Humeur

Neymar Vellous

Neymar, c’est aujourd’hui. C’est l’époque. À lui tout seul. Neymar, c’est la preuve que nous sommes morts, que rien de tout ça n’existe vraiment. Comme dans un livre de K. Dick.

C’est un spectacle vertigineux, démentiel, ridicule. C’est l’argent qui gagne, encore. Entendez-vous son rire, lointain et intouchable ? Les millions valsent sur nos cadavres. Neymar à Paris. C’est une phrase qu’il est possible de prononcer mille fois sans qu’elle ne veule encore rien dire. Un mantra débile, une formule magique d’enfant déjà blasé parce que trop gâté. Un autocollant sur le pare-choc arrière d’un corbillard américain. C’est la preuve que la réalité a démissionné. Les supporters sont des zombies. Je ne parle pas de tous les autres. Les normaux, les détachés, les Sans Équipe Fixe. Le supporter que je suis est un putain de zombie. Neymar au PSG.

Je n’ai pas lu la presse sportive pendant la semaine passée en Vendée, là où les plages sont belles parce que désertes. Il n’est évidemment plus jamais question de financer le quotidien apatride depuis la trahison catalane. Même en vacances, quand le manque de football devient presque intolérable. Là-bas, maisonnette charmante, sans téléviseur. No foot, no tv… Des gens se suicident pour moins que ça. Pas de radio, je n’écoute pas la radio. Pourtant, Neymar est là, partout, tout le temps. Neymar, c’est de Gaulle, c’est l’Histoire ! Neymar, Neymar, Neymar.

Le gâteau sur la cerise

Mon amie me demande s’il va venir. Ou pas.
Je lui dis oui, je lui dis non, je lui dis peut-être, je ne sais pas.
Je pensais que j’y pensais. Mais non en fait. Pas tant que ça.
Le gâteau sur la cerise. Neymar.
222 millions.
Un trophée de plus pour le PSG.

“C’est de l’argent sale” disent-ils. Il n’y en a pas de propre. Et ce n’est pas le mien.
Et je m’en tape. 438 millions. 679 millions. Cent milliards de scarabées.
Ça ne veut plus rien dire vu que nous sommes morts.
Ce n’est pas le problème.
Il n’y a pas de débat.
On ne discute pas.
Neymar au Parc.
Neymar avec mon maillot sur mon écran.
Neymar sifflé à domicile après quatre premiers mois cauchemardesques. Par les mêmes qui priaient pour que Cavani parte, que Javier soit prêté (Dieu ne s’échange pas) et qui ont certainement acheté cet immonde maillot jaune pour parader sur les autoroutes estivales…
Et Neymar à la Raí : Il les fait taire, tous. Pour toujours.

Neymar est là. Zlatan s’efface

Le but sublime de Neymar contre Toulouse ou Madrid ou City, en boucle sur les réseaux phocéens, le Vieux Port comme hypnotisé, atomisé par ce geste que personne n’oubliera jamais. Et qui sera notre légende. Rien qu’à nous. Et à celle du football, peut-être…
Neymar, le pote de Lucas.

Neymar, ne m’en veux pas si longtemps encore, Ronnie reste ma star.
Tu viens et tu effaces, presque, ce jour maudit où tes ex-camarades pleureuses nous ont volé nos dents du bonheur brésiliennes. Il me faudra du temps mais tu es un enfant teigneux, combatif, tu divises et tu marques.Le PSG n’attendait que toi. Ici, c’est Paris, ici, c’est chez toi.

Neymar est là. Zlatan s’efface. Il fallait ça. C’est bien.
J’entends ceux qui jalousent déjà, qui crient au scandale financier, au grand n’importe quoi. Je me délecte de tous ces cris d’impuissance, de toutes ces crises de nerf à peine dissimulées. Que va titrer le canard anti parisien le jour de la signature, que va dire Aulas quand ses droits télé vont grimper en flèche, quelle mauvaise foi de caniveau dégaineront les sudistes pour oublier Payet, Garcia et leur champions’s project digne de Colony Capital (en replay actuellement, un épisode de Faîtes Entrer l’Accusé tout à fait délicieux sur l’affaire om/va, comme ça, en passant…) ?

Qu’il envoie ses meilleurs avocats

Ils sont baisés. Tous.
Ils le savent et je le sais.
Le PSG était mort. Son mercato risible. Et puis, Alvès. Et puis…
Valère Germain va zozoter avec brio pour huit millions d’euros en Ligue 1 et en Europa League.
Neymar va écrire une autre histoire.
La seule qui compte.
La nôtre.

Aujourd’hui, trophée des champions à Tanger. À quelques heures de ce match délocalisé de foire, sur la toile, le président de la ligue espagnole menace. Le PSG ne respecterait pas, avec ce transfert d’apocalypse, le fairplay financier. Qu’il aille au tribunal. Qu’il envoie ses meilleurs avocats. Voilà ce que sont les barcelonais : des pleureuses, des riches qui ne supportent pas quand d’autres riches les niquent à leur propre jeu.
Remontada. Néologisme à vomir que j’entends partout.
6-1 ? Oui, je m’en souviens.
PSG 222 000 000 Barcelone 0
Il faudra plus qu’un match retour et un arbitre complaisant pour se qualifier, ennemis catalans.

Et si MBappé avait la bonne idée de signer chez Zidane, votre été déjà plombé commencera à ressembler à un cauchemar valable.
Je ne vous souhaite rien d’autre.
En attendant Neymar.
Un mercenaire, un gamin capricieux aux exigences effrayantes, une tête de gondole, une star, tout ce que vous voulez.
Un footballeur parfois également. Que Borelli aurait couvé comme un fils.
“Se queda” ?
No lo creo, Gerard, no lo creo…

Ode à la prolifération

Si l’Europe était un “théâtre d’opérations” comme on dit hypocritement de nos jours, l’UEFA serait l’ONU chargée de la mise en oeuvre et du respect des traités, le Real Madrid serait les Etats-Unis, et le FC Barcelone l’URSS. Manchester United serait évidemment la couronne britannique, autrefois surpuissante et vivant aujourd’hui dans le souvenir de son illustre passé, tandis que le PSG serait la France à la recherche d’un nouvel équilibre, cherchant sa voie et tentant de faire entendre sa voix dans le concert des nations modernes.


Ainsi l’instance dirigeante serait dans son rôle en encourageant tout le monde à s’embrasser parce que la guerre c’est pas bien, mais en même temps les USA préfèrent quand les règles sont faites par eux tout en n’ayant aucune intention de les respecter.

