Ils auraient pu tout casser, on les attendait comme les Princes du Parc mais leur séjour parisien s’est transformé en échec.
Surtout pour le Brésilien Edmilson dont les 6 mois au club, entre l’été 1997 et le début 98, ont ressemblé à un encéphalogramme désespérément plat.
Un crack à Paris
Lors de l’été 1997, le PSG version Canal Plus casse sa tirelire pour recruter le brésilien Edmilson. Pas le défenseur des grandes années lyonnaises (2000-2004), qui partira ensuite au FC Barcelone, mais Edmilson Gonçalves Pimenta, attaquant polyvalent en provenance du FC Porto. Un transfert estimé à 20 millions de francs – une somme à l’époque – le latéral gauche Daniel Kenedy effectuant le chemin inverse. Avec un salaire d’environ 400 000 francs par mois pour le blondinet brésilien. Contacté par de nombreux clubs dont le Milan AC ou La Corogne, Edmilson (25 ans, 1,75m pour 72 kilos) arrive précédé d’une réputation flatteuse.
Grâce à ses crochets et sa vitesse de course, qui lui ont valu le surnom de « l’Express de Porto », le club lusitanien reste sur deux titres de champion consécutifs (1995-1996 et 1996-1997). Certaines de ses prestations en Ligue des champions, un peu à l’image de celles de Lavezzi sous le maillot napolitain, ont transformé le Brésilien en futur crack du foot européen. D’autant que ce passeur sait aussi marquer (23 réalisations en 63 rencontres avec le FC Porto).
Un joueur désiré
Ricardo, désormais manager général du PSG, a en effet eu l’occasion d’affronter Edmilson en tant que joueur. C’était lors de sa dernière saison, en 1995-1996 avec Benfica. Avec son adjoint Joël Bats, il a milité pendant 7 mois auprès de Michel Denisot pour que ce transfert, conclu pour 4 ans, se réalise. « Ce n’est pas un pari tellement offensif, car Edmilson est un joueur qui travaille beaucoup, vous allez voir », souligne, confiant, l’ancien défenseur central.
En signant, Edmilson devient le neuvième joueur brésilien de l’histoire du PSG, après Joël Camargo, Armando Monteiro, Abel Braga, Geraldao, Ricardo, Valdo, Rai et Leonardo. Edmilson est d’ailleurs sensé remplacer Leonardo, en partance, mais lorsqu’il arrive au Camp des Loges, le futur directeur sportif du club n’a pas encore fait ses valises pour le Milan AC. « Leo » le fera après le 5-0 face au Steaua Bucarest.
Un PSG séduisant sur le papier
Paris qui n’a plus été champion de France depuis 1994 a opéré un recrutement séduisant. En attaque, le duo Florian Maurice (OL) – Marco Simone (Milan AC) s’annonce prometteur. A priori, Franck Gava (OL) devrait jouer milieu offensif gauche tandis qu’Edmilson évoluera sur le flanc droit. Le Brésilien devait être en concurrence avec Jérôme Leroy. Mais Rai, dont ce sera la dernière saison à Paris, n’a pas dit son dernier mot.
Enfin, pour remplacer Bernard Lama, les dirigeants parisiens ont choisi le Havrais Christophe Revault. Avec autant de solutions (Guérin, Le Guen, Fournier, Loko, Roche, Ngotty sont encore là), Paris semble en mesure d’effectuer une saison consistante. Michel Denisot n’hésite d’ailleurs pas à exercer une amicale pression sur le tandem Ricardo-Bats : « L’effectif n’a jamais été aussi bon depuis que Canal+ a repris le PSG. Nous n’avons jamais été aussi bien armés. A eux de tout mettre en place ».
Jamais dans le coup
Arrivé avec un mois de retard par rapport à ses coéquipiers, Edmilson doit suivre une préparation physique accélérée aux côtés de Jean-Claude Perrin. Autre difficulté, le Brésilien ne parle pas un mot de français. Ricardo, Rai et Leonardo jouent donc les traducteurs. « Pour la première fois de sa vie, Edmilson débarque dans un pays dont il ne parle pas la langue. C’est une barrière difficile dans un sport collectif. Mais on ne peut pas comparer ses problèmes à ceux que j’ai connus en arrivant à Paris. Lui connaît déjà le football européen, il a passé quatre ans au Portugal, il a déjà joué en Ligue des champions », explique Rai, qui avait aussi souffert lors de sa première saison.
Ceci explique sans doute les débuts timides d’Edmilson. «Je n’ai pas de chiffre précis en tête mais je suis venu au PSG pour offrir un maximum de passes décisives et marquer des buts. Nous sommes forts, nous disposons d’un gros potentiel offensif », souligne-t-il dans l’Equipe avant un match à Strasbourg (6e journée), où il obtient un pénalty. Car pour le reste, malgré une évidente bonne volonté, l’ancienne star de Porto ne convainc pas. « Dans un couloir droit qui lui semble un tunnel, le Brésilien assume ses tâches, défensives notamment, mais son apport au jeu du PSG demeure à ce jour remarquablement neutre », écrit le quotidien sportif en septembre 1997 avant un match de championnat contre Montpellier (9 journée).
Une fin inéluctable
« C’est assez normal, en fait. Je dois m’habituer tout à la fois à une nouvelle équipe, à une nouvelle vie, à de nouveaux coéquipiers. Beaucoup de choses ont changé pour moi. Maintenant, physiquement, j’ai l’impression de fatiguer de moins en moins », répète Edmilson les premières semaines.
Mais au bout d’un moment, Ricardo ne peut plus continuer à titulariser Edmilson, qui ne parvient ni à marquer, ni à dribbler ou à distribuer des passes décisives, car cela fausserait la concurrence au sein d’un groupe très dense. Surtout, malgré 14 apparitions en Championnat de France dont 7 titularisations (18 matchs au total), on ne sent à aucun moment le début de commencement de possibilité d’une éclaircie. Deuxième du championnat à la trêve mais éliminé en Ligue des champions (2e de son groupe), le PSG n’a pas besoin d’un Edmilson aussi terne. Après avoir refusé in-extremis une offre de Tenerife début janvier 1998, le Brésilien est finalement transféré au Sporting Portugal fin février. La fin d’un long calvaire.
Epilogue
Un entraîneur à l’écoute, une équipe tournée vers l’offensive, Edmilson avait tout pour réussir à Paris. Néanmoins, si la suite de sa carrière sera un peu meilleure avec deux saisons correctes au Sporting (19 buts en 65 matchs et un titre de champion en 1999-2000), le Brésilien ne reproduira plus jamais ses fulgurances du FC Porto. Mais sans lui, Paris ne va rien réussir de miraculeux dans un championnat achevé à une piteuse 8e place. En revanche, le club sauve sa saison en remportant la Coupe de France et la Coupe de la Ligue. En coulisses, l’arrivée de Charles Biétry à la place de Michel Denisot est actée depuis longtemps.