Interview

Collection « AU PARC »

A l’occasion du lancement de « AU PARC » on a posé quelques questions à
LAURENCE BOULANGER, directrice artistique chez BLUNE.
Elle a participé à la création de cette magnifique collection.
Ça vous changera de vos maillots Vintage Liptonic ou Opel.
Et il y en a pour toute la famille.


« AU PARC » c’est quoi en fait ?

Commune de Paris et Blune, deux marques de mode parisiennes, se sont alliées avec le PSG le temps d’une collection inédite.
Commune de Paris a revisité ses classiques aux couleurs du PSG pendant que Blune a décliné une ligne sport pour femmes et enfants.

Tu peux nous présenter Blune ?

C’est une marque pour femme et enfant créée par une blonde et deux brunes d’où le nom de notre marque = Blune. Un brushing improbable !
En tant que graphistes on ne faisait que des tee-shirts au début puis ça s’est agrandit au fil des succès.

Comment est née cette idée de collection ?

Tout a commencé avec une histoire très mignonne. Un pote de mon mari, qui est un grand supporter du PSG, nous a dit un jour qu’on devrait réfléchir à un projet de Tee-shirt pour père et fils. L’idée lui est venue un jour où il est parti de chez lui pour aller à un match du PSG. Son fils le voyant partir lui a demandé où il allait. Il lui a répondu « Je vais au parc« , et son fils s’est mis à pleurer en pensant que son père partait au parc dans le quartier sans lui. Il nous a raconté cette histoire durant l’été 2016. On a tout de suite trouvé l’idée très bonne et pourtant ce n’est pas mon univers. Mais ce côté double-sens était génial. Et comme on aime les idées qui réunissent les gens et les belles histoires, on a dit banco.

Comment est née la collaboration avec Commune de Paris ?

On avait besoin d’une marque pour homme afin de travailler sur ce projet. On a donc contacté Commune de Paris qui a été tout de suite était partant. On a fait ensemble une première maquette pour un sweat avec un logo « Je vais au Parc ». On a demandé leur avis aux gens de la boutique Colette à Paris. Ils ont trouvé ça cool et nous ont proposé de soumettre le concept au PSG directement, car ils avaient déjà travaillé avec eux.

Le PSG a été intéressé ?

Oui et très vite. Au bout de deux jours on avait déjà calé un RDV au siège du club.
Lors du RDV les gens du PSG nous ont tout de suite dit qu’il fallait voir plus large, plus ambitieux et qu’il fallait étendre la collection aux femmes et aux petites filles. Que l’idée était bonne et qu’ils étaient près à nous aider. Du coup ça nous a mis un coup de pression car du simple projet de sweat, on passait au design de toute une collection… On n’était pas près pour ça. Et surtout ça nous a demandé une vraie réflexion sur la partie femme pour trouver un design et des codes qui correspondent à notre touche, à notre style et aux femmes en général. Il fallait aussi que l’écriture fasse PSG mais qu’il y ait également un côté décalé. Mais ce qui nous réunit c’est le graphisme et on a donc trouvé cette idée de bouche avec les dents suggerés par la Tour Eiffel.

Le nom de la collection a changé pour « AU PARC » ?

Oui car il fallait que ce soit simple, court, direct. Au départ on avait pensé à « TOUS AU PARC » et à « JE VAIS AU PARC » mais ce n’était pas évident.

Le PSG est satisfait du résultat final ?

Oui très, et ils nous ont vraiment laissé carte blanche même si ils nous ont conseillé sur les grandes lignes. Ils vont bientôt vendre la collection dans leurs boutiques et sur leur shop en ligne. Ils sont à la recherche de ce type de projets car d’un point de vue image ça colle avec ce qu’ils veulent construire. Des gammes de produits qui ont cette image parisienne, artistique, qualitative et décalée. Ils aiment le travail bien fait. Toute la collection est produite en série limitée au Portugal. (ndlr : sans doute un clin d’oeil à Pedro Miguel Pauleta, un homme qui aimait la précision et la rigueur).

Où trouver la collection ?

Au Pop Up Store « AU PARC » qui dure jusqu’au 9 décembre 2017 : 121 rue vieille du temple 75003 Paris
Sur le site de Blune : cliquez ici
Sur le site de Commune de Paris : cliquez ici

Michel Kollar

Ça fait près de 30 ans qu’il suit de près le PSG. Il est incollable sur l’histoire du club.
Il en est même devenu la mémoire vivante. A l’occasion de la sortie de son livre
« 100 histoires extraordinaires du PSG » on a rencontré Michel Kollar
pour parler du passé mais aussi du futur.


