Se souvenir de Vampeta

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Deux jours avant, en boite, il s’est rincé au sky, poudré les nasaux puis fini aux Bois avec un.e compatriot.e. Pourtant, le lendemain, il est arrivé à l’entrainement frais comme un gardon. Et le surlendemain, face à Fabien Cool, il a passé en revue la défense auxerroise, avant de mettre le pion de l’année. 
Vampeta
: numéro 6, 6 mois à Paname, 6 palettes de rhum, 6 soirées par semaine,
6 kg de poudre, 6 MST, 1 but ! Rappelez-vous !


Vague milieu international de l’Inter Milan, Vampeta échoue au PSG après un deal hasardeux, au milieu duquel on trouve un autre Brésilien, jeune et prometteur : Adriano. Ce matin de janvier, lorsque Vampeta s’extrait difficilement de l’avion qui l’a mené jusqu’à nous, c’est le froid parisien qui l’accueille. Celui d’avant le réchauffement climatique, avec du givre et un vent glacial, sec comme un coup de trique. Mais son cœur est brûlant… Dans sa tête, des oiseaux et des palmiers se bousculent, son thermomètre intérieur est dysfonctionnel : samba ! Il esquisse quelques pas de danse au ralenti, persuadé de les exécuter à la vitesse de l’éclair.

A dix heures du mat’, CDG, terminal 2, il fait moins dix, Vampeta est torché. Il s’avance prudemment vers l’escalier de sortie, soutenu par son agent, le fidèle Joao ; quelques pas vers un monde inconnu, recouvert d’un gracieux manteau de neige. Ses yeux mi-clos, encore englués dans la pénombre de la carlingue, convertie en piste de danse pour le maintenir dans son état naturel, sont violemment agressés. Aveuglé par une puissante lueur blanche, le néo-Parisien pose sa bouteille de rhum, subjugué : « Joao, est-ce que nous sommes au Paradis, est-ce que c’est de la poudre ? » « Pas encore mon Vampou, mais presque… »

« Ici, c’est Paris ! Tu vas voir, on s’amuse, les femmes sont belles et, surtout tout le monde, ici, pense que tu as encore du ballon ! » De généreux éclats de rire conjoints se projettent vers le ciel bleu, pur comme une ligne de colombienne sans talc. « Ma carrière de DJ va décoller ! » s’écrie Vampeta, ivre de joie et tout court. Il ajoute, téméraire : « A nous deux, Paris ! » Joao est heureux pour son client. Il se remémore l’arrivée des émissaires du PSG lors de leur première rencontre : des échalas encravatés, avec de beaux diplômes. Chez lui, on ne sait pas faire mieux : des pigeons tout beaux. Ça sentait bon… Ah Maria ! Deus ! Il les a truffés à la brésilienne, avec un grand sourire et du soja transgénique.

Vampeta Virage PSG
« Marseille on t’encule ? Intéressant… » (c) Panoramic

Ce Joao est un malin. Vampeta bénéficiait encore à ce moment-là sur le marché des transferts d’une cote supérieure à celle de Dalmat, en échange de qui il avait été vendu… Le fantomatique Dalmat et son regard de lapin pris dans les phares d’un camion. Dalmat, sur qui devait reposer l’animation du milieu de terrain avec Luccin, n’avait pas les épaules pour affronter la vie majuscule de la capitale et la pression mise par l’ampleur du projet de l’époque. Et quel fiasco ! Sur Dalmat, on dirait bien que les dirigeants s’étaient imposé une règle de non-sens : trouver quelqu’un de meilleur pour moins cher. Un pari osé ! Truffé ou être truffé ! Le résultat on le connait : les Italiens ont flairé le coup… Mais quand on observe le parcours de Dalmat, les Italiens aussi ont perdu au change… mais il n’y a pas de quoi s’en réjouir.

A ce moment-là, Vampeta, carbonisé par ses années de teuf et remplaçant à temps plein, a accepté une baisse de salaire pour jouer dans un championnat plus tranquille et dans un club où les Brésiliens jouissent d’une image exceptionnelle. A ce moment-là, en France, le PIB croissait, la Coupe du Monde était à nous, Jospin représentait l’avenir et il y avait de l’emploi. Depuis, il nous est resté la Coupe.

Pourtant, dès le début, il y a eu quelques alertes concernant le roi de la nuit : surpoids, retards à l’entraînement, je-m’en-foutisme lors de ses entrées en jeu. On nous avait vendu un grand milieu brésilien, on s’est retrouvé avec un incurable fêtard doublé d’un DJ improbable. Puis, un soir, l’étincelle… On est au Parc, Guy Roux joue le maintien.

Certes, l’image manque de netteté. C’est filmé sur un 32-10. On n’a pas trouvé mieux. Cette année-là, nous avons fini 9ème, il y a eu ce match contre La Corogne aussi. Encore une belle année comme on en avait à cette époque. Et puis ce soir-là, après une nuit sans alcool, il y a une prise de balle, un crochet et, là, jogo bonito, Mesdames, Messieurs. Chapeau l’artiste, tu nous as bien eu.


Mehdi C.

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