Paredes Virage PSG

Paredes, éloge de la patience

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La patience est une vertu. Deux ans après son arrivée au PSG, LEANDRO PAREDES semble donner toute la mesure de son talent. Il aura pris son temps pour faire taire les nombreuses critiques à son sujet. Qualifié d’arnaque retentissante après sa première demi-saison en Rouge et Bleu par bon nombre d’observateurs et supporters (je répète : la patience est une vertu), l’Argentin voit sa popularité monter en flèche depuis quelques semaines. Qu’il s’agisse de son jeu ou de l’opinion à son sujet, PAREDES a toujours la même stratégie : d’abord prendre le temps, puis accélérer.

Ceux qui avaient eu la curiosité de l’observer avant qu’il ne signe au PSG n’avaient pu qu’admirer ses indéniables qualités de passeur. Mais une bonne passe, geste pourtant élémentaire du football, demande des conditions particulières. Une passe réussie est le résultat d’une compréhension parfaite de l’espace et du temps. Envoyer le ballon au bon endroit, au bon moment. Pour une passe latérale de cinq mètres dans les pieds, c’est plutôt simple. Pour une diagonale de soixante mètres qui arrive dans la course de l’attaquant, sur son bon pied, avec juste la bonne puissance, c’est une autre affaire. Cela requiert une très haute vision du jeu, un sens de l’anticipation sans faille, et bien sûr une excellente habileté technique. C’est le domaine réservé d’une élite du ballon rond où Paul Scholes, David Beckham, Juan Roman Riquelme ou Andrea Pirlo ont leur siège pour l’éternité. Est-ce que Paredes a sa place à côté de ces légendes ? Peut-être, à condition qu’on lui laisse le temps. Leandro a du talent, c’est incontestable. Mais il est plus besogneux que ses illustres prédécesseurs. Alors il a travaillé. Il a patiemment pris ses repères au sein de ce PSG qui n’en manque pas, de talent. Il lui aura fallu quasiment deux ans de travail, mais cela valait la peine d’attendre.

Ses derniers matchs ont été des modèles de justesse. Jeu court, jeu long, temporisation, accélération, Paredes a dicté le tempo de son équipe avec une apparente facilité. Un tempo plutôt lent, patient, typique du meneur de jeu en retrait version albiceleste. Faire vingt passes courtes s’il le faut avant de trouver la bonne ouverture en profondeur. Paredes a cela dans son ADN. Mais il a aussi su faire évoluer son jeu pour coller aux exigences parisiennes. Même si le PSG veut toujours la possession et le contrôle du ballon, l’équipe est dotée de qualités exceptionnelles en contre-attaque. Et sa vision du jeu peut aussi faire des merveilles dans cette configuration plus verticale. On parle souvent du « Q.I football » des joueurs, celui de Paredes force l’admiration, en tout cas lorsqu’il a le ballon. Mais le football se joue aussi sans le ballon, et dans ce domaine, Leo n’a pas toujours brillé. Personne n’est parfait. Si sa vision du jeu est optimale lorsqu’il s’agit de faire circuler le ballon et de trouver des décalages, il est plutôt myope quand l’adversaire a le cuir. Son placement défensif a souvent laissé à désirer. Ses interventions rugueuses dans les pieds adverses lui ont valu une jolie collection de cartons. Mais même dans ce domaine, on constate une amélioration récente.

Leandro Paredes Virage PSG
L’héritage argentin dans le fond © Icon Sport

Une fois de plus, Leo a pris le temps pour bien assimiler son rôle dans l’entre-jeu parisien. L’arrivée de Pochettino sur le banc n’y est pas étrangère. Le nouveau coach a visiblement su trouver les mots pour mettre en confiance son compatriote. Plus attentif à son placement, plus efficace dans ses interventions sans pour autant se mettre à la faute, le numéro 8 affiche des progrès très encourageants dans un domaine qui était son talon d’Achille il y a encore peu de temps. Il est aujourd’hui en mesure de combiner la précision technique à une très bonne lecture tactique, avec ou sans ballon. Bien sûr, Paredes n’aura jamais le coffre d’un Matuidi pour presser sans relâche et faire des courses à répétition pour couvrir ses coéquipiers. Il n’aura pas non plus la rapidité nécessaire pour percuter balle au pied. Mais son intelligence de jeu lui permet de compenser ces lacunes, à l’instar d’un Thiago Motta avant lui.

Outre les considérations technico-tactiques, il y a un autre domaine où Paredes a pris de l’ampleur. Il est devenu un des leaders incontestés sur le terrain. Il est sans cesse en train de replacer ses coéquipiers, de les motiver (« AGRESSIVO !!! »). Pendant 90 minutes, sa voix parfaitement insupportable résonne dans des stades toujours vidés de leurs supporters. Seul le capitaine Marquinhos se fait autant entendre, ça en dit long. Il fait preuve d’une implication sans limite. Si Neymar se fait découper, il est le premier à intervenir et à réclamer un carton à l’arbitre. Une attitude parfois insupportable qui lui a aussi joué de mauvais tours (une expulsion face à l’OM, par exemple). Mais le voir prêt à en découdre avec son ami Leo Messi, ou Dario Benedetto, ancien joueur de Boca Juniors tout comme lui, situe le niveau d’engagement du garçon. Leandro Paredes est prêt à tout laisser sur la pelouse pour le maillot Rouge et Bleu, ce qui lui vaudra à n’en pas douter le respect éternel des supporters. La patience est toujours récompensée.


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