Comment commence ta passion pour le PSG en tant que supporter ?

Vivant en région parisienne, et aimant le football, je me suis naturellement intéressé au PSG. C’était au milieu des années 80. Le club commençait à avoir un style de jeu sympa et il se passait toujours quelque-chose au Parc des Princes. J’ai eu la chance d’arriver à voir beaucoup de matchs en 1984 et à suivre le titre de champion de France de la saison 1985/86. C’était merveilleux surtout vu que c’était le premier. Je me suis vraiment attaché à cette équipe et à certains joueurs.

Qui en particulier ?

Surtout à Safet Sušić. Il avait quelque-chose que n’avaient pas les autres. Je me souviens de cette phrase de Toko (ndlr : Nambatingue Toko, attaquant du PSG de 1980 à 1985) qui m’avait dit que ce qui était incroyable chez Sušić c’est que lors des matchs au Parc, quand les spectateurs criaient lorsqu’ils voyaient un joueur démarqué à droite, tu pouvais être sûr que Safet allait l’envoyer à gauche. C’était quelqu’un qui sentait le football de manière artistique, et qui rendait ce sport beau. Et puis il a eu cette faculté à rester au PSG très longtemps (ndlr : de 1982 à 1991), d’en devenir le capitaine, d’être surnommé le Papé… mon premier amour footballistique avec le PSG c’est bien lui.

Le Papé volant

Tu l’as déjà rencontré dans le cadre de ta carrière ?

Oui. Je ne dirais pas que c’est une déception mais c’est quelqu’un de très discret. J’aimerais le faire venir au club mais ce n’est pas facile. C’est un personnage assez froid, un vrai homme de l’est. On a failli le faire venir au Parc mais il venait de se faire opérer d’une hanche, et il ne voulait pas qu’on le voit comme ça, affaibli.

Il y a comme un côté légendaire

Tu as déjà été abonné au Parc ?

Oui dans les années 80. Les places étaient vraiment accessibles. J’étais en tribune Boulogne et c’était le seul endroit où les vrais supporters du club pouvaient se réunir. Il arrivait qu’on aille derrière les buts adverses à la mi-temps, côté Auteuil, alors que normalement on n’avait pas le droit de le faire. On passait d’une tribune à l’autre. Il y avait quelques barrières de cassées au passage…

Tu as fait partie d’un groupe de supporters ?

Oui, les Firebirds. On était un groupe de copains. C’est intéressant d’ailleurs comme cette génération a laissé des traces auprès des plus jeunes aujourd’hui qui s’intéressent à l’histoire des tribunes parisiennes. Il y a comme un côté légendaire, c’est assez surprenant.

Groupe de Firebirds en déplacement en 1987

De par ton rôle d’historien au sein du club, tu as justement l’intention de mettre en valeur cette histoire des groupes de supporters ?

Oui mais ça reste surtout des discussions informelles avec les supporters. Je réponds à des questions particulières surtout via mon site www.paris-canalhistorique.com. Il y en a une qui me vient tout de suite à l’esprit c’est comment le hooliganisme est « officiellement » rentré au Parc des Princes. C’était un soir de demi-finale de coupe de France au Parc, lorsque Charles Bietry est venu interviewer des skinheads. Je n’ai pas assisté à cette interview mais je me souviens de Charles Bietry qui est sorti choqué de cette tribune avec la moitié du casque abimé. On a fabriqué un espèce de monstre en fait. Les supporters du PSG n’étaient pas des anges bien-sur, il y avait certaines rivalités, mais il n’y avait pas cet amalgame avec la politique qui est ensuite arrivé à Boulogne.

On venait surtout pour s’amuser

Il y a aussi des histoires plus positives à raconter.

Bien-sûr, notamment la création de la tribune K que le club a mis à disposition des supporters avec des places à prix très bas pour essayer de faire venir les plus jeunes. Mais bon les jeunes supporters qui s’intéressent à tout ça ne sont pas nombreux aujourd’hui, et puis ils ont tendance à un peu sur-estimé toute cette époque. Il y a un côté nostalgique. Mais il faut savoir qu’à l’époque qu’on pouvait complètement supporter le PSG sans être dans une logique ultra, ou violente. Le stade n’était pas souvent plein et on venait surtout pour s’amuser, c’était un truc de potes, avec pas beaucoup d’organisation comme ça l’est aujourd’hui avec les tifos. C’était différent.

