The Dirty Eleven

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Les bienheureux qui ont découvert le Paris Saint Germain durant la décennie en cours ne tiqueront sans doute pas à la lecture des noms suivants, exceptés quelques uns toujours d’actualité, savant mélange de vice, d’agressivité, de talent ou tout simplement de troubles de la coordination rédhibitoires au plus haut niveau… Aux autres, je présente: le XI des poètes, avec évidemment une défense à 5, parce qu’on ne fait pas d’omelettes sans casser Déhu.

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Jerome Alonzo
Fantasque, atchypique comme on dit dans le Sud, Alonzo est resté dans l’imaginaire collectif parisien comme un gardien avec la baraka, à défaut du talent à l’état pur. Durant la campagne 2003/2004 sous la houlette de coach Vahid, il est le gardien n*1 du PSG, joue 34 matches et se fait héroïquement exclure à Nice pour ne pas totalement hypothéquer les chances de victoire d’une équipe menée 1/0 au moment de sa sortie. Deux buts dans les 10 dernières minutes permettent à Paris de repartir en braqueurs comblés de la Côte d’Azur.

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Apoula Edel
Gardien remplaçant : dans la logique parisienne actuelle d’avoir des n*1 bis sur le banc, et surtout au vu de la longue tradition de grands gardiens à Parc des Princes, impossible de ne pas doubler ce poste avec le plus gros point d’interrogation de la télé couleur… Etait-il Azéri ou Camerounais? né en 1987 ou dix ans plus tôt? S’appelait-il en réalité Ambroise? bref, avec ce lot de questions sportivement secondaires sur les épaules, l’incroyable Apoula Edel aura tout de même joué la bagatelle de 70 matches, dont une partie en tant que titulaire suite à l’affreuse de blessure de Greg Coupet à l’automne 2009. Il marque le public parisien de son style imprévisible, capable d’un arrêt de luxe suivi dans la même minute d’un auto petit pont qui fait csc. Plus généralement proche de la boulette que de l’arrêt réflexe, il aura traumatisé une génération entière de supporters, qui ne pensaient plus jamais se relever après ça.

talaelkarkouri

Talal El Karkouri
« Et le match n’aurait pu se terminer sans un ultime saucissonage de la part du défenseur marocain,
un véritable attentat qui lui vaut une expulsion directe à la 92ème minute ».
Je me souviens encore de ce commentaire de l’Equipe comme si c’était hier…
Plus globalement, Talal fut un défenseur de métier, comprendre dans cet euphémisme delicat un gros bourrin, même s’il n’était pas exclu qu’il marque de temps en temps de la tête sur un service en or de Ronnie, ou d’une frappe toute droite et pas très fine sur coup franc, généralement contrée par le mur. Aligné en défense centrale ou carrément sur un côté, ce qui n‘était pas vraiment pour mettre en évidence sa polyvalence mais bien le vide abyssal des projets de jeu de l’époque. Pendant un temps proche du Real Madrid (un peu comme Yannick Boli par la suite),
on voit surtout où ils ont tous les deux terminé.

francisllacer

Francis Llacer
l’homme des basses besognes, le porte-flingues de Luis, un peu comme Nadine Morano autrefois pour Nicolas Sarkozy…
Un physique qui ne le prédestinait pas à un quelconque sport, et pourtant, Cisco, à force de travail, a su se hisser au Panthéon des terreurs du championnat, de ceux qui faisaient disjoncter leurs adversaires en évoquant le souvenir d’une nuit avec leur maman ou plus prosaïquement, un bon tacle calibre .42, hauteur genou++.
Parmi les très rares à ne pas s’offusquer de recevoir un carton moins de 90 secondes après leur entrée sur la pelouse (Yohan Cabaye likes). Parmi les très rares également à avoir été licencié par le club pour tentative d’escroquerie.

samitraore

Sammy Traore
La tour de contrôle, le phare breton dans la nuit, l’antenne relais du Parc des Princes… Sammy c’est un peu la personnification sur le terrain des années les plus noires de Paris pendant l’ère Colony Capital.
Une carcasse quasi incompatible avec le football de haut niveau, d’ailleurs celui-ci lui en a bien tenu rigueur.
Ses faits de gloire majeurs durant son contrat avec le PSG furent une chevauchée de facilement 20 mètres ballon au pied sans le perdre, et la fin extrêmement attendue de celui-ci à l’été 2011. Hors du terrain, sa fiche Wikipedia fut piratée pour mettre en exergue son amour immodéré de la nourriture rapide turque, et il choisit d’esquiver une audience au tribunal pour maltraitance sur son chien. Tout un symbole.

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Helder (Marino)
Comment expliquer à des gosses de 12 ans qui font les guetteurs pour 30 balles par jour que c’est mal, quand on a vu dans un passé récent des mastodontes lents comme une bétonneuse pleine prendre un salaire mensuel à 6 chiffres pour se faire humilier par des joueurs de la moitié de leur poids?
Le gentil géant portugais, pourtant international à plus de 30 reprises, hante l’arrière-garde parisienne lors de la campagne 2004/05. A sa décharge, ses collègues en défense se nomment Pichot, Ateba, Badiane, Pierre-Fanfan…
Helder aurait parait-il été shortlisté pour le premier épisode de Fast and Furious avant que les producteurs ne le recalent parce qu’ils n’arrivaient pas à l’installer dans l’habitacle de la voiture.

