les troupes. Qui convoquer aujourd’hui ? Booba ? Pierre-Ambroise Bosse ? Casimir ?

Messieurs les joueurs, n’écoutez pas les mauvaises langues et les esprits corrompus dans les prochains jours. Non, de gagner le championnat et les deux coupes nationales, ça ne sera ni normal, ni un moindre mal. Les vrais supporters s’en contenteront, en attendant le tirage au sort l’été prochain. Ne l’oubliez pas. Vous rêviez de ligue des champions mais vous n’avez pas le niveau alors, contentez vous d’être encore les rois des faibles, acceptez ce trône en carton et défendez le jusqu’à la mort. Acceptez les sifflets du Parc je l’espère dès ce samedi. Acceptez les parce qu’ils seront la preuve de notre amour.

N’écoutez pas les vannes sudistes (il leur fallait au moins cette élimination pour commencer à oublier les deux sodomies récentes au Parc), ne croyez pas Zidane quand il plastronne devant les micros (lui aussi va connaître les délices du Pôle-Emploi quand son équipe tombera en quart ou en demi). Relevez la tête. Achetez vous des burnes. Souffrez comme moi je souffre aujourd’hui. Posez un genou à terre et demandez pardon à mon fils surtout. Sa tristesse est votre honte.

PSG4LIFE


Jérôme Reijasse

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