Epoque Ronnie « Favela Chic » en 2002

Comment as-tu fini par travailler pour le club ?

C’est une drôle d’histoire. J’étais collectionneur de programmes du PSG. J’en ai de très anciens. Je souhaitais étoffer ma collection et j’ai fait une demande au magazine du club. C’était Christian Gavelle, le photographe du club, qui y écrivait et c’est lui qui m’a gentiment répondu. Il m’a proposé de nous rencontrer. C’était au début des années 90. On s’est tout de suite très bien entendu. Et j’ai eu le culot de lui dire que le magazine ne parlait jamais de l’histoire du club. Il m’a pris au mot et m’a proposé d’écrire une page sur l’histoire du club par magazine alors que je n’étais pas journaliste ! Il ne pouvait pas me payer et pouvait me donner des places, trouver un arrangement quoi. J’ai dit banco. J’ai fait une série « PSG Story » en 1992 avec 14-15 épisodes. Ça a commencé comme ça puis Canal Plus a apporté des modifications au magazine. Au fil des années je suis devenu pigiste pour le PSG. En 2002 j’avais une activité dans une société familiale de commerce. Je ne pouvais plus assumer les deux fonctions, donc le PSG m’a proposé un contrat. Je suis devenu salarié du PSG de 2002 à 2004. En 2004 le magazine a été vendu par Francis Graille à Panini car il souhaitait faire des économies. J’ai malgré tout continué à écrire. A entretenir des liens forts avec les anciens joueurs, comme Jean Pierre Dogliani qui était un homme exceptionnel (ndlr : Attaquant de 1973 à 1976 au PSG, décédé en avril 2003). Je les suivais partout comme le petit jeune que j’étais, c’était super de les écouter raconter leurs anecdotes. Ça permettait de connaitre l’envers du décors.

Aujourd’hui quel est ton rôle au PSG ?

En fait il y a plus de 2 ans, le club m’a recontacté pour me faire travailler en externalisé sur l’indexation et la numérisation des photos de Christian. Ils avaient aussi besoin de mes connaissances historiques. Et puis depuis le 1er octobre 2017 je suis salarié du PSG. C’est amusant car 14 ans après mon départ je suis de retour au club ! Mais j’ai de nouvelles missions d’un point de vue communication sur certains dossiers supporters, c’est très intéressant.

Avec « Tchouki » Djorkaeff

Peux-tu nous préciser quelles missions on t’a confiées ?

Déjà sur tout ce qui est historique, je dois m’occuper des événements qu’on peut avoir sur des anniversaires. Je continue l’indexation photo. Et je travaille avec le service communication du club pour faire le lien avec les sites de supporters non officiels. Ça permet la discussion et d’avoir une vraie cohésion entre le club et les fans. Car on s’est rendu compte que beaucoup du supporters étaient prêts à aider le club pour le faire avancer, donc il y a une réflexion interne là dessus. Et puis l’important c’est de montrer que le club a une histoire, que tout le monde en ait conscience. Et de valoriser le club à travers son passé. Valoriser l’actif grâce à l’histoire.

Tu essayes d’être le haut-parleur des supporters auprès du club en quelque sorte ?

Tout à fait. Et puis c’est intéressant de savoir ce que pensent les supporters sur l’actualité du club. Le PSG a compris qu’il n’y a pas que le développement international. Il faut écouter et répondre aux attentes des fans français, ceux qui vont au stade. Et grandir avec eux.

Avec Laurent Fournier

Quels sont les prochains chantiers à court ou moyen terme pour toi au sein du club ?

Déjà accompagner le club dans son objectif prioritaire : gagner la ligue des Champions. Je pense que du supporter jusqu’à n’importe quelle personne qui a travaillé ou travaille au club, on attend tous ce moment. Mais surtout comme je te l’ai dit, réunir la famille du PSG.

Un musée digne de ce nom

Je reviens sur ta collection personnelle liée au PSG. Sais-tu ce que tu feras de ce « trésor » dans l’avenir ?

