Conférence de presse de Luis Enrique après PSG-Lyon ce 23 février 2025. Question du journaliste : Comment allez-vous gérer les échéances qui vont s’enchaîner que ce soit en championnat en Coupe de France ou en Ligue des Champions ? :
« Avec beaucoup d’amour, comme d’habitude. »
La réponse prononcée avec le sourire par notre berger (voir les épisodes précédents ( Lucius Enriqué, notre berger | Virage) m’a beaucoup plu. Sous l’ironie de la réponse se cache je pense une vérité. Rien n’est possible sans amour, et cela faisait des années que je le clamais ici (voir encore les épisodes précédents) et ailleurs pour ne pas me délecter de cette réponse. Oui l’Amour avec un grand A. Celui d’un public pour son équipe, celui d’un joueur pour ses couleurs, celui d’un coéquipier envers ses semblables, celui d’un entraineur avec ses joueurs.
Combien d’actes manqués ces dernières années. Que ce soit le mariage forcé avec Messi, ou encore la haine (toujours si proche de l’amour) de certains abrutis envers Neymar qui s’apparentait tellement à un amour déçu. Que n’a-t-il pas été reproché à Mbappé pour sa froideur, même si je ne suis pas de cet avis. Amour, haine, déchirure, drames, fidélité, trahison, passion font partie du quotidien du monde du football. Peut-être plus que tout autre de par leurs histoires, deux clubs peuvent, selon moi, revendiquer tout cela. Le PSG et le Liverpool Football club. Pour le meilleur et le pire.
Cela tombe bien, c’est la prochaine affiche de Ligue des Champions que tout le monde attend, comme un enfant attend Noël, comme un drogué sa dose, comme les marseillais un trophée, comme la nature attend le printemps. « Le printemps c’est joli pour se parler d’amour » chantait Barbara. Cinq années plus tard c’était quatre garçons dans le vent qui chantaient « All you need is love ». Quatre petits gars de Liverpool. Evidemment.
Pour l’enfant né dans les années 70 que je suis, Liverpool a toujours été un nom magique. Penny Lane, Yesterday , Abbey Road, sonorités énigmatiques qui parlaient à mon oreille d’enfant. Le vidéo clip n’existe pas encore mais pourtant je me souviens avoir vu à la télévision le clip ô combien psychédélique de « Strawberry Field ». Les images de ces moustachus qui chantent habillés bizarrement avec plein de couleurs, qui marchent à l’envers, allument la nuit avec un bouton et montent d’une branche en sautant, me poursuivront longtemps. Inévitablement à la sortie des année 70 et au début des années 80 mon intérêt pour le football se fait de plus en plus concret.
Leur histoire était déjà légende
Outre le PSG, comme tout enfant de cette époque en France, je connaissais Saint-Etienne et Platini (qui tous les deux croiseront les Reds). Ces verts qui avaient joué en 1977 contre les rouges (ah ce but d’anthologie de notre futur capitaine Bathenay à Anfield). Même si je suis trop jeune pour l’avoir vécu, tout cela est encore frais dans l’actualité du foot. A cette époque pas d’internet, il n’y avait pas autant de matchs et nous n’étions pas abreuvés d’images comme aujourd’hui, mais que ce soit dans les magazines ou les albums Panini, le Liverpool FC était bien présent. On pouvait parfois les voir également à la télévision dans les émissions dominicales « Téléfoot » ou « Stade 2 ». Seules possibilités de voir des images de foot anglais.
A cette époque de la première partie des eighties, Liverpool c’est aussi pour moi ce premier jeu vidéo de foot (sur console Mattel Intellivision) ou j’ai joué des heures avec mon frère. Les rouges contre les bleus. Liverpool Vs Everton. C’était le « Merseyside Derby » tous les jours à la maison. (Même si sur cette image les couleurs ne sont pas les mêmes, vous pouvez cliquer sur le lien pour voir qu’à l’époque on était loin de « FC 25 © »). Dans la décennie entre 1976 et 1986 le maillot rouge encore immaculé a remporté 8 titres de champion. Dans ce même laps de temps vous pouvez ajouter 4 Ligues des champions, 2 Cups, 1 coupe de l’UEFA et 2 coupes intercontinentales… Leur histoire était déjà légende.
Les exploits de joueurs iconiques comme Kevin Keegan puis « King Kenny » Dalglish et Ian Rush (meilleur buteur du club avec 346 buts) pour ne citer qu’eux, n’ont fait que renforcer cette image mythique si différente des autres. Viendront après l’artiste John Barnes, Steven Gerrard (l’homme aux 710 matchs et capitaine lors du miracle d’Istanbul en 2005), en passant par les « serials goalscorers » qu’ont été Robbie Fowler et Michael Owen, jusqu’à Mohamed Salah aujourd’hui. Personnellement j’avais un faible pour le style particulier du dribbleur longiligne Steve McManaman.

