Il existe forcément une explication à ce naufrage catalan. Et de toute façon, il faut écrire au coeur de la tempête.
Un PSG qui a d’abord joué la trouille aux tripes, peut-être aussi avec une certaine arrogance planquée bien profond, là où l’homme a déjà vendu la peau de l’ours. Peur et ego aveuglé, un paradoxe, notre paradoxe. Paris sera toujours Paris.
Un arbitrage orienté (Piqué qui ne voit pas rouge, un ou deux pénos oubliés, Suarez qui plonge). Cela ne suffira pas à calmer cette tristesse éternelle qui me ronge, salope tenace, que seul le temps parviendra à étouffer, un peu. Tu joues le Barça à domicile, tu sais que l’homme au sifflet ne va pas t’aider. Tu dois combattre et marquer sans lui. Tu n’as pas combattu et tu n’as pas marqué assez.
Il y a ce défilé de zombies proprement hallucinant : Trapp, hier, c’était Edel, en moins gros. Marquinhos et Silva, les restos du coeur, Marco avait pris le maquis, Rabiot avait préféré laisser son maillot à sa frangine, Lucas Moulox, Draxler invisible, Meunier tu dors… Et ce sont Aurier et Krychowiak qui entrent pour blinder l’affaire ! Seul Cavani est monté au front comme il fallait. Un poteau, certes une passe décisive qu’il aurait fallu faire et un but, ce but formidable, qui nous a peut-être tué finalement. À voir nos joueurs célébrer la victoire, j’ai senti que la malédiction était en marche. On est allé là-bas pour en mettre un. Voilà. On en a pris, pardon, donné six.
Nous venons de tout détruire
Le scénario était écrit, c’est une évidence. Cet ultime coup-franc, ce but d’apocalypse à la dernière seconde, ils ne viennent pas de nulle part. Ils viennent de la Corogne. Ils indiquent que notre passé, notre histoire, n’ont pas abdiqué. Paris ne gagne pas les matchs qui comptent. Paris ne sait pas franchir les caps. Paris est un marin d’eau douce. Emery a déclaré que nous venions de rater une magnifique opportunité de grandir. Non. C’est pire que ça. Nous venons de tout détruire.
Il y a une autre raison, celle-là bien plus sale, impardonnable. Paris n’est pas la France. Et la France, hier, a sorti le champagne. De marseille à la salle de rédaction de l’Équipe, les bouchons ont sauté, les yeux ont brillé, les traîtres ont célébré. Le doigt d’honneur de Jérémy Mathieu (qui ??? Un blond vénitien qui ne sert à rien et qui ne sort pas les jours de pluie), la jubilation en direct de dugarry sur l’After Foot ou du rugbyman pro-barça éric blanc sur l’Équipe 21, beaucoup en avaient rêvé, beaucoup ont fêté notre chute avec une joie absolument décomplexée. Je ne vois qu’une formule pour décrire ces comportements hallucinants : intelligence avec l’ennemi.
La couverture de l’Équipe (“Gonflés à Bloc”) était une honte. Les plumitifs ne s’en contenteront pas. Je n’ose même pas imaginer comment ils nous crucifient ce matin. Je m’en fous. Il faudrait que les Parisiens s’achètent un honneur et qu’ils décident de ne plus jamais dépenser 1,50 euro pour ce torchon apatride. Ces gens-là n’aiment pas le foot (dans quel autre pays sérieux souhaiterait-on en Une la défaite de l’une de ses équipes en coupe d’Europe ?), ils n’aiment que les bénéfices. Punissons les, un peu, ces prophètes de malheur. Juste pour le symbole. Qu’ils sachent…
La grande valse des valises
Si Paris reste Paris, devinons maintenant notre futur proche. Noircissons le tableau. Emery saute. Pas champion, ni en France, ni en Europe, la messe semble dite. Nasser devrait suivre, pas loin. Là-bas, là où les esclaves bâtissent des stades climatisés, on ne digèrera pas cette humiliation. Il va falloir couper des têtes. Ça ne posera pas de problème. On sait faire. Nos stars, elles, vont vouloir aller gagner ailleurs. Cet été, ça va être la grande valse des valises. Qui voudra venir jouer dans un club qui n’a pas su être brave ? Qui a préféré piétiner l’Histoire plutôt que de l’écrire ? Qui ? Je ne vois pas. Le chéquier ne suffira pas, plus. Tant mieux. C’est le destin des châteaux de sable : crever à la première vague.
Je revois mardi soir cet enfant napolitain en larmes dans les tribunes, quand le Real met fin aux espérances de son équipe. Je n’oublierai jamais mon fils, ce matin, quand il m’a serré très fort et qu’il m’a dit : “Papa, c’est pas grave, Paris va gagner après”. Je ne pardonnerai JAMAIS que ce match se soit joué sans Javier.
Sans Javier putain !
Une soirée sacrée, tu as Dieu sur le banc et tu t’en passes.
Sacrilège. Motta, Kimpembé auraient peut-être amené, l’un cette expérience salutaire, l’autre cette insouciance virile, nous permettant de mieux résister. Peut-être.
Mais Javier !
Paris est toujours ce cimetière indien
En voulant jouer petit pied, on a tout détruit, oui.
Un grand club ne meurt jamais. Un grand club gagnerait tous ses derniers matchs de la saison pour démontrer que la défaite n’est pas acceptable, en tout cas pas une fin en soi. Je crains que Paris appartienne à une autre catégorie : celle des faux colosses aux vrais pieds d’argile. Hier à 20h45, nous étions l’avenir. Ce matin, nous ne valons pas mieux qu’Arsenal. Laurent Blanc a dû souffler au coup de sifflet final, dans son canapé, se dire qu’après tout, ce n’était pas que de sa faute. Peut-être.
Paris est toujours ce cimetière indien. C’est aujourd’hui une certitude. On ne perd pas un tel match comme ça, en passant. Hier soir, ça relevait de la magie. Littéralement. Ça ne pouvait en être autrement. Contre un barça moyen, un Messi moyen. On a tout fait en 180 minutes, tout ! On a tout donné à l’aller, tout offert au retour.
On a surtout honoré le vide.
Seul avantage à tout ça : le tri qui va s’opérer. Les fidèles vont pleurer et remonter à l’assaut. Les autres vont passer leur chemin, aller s’abonner ailleurs. Se chercher une nouvelle quête à trahir.
Toujours ça de pris.
Allez Paris, Allez Paris, où tu es nous sommes là, tu ne seras jamais seuls, car nous deux, c’est pour la vie.
Le PSG en fait n’existe pas. Nous si.
Nous sommes le PSG.
Ça me réconforte un peu bizarrement. Merci