J’y pense sans y penser. Je ne suis pas très fétichiste et je sais que des collectionneurs de maillot seraient prêts à tout pour récupérer certaines pièces. Moi ça me fait un tout petit peu peur ce côté jusque boutiste. En fait mon rêve ultime serait que le PSG monte un musée digne de ce nom. Je pense que c’est dans les projets, mais il y a un problème lié à l’emplacement. Pas facile de trouver le bon. Le Parc n’est pas pratique pour accueillir ce musée car ça manque d’espace. Mais si un jour le PSG me demande de mettre à disposition une partie de ma collection, je le ferai car je reste au service du club.

Aujourd’hui quelle serait selon toi ta plus belle pièce ?

Plus que des pièces j’ai des souvenirs. Mais j’ai un maillot « Canada Dry » de Jean-Pierre Dogliani qui était pour moi une idole. j’ai tendance à dire que tous ces objets n’ont pas de prix car je ne me vois pas les vendre. J’ai aussi le maillot rouge de 1970, le premier. Mais il faut savoir que le club stocke beaucoup de choses en ce moment en prévision de ce musée qui arrivera un jour. Mais c’est compliqué de donner une date. L’ambition c’est de faire quelque chose d’exceptionnel comme tout ce qui est fait aujourd’hui depuis l’arrivée des nouveaux investisseurs. C’est comme pour le centre de formation, ils veulent que ce soit l’excellence. On ne peut pas faire moins bien que le Real ou le Barça.

Avec les joueurs de l’équipe de 1970

On parle d’histoire depuis le début de notre interview. Mais sens-tu aussi une volonté du club d’inculquer ces valeurs d’institution auprès des joueurs ? On a tous en mémoire les erreurs de communication de Zlatan ou de Thiago Motta qui ont pu choquer les plus anciens.

Je pense que des propos comme ceux de Zlatan Ibrahimović, on ne les reverra jamais. Le choix de ne pas garder Zlatan c’est peut être aussi la conséquence de certains de ses propos. Ça a été mal perçu par les anciens joueurs mais aussi par la direction du Club. Le Président tient à mettre en avant le patrimoine du PSG. Et peu de gens le savent, mais on essaye d’inculquer ces valeurs aux jeunes joueurs dès la pré-formation. Ça passe par des commissions dont une à laquelle je participe où on organise des quizzs pour les plus jeunes en leur posant des questions sur l’histoire du club sous forme de jeux. On parle souvent du vivier de l’île de France mais beaucoup de jeunes au centre ne sont pas originaires de la région et n’ont pas cette éducation PSG. L’idée c’est que les futurs Rabiot connaissent parfaitement le club et s’épanouissent tout en s’identifiant au PSG. Mais il y a aussi un projet sportif et commun. Des ateliers ont été montés pour chaque poste sur le terrain. Les plus âgés, ceux de la CFA, viennent animer ces ateliers spécifiques avec les plus jeunes. C’est nouveau et c’est très intéressant car on veut que ces jeunes, même en terme de jeux, ait l’identité PSG.

Ce sera quelle type d’identité ?

On le voit bien à travers nos jeunes joueurs. Il y a une volonté de possession de balle, d’équipe qui fait le jeu. Le PSG n’est pas et ne sera pas une équipe de contre. Le but c’est de bien magner le ballon, des latéraux jusqu’aux attaquants. Mais ce sont des considérations techniques, je ne suis pas le mieux placé pour en parler.

Epoque Ronnie 2017

Tu sens qu’aujourd’hui dans l’équipe première, certains joueurs se sentent de plus en plus investis sur ce sujet ?

Je vais te prendre l’exemple de grands joueurs arrivés en 2012. Thiago Silva, Thiago Motta, Marco Verratti ou Maxwell. A l’époque on pensait qu’ils ne venaient que pour l’argent et pas pour le projet. Aujourd’hui ils sont toujours là. Je mets au défit quiconque capable de me dire qu’en 2012 il pensait que ces joueurs seraient encore là en 2018. Aujourd’hui on pourrait poser la même question sur Neymar. Certains pensent qu’il ne va pas rester et partir au Real… Et puis à part Ibra qui n’est pas parti à cause du projet mais parce que le club a fait un choix fort entre lui et Edinson Cavani, ils sont quasi tous restés. Et pourquoi ? Parce qu’ils croient au projet. Et cette ossature d’anciens permet de dire qu’il y a de vraies valeurs qui sont véhiculées au sein du vestiaire.