L’URSS de son côté se contenterait de répondre à la menace hégémonique en consolidant à son tour la force de frappe la plus puissante et dangereuse qui soit, juste pour faire chier les américains (et aussi parce qu’ils voient le monde différemment).

La Grande-Bretagne, avec son flegme caractéristique, ayant fait sienne la doctrine de ne faire que répondre à une éventuelle attaque, aurait décidé de vendre sa capacité nucléaire au grand frère américain, devenant de facto inoffensive.

Un équilibre de la terreur

Et la France dans tout ça ?

Dans cet environnement hautement volatile, dans une course à l’armement sans cesse renouvelée, les super-puissances européennes ont instauré un équilibre de la terreur qu’elles pensent être les seules à pouvoir nourrir, leur assurant une position prépondérante sur le cours du football moderne.

Avec le “fair play financier” de nos amis suisses de l’UEFA, il y eut bien récemment une tentative de limiter la prolifération des arsenaux nucléaires, comprendre une volonté de la part de ceux ayant déjà la plus grosse part du gâteau de ne pas faire croquer les nouveaux venus, financés à coup de petro ou gazodollars illimités, et à ce titre pas du tout réglo.

L’Allemagne, simple pays de transit des plus grosses ogives mondiales, et son représentant le Bayern Munich, ont bien tenté leur chance, en se retranchant derrière l’argument selon lequel leurs efforts scientifiques n’aspiraient qu’à servir des intérêts civils, et non belliqueux. Dortmund appréciera.

En quelque sorte la troisième voie

Le jeune club parisien lui, doté d’ambitions élevées malgré un retard économique et sportif certain sur ses concurrents, ressemblant fort à celui de la recherche nucléaire française dans les années 60, a décidé de se doter d’un formidable levier diplomatique. De Gaulle ne plaidait-il pas que la bombe atomique donnerait à la France “un accès direct à la table des supergrands” ?

Il y a trois manières d’acquérir le feu nucléaire : en le créant (Léo Messi à Barcelone), en le braquant à un abruti de club qui trouvait qu’un Ballon d’or c’était suffisant et qu’il valait mieux encaisser un gros chèque en échange de sa capacité de frappe (C. Ronaldo de Man. Utd au Real), ou en profitant du démantèlement programmé d’un empire vieillissant pour aller piocher dans son arsenal mal sécurisé.

L’arrivée de Neymar au Paris Saint Germain serait en quelque sorte la troisième voie prônée par le Général de Gaulle. « Ni le vieux libéralisme, ni le communisme écrasant. Autre chose. Quoi ? Et bien, quelque chose de simple, de digne et de pratique, qui est l’association. C’est une vieille idée française ».

Un formidable outil de propagande

Cette signature obéirait à une double logique : en plus d’effacer la défaite de 1940, en l’occurence celle du Camp Nou en mars dernier, et de dépouiller d’une partie de leurs armes mal acquises nos bourreaux de l’époque, la captation de ce missile balistique longue portée ferait entrer le PSG au conseil de sécurité du foot européen, dans le Gotha qui se refusait à lui jusque-là.

Au-delà de la simple dissuasion, Neymar au PSG serait un formidable outil de propagande, destiné à renforcer l’aura de son nouveau club, et permettant à celui-ci une diffusion massive de son idéologie sportive à travers le monde. Une manifestation éclatante de sa doctrine de non-alignement.

Pour détailler un peu les ressorts émotionnels liés à ce possible “plus gros transfert de tous les temps, bras d’honneur au club catalan inclus”, permettez moi de souligner la nature des relations entre les deux clubs, telles que moi, supporter parisien, et donc à ce titre fatalement impartial et de bonne foi, les vis et ai vécues ces dernières années.

The North Remembers

Le FC Barcelone, c’est ce club de baltringues qui nous aura arnaqué Ronaldinho pour à peine plus que ce qu’ils ont payé depuis pour le transfert de Lucas Digne (et le plaisir de l’un n’enlève rien à la démangeaison au postérieur qui m’avait tourmenté de longues semaines cet été-là). Alors ok, on a récupéré chez eux le classissime Sherrer Maxwell depuis, mais je me demande toujours dans quelle mesure il est arrivé à l’époque pour combler un manque à son poste, ou parce que c’était le BFF de Zlatan. Mon plaisir et ma vengeance seront en revanche absolus lorsqu’il se confirmera que c’est Maxwell qui aura emporté la décision du joueur de rejoindre Paris.

Pour en revenir à Iñho, je n’ai jamais aimé le Barça, bien qu’il y ait brillé de longues saisons, et qu’une équipe hégémonique se soit graduellement constituée autour de lui et dans le sillage de son génie. Pas plus que je n’ai réussi à aimer le Real, même lorsque Zidane y officiait et réinventait les critères de la beauté dans le football.

Prendre Neymar au PSG me ferait penser à Arya Stark au début de la nouvelle saison de GoT : “The North remembers”.

Dans le rang des puissances intermédiaires

Non, Paris n’a pas oublié. Ni le pénalty un peu mytho de Ronaldo (le vrai) en 1997, abîmant la stature de héros de Bruno Ngotty acquise la saison précédente, et donnant la coupe à Barcelone (car oui, il était une époque où malgré ses stars, le Barca jouait la C3). Ni les matches nuls de raccroc en poules de LdC plus récemment. Ni les danseuses qui tombent comme des feuilles dès qu’un match ne va pas totalement dans leur sens. Ni leur influence sur les arbitres. Et surtout pas les tentatives répétées à chaque mercato de captation de Marco Verratti, notre bombe H à nous, depuis que le monde entier connait son talent.

Voyons donc le transfert de Neymar comme le coup fatal porté à une bête malade (finances, choix sportifs, départ de ses cadres, …), ou l’épisode le plus chaud d’une guerre froide qui ne dit pas son nom. Une nouvelle crise des missiles, mais sans Fidel Castro ni JFK.

A l’inverse d’une tête nucléaire, un Messi comme un Iniesta ne sont pas éternels. Et lorsque les cartouches se feront plus rares, et que la FIFA arrêtera d’acter des transferts durant des périodes d’interdiction (cf. Suarez), ou d’en valider d’autres malgré des montages financiers super douteux (cf. Neymar justement), le FC Barcelone aura à envisager de retourner dans le rang des puissances intermédiaires. Le foot étant par essence cyclique, et son marché plus ouvert que celui de l’atome, peut-être que le club Blaugrana devra se résoudre à s’abriter sous le parapluie d’une autre puissance, sous peine d’être détruit par ses voisins. D’ici là, Paris aura largement développé sa zone d’influence, et mis en place sa stratégie d’endiguement.

