Ils font partie de ces nouveaux groupes installés dans la TRIBUNE BOULOGNE.
Le BLOCK PARISII grandit progressivement depuis un peu plus de deux ans et surtout se structure. VALENTIN son président, et GAÉTAN son porte-parole, ont accepté de répondre à nos questions. On a parlé philosophie de groupe et ambitions.
Commençons par les présentations ?
Je m’appelle Gaétan, j’ai 20 ans, je suis le porte-parole du Block Parisii. J’ai intégré le Block environ 6 mois après sa création en 2017.
Je suis Valentin, président du Block. J’ai 20 ans, j’ai commencé à travailler sur l’idée de faire revenir l’ambiance à Boulogne fin 2016. On était quelques potes à s’être rencontrés en tribune. Le Collectif Ultras Paris venait d’être reconnu lors d’un match contre Bordeaux. Certains membres du CUP ont quitté leur place à Boulogne pour rejoindre Auteuil. On est resté une petite team de potes à Boulogne et début 2017 on a mis en place le Block Parisii.
Pourquoi ce nom, Block Parisii ?
Valentin : C’est tout con. Les Parisii sont les premiers habitants de Paris et c’est un mot gaulois. Et Block car j’aimais bien ce terme court et efficace, qui rappelle le groupe et qui fait aussi un peu banlieue. C’est sorti comme ça.
Comment êtes vous devenus supporters du PSG ?
Valentin : Mon père était abonné à Boulogne. Il a ensuite fait partie des co-fondateurs du groupe Hoolicool. J’ai donc appris à ses côtés. Il m’amenait au Parc en tribune. J’ai baigné dans cette ambiance depuis tout petit. Premier match au Parc en 2003, premier déplacement en 2008. A 16 piges je me suis intéressé à ce qui se passait en tribune avec le CUP et là j’ai décidé de voir ce que je pouvais faire à Boulogne. Aujourd’hui on commence à être en place, on a plus de 170 adhérents, au début on était 4. Ça fait plaisir. On était une équipe de jeunes qui se sont retrouvés. On se correspondait, on avait la même vision des choses. C’était une force pour relancer quelque-chose.
Gaétan : Mon père était aussi abonné à Boulogne, en R2. Il n’a jamais intégré une association. J’ai baigné dedans mais moins dans le côté associatif.
Votre histoire personnelle vous a incité à retourner à Boulogne en somme ?
Gaétan : On part du principe que le Parc ce sont deux virages. Ce n’est pas possible d’avoir un seul virage qui chante.
Valentin : Quand j’ai vu que ça repartait à Auteuil, je me suis dit que ça pouvait aussi repartir à Boulogne, sans rentrer dans les histoires du passé. On pouvait relancer la tribune sans les aspects négatifs, sans la politique. Il fallait appuyer sur les couleurs Rouge et Bleu. On est le Block, on n’accueille tout le monde et on chante pour Paris. Le BP c’est une deuxième famille.
Il existe une philosophie Block Parisii ?
Valentin : C’est difficile à définir car il y a plusieurs mentalités qui se rejoignent dans le BP. On essaye toutefois de créer notre propre identité. Dans le passé Boulogne était une tribune à l’anglaise. Nous on a un côté ambiance à l’italienne, un peu comme les Boulogne Boys. Pour certains il y a la sape à l’anglaise, on se cherche encore un peu sur ça dans l’association. Personnellement j’étais très impressionné par les tifos des Supras, c’était magnifique. J’aimais bien aussi ce mix entre la dégaine à l’anglaise et la culture ultra italienne des Lutece Falco. Bref, ce sera clair plus tard mais pour le moment c’est une inspiration entre l’Angleterre, l’Allemagne et l’Italie. L’héritage principal ça reste de supporter Paris. Cet héritage, je l’ai eu très jeune grâce à mon père. J’ai kiffé très vite le mouv’. Mais aujourd’hui on repart de 0, on est jeunes et on veut créer notre propre histoire. On veut représenter Paris et impressionner partout où on passe.
Vous vous êtes donc intéressés au mouvement assez vite ?
Valentin : Oui, en lisant Gazetta Ultra, Sup Mag, les vieux So Foot… On s’intéresse toujours et on essaye de creuser. J’ai fait des matchs dans d’autres clubs comme l’Ajax, le PFC pour piocher un peu et faire grandir la culture Ultra dans l’asso.
Vous avez déjà des alliances avec d’autres groupes ?
Valentin : Non, pour le moment on est concentré sur notre groupe. On a de soucis avec personne, on a des relations cordiales. De toute façon on est encore personne dans le mouvement. Alors autant se faire la patte et par la suite on verra.
