L’aigle des Açores

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Pedro Miguel Pauleta et le PSG, c’est pour la vie. Il existe, entre le buteur portugais (109 buts avec Paris) et le public parisien un amour inconditionnel.
Durant 5 saisons (2003-2008), l’Aigle a fait rêver le Parc en déployant ses ailes. Inoubliables sensations. Le PSG enchaînait les crises sportives, lui enchaînait les buts. Et marquait pour toujours le Paris Saint-Germain.

Le 6 mars, Pedro Miguel Pauleta était au Parc pour le 1/8ème de finale retour face au Real Madrid. Le lendemain, nous le rencontrions Porte d’Auteuil. Un grand merci à lui.

Pedro, quelle est votre sentiment après PSG – Real ?
Je suis triste. C’est dommage de perdre comme ça. A l’aller, Paris avait mieux joué. Je n’avais pas senti de différence entre les 2 équipes. Au Parc, Paris n’a pas fait un bon match, je trouve qu’on a trop respecté le Real. Quand tu joues pour le Paris Saint-Germain, tu dois tout donner pour le club quand tu es sur le terrain. C’est le plus important.

Après, se qualifier, je comprends que ce ne soit pas facile… Le Real, c’est 12 Ligues des Champions, dont les 2 dernières. Paris a encore besoin de grandir. Il faut continuer de chercher, trouver les bonnes solutions…

Comment vivez-vous les matches dans la tribune ?
Comme un supporter du PSG. J’ai toujours envie de les voir gagner. Quand on a la chance d’avoir été sur le terrain, ce n’est pas trop facile d’être “en dehors“. Cela fait 10 ans que j’ai arrêté mais vous savez, parfois, j’ai toujours envie d’aller sur la pelouse avec les joueurs (sourires). Après, j’aime bien chercher à comprendre le match, lire le jeu, lire l’équipe. Je suis toujours attentif aux énergies qui émergent du terrain.

Vol Plané N°1

Le PSG peut-il gagner la Ligue des Champions ?
Je continue de penser que oui. Un jour, Paris la gagnera. Mais cela ne se fait pas en un jour. Il faut s’habituer à cette pression. Regardez Manchester City, cela fait des années qu’ils investissent beaucoup d’argent. Ils ne l’ont toujours pas gagnée. Il faut apprendre, et y croire.

Vous avez joué la C1 une saison avec Paris, en 2004-2005 ?
Oui la 1ère saison (2003-2004), nous avons fini 2è en championnat, derrière Lyon. Ensuite, nous avons perdu des joueurs importants. La saison suivante a été compliquée. Nous n’avons pas fait un bon parcours en Ligue des Champions*. Nous avons aussi joué la Coupe UEFA (2006-2007).

Vol plané N°2

Comment ressentez-vous le lien qui vous unit aux supporters ?
J’ai terminé ma carrière au PSG il y a 10 ans. Depuis, chaque fois, vraiment chaque fois que je retourne à Paris, je ressens quelque chose de fort. Dès le 1er jour, j’ai été très bien reçu ici. J’ai tout de suite aimé les supporters. Les gens attendaient que je marque des buts. En même temps, j’ai toujours senti la confiance de tout le monde. Les supporters ont toujours été gentils avec moi. Quand à l’échauffement, tu entends 40 000, 45 000 personnes qui t’encouragent, qui disent ton nom, tu n’as qu’une envie, marquer pour eux. Je me disais, je suis obligé de marquer pour eux.

Les supporters, ils ne trichent pas avec le club. Pour moi leur soutien, leurs regards, c’est le plus important.
Au Parc face au Real, ils n’ont rien lâché. J’espère que cela va continuer.

Quelle est votre plus grande émotion en Rouge et Bleu ?
PSG – Saint-Etienne, mon dernier match au Parc (J37, PSG 1-1 ASSE, 10 mai 2008). Le Parc était magnifique, les tifos, l’Aigle des Açores… Je garde toujours cette image dans ma tête. Je la garderai pour toujours. J’ai été touché beaucoup. Ce match, il n’a pas été facile à gérer. Il fallait jouer, et ensuite dire au revoir au Parc.

L’hommage du Virage.

A ce moment, Paris n’avait pas assuré son maintien.
Il restait un match, et la finale de Coupe de France. Mais le maintien, c’était la priorité des priorités. Quitter Paris en Ligue 2 était pour moi inimaginable. Je m’étais dit : “si on descend, tu as l’obligation de rester“. Je n’aurais pas pu partir là-dessus. Ce fut une année éprouvante, il y a eu beaucoup de bêtises qui ont été faites. Nous sommes quand même restés soudés.

Amaré Diané nous confiait qu’à Sochaux (J38) dans le vestiaire, vous avez eu des mots qui l’ont touché, mis en confiance.
On comptait beaucoup sur lui, et quand Amara était en confiance, il était très important. La confiance, c’est très important pour un attaquant. Il a été décisif, on était heureux pour lui, pour le club. Tout cela a été un grand soulagement, même si tout de suite après, on pensait à gagner la Coupe.

Vol plané N°3

Comment s’est passé votre 1er contact avec Paris ?
C’était à l’Olympia, aux Trophées UNPF en 2003. J’avais reçu mon trophée (meilleur joueur du championnat de France, ndlr) et à la fin de la cérémonie, j’étais en train de partir. Là je croise un Monsieur qui me dit : “Je veux te faire venir à Paris“. A l’époque, je ne connaissais pas encore Francis Graille**, donc il me dit ça et cela s’arrête ici. Après effectivement, le PSG a pris contact avec Bordeaux.