Oui, une troisième voie est possible, puisse Neymar en être le guide parisien. La liberté n’a pas de prix…

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Neymar, c’est grave docteur ?

C’est le sujet N°1 du moment. Neymar, viendra, viendra pas ?
Incroyable jeu de cache à cache à coup de millions.
C’est bien beau toutes ces rumeurs, ça excite la sphère mediatico-sportive, mais pendant ce temps là, il y en a qui souffrent.

Un peu d’étymologie pour commencer voulez-vous ?
Au douzième siècle le verbe rêver n’existe pas.
On préfère parler de « délire sous l’emprise d’une maladie ». C’est dire à quel point on n’était pas très romantique au moyen-âge. De toute façon le football n’existait pas non plus.

Alors si supporter le PSG est une maladie, rêver de Neymar sous nos couleurs est forcément un délire. Un délire à plus de 220 millions d’euros, ça fait cher la consultation chez le spécialiste.
Et pourtant, la salle d’attente du docteur Antero affiche complet ces derniers temps.

Non mais Neymar ?
De mémoire de supporter, peu sont les cas de figure similaires dans la capitale.
Tout au plus l’arrivée de Ronnie, le retour de Nico, la signature de Jay-Jay ou encore du Z et de O Monstro la même année. Avant eux, il y eu bien-sûr les Dahleb, Sušić ou Bianchi… Mais cette fois-ci, on a vraiment quitté la stratosphère.

Neymar. Sérieusement ?
Ca fait presque une semaine que la fusée interstellaire a été lancée.
Reste à savoir quand elle va atterrir. Pendant ce temps là, le Barça se chie dans le froc, ou alors se fout bien de notre gueule. Mais plus les heures s’écoulent, plus on s’oriente vers la première option. En même temps, ils l’ont bien cherché. Les mecs nous ont mis l’Archouma devant toute l’Europe pour deux décennies au moins, voire plusieurs générations. Alors si on peut, ne serait-ce que niquer le film d’intro de PES 2018 dont le teaser promotionnel se sert de la Remontada, ce sera une petite victoire de geek certes, mais une victoire quand même.

Neymar, pince-moi, je rêve.
Imagine le casse-tête pornographique pour Unai. Draxler, Di Maria, Cavani, Pastore, Lo Celso, Lucas (qui sait), Ben Arfa (qui saura, qui saura, qui sauraaaaaa) et donc Neymar. Où sont passés nos Christian, Cardetti, Aloisio et Vampeta d’antan. Mais où sont passées les Gazelles… car là c’est du lourd, une attaque aussi rapide et imprévisible qu’une percée teutonne dans la ligne Maginot. Rien que de citer ces quelques noms me donne l’impression d’avoir pris trois cachetons de MDMA au petit dej’. Mais attention à la Redescentada. C’est toujours le même problème avec la drogue dure, on a beau connaitre les effets secondaires, on y retourne toujours. Car on le sait. Mercato à Paris est souvent synonyme de désillusion. Et si cette fois-ci, c’était de la bonne ? Et si le crack arrivait enfin à bon port.

Neymar, tu déconnes ?
Et puis ce maillot jaune qu’on devinait plus cet été sur les épaules de Chris Froome ? Est-ce que tu crois que Nasser avait prévu le coup ? Parce que certes, il y a eu 30 joueurs Auriverde au PSG depuis 1970, mais on dirait bien que Papa a voulu faire plaisir à sa nouvelle étoile et à son bodyguard a.k.a Dani Alves la faucheuse. Tu peux continuer à gueuler en disant qu’une fois de plus, on ne respecte pas les couleurs historiques du club. Mais rappelle-toi le maillot Louis Vuitton sur Pedro Miguel. Dégueulasse non ? Alors que le jaune, ça sied à tout le monde, même à Layvin Kurzawa qui, en matière de bon goût vestimentaire, n’en est plus à une connerie près.

Neymar, à la folie.
Alors voilà. Il n’a pas signé, on n’a que des bruits de couloir, on fait confiance à des journalistes-tweetos-espingouins dont on ne connaissait pas l’existence il y a encore 3 jours. On n’a jamais autant utilisé le site Reverso pour essayer de traduire toutes les unes de la presse sportive ibérique. On en viendrait presque à regretter d’avoir fait allemand première langue et d’avoir écouté ses parents, tout ça pour retaper la seconde comme un looser. On n’en peut plus, on veut que ça finisse et que ça sorte. On a l’impression d’être coincé sur la cuvette des chiottes parce qu’on n’a pas retrouvé la boîte de dragées Fuca dans la pharmacie. Bref on attend. Et on sert les fesses. C’est grave docteur ?

Et dire que finalement, on va signer Alexis Sanchez. Et avoue-le, tu trouveras ça normal. Limite décevant.

Cher Antero

La saison est terminée. Circulez, y a (plus) rien à voir.
L’ennui peut reprendre son règne estival dans l’indifférence la plus totale.
Alors on attend fébrilement début août. Fébrilement car à l’instant où ces lignes sont écrites, il n’y a rien qui puisse nous rassurer.


Eternels naïfs que nous sommes, on épie chaque fake-news démentie dès le lendemain. On scrute les réseaux sociaux, on va sur toutes les pages, tous les sites de supporters, même les pires, qui balancent à longueur de journée leur poudre de Perlimpinpin (n’en déplaise à notre Président néo Olympien). On sait que c’est du flanc mais on s’accroche à la moindre branche, parce que l’espoir nous fait encore respirer. L’espoir de voir enfin un vrai recrutement estival au PSG.

Alors oui, il y a Antero Henrique. Le mec a un physique de patron de fond de pension, espérons que sa réputation de négociateur féroce ne soit pas une énième désillusion. Parce que t’as du taf Antero. Si le PSG était une entreprise comme les autres, tu serais le nouveau DRH fraichement débarqué d’une entreprise concurrente. Ta mission serait de virer la moitié des cadres de la boîte, trop habituer à trainer à la cantine le midi et à draguer les assistantes marketing pendant les séminaires. Et de les remplacer par une nouvelle génération capable d’atteindre les objectifs fixés par un actionnaire qui s’est acheté une danseuse et qui se demande à quoi elle va lui servir maintenant. Je te parle même pas de ton PDG qui entre deux meetings vient faire des vannes avec la plupart des mecs que tu dois dégager. Tout le monde se marre. Qu’est-ce qu’il est drôle le Président. Tant qu’il signe nos primes. En résumé, c’est le Vietnam qui t’attend Antero.

