C’est une chose que les nouveaux supporters du PSG ne peuvent pas connaître : la crise de l’automne-hiver, plus précisément la crise du mois de novembre. Un concept qui appartient au passé, une idée qui remonte au PSG ante-Qatar.
Un début de saison en trombe ou, disons, plutôt prometteur puis, immédiatement après, sans trop savoir pourquoi, la machine qui se dérègle, les mauvais résultats qui s’enchainent.
Dès novembre : la dégringolade, les matchs sans buts et sans spectacle, les défaites qui s’empilent et les entraineurs qui sautent. A la fin de l’automne, qu’il pleuve ou qu’il neige, la crise prenait des formes diverses, mais finissait toujours par arriver au Camp des Loges.
Au début, on la redoutait. Puis on s’y est fait. Parfois, elle s’installait. Avec les années, on s’en amusait presque. Les supporters faisaient le dos rond, continuaient de chanter, puis les résultats finissaient par revenir. Et tout rentrait dans l’ordre, la fameuse crise de novembre avait quelque chose de folklorique, quelque chose d’infiniment parisien.
Pas de caviar à tous les repas
Aujourd’hui, tout cela n’existe plus. Vous me direz : « il y a eu et il continuera d’y avoir des crises au PSG ». Certes ! Mais rien qui ne puissent ressembler à ce que l’on connaissait voilà dix, quinze ans. Est-ce le signe que le PSG progresse ? Certainement. A quoi le doit-on ? Pêle-mêle à la gestion aseptisée et lointaine de la direction, à l’arrivée de grands joueurs plusieurs fois titrés mais surtout aux gigantesques impératifs financiers.
Désormais, tout concourt à ce que Paris n’implose plus en vol, à ce que Laurent Blanc ne soit pas bêtement viré à la première contre-performance. Et du coté des supporters ? C’est simple, les tribunes n’imaginent même plus faire la loi, d’ailleurs le Parc des Princes n’est quasiment plus une enceinte démocratique où, par le cri, le supporter s’exprime.
Vous souvenez vous lorsque les virages hurlaient frénétiquement « Luis, Luis !» comme pour réclamer l’idole Fernandez en pompier lorsque rien n’allait et qu’il fallait un sauveur ? C’était beau et romantique à la fois, Le Parc dans ce qu’il avait de plus attachant. Tout cela c’était il y a mille ans. Lorsque le PSG était dépourvu de talents à tous les postes. Quand tout reposait sur un joueur, un crochet d’Okocha, un tacle de Heinze, un dribble de Ronaldinho, des dizaines de buts de Pedro Miguel Pauletaaaaaa… Mais jamais tout cela à la fois. Pas de caviar à tous les repas.
Paris ne brûle pas, non, il joue à peine
Aujourd’hui, ce ne sont plus trois défaites d’affilée qui précipitent Paris dans le mur, simplement des prestations en demi-teinte qui lassent les amoureux de football. Un bloc trop statique, des attaquants qui ne se démarquent pas, des milieux peu inventifs, des défenseurs peureux. En dépit de tout cela, du manque d’envie et de plaisir pris sur le terrain, il arrive néanmoins que le PSG gagne, qu’il franchisse la phase des poules de la Ligue des Champions et fasse son bonhomme de chemin dans nos coupes nationales.
Pas de quoi s’inquiéter. Paris ne brûle pas, non, il joue à peine. Il joue minimum syndical, juste ce qu’il faut pour s’imposer. Une mi-temps sur deux le plus souvent. Qu’il est loin le temps où l’on célébrait Vahid parce qu’il « bougeait » ses joueurs et gagnait, toujours 1-0, au terme de purges sans nom, à l’arrachée, presque toujours sans la manière mais avec le cœur et les jambes.
En 2016, puisque notre club est devenu un gigantesque instrument de divertissement, il est impératif que le PSG s’impose. La victoire donc. Et avec la manière surtout ! Au stade comme devant leurs télés, les amateurs de foot réclament un spectacle de qualité. Notre PSG est devenu l’égal du Bayern et du Barça. Il affronte Chelsea en Ligue des Champions. A grands coups de pétrodollars il entre enfin dans le club fermé des institutions qui ne se contentent que d’excellence sportive. Loin, si loin, la crise de novembre et sa médiocre banalité…