Comment est structuré le groupe aujourd’hui ?
Valentin : C’est une association de loi 1901. Elle représente le BP. Et au sein du BP il y a un groupe ultra, enfin c’est encore tôt pour le revendiquer, mais ce groupe réunit les gens les plus investis. C’est la « Sciarpa Nera ». Ce sont les gardiens du Block en quelque sorte. Ceux qui ont la mentalité ultra. Car dans les 170 adhérents du BP tu n’as pas 170 ultras. Chacun a sa mentalité dans l’asso.
Gaétan : Il faut préciser qu’on a accueilli vraiment tout le monde au début. Des pères de famille, des gamins à partir de 16 ans, des filles comme des garçons. Maintenant on voudrait recruter de manière plus ciblée. Les responsables matos sont plus âgés, ils ont dans la trentaine. Dans le secrétariat ils ont la quarantaine.
Valentin : Mon père m’aide aussi sur la trésorerie. Gérer des fonds d’association c’est très important. Il faut un peu d’expérience. Pour le moment on n’a pas beaucoup de moyens, on est dans la débrouille mais on a la dalle. Des anciens de Boulogne nous aident aussi mais ils n’étaient pas dans tous ces trucs politiques. On n’a jamais été approchés par des anciens des firms ou ce genre de chose-là.
On parlait de matos, comment avez vous réussi à re-introduire de l’animation en tribune ?
Valentin : Au début, en 2017, j’avais fait des demandes pour des mégaphones mais ça a été refusé tout de suite. Fin 2017 on a eu le droit aux megas mais lors d’un PSG-OL il y a eu des insultes qui ont fusé contre Lyon. On se les est fait sucrer. Ensuite il y a eu des tests. Et cet été, lors de la réunion d’inter-saison avec le club, on a été autorisés à avoir 2 mégaphones, 2 tambours, des deux-mats, des drapeaux… Par contre tout ce qui est tifo ou bâche, pour le moment c’est restreint. La taille de nos drapeaux est aussi restreinte. On a réussi à avoir 7 rangs pour se placer en tribune mais maintenant que les Paname Rebirth et les Résistance Parisienne sont regroupés avec nous, on en a plus que 4. C’est contraignant mais on fait avec pour le bien de la tribune. On est obligé d’avoir des mesures de sécurité notamment pour nos capos. On n’a pas d’estrade pour eux par exemple. Ils ne peuvent pas prendre appui sur des barrières larges de 10 cm. Tout en ayant un pied sur leur siège. Après on a un bon dialogue avec les référents supporters. On a récemment demander de monter une animation deux-mats et on attend le retour du club. En tout cas, tant qu’il n’y a pas de bavure et qu’on respecte tout le monde on n’a rien à craindre.
Ce n’est pas trop difficile de gérer une association qui grandit de la sorte ?
Valentin : Le plus important c’est de gérer tous les nouveaux entrants en évitant que des petits groupes se montent au sein même de l’association. Il faut garder une unité. Pour le moment tout le monde s’entend bien. C’est soudé.
Les ambitions du groupe c’est quoi ?
Valentin : Avant même notre réussite, le plus important c’est de remettre de l’ambiance dans la tribune. Et qu’il y ait un virage et une tribune qui se répondent au Parc. Le jour où on sera reconnus, tant mieux, mais la priorité c’est l’ambiance et que ça marche.
Quels progrès avez-vous à faire ?
Valentin : Sur la gestuelle, nos chants, sur l’administratif au sein de l’association… Car on doit évoluer. Au méga on doit progresser aussi au niveau des chants. Nos capos sont obligés de demander constamment de maintenir la gestuelle ou de ne pas lâcher le chant. Ça devrait être instinctif pour toute la tribune, supporters comme ultras. Mais c’est un savoir-faire. Ça va prendre du temps. En plus, on est entourés de touristes en tribune.
Vous avez aussi l’envie d’avoir vos propres chants ?
Valentin : Pour le moment on reprend les chants du CUP qu’on chante avec eux en déplacement. On leur laisse par contre les chants spécifiques aux groupes d’Auteuil. Car ça leur appartient. Mais il nous arrive de reprendre de vieux chants comme « Une chope de bière » qui est un chant historique de Boulogne.
Gaétan : On essaye aussi de lancer des chants connus, pour que les gens qui ne connaissent pas forcément les nouveaux puissent les reprendre avec nous. Pour emmener la tribune.
Valentin : Aujourd’hui ce sont les clapings qui fonctionnent le mieux. C’est un peu triste mais les gens sont un peu perdus à Boulogne. On travaille toutefois sur nos propres chants, on en a lancés deux, pour créer notre propre identité. On verra ce que ça donne.