Du solide, du lourd, du méchant

Autant te dire tout de suite que tu as la pression. Parce qu’après notre exploit collectif au Camp Nou cette année, si tu n’arrives pas à recruter Neymar, au pire Kylian Mbappe, voir Kun Agüero, tu peux retourner faire des photocopies au service comptabilité où t’attendent déjà Alain Roche et Olivier Letang.

Autre chose avant que tu ne partes au marché faire tes courses. Pense à nous ramener des gros légumes, bien mûrs, qui ne fondent pas comme des patates nouvelles à la première situation chaude. On veut du solide, du lourd, du méchant, du qui passe les huitièmes si tu vois ce que je veux dire. On s’en fout si c’est sale pourvu que ça gagne. Quitte à laisser des tibias adverses sur la pelouse. Quitte à devenir la honte du football européen. On veut du Moi Moche et Méchant 1, 2 et 3 à l’affiche au Parc des Princes. Bref, tu es portugais, tu as du apprécier la victoire des tiens à l’Euro 2016. Alors tu nous comprends.

Et c’est pareil pour le championnat. Hors de question de foirer notre dynamique face à l’OM. 14 confrontations, 2 matchs nuls, 12 victoires. Une défaite face à l’OM, c’est comme un vieux tube des années 80 dont tu as oublié le nom mais qui fait encore danser toute la province dans ses boîtes de nuit dégueulasses. Ici c’est Paris Antero, pas de place pour le pardon, pas de place pour la patience, pas de place pour la pitié. Tu ne le sais pas encore mais les marseillais continueront à la ramener comme le Chevalier Noir dans le Sacré Graal des Monty Python. Tant qu’on ne les aura pas rayé de la carte de France du football ils continueront à jacter. Leur Champion project, sans doute, mais en ligue Domino’s Pizza s’il te plait. Et sans sauce piquante.

Il y a la haine aussi

Et le titre ? Une évidence. L’hexagone revient au Parc. Il y est chez lui. Paris Capitale je te le rappelle.

Il y a la haine aussi. Tu sais à Paris, on connait. Tous les Week-Ends, la France entière rêve de nous voir tomber. Le seul quotidien sportif national a décidé d’être aussi indulgent avec nous que Valeurs Actuelles avec la politique de Christiane Taubira.
D’ailleurs si tu arrives à savoir pourquoi ces braves gens nous en veulent autant, on est preneur. Pas qu’acheter l’Equipe nous manque (quoique ça fait du papier pour la cheminée chaque hiver), mais juste pour être rassuré sur la différence entre racolage et journalisme.

Et puis tous ces français, spécialistes du bon goût qui t’expliquent que Monaco c’est Hype et que Paris c’est Has Been. Sans doute les mêmes qui portent des Stan Smith, chaussettes en option, pantalon trop court et qui critiquent les gamins en claquette-chaussette. Qui est l’exemple ? Il faut que ça cesse et vite.

C’est pas très compliqué finalement, tout ce qu’on veut c’est que le PSG arrête de servir de pierre philosophale à tous les agents de la planète. Et que tu fasses ce que tu as très bien fait à Porto. Utiliser ton gros pif pour aller chercher des pépites que personne n’a encore déterrées. Et nous ramener la C1 et le titre pour faire chier toute l’Europe et la France avec. Et là on oubliera peut être le 6-1.

Pourquoi Mbappé doit-il signer ?

Aujourd’hui il n’y a pas que le soleil qui brûle. Le téléphone d’Antero Henrique aussi. Les rumeurs vont bon train, 90% sont sans doute infondées.
La rédaction de Virage en profite donc pour lancer une campagne afin de convaincre le Fresh Prince de signer à Paris. Kylian, si tu nous lis…

PARCE QU’IL RESSEMBLE À UNE TORTUE NINJA. ET QUELLE ÉQUIPE POURRAIT SE PASSER D’UNE TORTUE NINJA ? COWABUNGA !

PARCE QU’IL MÉRITE MIEUX QU’UN STADE VIDE, UN PRINCE GRAS ET CHAUVE ET UNE PRINCESSE CHANTEUSE QUI NE CHANTE MÊME PLUS.

PARCE QUE MONACO N’A JAMAIS ÉTÉ CHAMPION DE FRANCE DEUX ANNÉES DE SUITE.

PARCE QU’APRES LA PRINCIPAUTÉ, LE PARC DES PRINCES.

PARCE QU’À LOUIS II, IL CONNAIT DÉJÀ TOUS LES SUPPORTERS.

PARCE QUE MONACO NE SERA JAMAIS AUTRE CHOSE QUE LE NOM D’UN BISCUIT APÉRITIF.

PARCE QU’IL SAIT TRÈS BIEN QU’APRÈS SA PERF’ EN C1, MONACO VIENT D’ENCLENCHER UN NOUVEAU CYCLE VERS LA L2.

PARCE QU’IL VIENT DE BONDY, 93 PUTAIN !

PARCE QU’EN SIGNANT AU PSG, LES RENÉGATS DE L’ÉQUIPE AURONT LA TURISTA PENDANT AU MOINS SIX MOIS ! ET DES HÉMORROÏDES TOUTE LEUR VIE !

PARCE QU’AVEC EDINSON, ÇA AURAIT FAIT AU MOINS 6-3 CHEZ LES COPINES À MESSI. ET LA JUVE AURAIT ALORS TREMBLÉ !

PARCE QUE C’EST LE MEILLEUR À SON POSTE EN 2017. LOIN DEVANT MACRON.

PARCE QU’ÉTANT NÉ APRÈS LA COUPE DU MONDE 1998, IL NE SAIT MÊME PAS QUI EST ZIZOU !

PARCE QUE VU SON CAPITAL SYMPATHIE, IL AIDERA SÛREMENT KURZAWA À AVOIR SON BREVET DES COLLÈGES ET AURIER À FAIRE SES LACETS.

PARCE QUE GAGNER À MONACO, C’EST COMME PASSER SON BAC, VENIR AU PSG C’EST COMME ALLER À LA FAC. IL SERA VRAIMENT PRÊT POUR ALLER AU REAL/MU/BARÇA/BAYERN À 22 ANS, POUR LA FIN DE SES ÉTUDES.

PARCE QU’IL GAGNERA SUFFISAMMENT D’ARGENT POUR ALLER À LA BOULANGERIE S’ACHETER DES PÉPITES ET EN CRACHER LES ÉCORCES.

PARCE QU’IL POURRA CONTINUER À JOUER À LA PS3 AVEC RABIOT, MARQUINHOS & KIMPEMBE.

