« Je vous ferai rendre gorge ». Cette phrase, je l’ai prononcée en 2022,
lors de l’enregistrement d’un podcast du virage face à mes camarades du soir,
Jérôme Reijasse, Aurélia Grossmann, Jean Cécé et Grégory Protche
(oui, je vais balancer des noms, j’en ai plus rien à foutre).
A l’époque, ne nous mentons pas, notre gardien est loin d’avoir donné satisfaction, se trouant aux moments décisifs et dégageant à peu près autant de sérénité dans les cages qu’un veau à l’abattoir. Il était alors la cible (facile) des quolibets et reproches de mes confrères podcasteurs, lesquels le comparaient allègrement à Apoula Edel. Je leur avais alors promis qu’il leur montrerait tort. Quel chemin parcouru depuis par Gigio, qui a su nous montrer cette saison non seulement son talent mais, surtout, sa capacité à rebondir et sa détermination impressionnante.
Et ce retour en grâce est loin d’avoir été linéaire, notre gardien a dû passer par des hauts et (surtout) des bas pour en arriver là. Il faut dire que tout n’a pas été fait pour le mettre dans les meilleures conditions cette saison. Enfin débarrassé de l’épée de Damoclès Navas, qui planait au-dessus de lui, l’italien a vu débarquer cet été un gardien littéralement de son âge (les deux partagent la même date d’anniversaire) et considéré comme étant un grand espoir au poste. Le message était clair : la confiance ne règne pas. Et les effets de cette concurrence – dont on sait pourtant qu’en plus d’être malsaine, elle est inefficace à ce poste – ne se sont pas fait attendre : Donnarumma a multiplié les catastrophes en début de saison en ligue des champions, avec ce match désastreux face à Arsenal et cette main pas vraiment ferme contre l’Atletico.
Est-ce le fait d’avoir compris, après l’avoir vu jouer quelques matches, que Safonov ne constituait pas une réelle menace ou bien la balafre infligée par Nsingo qui lui a remis les idées en place ? Toujours est-il qu’au mois de janvier, Donnarumma commence à – enfin – rentrer dans son costume de gardien et ne semble plus trembler face à l’adversité. Son jeu au pied s’améliore, il ne semble plus si timoré et nous surprend même à sortir à bon escient. Il rechutera toutefois, pour une ultime occasion et – craint-on – au pire des moments sur cette dernière occasion liverpuldienne et cette frappe qu’il ne parvient pas à repousser.
Alors que nous pensions qu’il avait touché le fond, il nous a prouvé, à partir de cet instant, qu’il savait rebondir en dégainant, match après match, des performances tout simplement majuscules. Face à Liverpool au retour, il montre à Alisson qu’il n’est pas le seul à savoir briller face aux attaquants adverses et porte toute l’équipe durant la séance de tirs au but avec ses arrêts. Face à Aston Villa, il multiplie les miracles pour nous maintenir à flot alors que le bateau tangue sérieusement sous les coups de boutoir anglais. Face à Arsenal, il écœure les canonniers qui ne trouveront jamais la poudre magique pour franchir la muraille et repartiront de cette double confrontation la canon en berne.
Et face à l’Inter ? D’aucuns diront qu’il n’a pas eu grand-chose à faire. Ils auront en partie raison. Donnarumma n’a eu qu’à gérer les quelques passes en retrait données par ses défenseurs, jouer précis au pied et sortir une parade alors que le PSG mène 4-0. C’est pourtant là que tout se joue. Le gardien du PSG doit savoir être majoritairement inactif pendant le match et sortir l’arrêt qu’il faut quand il le faut pour ne pas faire douter son équipe. Dans une équipe qui domine, cette qualité est aussi importante que celle de pouvoir sortir des arrêts surréalistes face à la domination adverse. Donnarumma a montré lors de cette saison – avec cette finale en point d’orgue – qu’il en était capable.
Tant décrié, il a toujours été acclamé par certaines tribunes, en raison notamment de sa nature affable et de sa persévérance à aller, après chaque match, remercier les supporters. Alors que la prolongation de son contrat avait été remise à plus tard en milieu de saison, comment imaginer aujourd’hui qu’une offre ne lui soit pas faite ? Il reviendra alors à Gigio de l’accepter, à moins qu’un autre club ne vienne lui proposer davantage… d’amour. En tout cas, l’auteur de ces lignes n’a jamais manqué d’amour pour toi, Gianluigi et même s’il a douté quelquefois, au fond, il a toujours su que tu étais l’Avenir et que si quelqu’un devait faire rendre gorge à qui que ce soit, ce serait toi.