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Diego Lugano
Jamais je n’ai vu une telle chute de tension au niveau professionnel, tous sports confondus… Adulé en Turquie jusqu’à son départ pour la France, intraitable avec la sélection uruguayenne dont il était le capitaine charismatique, et avec laquelle il venait de gagner la Copa America, Diego décida quasi instantanément après son arrivée à Paris de prendre sa retraite en disant fuck le foot, après tout j’en ai chié depuis l’âge de 10 ans, j’ai bien mérité des vacances. Des placements incohérents que David Luiz n’aurait pas reniés, une tête de Rocco Siffredi un jour où il n’a qu’une scène à tourner, une concurrence faite de Z. Camara, Bisevac, Alex et le jeune Mamad’ Sakho qui n’aurait pas dû lui causer de tels tourments. Et pourtant, devenu très vite la tête de Turc des arbitres de Ligue 1 (sans doute son passage à Fenerbahçe), le pauvre Diego finit après une douzaine de matches sur l’arrière banquette d’Ancelotti fraichement arrivé, pour ne jamais plus jouer un match lors de sa deuxième et ultime demi-saison saison au club.

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Lorik Cana
Formé dans ses jeunes années aux postes d’attaque, le jeune aspirant doit rapidement se rendre compte que cette position sur le terrain ne lui permettrait jamais de maginifier ses velléités terroristes entrevues très tôt. A la différence de certains membres de sa famille qui pouvaient aller à une réunion armés d’un stylo, voire d’un gros pétard, le petit Lorik n’a que ses crampons pour se défendre sur le terrain, artifice dont il use avec la prestance des jeunes loups défensifs.
Après une saison quasi titulaire dans l’entrejeu parisien à 4500€ bruts par mois il décide d’aller monnayer ses talents chez le rival marseillais, avant d’être adoubé par tout un peuple, ses talents de casseur patenté désormais reconnus à l’échelle continentale. Figure sur la liste interminable des ex-parisiens ayant scoré contre Paris avec leur nouvelle équipe.
Sauf que quand ça fait perdre 1/0 au Vélodrome, ça pique.

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Thiago Motta
Un Dunga croisé avec un Gattuso, ça ne peut être que douloureux. Parmi les premiers gros transfets de l’ère QSI, l’autre Thiago s’est construit une solide réputation de feinteur/truqueur/chouineur/râleur/dangereux énergumène (rayer la mention inutile). A la différence du reste de ce XI de légende, lui a une vraie vision du foot, qu’on pourrait presque nommer en bon père de famille, à savoir qu’il faut parfois tirer les oreilles du petit ou lui coller un taquet derrière la tête pour qu’il comprenne que c’est papa qui commande. Particulièrement à l’aise dans le jeu court, à croire que personne ne lui a jamais expliqué quelle superficie fait un terrain de foot, notre compère italo/brésilien s’est assagi avec le temps et une pointe de vitesse déclinante, pour devenir parfois un joueur lisse, disparaissant du radar des directeurs de jeu, ne prenant pas de carton pendant plusieurs matches consécutifs. Mais ça c’était sous les ordres d’une fiotte, parions qu’avec son nouvel entraîneur, le vrai Motta renaîtra de ses cendres, pourvu qu’il joue encore régulièrement.

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Alioune 2Pac Touré
Frère siamois du regretté rappeur américain, Alioune fait partie de ces transferts improbables, lorsque Paris achetait des seconds couteaux à Nantes dans l’espoir de redorer une attaque défaillante depuis trop longtemps.
Arrivé dans la capitale avec pas moins de deux buts marqués en une cinquantaine de matches pro, Touré Alioune fit maintes fois vibrer le Parc par ses appels déroutants, ses courses supersoniques avec et surtout sans ballon, et plus généralement une incapacité chronique à la foutre au fond. Durant ses années parisiennes, il reçut malgré tout le plus beau des compliments de la part de Luis Fernandez: « Alioune, c’est une Ferrari sans volant ».

corridon

Charles-Edouard Coridon
Son but de scorpion contre je ne sais plus qui ne fit sans doute que modérément le tour du monde à une époque où tout le monde n’était pas connecté h24 sur les internets, cela reste malgré un de ses rares faits de gloire dans la mesure où le reste du temps, Charly ne fut qu’un intermittent du spectacle assez pénible à regarder jouer. Capable du pire comme du pas mieux, supposé numéro 10 gaulé comme un défenseur central de League One et affublé de surcroît d’une capillarité extravagante, ce joueur avait clairement tout pour divertir.
Ou faire rire, si l’époque n’avait été aussi peu propice à l’enchantement.

nicolasouedec

Nicolas Ouedec
Au lendemain de la Coupe du monde organisée et remportée par la France, le grand Charles Biétry, éphémère président du PSG, nous gratifie d’un de ses compatriotes bretons pour mener l’attaque parisienne post-Denisot. Décrit comme redoutable, élégant, habile des deux pieds, et de la tête, l’ex Nantais et Barcelonais (oui Monsieur, de l’Espanyol) repart pourtant de Paris aussi vite que son président, après avoir pété la stat’ la plus dégueulasse de tous les temps: zéro but marqué, toutes compétitions nationales confondues (les mauvaises langues diront qu’il a marqué un but en C3).

2 réflexions au sujet de « The Dirty Eleven »

    1. Oulah, je viens seulement de découvrir ton commentaire, désolé!

      Moins poètes, mais certainement pas meilleurs…

      Les remplaçants:

      Dominique Casagrande / Christophe Revault

      Igor Yanovski / Aliou Cissé / Nicolas Laspalles / Stéphane Pichot / Ceara / Thiago Silva

      Albert Banning / Greg Bourillon / Branko Boskovic / Peter Luccin ou Stéphane Dalmat / Vampeta / Edwin Murati / Christophe Landrin

      Kaba Diawara / Didier Martel / Cyrille Pouget / la paire Souza-Santos / Mateja Kezman / Jean-Eudes Maurice

      Et en coach, une fusion d’Alain Giresse et de Guy Lacombe >> Guy Giresse.

      Voilà.

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