PARCE QUE JESÉ NE MÉRITE PAS MIEUX QUE LAS PALMAS.

PARCE QU’AVEC LUI L’ÉQUIPE VA PEUT ÊTRE ENFIN NOUS LÂCHER LA GRAPPE.

PARCE QUE PEUT-ÊTRE QUE LES JOURNALISTES REUSSIRONT ENFIN A PRONONCER SON NOM CORRECTEMENT.

PARCE QUE TU NE PEUX PAS LE DÉTESTER.

PARCE QUE L’EUROPE LE VEUT ET IL NOUS AURA CHOISI.

PARCE QUE GAGNER LA C1 AVEC LE PSG ÇA N’AURA PAS DE PRIX. ET S’IL NE LA GAGNE PAS, CE SERA NORMAL.

PARCE QU’À MADRID IL NE SERA QU’UN JOUEUR DE PLUS. À PARIS, IL DEVIENDRA « LE » JOUEUR DE PLUS.

PARCE QU’IL POURRA MONTER UN GROUPE DE RAÏ’N’B AVEC MARQUINHOS.

PARCE QU’UN CHANT PARISIEN SUR L’AIR DE « ZORRO EST ARRIVÉ » POUR L’ARRIÈRE PETIT FILS D’HENRI SALVADOR EST DÉJÀ ÉCRIT : « KYLIAN EST ARRIVÉ HÉ HÉ, POUR MARQUER HÉ HÉ ».

PARCE QUE LE NUMÉRO 7 EST FAIT POUR LUI. COMME TOUS LES GRANDS AVANT LUI.

PARCE QU’IL N’Y AURA PAS QUE PASTORE POUR RÉGALER (SURTOUT SI MARCO RESTE).

PARCE QUE CAVANI FERA LE PRESSING ET LES RETOURS DÉFENSIFS COMME 120 FALCAO RÉUNIS.

PARCE QUE SINON NASSER À RIEN.

PARCE QUE LE QATAR NE VEUT PAS FOIRER SON BAROUD D’HONNEUR.

PARCE QUE KYLIAN MBAPPÉ-SG.

The Fresh Prince Of Bondy

Panthéon Panamite

Les talents sont légion, ils sont même des armées,
Les grands sont si rares, nous en sommes désarmés.
Les flots fluctuent, Paris tangue mais jamais ne coule,
Les rats le tuent, et nos pigeons toujours roucoulent.
Leur ambition vulgaire, nerf de leur propre guerre,
Leur donne envie d’un nouvel air, d’une autre terre.
Qu’ils aillent se faire enculer, qu’ils aillent se faire aduler,
Hors d’ici, hors de nos coeurs, hors du PSG.
Qu’ils emmènent leurs dribbles et leurs crêtes chez les culés,
L’or d’ici, celui du coeur, leur restera étranger.
Paris repère les putes qui voudraient faire le mur,
Paris sait être très dur avec ses ordures.

Pur club de perdants, Paris marque les palpitants,
Mais par peur de perdre, manque de ces battants,
Ceux qui luttaient, ceux qui tenaient,
Le tutu bleu, banc, rouge, blanc, bleu,
Du ballet triste des saisons catastrophiques,
Pour seule et unique tunique.
Tunique du coeur, et toi tu niques les nôtres, Marco,
On te croyait unique et rageur, visant haut,
On te croyait magique et sans peur, jouant trop,
Trop bas, trop beau, trop près, trop vrai,
On te croyait parisien plutôt qu’italien,
Trop fort, trop faux, pour nous, Hibou.

Des dix de sortie, il y en eu deux,
Celui qui nous quitta les bras pleins de merdeux,
Les yeux pleins d’un mépris paresseux,
Et celui qui nous quitta comme quitte l’amoureux,
Les yeux pleins de larmes rouges et bleues.
Alors choisis ton dix, lâche ton six, Marco,
Nous on s’en fout, on a déjà Ronaldinho,
Empereur au Panthéon des partis-trop-tôt.
Toi, tu ne serais qu’un de ceux qui sauvent leur peau,
De ceux qui quittent Paris comme on quitte un tripot.

Va gagner ta vie,
On t’oubliera vite.

En quête de Leadership

Le PSG a sans doute laissé filer ses derniers espoirs de titre sur la pelouse de Nice, ce qui pourrait apparaître comme une véritable catastrophe au vu des moyens colossaux et de l’effectif XXL du club de la capitale. Beaucoup de supporters trouveront cette situation anormale et inacceptable parce qu’on leur avait promis dix championnats consécutifs et une hégémonie domestique totale sur les années à venir.


Pour le club, qui peut tout de même terminer la saison avec deux trophées (maigre consolation, certes), le moment est venu de tirer les bonnes leçons de ce relatif échec et de faire ce qu’il faut pour reprendre la main sur la scène nationale et enfin atteindre ce dernier carré de Champions League qu’on nous promet depuis le début du projet QSI.

Certains ne manqueront pas de dire qu’il faut commencer par virer Emery, les mêmes probablement qui trouvaient Blanc totalement incompétent et s’en prenaient à lui à la première occasion (nous ne citerons pas de noms). Il est tellement facile et démagogique de taper sur l’homme du banc. Se séparer du technicien basque serait assurément injuste, d’abord parce qu’il est difficile de juger de la valeur d’un entraîneur sur sa première saison (Conte va gagner le titre avec Chelsea, mais nous parlons ici de façon générale), et aussi parce qu’une grande partie des problèmes du club se situent en amont.

Manque de cohérence dans la réflexion

Question à dix mille dollars : à quoi sert Patrick Kluivert ? Mystère et boule de gomme. Pour devenir un vrai grand club européen, le PSG a clairement besoin d’un directeur sportif compétent, et on ne peut que se réjouir qu’il ait semble-t-il entamé les démarches pour en embaucher un (les noms de l’ancien directeur sportif du FC Porto, Antero Henrique, et de l’actuelle tête pensante de l’Atletico Madrid ont été évoqués). Une grande partie de la réussite d’Emery à Séville s’explique par la relation privilégiée qu’il entretenait avec Monchi.