Evidemment, comment ne pas parler du club au blason à la « Liver Bird » sans parler des Tragédies du Heysel et de Hillsborough. Deux drames vécus en direct par tube cathodique interposé par l’enfant puis l’adolescent que j’étais. Quelle tristesse de lire que de nombreux supporters britanniques ne viendront pas au Parc le 6 mars suite à la soirée cauchemardesque qu’ils ont vécus suite à la calamiteuse organisation de la finale au Stade de France en 2022. Ils n’ont pas oublié les accusations et le comportement honteux du ministère de l’Intérieur, qui pour rappel si besoin, accusa à tort les anglais d’être à l’origine des incidents. Ou comment faire passer les victimes pour des coupables pour mieux masquer sa propre irresponsabilité.
Mais je suis sûr et j’espère que les « Kopites » qui ont tant inspiré notre KOP de Boulogne seront bien présents. Comment oublier ce 10 avril 1997 pour la première rencontre entre nos deux clubs. Demi-finale aller de la coupe des vainqueurs de coupe dont nous sommes les tenants. Un Parc rempli de ferveur, de respect et d’admiration. « Welcome to the legendary fans » affichait le Virage Auteuil. “Welcome to you reds” côté KOP de Boulogne. Sur le terrain nos joueurs seront bien moins accueillants. Formidable victoire sans appel 3 à 0. Je me souviens des joueurs adverses au moment de venir reconnaitre le terrain avant le match (oui à l’époque tu venais au Parc plus d’une heure avant le début du match, sentir l’ambiance monter petit à petit, chanter les louanges de chacun de tes joueurs avant l’échauffement, bref une autre époque) qui prenaient des photos, s’allongeaient sur la pelouse écouteurs sur les oreilles, cools, détendus. Trop.
Le retour sera un combat épique
Et comment oublier leurs fans qui malgré le scénario défavorable chanteront « PSG ! PSG ! PSG ! », auquel nous répondions par des « Liverpool ! Liverpool, Liverpool ». Combien de fois ai-je chanté le nom de l’adversaire du jour ? Unique. Bien sûr, je ne peux occulter les supporters de Derry City ou ceux du Celtic, avec qui la fraternisation fut également extraordinaire. Mais avec tout le respect que je leur dois, nous parlons là du grand Liverpool et de ses légendaires fans. All You Need Is Love. Yes Always. Le retour sera un combat épique. La pression d’Anfield sera fidèle à sa réputation. Il nous faudra un monstrueux Bernard Lama qui nous sauvera plusieurs fois ce soir-là. Et c’est bien le PSG qui passera et continuera son chemin vers une deuxième finale de coupe d’Europe consécutive malgré la défaite (2-0). Cry Baby Cry.
Plus près de nous la double confrontation en phase de poule de la Ligue des Champions 2018/2019 (matchs qui n’auront jamais la même saveur que sur des matchs à élimination directe) nous proposera une défaite chez eux (3-2) et une victoire chez nous (2-1).
Nos précédentes confrontations nous donnent donc un très léger avantage sur eux. Et le match retour sera à Anfield, comme en 1997. Non je ne suis pas superstitieux, «Superstition Ain’t The Way » chantait Stevie Wonder, ce qui n’a plus rien à voir avec les Beatles, si ce n’est qu’il chantera en duo avec Paul McCartney pendant cette encore sacrée année 1982 ! Je m’éloigne du sujet, même si personnellement vous l’aurez compris, Liverpool résonnera toujours dans ma tête comme foot et musique. Et comment évoquer « Liverpool, foot, chanson » sans parler du « You’ll Never Walk Alone » ? Tout a déjà été dit sur le sujet et je n’ai rien à vous apprendre sur cet hymne qui vous file automatiquement la chair de poule et met les poils au garde à vous (comme un Royal Foot Guards de Buckingham Palace). Mais savez-vous que vous pourrez le retrouver chanté par le Kop Liverpuldiens en 1971 sur l’album « Meddle » de Pink Floyd en conclusion de la bien nommée chanson « Fearless ». Philippe Manœuvre, sors de ce corps.
Même si la montagne semble élevée, la double confrontation de ce début mars ne doit pas être vécue avec une pression démesurée, ni comme un poids à porter, ni avec la peur au ventre, mais avec confiance en soi, avec bonheur et quoi qu’il arrive avec amour. Quoi de mieux pour finir que cette introduction d’« All You Need Is Love » : “There’s nothing you can do that can’t be done” (Il n’y a rien que tu puisses faire qui ne puisse être fait).