Au niveau du placement vous aimeriez réussir à faire une seule ligne à Boulogne avec les Paname Rebirth et les Résistance Parisienne ?
Valentin : Encore une fois, le plus important c’est la tribune. On est placés dans les accès 327 et 328. Si on est reconnus demain, on aimerait rester à cet emplacement. On aimerait que ce soit notre bloc. Si les autres groupes arrivent à obtenir d’autres accès, tant mieux pour eux.
Vous avez conscience que l’entente cordiale entre les groupes facilitera le retour de l’ambiance à Boulogne ?
Valentin : C’est obligatoire. Le but ce n’est pas de se faire la gué-guerre. Au début on a eu des mauvaises interprétations entre nous. Mais on arrive à parler, on n’est plus des gosses. On est obligé d’avancer ensemble si on veut que ça marche.
Vous êtes confiant pour l’avenir ?
Valentin : Pour le moment avec le club, ils voient qu’on peut discuter ensemble et que ça se passe plutôt bien. On cohabite bien dans la tribune, on fait les déplacements ensemble. Bien-sur il y a des petites conneries mais rien de grave. En tout cas je suis confiant.
Vous avez fait le déplacement à Dortmund ?
Gaétan : C’était gagesque…
Valentin : On a eu des problèmes avec le police fédérale allemande. On est arrivés à la douane vers 9H00 du matin. On est reparti à 16H00 ! On a été traités comme des animaux. On est restés bloqués 4 heures dans un bus, déplacés 2 heures dans un hangar. Pour pisser tu avais deux flics avec toi. J’avais un petit de 16 ans avec moi, ils se sont moqués de lui, c’est facile de faire ça quand tu es dans les forces de l’ordre.
Gaétan : On avait de la pyro avec nous dans le bus. On a joué le jeu, on leur a donné tout de suite. Au bout de 6 heures, ils ont fait sortir le groupe qui avaient donné la pyro et ils leur ont dit « Vous n’irez pas au match ». Ils ont essayé de leur faire signer un papier comme quoi ils avaient été présents lors de faits de hooliganisme avérés contre le Bayer Leverkusen en 2014. A l’époque le block n’existait même pas. Ces documents n’avaient pas de valeur. On était à la limite de la légalité. On a refusé de les signer.
Revenons sur le sportif, quel est votre rapport au football ?
Valentin : C’est vrai que la tribune est plus importante pour moi. Mais le foot c’est le plus beau sport du monde. Ça peut sortir les gens de la galère, c’est une histoire, c’est une famille… Je ne sais même pas comment l’expliquer. De toute façon quand je suis né, c’était direct rouge et bleu. Il y a des joueurs qui m’ont marqué quand j’étais jeune : Pauleta, Rothen, Yepes, Hoarau… Je n’ai pas connu les joueurs d’avant mais je m’y suis intéressé, c’étaient de grands messieurs. Il y avait l’amour du maillot. Mais aujourd’hui j’ai l’impression que c’est surtout les billets qui les intéressent. Je suis déçu de la mentalité des joueurs actuels, et pas seulement au PSG. C’est le football en général. Je vais mettre l’Amérique du Sud à part, mais en Europe, tous les grands clubs, il n’y a que le pognon. L’amour tu peux le retrouver plus facilement en deuxième division, en troisième division.
Gaétan : Et encore en France je trouve qu’on est encore assez protégés. Quand tu vois le prix des abonnements en Angleterre par exemple…
Valentin : Et on fait des erreurs avec certains joueurs. Un gars comme Matuidi, jamais tu ne le laisses partir de Paris. C’est un vrai parisien qui mouillait le maillot. Comme Cavani. Tu dois lui donner envie de rester.
Donc votre groupe est plus important que l’équipe ?
Valentin : C’est notre ville avant tout, ce club, ce stade, cette ambiance et ensuite l’équipe.
Vous avez l’impression que les ultras sont un peu les derniers garants de football d’antan ?
Valentin : C’est la dernière entité du football populaire. Les ultras sont garants de certaines valeurs qui se perdent dans le football moderne : amour du maillot, respect, fierté. Les groupes ultras français doivent aussi rester souder pour défendre cette mentalité et cette culture qui se perd d’année en année à cause des répressions incessantes. Quand tu vois ce qu’est devenue l’Angleterre. Il n’y a plus d’ambiance. Pour Dortmund, on nous a beaucoup parlé du mur jaune dans le mouv’, mais honnêtement, on était là-bas et je n’ai pas trouvé ça impressionnant. Paris en déplacement fait aujourd’hui beaucoup de bruit. C’est propre.
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