On a probablement sous-estimé l’importance qu’avait eu Leonardo dans la construction du nouveau PSG, lui qui avait fait jouer à plein ses réseaux en Italie pour attirer Ibrahimovic, Thiago Silva, Thiago Motta, Maxwell ou Verratti, des joueurs qui ont eu un rôle clé dans la croissance du club. Même s’il aide grandement, l’argent ne fait pas tout, et il faut absolument que le club s’appuie sur une politique sportive claire pour franchir un nouveau cap et s’y tienne sur le moyen ou long terme. Il faudra éviter de renouveler des erreurs manifestes dans le recrutement comme Krychowiak ou Ben Arfa. Lucas était censé devenir le Neymar du Parc, et il n’exerce en aucune façon le même rayonnement que son compatriote au Barça. Quand on voit le club poser 30 millions pour Guedes et estimer Mbappé surévalué à 40, on se rend compte du manque de cohérence dans la réflexion globale et la construction de l’organigramme. La direction doit peser plus lourd et taper du poing sur la table lorsque cela est nécessaire. La gestion du cas Aurier, qui a encore donné le mauvais exemple cette saison, a été purement et simplement désastreuse.

Une nervosité presque incompréhensible

Paris possède des joueurs de grande qualité, dont certains ont déjà prolongé (Cavani) ou décidé de rester (Verratti), malgré les appels du pied incessants de grosses pointures européennes, mais un fait ne trompe pas : le PSG s’est raté lors de tous les grands tournants de la saison (les quatre matches de championnat contre Monaco et Nice et le retour à Barcelone). On sait que c’est une équipe qui est capable de jouer extraordinairement bien par séquences et d’atteindre parfois un niveau d’expression collective auquel peu de formations peuvent prétendre, mais elle doit encore apprendre à se maîtriser et garder son self-control lorsque les choses ne tournent pas en sa faveur. Les kilomètres avalés par Matuidi ou Cavani ne suffisent pas toujours à retourner les situations. Paris ne manque évidemment pas de talent, mais souffre d’un déficit  de certitudes et d’assurance, et ce jusqu’aux plus hauts échelons du club.

A Nice, personne n’a su rassurer son monde et rameuter les troupes et les Parisiens ont fait preuve d’une nervosité presque incompréhensible malgré l’ouverture du score adverse : Motta et Di Maria ont pété les plombs en fin de match, Cavani a frôlé le rouge, Verratti a comme d’habitude passé la moitié de son match à parlementer avec l’arbitre et Silva n’a une fois de plus pas joué pleinement son rôle de capitaine. A tous les étages, de la pelouse aux bureaux des dirigeants, le PSG a grand besoin de davantage de leadership et de sérénité. Ce n’est qu’en se trouvant ou en donnant les clés à de véritables meneurs d’hommes qu’il comblera l’écart qui le sépare encore des très grands clubs du continent.

Sauce Paris-Paris

Je n’oublierai jamais la tronche en sang de ce type plus si étranger à la mort ;
pourtant j’ai depuis longtemps oublié ce match contre les sang et or.
Impossible de me souvenir de l’année ou du score comme il m’est impossible d’oublier ce corps languide débarrassé du béton boulonnais par les masses oranges
– cet orange pénitencier des stewards condamnés à perpétuité à ne rien voir –
avec lassitude, comme par habitude.


Ce soir-là, il a payé au prix fort le tort d’être assis. Ainsi, comme Granomort plus tard mais sans défense ni pétard, il a vu fondre sur lui la rage d’un Parc qui n’acceptait plus la tiédeur, qui refusait la laideur d’un homme assis dans le Kop. Pas de souvenir, pourtant, d’une Tottenkopf. Ce n’était pas la haine raciale qui les animait, c’était la haine cruciale d’une tranquillité trop brutale pour une tribune à laquelle n’était proposé alors qu’un ersatz de ce football total qu’elle méritait comme toute femme mérite son animal écharpé. Quelqu’un devait payer, ce serait l’homme assis, celui qui clamait son mal, malade, trop malade pour acclamer, trop peu malin pour voir arriver la furie vitale d’ultras traumatisés par un club moins que normal.

Et c’est ainsi que je fus présenté à la fureur tranquille des ultras traitres entre eux.

Larmes et joie d’être champions
pour la première fois

Une quinzaine d’années plus tard, me voilà, rendu aussi statique par le nombre écrasant qu’extatique, par le grondement qui monte au milieu des fumis frimeurs qui font fondre les plus frigides anti-footix en un fleuve de lacrymo-joie.
Larmes et joie d’être champions pour la première fois de ma vie. Mais la loi du chant arme vite le poing vengeur des vidangés du Parc et les voilà, trop tôt ou trop tard, qui expliquent aux profanes ce que Paris est pour Paris. Enfin cuisinés par nous tous à la sauce Paris-Paris, les joueurs estomaqués constatent alors de leur putain de podium que la vraie richesse de la capitale se situe dans les épices surpuissantes de son Parc exquis.

Les nouveaux princes voulaient la silhouette idéale de la Tour pour l’effet. Triomphants footballeurs sur esplanade fumeuse, Eiffel en toile de fond.
Mais ainsi, soudain, du nuage de fumée rouge et bleue dont la nuée d’ultras en nage se nourrit toujours, émergea la figure terrible du maréchal Foch, monté comme ses hommes sur ses grands chevaux, nous menant, fumi au poing, à l’assaut de l’idée fade que s’étaient jusqu’alors faite les fumistes d’un PSG finalement toujours féroce et à jamais fratricide quand ils pensaient nous faire rêver en lettres capitales avec eux.
Fragile alchimie qu’un Paris heureux, fameux pari que cette chimère de peureux.

Et c’est ainsi que triomphèrent Foch et ses enfumeurs, des vaniteux envahisseurs du fort du Troca.

Si seulement Paris pouvait redevenir
Paris sans Germain

Puis vint le CUP. Trois lettres en forme d’espoir fou, trois lettres qui annonçaient l’oeuvre de cupidon entre un triste Parc et ses utiles ultras ; trois lettres, enfin, qui annonçaient calmement l’ambition de chacun : la CUP, la grosse, l’ultime, la CUP des clubs champions. Tout le monde veut sa part. Cupidon laisse donc déjà prestement sa place aux cupides culs bénis du club capital qui voudraient se réserver le gâteau comme on se réserve une place en loge. Cupidité, stupidité.
Et j’en vois qui se frittent et sens l’unité, déjà, qui s’effrite. Faux collectif de vrais ultras, vrais parisiens d’un faux Paris qui quitte Saint-Germain, je vous plains et crains malheureusement que vous n’arriviez après la bataille ; il n’en reste déjà que la moitié, de ce PSG.

Si seulement Paris pouvait encore nous émerveiller par la magie d’un simple podium de mai, si seulement Paris pouvait redevenir Paris sans Germain, sans Lynx, sans sa mascotte de merde et sa myriade d’amateurs en corbeille ; si seulement Paris pouvait retrouver sa sainteté, celle de Pedro d’Açore ou celle de François d’Assise qui réclame l’obole pour les places assises quand tout le monde est déjà debout. Si seulement Paris avait vraiment besoin de nous, de vous, en somme, alors Paris pourrait retrouver Saint-Germain et son âme, les gradins. Prions donc pour qu’un jour nos ultras soient vraiment de retour.

