L’énigme Nicolas Ouédec

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Dans cette promenade onirique, truffée de grossières références psychanalytiques, vous, Lecteurs, comprendrez enfin les raisons profondes de l’inefficacité de Nicolas Ouédec lors de son passage au PSG, ainsi que les ressorts cachés de sa reconversion dans le négoce de viande en Asie du Sud-Est.

Vous n’apprendrez rien cependant sur celle qu’il amorcera plus tard dans l’hôtellerie d’entrée de gamme en banlieue nantaise. L’enfer est pavé de bonnes intentions et de babtous fragiles.

Toujours le même cauchemar la veille d’un match. D’abord, prisonnier de l’Océan Pacifique, il tente d’asséner une droite à un dauphin très offensif. Mais ses poings sont inefficaces comme une frappe de James Debbah. Puis, brusquement, dans une forte charge émotionnelle, c’est un portrait de Dominique Casagrande qui l’assaille posant avec Séverine Ferrer et un labrador consécutif.

Patrice Loko en met, lui, même aux Bois

A ce point-là, souvent, notre homme se redresse, suant, paralysé par la peur. Parfois, il étouffe quelques sanglots, à bout de nerfs. Mais pourquoi ne marque-t-il pas ? Il se lève pour faire quelques pas vers la cuisine. Le contact glacé de ses pieds sur le carrelage Leroy Merlin rend un caractère tangible à son existence. Mais pourquoi donc n’arrive-t-il pas à marquer un but ? Patrice Loko en met, lui, même aux Bois.

Invariablement, lorsqu’il se rendort, le cauchemar reprend. A toutes jambes, il prend l’axe. Il court plus vite que son opposant direct et depuis très très longtemps parvient à prendre quelqu’un de vitesse. Seul face au but, il réceptionne le ballon d’un contrôle parfait. Le rêve semble reprendre le dessus. Au moment de frapper, de retrouver le geste du buteur, oh oui, de revivre la sensation du matador à l’instant d’enfoncer sa banderille dans le corps puissant du taureau, il lève la tête pour prendre l’information comme on dit désormais. Là, dans les cages, allongé tel l’Odalisque d’Ingres, Bernard Lama roule un douze feuilles. En même temps, tombée du ciel, c’est la voix de Lio qui chante « Mon ami Pierrot » sur le rythme de « We are the Champions ».

Peu affecté par ce fait de jeu et sans attendre la décision de l’arbitre, notre homme frappe à deux mètres du but vide. Mais le ballon dévie sa trajectoire de manière constructiviste. Il s’écrase impassiblement sur les panneaux publicitaires, étranger au destin de Nicolas Ouédec. Encore raté. Cependant, dans la tribune, des Chinois applaudissent. Ils portent des visières et l’encouragent en scandant :  » Niwulaï Wudé, Niwulaï Wudé,… »

Des Chinois, s’interroge-t-il. Son visage in-tranquille affiche un rictus d’incompréhension. Sa tête tourne de gauche à droite sur l’oreiller en simulant le signe du refus. Pour lui, « chinois » est associé à « lieu de restauration rapide au glutamate avec choix restreint entre formules à bas coût. »

Il pense à ses années à Nantes,
aux plages de Barcelone

Après les encouragements, le public sinisé se restaure de plats végétariens que leur sert Oumar Dieng, particulièrement seyant dans un tablier de cuisine Louis Vuitton.

Puis, notre homme prend conscience de la présence de vaches bretonnes paissant la pelouse du Parc, issues de l’agriculture biologique et dont les déjections favorisent les algues vertes. Il perçoit furtivement dans l’ombre de ces sages ruminants une belle hampe enroulée dans des tranches de carpaccio.

Il est 5h30 lorsque son cauchemar prend fin. Fourbu comme après des prolongations et terrorisé, il trouve mystérieusement son entrecuisse durci. Il pense à ses années à Nantes, aux plages de Barcelone, à l’équipe de France. Autant de certitudes, de réponses, mais UNE question demeure : pourquoi des Chinois ? Au fond de lui, il sait : il faut aller là-bas pour le savoir.

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