Quitter Bordeaux a été une décision difficile à prendre. Ce club m’a vraiment bien accueilli en France. Je lui suis reconnaissant pour cela. Quand je suis arrivé, Elie Baup ne me connaissait pas trop. On s’est beaucoup appréciés. On est restés amis.

Lors de votre 1er match en Ligue 1, vous annoncez la couleur : 3 buts, face à Nantes et Mickael Landreau ?
Je m’en souviens très bien. C’était la 6è journée (Nantes 0-5 Bordeaux, 06 septembre 2000, ndlr). Marquer un triplé dès ton 1er match, cela te procure une confiance énorme. Je venais d’arriver. Avec La Corogne, on avait gagné la SuperCoupe d’Espagne (27 août 2000, La Corogne 2-0 Espanyol Barcelone, ndlr), ensuite je suis parti en sélection et je signe à Bordeaux vraiment dans les dernières heures du mercato. Sylvain Wiltord venait d’être transféré à Arsenal.

Vol plané N°4

Auriez-vous pu jouer à un autre poste que celui d’attaquant ?
(Sourires) Non… Défenseur, gardien de but, ce n’est pas mon truc. Le foot pour moi, c’est marquer des buts ! Je ne pensais qu’à ça sur le terrain. A partir de l’âge de 9 ans, dans le petit club des Açores “Comunidad Jovem“ où j’ai commencé, je voulais toujours marquer des buts.

Quel est votre plus beau but avec Paris ?
Il y en a plusieurs mais c’est vrai que celui contre Marseille lors de mon 1er classico (PSG-OM, 2-1, 25 avril 2004, ndlr) est pour moi, peut-être le plus spectaculaire. C’était au Parc, je découvrais l’ambiance extraordinaire d’un PSG-OM. J’arrive sur Barthez dans la surface de réparation, je sais qu’il ne va pas tomber ni plonger alors je m’éloigne le plus vite possible vers le bord du terrain et je cadre pour marquer le but. Je vois qu’il est battu, la balle passe juste en dessous de la transversale. J’ai marqué 2 buts ce soir-là mais le 1er était le plus beau.

Vol plané N°5

J’aime bien aussi mon but en ½ finale de Coupe de France à Nantes (FCNA 1-2 PSG, 20 avril 2006, ndlr). J’avais une contracture, j’ai tout fait pour essayer de jouer. J’ai la chance de marquer (86’) et on va jouer l’OM en finale.

Le but face à Ajaccio aussi, le dernier match au Parc en 2006. Une reprise de volée du droit avec de l’effet, sur une belle passe d’Edouard Cissé. La reprise de volée, c’était mon geste préféré.

Avez-vous toujours célébré vos buts en déployant vos ailes ?
J’ai commencé à le faire quand je suis arrivé à Salamanque. C’est un hommage à mon île, à laquelle je suis très attaché.

Vol plané N°6

Durant 3 saisons (2005-2008), vous avez été un capitaine toujours humble, exemplaire, même quand Paul Le Guen vous a mis sur le banc.
A un moment, Paul Le Guen et son adjoint avaient décidé que je devais être remplaçant (2007-2008). Je ne vais pas dire que je l’ai bien vécu. J’avais toujours été titulaire, alors c’était une situation spéciale. Mais j’ai toujours respecté mes entraineurs, le club. J’aurais pu parler mais je n’ai pas voulu. L’intérêt du club passe toujours avant. Je devais continuer à donner le meilleur de moi-même.

Voulez-vous adresser un message aux supporters ?
Je veux toujours leur dire merci. Je veux leur dire que j’ai beaucoup de respect pour eux. Ce sont de grands supporters. Le regard qu’ils me portent reste ma plus grande fierté.

L’amour toujours. Et la fidélité aussi.

Pedro Miguel Pauleta
Ne le 28 avril 1973 à Ponta Delgada (Ile des Açores, Por.)
Attaquant, 1m80
International portugais (88 sélections, 47 buts)

Clubs : Uniao Micaelense (1994-1995, Ile des Açores, D3 portugaise), Estoril (1995-1996, D2 portugaise), Salamanque (1996-1998, D2 puis D1 espagnole), Deportivo La Corogne (1998-2000, Esp.), Bordeaux (2000-2003), PSG (2003-2008)

Palmarès :
Meilleur buteur du championnat du Portugal D2 (1996)
Champion d’Espagne (2000)
Vainqueur de la Super Coupe d’Espagne (2000)
Joueur étranger du Championnat de France par France Football (2001, 2002)
Meilleur Joueur du Championnat de France (2002, 2003, Trophées UNFP)
Meilleur buteur du Championnat de France (2002, 2006, 2007)
Finaliste du Championnat d’Europe 2004 avec le Portugal
Meilleur buteur des phases qualificatives de la Coupe du monde 2006
Vainqueur de la Coupe de France (2004, 2006)
Vainqueur de la Coupe de la Ligue (2002, 2008)

211 matches, 109 buts avec le PSG
Actuel 3ème meilleur buteur de l’histoire du PSG
200 buts en France (91 avec Bordeaux, 109 avec Paris)

Actuellement, directeur de la formation et vice-président de la Fédération Portugaise de Football

*1 seule victoire en 6 matches de Ligue des Champions, face au champion en titre Porto 2-0 (buts de Coridon, Pauleta). Le PSG termine dernier du groupe H (Chelsea, Porto, PSG, CSKA Moscou) et est éliminé dès la phase de poule. En 2006-2007, Pauleta a inscrit 6 buts en Coupe UEFA
**Président du PSG de 2003 à 2005


Emilie Pilet

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