Car si son sud est toujours désert, son nord est à nouveau sincère, et c’est bien là son or à ce Parc timoré, qui ne demande qu’à être raffiné et qui en son centre n’a, à nos yeux, jamais manqué de pierres précieuses.

Noéstalgique

Monaco, une chanson

Un admirateur anonyme de Virage a envoyé à la rédaction une pièce de William Shakespeare en un seul acte, totalement inédite, héritée de son grand-père, récemment décédé. Il tenait absolument à ce qu’elle soit publiée ici et nulle part ailleurs. Intitulée “Monaco, une chanson !”, cette tragédie écrite au seizième siècle démontre le génie de l’auteur anglais, dans sa capacité à encore et toujours devancer l’Histoire et raconter les hommes sans fard, tels qu’ils sont. Évènement.


Pourquoi pleurez-vous ainsi, jeune homme ?

Parce que le football est mort, Monsieur, et que mon coeur a cessé de battre.

Mais enfin, vous perdez la raison ! Hier encore, sur une chaîne à péage, j’ai pu admirer les joueurs du Rocher défaire ceux du Prince Aulas.

Vos yeux vous mentent, j’en ai peur et vos émotions trahissent l’homme des temps nouveaux que vous avez toujours été, même sans le savoir. Vous n’êtes rien, vous êtes le pire et vous avez gagné.

Il ne sert à rien de résister, cher ami et je vous conseille d’épouser au plus vite les normes nouvelles, afin de plonger dans cette nouvelle ère avec joie et confiance…

Taisez-vous, maintenant, sans attendre ! Il y a trop de nouvelle dans votre phrase pour ne pas vous désigner comme un ignoble conspirateur. Je voulais de l’absolu, du vertige, de l’appartenance, un combat et vous ne m’offrez que statistiques, sponsoring et arbitrage vidéo. Vous puez la mort, vous incarnez l’indicible. Vous me dégoûtez.

Les grands mots ne mènent qu’à la solitude et au cimetière. Alors quoi, l’arbitrage vidéo, ce n’est pas un progrès peut-être ? Vous préfèreriez certainement l’injustice, le vol, la main de Dieu ?

Puis-je vous gifler ? Il me semble que ce serait plus efficace qu’un long discours. Vos oeillères dévoilent votre cynisme, vous êtes un optimiste, ou plus grave encore, un Américain.

Il ne veut pas gagner, il veut vivre

Poursuivez, je sens que cela va me plaire…

L’homme se construit dans la tension, les larmes et la frustration, toujours. Il ne veut pas gagner, il veut vivre. Si Battiston avait dribblé Schumacher et que le ballon était allé au fond, le football serait resté un sport, une activité de week-end, un hobby… Cette défaite terrible, elle a donné naissance à des milliers de fidèles, comprenez-vous ? Elle a transcendé, elle a emporté, elle a tatoué les esprits des plus sensibles, elle a…

Pardonnez moi de rire ainsi mais vous délirez. Un coup de sifflet, une vidéo et l’Allemagne finit à dix et la France l’emporte. L’expression pure de la justice et vous ne pouvez pas le nier !

La justice ! La justice ! Ce n’est plus un mot mais un passeport pour la réalité, cette chose débile et qui n’a jamais existé. L’arbitrage vidéo va tuer cette seconde magique, quand des milliers d’âmes explosent alors que la balle franchit la ligne. Elle va détruire le rythme du football, son ADN en somme. Elle va permettre les coupures publicitaires, elle va donner envie aux couillons de l’autre côté de l’Atlantique de s’amouracher d’un jeu qui ne leur ressemble pas. La justice n’existe plus. Vous assumez presque fièrement dix millions de citoyens français précaires, vous ne faîtes rien, vous vous en contentez mais il faut absolument que le football devienne cette chose incorruptible, sans erreur. Vous n’êtes qu’un hypocrite, un petit épicier… Et Maradona vous emmerde, en passant…

Les sondages, eux, me donnent raison. Les Français ont validé la vidéo…

Quels sondages ? Quels Français ? Les vôtres, pas les miens. Hier soir, quand Aulas décide de fausser le championnat de France en envoyant son équipe C contre Monaco, on ne vous voit pas monter au créneau…

Il y a tout de même ces deux matchs contre l’Ajax… C’est important, ça, pour le football national, l’indice UEFA…

Dieu est facétieux et surtout, il n’a jamais aimé les petits calculs mesquins. Nous serons nombreux, dans quelques jours, à souhaiter une défaite des Lyonnais en terre batave. Vous représentez cet esprit libéral détestable mais quand cela vous arrange, la Nation redevient quelque chose d’important… Bouffon !

Les insultes, toujours les insultes. Rejoignez Bastia, c’est un club qui me semble fait pour vous. Toute cette rancoeur, c’est diablement triste à l’heure où tout est entrepris pour clarifier la situation, pour purifier le sport préféré des Français.

Vous avez effectivement une bonne gueule de purificateur. Vous me faîtes penser à ces consultants sur Canal + qui se sont tranquillement transformés en supporters. En coach adjoint de Monaco. Quand ils commentent Paris, c’est à vomir. On devine leurs doigts croisés, leur désir ardent de nous voir chuter…

J’accepte la défaite, elle est en moi

C’est donc cela ! Vous aimez le PSG… Je comprends mieux maintenant…

Qu’avez-vous compris ? Hein, dîtes moi ?

Vous risquez de perdre votre titre cette année et ça ne passe pas. Vous allez me parler d’arbitrage orienté, de décisions louches, de médias qui s’acharnent, d’une remontada suspecte tant que vous y êtes ? Le supporter parisien a toujours été un grand paranoïaque…

Vous voyez, de parler ne sert à rien. J’ai aimé ce club trente ans, j’ai encaissé toutes les vannes possibles, je n’avais vu les miens soulever le trophée en championnat que deux fois avant l’arrivée des Qataris. J’accepte la défaite, elle est en moi. Ce n’est pas le problème.

Et alors ? Quel est le problème ?