On ne va pas faire les vieux cons

Parlons de 100 histoire extraordinaires du PSG. Tu as déjà publié plusieurs ouvrages consacrés au Club. Qu’est ce que celui-ci a de différent ?

Je me suis inspiré d’un livre que j’avais écrit il y a une dizaine d’années qui s’appelait « Tout et même plus sur le PSG ». C’était des petites anecdotes de 4 ou 5 lignes. Là on* a essayé d’aller plus loin. Comme je le disais au début, il se passe toujours quelque-chose au PSG. C’est un club à l’image de Paris, une ville qui bouge. Et puis les supporters ont changé depuis plus de 10 ans. Donc l’envie c’était de raconter toutes les histoires qui font la richesse de ce club. D’hier et d’aujourd’hui.

Comment as-tu hiérarchisé ton travail vu la quantité importante d’histoires à raconter ?

J’ai bien sur consigné beaucoup d’histoires au fil de ma carrière et c’est vrai qu’aujourd’hui c’est plus difficile d’avoir accès aux joueurs et à leurs anecdotes car tout est un peu plus aseptisé. Quand j’étais jeune, on pouvait aller au Camp des Loges et pouvait parler au joueurs après les séances d’entraînement. Il y avait une vraie proximité qui n’existe plus aujourd’hui pour des raisons de sécurité. On ne va pas faire les vieux cons, le football a juste évolué. Je ne suis pas sûr que je pourrai nouer des liens aussi forts avec Mbappe ou Cavani que ceux que j’ai eu avec Toko, Dahleb ou Pilorget. Ils sont moins accessibles et beaucoup plus entourés. Mais on a croisé les sources et on a fait le tri entre mes archives et celles des autres. On a fait un choix avec Baptiste qui était surtout affectif. Mais on peut faire encore 2-3 volumes. En tout cas on a eu aucune restriction de la part du Club.

Le mystère Živko Lukić

Si tu devais retenir une anecdote parmi toutes celles que tu as relatées, ce serait laquelle ?

Il y a une histoire que je n’ai pas encore fini de découvrir qui est celle du premier joueur étranger du PSG. Il s’appelait Živko Lukić. Il n’a joué qu’un match sous les couleurs parisiennes. Je me suis toujours posé la question de son arrivée au PSG. Il avait une réputation de bon joueur. Il était international junior, il venait du Partizan Belgrade. Il fait un match, joue 45 minutes et est tellement ridicule qu’il ne reste pas. J’ai interrogé ses anciens co-équipers parisiens, mais ils avaient très peu de souvenirs. J’ai donc interrogé l’historien du Partizan Belgrade mais il y avait très peu de trace à part un match amical. Donc la question qui s’est posée c’était de savoir si ce joueur n’était finalement pas un « fake » ce qui pouvait encore arriver dans les années 60-70 avec des histoires de faux CV. Et de fil en aiguille cet historien du Partizan a fini par retrouver son fils et ça a été une rencontre exceptionnelle. Ce garçon parle très bien français et m’a raconté que son père, qui est décédé depuis, a eu une histoire incroyable que je raconterai sans doute plus tard, mais qu’il avait des vraies raisons de venir en France. Plus tard après sa carrière il est devenu prothésiste dentaire, il a eu un destin qui sort de l’ordinaire… Mais il restera à tout jamais le premier joueur étranger à avoir porté les couleurs du Club et c’est ça que j’aime, c’est raconter ces histoires…

*Michel a co-écrit le livre avec Baptiste Blanchet


100 Histoires extraordinaires du PSG – Disponible chez Solar

 

 

 

 

 

 

 

 

Xavier Chevalier

Voici excatement ce qu’il s’est passé…

Nous sommes le 20 octobre 2004. 3è journée de Ligue des Champions.
Le Paris Saint-Germain reçoit le FC Porto, champion d’Europe en titre.
Paris n’a pas encore gagné ni inscrit de but en C1.
30è minute de jeu, Charles-Edouard Coridon ouvre le score d’un but exceptionnel :
un “coup du scorpion“ face à l’un des meilleurs gardiens du monde.
Improbable et magique. Mais que s’est-il passé ? Il raconte…


« Je vais essayer de vous dire ce qu’il se passe exactement dans ma tête : quand je vois Stéphane Pichot centrer, j’ai l’impression que Pauleta et Reinaldo sont devant aux 1er et 2ème poteaux, comme si on formait un triangle.

