Wake Up Call

par

Miroir, mon doux miroir, dis moi qui est le plus beau ?
Ce PSG-Nantes n’était pas qu’un simple match de Ligue 1
coincé au cœur d’un hiver gris. Non. Ce PSG-Nantes raconte ce que nous sommes
et ce que nous ne serons, peut-être, jamais.


D‘entrée, on comprend que le foot n’aura pas vraiment son mot à dire. Nous jouons en marchant, nous empruntons systématiquement les mêmes chemins au moment d’attaquer, nous perdons un nombre de balles absolument hallucinant, nous balbutions, nous bégayons, nous insultons une nouvelle fois le ballon, l’esprit et les tribunes. Silva et Navas sont eux montés au front. Comme d’habitude. Et je sauve Angel, allez. Les autres, tous les autres, ont démontré que Paris n’était rien pour eux. Un hôtel de passe, une récréation lucrative, un showcase aux paillettes délavées. Passons.

Ce soir, nous avons (dé)joué, encore et encore. Cette année, quoi ? Le real au match aller ? Ok. Et après ? L’om ? À la rigueur. Mais sinon, rien. Le vide, les ténèbres, l’ennui, le club med. Et plus ça va, plus nous sombrons. Certes, nos victoires sont plus nombreuses que nos défaites. Pas de quoi non plus épouser Kurzawa ! En ligue 1, nous n’avons que deux ennemis : nous-mêmes et l’arbitrage et son robot merdique. En LDC, nous sommes qualifiés. Bravo. Et peut-être même que nous irons loin en 2020. Allez savoir. Payet, son 90 C et les siens sont bien deuxième à l’heure qu’il est. Tout est possible. Mais pour rêver en grand, il faut d’abord et avant tout jouer au football et sur 90 minutes, nous n’en honorons qu’une quinzaine par match, grand max.

Ce soir, avec pourtant nos deux stars internationales, nous n’avons rien montré. Le but de Mbappé est somptueux, également celui de Neymar refusé par un Var dégueulasse et plus que suspect (messieurs les arbitres, où était l’erreur manifeste ?) mais ils ne disent rien. J’entends déjà les couillons post moderne ricaner et déclarer qu’on a gagné et que tout le reste n’est que littérature, ces petits trous du cul qui n’ouvriront jamais un livre de leur vie. Sur l’After, alors que j’écris ces lignes, un certain Dylan pourrit les deux ratés de Cavani. Derrière, Mohamed, qui sort du Parc, enfonce le clou et termine Edi avec quelques adjectifs vraiment atroces. Il a à un moment cette phrase de vertige: « moi, j’aime avec mes yeux pas avec mon coeur ». Voilà où on en est.

Une équipe molle et prête à toutes les trahisons et les abandons coupables et une nouvelle génération de supporters qui assume sa saloperie libérale. Qui croit vraiment qu’il n’y a que la victoire qui fait loi. Ils sont nés avec la France championne du monde, le Black Friday, la trottinette en libre service. Ils sont heureux tant qu’ils consomment sans frein et que Neymar et Mbappé la foutent au fond. Peu importe la manière, peu importe demain. Épicuriens difformes et incultes, nouveaux barbares qui s’ignorent, footix à l’arrogance coupable. Ils disparaîtront quand l’argent qatari et les victoires iront tapiner ailleurs. Ils préfèrent vendre leur cul que d’élever leur âme. Tant pis pour eux.

J’ai croisé Akhenaton du groupe IAM récemment. Il a eu quelques mots sur Cavani qui m’ont ému. Oui. À l’heure où les soi-disant miens lui crachent à la tronche sans retenue, sans amour, sans reconnaissance. Ces néo-supporters ne jurent que par notre duo magique. Moi, ce soir, j’ai vu un Mbappé faire encore un match médiocre, malgré son pion. Je l’ai encore vu sortir en boudant. Je l’appelle désormais le Carl Lewis du pauvre. Il court vite. Voilà. Neymar a beaucoup raté lui aussi. Mais il a lui aussi marqué. Alors, il ne faut rien dire et se contenter d’applaudir. Ah bon ? Gueye commence vraiment à ressembler à un joueur du PSG du début des années 2000. Cela ne me rassure pas. Meunier et Kurzawa sont fin prêts pour rejoindre n’importe quelle équipe de volley ou de hand. Marquinhos n’est pas un vrai 6 mais apparemment, Tuchel en a décidé autrement… Le gâchis…

Et le voilà, peut-être, notre principal problème. Notre entraîneur. Un coach n’est pas là pour apprendre aux joueurs à faire des passes, des dribbles, des tirs. Il doit déjà incarner le Club. Transmettre un désir ardent. Il doit pousser les onze sur la pelouse à tout donner à chaque match. Et Tuchel n’y parvient pas. C’est une évidence. J’aime bien Thomas mais il n’est pas, plus, l’homme de la situation. Les regards de Leo ce soir en gros plan… Leo ne peut pas accepter, au Parc et à l’extérieur, que nos joueurs insultent avec autant de morgue le jeu. Impossible. Et dès qu’on nous rentre dedans, on plonge, à chaque fois. Ce n’est plus acceptable.

Le même Dylan, toujours dans l’after, traite Herrera de béni-oui-oui, il fanfaronne et dit que ce n’est pas avec ce genre de joueurs qu’on peut espérer un jour atteindre les sommets européens. Mais sans des mecs comme Herrera, nous resterons cette équipe monstrueuse et sans passion. Ce défilé de stars qui naviguent à vue. Aucune exigence, aucune discipline, nos attaquants refusent de défendre. Quel coach peut tolérer ça ? Quel public ? Pas moi. Et je ne pense pas être le seul. J’espère ne pas être le seul. Suis-je le seul ??? Je n’ai évidemment pas de remède miracle. J’avoue qu’un retour de Carlo à Paris me procurerait un plaisir certain. Voire une petite érection. On ne peut pas se faire à l’idée que Paris va jouer ainsi toute l’année. C’est insupportable. C’est ridicule. On a tout pour être les meilleurs ? Sauf l’envie. Qu’avons nous alors, véritablement ? Rien.

Comme les lyonnaises d’Aulas, nous nous voyons trop beaux. La mauvaise blague. Liverpool et quelques autres nous attendent au tournant. Ils ne nous rateront pas. Et nous l’aurons bien cherché. Et si l’on devait tout de même soulever cette putain de coupe aux grandes oreilles en mai prochain en jouant de la sorte, il y aurait comme un goût amer, non ? Sauf pour Dylan et ses semblables. Nous aurions une étoile sur notre maillot. Une étoile que le premier trou noir avalera sans attendre. “Je parie toujours sur la même victoire : La mienne”, “supporter ou parieur ? Surtout vainqueur” proclament fièrement dans nos rues des publicités de paris en ligne. Charon, dont vous ignorez probablement l’existence, vous attend, Dylan, Mohamed et tous les autres.

PSG4LIFE


Jérôme Reijasse

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