L’époque. Vous. Tous les autres. L’Équipe, et ses camarades de trahison, quand elle souhaite publiquement la victoire de Barcelone, les institutions quand elles interdisent les déplacements de supporters, les dirigeants quand ils augmentent les abonnements pour ne s’amuser qu’entre riches, le peuple, quand il acclame l’arrivée de la vidéo, Paganelli quand il célèbre en direct les buts adverses et suce Cavani en fin de match après un nouveau match irréprochable, tous ceux qui parlent de Monaco comme d’un club au budget modeste, ceux encore qui croient en une victoire monégasque en ligue des champions…

Parce que vous, vous n’y croyez pas ?

Je crois en l’incertitude, en la peur, en la mort, en l’appartenance, êtes-vous sourd ? Et je n’oublie pas que Platoche a joué à la Juve.

Et ?

Et qu’il sera là, dans mon coeur, pour aider la Juve a mettre fin au rêve de grandeur de Jardim et de ses Russes.

Mais, les points UEFA, les…

Qu’est ce que j’en ai à foutre de tes points UEFA, de ta Goal Line Technology, de tes tribunes pacifiées, de tes sermons de démocrate faux cul ? Rien ! Rien à foutre, hahahahahahah !

Je n’ai que PASTORE et je vous emmerde

Votre comportement n’est pas digne d’un adulte responsable…

Non, c’est vrai. Et c’est tout ce qu’il me reste. Vous, vous avez la justice, le droit, le fric, les grandes idées, le progrès, les médias et moi, je n’ai que PASTORE et je vous emmerde.

Vous validez même sa nouvelle coupe blonde ?

Cette gifle, c’est pour ton blasphème, connard ! PASTORE fait ce qu’il veut, sur le terrain, chez son coiffeur ! Ce qu’il veut !

Mais vous m’avez frappé, je vais porter plainte !

Je t’en prie, fais vite, la justice n’attend pas. Tu aurais dû filmer la scène, c’est idiot. La preuve aurait été faite et j’étais condamné.

Vous ne me vouvoyez plus ?

J’ai mieux à faire. Je dois aller chez Conforama. Mon canapé est mort.

C’est terrible !

Non, c’est la Ligue 1.

FIN

Le courage avant le talent

Depuis le cataclysme du Camp Nou, le PSG a enchaîné six succès, dont deux à l’extérieur, et surclassé en finale de Coupe de la Ligue une formation monégasque qui signe une saison de toute beauté et risque fort de rentrer dans le dernier carré de la plus relevée des compétitions de clubs. Beaucoup d’équipes se seraient totalement effondrées après une telle claque, doublée d’une terrible désillusion, puisqu’il est certain que Paris est supérieur à Barcelone cette année et que ce 6-1 surréaliste relève de l’accident industriel et ne reflète guère un quelconque écart de niveau.

On pouvait clairement imaginer le pire : lâchage complet, démotivation à tous les étages, explosion du groupe, faillite des leaders supposés, manifestations de velléités de départs dans la presse et autres fâcheuses conséquences. Or il se trouve que ce Paris humilié, martyrisé, raillé, vilipendé, encaisse admirablement le coup et obligera certainement jusqu’au bout Monaco à ne pas commettre le moindre faux pas.

Il ne faut surtout pas oublier Thiago Motta

Il convient de souligner le rôle prépondérant de certains joueurs clés qui ont permis de maintenir le navire à flot dans cette période plus que délicate (on peut même carrément parler de cauchemar éveillé). Marco Verratti a continué à jouer les meneurs de jeu reculés avec sa justesse et sa maestria habituelles mais a su faire preuve de davantage d’agressivité dans le combat et la récupération, comme en attestent ses dix ballons grattés à Angers. Blaise Matuidi, souvent injustement critiqué, a montré l’exemple par son attitude et sa détermination, tandis que Kevin Trapp, dont il faut se souvenir qu’il cirait le banc en début de saison, a sorti quelques arrêts de haute volée et s’est montré décisif dans les moments où ses partenaires courbaient l’échine et menaçaient dangereusement de rompre.

Et il ne faut surtout pas oublier Thiago Motta, un joueur que l’on a eu tendance à mettre en retrait avec l’émergence de Rabiot, mais dont l’expérience, le calme et l’assurance ont fait un bien fou au collectif ces dernières semaines. Ce n’est pas un hasard si Emery n’a pas hésité à s’appuyer sur lui à nouveau et à le faire remonter dans la hiérarchie de ses options au milieu.

Bref il s’occupe quasiment de tout

Si un homme symbolise le comportement remarquable d’une équipe blessée dans sa chair mais qui refuse de verser dans le défaitisme et la morosité, c’est bien Angel Di Maria. L’Argentin, extraordinaire lors du match aller face au Barça, aurait pu, aurait dû être le héros du huitième de finale et le grand artisan de la qualification. Au lieu de sombrer dans la dépression, il porte littéralement l’équipe sur ses épaules et ses statistiques individuelles depuis l’élimination en CL sont excellentes. Paradoxalement, alors que le club a dû douloureusement faire une croix sur ses ambitions européennes (et ne perdons pas de vue que le recrutement de Di Maria était censé faire passer un cap au club sur l’échelle continentale), Di Maria n’a peut-être jamais été aussi fort sous le maillot parisien.

Il marque et fait marquer, il élimine et crée des différences balle au pied, il débloque les situations, il rayonne et fait briller les autres, bref il s’occupe quasiment de tout en phase offensive, avec la complicité de Pastore et d’un Cavani toujours irréprochable. La réponse à la question que beaucoup semblaient se poser depuis un bail est désormais évidente : avec Di Maria, le PSG a mis la main sur un très grand joueur et un élément de classe mondiale.

L’équipe se serre les coudes dans la baston

On parle souvent dans les médias de nonchalance, de facilité, de désinvolture au sujet du PSG. On lui reproche de souvent faire preuve d’une forme de complexe de supériorité dans le cadre des compétitions hexagonales, qu’il a pris l’habitude de remporter haut la main et sans toujours forcer. Cette saison, l’équipe de la capitale est sérieusement dans le dur et pourrait perdre son titre au profit de Monaco, dont l’incroyable parcours est venu totalement changer la donne sur la scène domestique.

Dans ce contexte beaucoup moins confortable et moins propice à la confiance, l’équipe se serre les coudes dans la baston et sait mettre le bleu de chauffe et les mains dans le cambouis quand il le faut. Depuis l’arrivée des millions de QSI et des stars internationales, le club dégage une image bling-bling de nanti et de privilégié, composé d’un agrégat d’individualités surdouées presque aberrant pour le petit monde de la Ligue 1. Mais depuis la débandade historique de ce funeste 8 mars, le comportement de l’équipe et sa volonté de ne rien céder forcent l’admiration et le courage des joueurs compte autant, si ce n’est plus, que leur talent.