Oh! Non Javier

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L’heure sera-t-elle bientôt au recueillement ? Johnny n’y est pour rien. L’idole des jeunes et des moins jeunes s’en est allée et ce mois de décembre 2017 est déjà assez difficile émotionnellement,
alors pourquoi en rajouter ?


La flamme qui ravive le feu de notre passion depuis sept saisons, celle d’un Paris SG authentique, est annoncée sur le départ. Javier n’aurait pas la fibre Rock’n’roll ! L’attente est insoutenable. Partira ? Partira pas ? Certes le troisième maillot noir de cette saison aurait enfin sa légitimité. Quels visionnaires ces dirigeants ! Un maillot jaune, et pof Neymar arrive. Un maillot noir, et pof Javier s’en va. J’emmerde les symboles.

Triste perspective pour commencer cette nouvelle année. Putain de 2018, tu t’annonces déjà moche. Tu n’es pas encore là, je te déteste déjà ! Le premier et le dernier. N’était-ce qu’un slogan ? Cette belle promesse sonne-t-elle comme une résolution de janvier ? On peine à croire à l’intention, et au final elle n’est jamais tenue. Happy New Year ! What the Fuck… Allumer le feu, et jetez y tous ces journaux qui ne font qu’attiser des rumeurs infondées, enfin c’est ce que je m’efforce de croire, pauvre supporter aveugle que je suis. Oh non Javier, je veux aimer 2018.

Au commencement était l’élégance.

Sache que tu es celui qui me donne envie d’aimer ce PSG qatari, celui qui justifie les milliers d’euros que j’ai dépensés ces dernières années, celui qui réinvente le football romantique dans une ère trop marketisée, celui qui nous a tant manqué lors de ses nombreuses absences pour blessures mais qui a su renaître à chaque fois, nous redonnant l’espoir de lendemains enchantés, celui qui est déjà le 20ème joueur ayant le plus porté notre maillot et le 3ème étranger, derrière les mythiques Safet Sušić et Mustapha Dahleb, celui-ci, toi, Javier Pastore, veut quitter le Paris St-Germain ? Je n’en crois rien.

Les braves ne partent pas en janvier

On ne peut pas finir notre histoire d’amour sur ce Paris SG – SM Caen, triste soirée humide de décembre, un match comme mille autres, sans saveur ni émotion, un simple hors d’œuvre de Réveillon. Les braves ne partent pas en janvier. La seule sortie possible est un tour d’honneur en mai – le plus tard possible, nous ne sommes pas pressés-, le Parc scandant ses remerciements par amour, ovationnant l’artiste pour l’ensemble de son œuvre. Partir aujourd’hui reviendrait à laisser des milliers de pastoristes parisiens orphelins. Lors de PSG – Caen je n’ai vu aucun pot de départ, bien au contraire. Tu voudrais passer outre l’imploration de ton Parc dévoué te suppliant de rester parmi nous. Tu ne le veux pas. J’en suis persuadé. On ne peut finir ainsi. Aide-nous à braver ce supplice. Que la force soit avec toi. Grand Maître Javier, écoute la sagesse et reste dans ton jardin du Parc des Princes encore pour de longues années.

Heureux sont ceux qui ont le coeur pur.

Pour ma part, si tu t’en vas, une fois le choc passé, et il me faudra du temps pour le digérer, je peux te dire que les dommages seront collatéraux. Unai, je ne te pardonnerai jamais ce départ ! Il me faut un coupable, ce sera toi. Tu resteras à jamais celui qui a laissé partir Javier, qui n’aura pas su le comprendre et le retenir, le sublimer au lieu de l’enfoncer. C’est vrai, Nasser et Antero t’ont offert Neymar et Mbappé, Draxler et Rabiot ont confirmé, mais oublions les performances et les statistiques, Javier n’a pas un profil à la Football Manager, Javier est Pastore, un esthète du ballon rond, un des derniers joyaux libres du football moderne, une réincarnation du siècle passé, celui des meneurs de jeu libérés, à l’époque où le football était encore une distraction poétique et non un spectacle calibré.

Je ne te pardonne pas ces choix petit bras

Unai, je ne t’ai toujours pas pardonné la remontada d’un faible Barça, pour des raisons bien différentes de celles de la plupart de mes condisciples. Je ne te pardonne pas ces choix petit bras, cette fébrilité affichée dans tes changements, ce manque de vision brillante, cette audace qui parfois peut être victorieuse. Tu as fait le choix à la 55ème minute de faire rentrer le déficient Angel Di Maria à la place d’un Lucas titulaire, puis à la 75ème remplacer Julian Draxler par Serge Aurier, jouant ainsi avec cinq défenseurs, avant d’enlever Thomas Meunier pour le fantôme de Grzegorz Krychowiak. Le résultat on le connait tous, et chacun de ces choix ont été décisifs… Peut être avais tu oublié Javier, assis au fond du banc, au lieu de garder le ballon en milieu de terrain et d’ouvrir la voie à Edinson Cavani.

Les Caïn et Abel du nouveau testament parisien.

Des allégations gratuites d’un simple supporter, j’en conviens, l’issue n’aurait peut être pas été différente. Des faits avérés, j’en ai quelques uns. Javier, je n’ai pas oublié que tu étais l’unique buteur au Camp Nou le 10 avril 2013, lorsque le PSG de Zlatan avait déjà failli éliminer l’ogre Blaugrana. Tes blessures t’ont ensuite fragilisé, mais depuis quelques semaines tu es revenu. Unai peine encore à te faire confiance, du moins dans les matchs capitaux. Que deux changements à Munich, malgré la défaite, et toi encore sur le banc… Si Javier nous quitte cet hiver, mon verdict sera définitif et sans appel, peu m’importe les futurs résultats. Même gagner la Ligue des Champions ne me ferait pas t’amnistier. Unai, mon verdict est sans appel, tu seras mon coupable. Par chance pour toi, il ne s’agit que d’un avertissement, le crime n’est pas encore commis.

Ambassadeur de la magie parisienne

Fluctuat Nec Mergitur. Arrivé à l’été 2011, tu as connu ces jours terribles où notre ville a été ébranlée. Notre belle cité s’en est relevée. Nous avons gardé la joie et l’espoir. Javier, tu es parisien désormais, de cœur et d’adoption. Ces derniers mois tes blessures t’ont souvent éloigné de notre jardin et de nos yeux d’adorateurs. Jusqu’à maintenant, tu as toujours réussi à revenir, faisant de la devise de notre ville ta propre réalité. Paris, Ville Lumières, l’une des capitales artistiques mondiales. Les plus grands virtuoses d’hier et d’aujourd’hui y ont prodigué leur génie. Tu es l’un de ceux là, ambassadeur de la magie parisienne, unique au monde. Paris est une Fête. Tu en est l’un des principaux rouages. Le peuple parisien a adoubé ton talent depuis tes premières foulées. Il t’a parfois décrié, mais l’amour n’a jamais été un long fleuve tranquille. Le plus important est qu’il t’a toujours soutenu, comme on soutient ses propres enfants. C’est viscéral, ça ne s’explique pas. Javier, tu es un enfant de Paris. On a tous quelque chose en nous de Javier Pastore.

Le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis.

J’écris ces lignes en ce week-end de Fêtes. Joyeux Noël ! Mais comment peut-il être joyeux en lisant la Une des journaux ? Ton agent joue avec nos nerfs, il a gâché la dinde. La manœuvre est évidente, je n’ose imaginer le contraire. Tu ne veux pas partir, mais tu veux plus de temps de jeu pour être sélectionné à la Coupe du Monde. Comment pourrions-nous t’en vouloir ? Nous mêmes n’imaginons pas l’événement russe sans ta présence dans l’Albiceleste. Alors tu mets la pression sur Unai et tes dirigeants. « Si je ne joue pas, alors je m’en vais, mais vous ne voulez pas me perdre alors vous allez me faire jouer« . El Flaco a faim. Logique. Mais risqué. Le football moderne n’a cure des états d’âme.

Comment vont-ils m’appeler si tu t’en vas ?

Javier, je te propose ce scénario. Tu restes avec nous. Ton heure viendra, c’est une évidence. Attention, spoiler… Un bond en avant. Au hasard, le 6 mars 2018, au Parc des Princes. Soirée de gala, match de légende, en mondovision. Bien sûr, tu seras remplaçant, Unai ne modifiant jamais ses onze titulaires pour les grandes occasions. Ca ne fait rien, l’homme du soir, le héros du peuple, le joueur décisif pour la qualification, ce sera toi. 75ème minute, tu rentreras sur la pelouse alors que les deux équipes seront à égalité sur les deux matchs, le Real Madrid qualifié grâce au nombre de buts à l’extérieur. C’est alors que l’ange Javier rappellera à tous les Galactiques, MCN et BBC que le football est un art et les émotions non feintes. Sur des airs de PSG – Chelsea, un certain soir d’avril 2014, tu écriras l’Histoire. La nôtre. La tienne. Neymar aura son ballon d’Or. Tu auras ta Coupe du Monde. Nous aurons vécu un bonheur intense. Que penses-tu de ce dessein ? On signe le contrat ? Pas celui de l’Inter, qui je le sais te rapprocherait de tes origines piémontaises, mais celui de ton destin rouge et bleu. Rappelle-toi: « Je suis le premier a avoir signé, je serai le dernier à partir« .

Et Dieu reconnaitra les siens.

Dans ma tribune du Parc des Princes, les habitués qui me côtoient m’ont donné un surnom. Devine lequel ? Ils m’appellent « Javier ». Peu connaissent mon vrai prénom, mais pour tout le monde je suis « Javier ». Ton premier apôtre, ton ultime défenseur. Comment vont-ils m’appeler si tu t’en vas ? Je ne veux pas me poser la question, l’idée ne m’est même pas concevable. Mercredi soir, après le match contre Caen, alors que tu saluais le Virage Auteuil qui scandait « Pastore à Paris« , mes voisins de stade me questionnaient sur ton futur possible départ. Ma réponse était aussi passionnée qu’affirmative: « Vous êtes fous, Javier ne partira pas. Javier est le Paris St-Germain. Il ne peut donc pas nous quitter, c’est impossible. L’idée ne lui a même pas frôlé l’esprit. »

Paris Saint Javier

 

Benjamin Navet

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