Je vois la balle arriver, je n’ai pas le temps de reculer, je cherche à la ramener devant moi. Ce n’est pas quelque chose qui m’angoisse, j’aimais énormément jongler avec l’extérieur du pied à l’entraînement. Pied gauche, pied droit, tête, j’aimais travailler les gammes, faire des enchaînements, tenter des ailes de pigeon.

Entre le talon et la malléole

La balle arrive vite, mais pas non plus très vite. Le fait de la renvoyer comme ça, en perpendiculaire, c’est quelque chose que je n’avais jamais fait. C’est totalement instinctif. Aujourd’hui je me dis que, inconsciemment si j’ai tenté ce geste, c’est que techniquement, je me sentais à l’aise avec mon extérieur du pied.

Le 27, un numéro de magicien…

Je regarde où va la balle, et là…

Si on regarde bien, Vitor Baia (gardien du FC Porto) fait deux petits pas à droite comme pour anticiper. Moi, j’envoie la balle à l’opposé. Je la frappe avec la partie vraiment extérieure de mon pied, entre le talon et la malléole. Ce qui est étrange, c’est que la trajectoire prend le gardien à contrepied. Je ne le fais pas exprès. Avec le geste que je fais, impossible d’analyser tous les paramètres en amont…

Quand je retombe, je regarde où va la balle, si elle ne va pas trop loin. Là, je la vois qui entre dans le but. Je suis surpris même si sur les images, je n’ai pas l’air trop surpris. En fait sur le moment, je n’ai pas la sensation d’avoir marqué un but ‘extra-ordinaire’, ni même un but en Ligue des Champions. Je crois que si j’avais mis ce but à l’entraînement, j’aurais été aussi content. Sur le moment, je suis simplement content de marquer…

Ce n’est qu’après que je me dis : ‘ah oui quand même, en face c’est Vitor Baia, l’un des meilleurs gardiens au monde ’. Après coup, j’étais super content, fier. C’est un but formidable.

La fierté des nôtres

Avec Stéphane Pichot, on s’est un peu chambrés après la rencontre. Je lui dis : ‘J’ai dû rattraper ton centre… Je le voulais plus vers l’avant…’ Lui, me dit : ‘La balle, je l’ai mise exactement comme je voulais la mettre, je savais que tu en étais capable’. C’est cool, même si ce fut une saison difficile.

Une étincelle dans une saison moribonde

Je dirais que ce but, c’est comme une étincelle pour moi dans une saison galère, on peut même dire : moribonde. En Ligue des Champions, on finit 4ème, on n’est même pas repêchés en Coupe UEFA. Collectivement, la saison a été éprouvante et à titre individuel, je n’ai jamais été à mon aise. Je jouais souvent blessé et après le départ de Vahid (février 2005), j’ai été mis à l’écart. Une fin de saison très dure.

Autant être honnête, je ne suis pas fier de mes prestations avec le Paris Saint-Germain. Il n’y a rien à retenir à part peut-être mon but, mon unique avec Paris. Le reste, je n’en suis pas trop fier…

On retiendra quand même quelques tâcles…

J’aurais pu me sentir plus en confiance après ce ‘coup du scorpion’. Mais non. J’étais touché par des blessures, genou, adducteurs… Je jouais quand même et aussi mentalement j’aurais dû être plus costaud.

J’ai souvent joué, par défaut

Je crois que mon 1er problème à Paris, ça a été le mental. Peut-être le problème numéro 1 dans ma carrière. Physiquement, c’était compliqué au PSG. Mentalement je n’ai pas fait le maximum, je me suis un peu laissé aller.

Le problème numéro 2 ce sont les coupes de cheveux…

Quand je suis arrivé, la saison avait déjà commencé. En 2004, j’ai quitté Lens alors que j’adorais ce club. J’avais l’impression d’être incompris. Je suis parti faire des essais au Celtic, puis en Angleterre. A Portsmouth, Harry Redknapp voulait que je reste, mais il me demandait d’attendre encore 1 ou 2 jours. Nous étions le dimanche, le 30 août 2004 et le lendemain, Paris me proposait de signer. Le dernier jour du mercato, c’était comme une sécurité pour moi.

Je signe un an. Je venais en tant que 2ème voire de 3ème couteau, c’est ainsi que l’on m’a présenté les choses. Au final j’ai souvent joué, par défaut je pense.

Il m’a peut-être manqué le reste

Je n’étais pas un suiveur, mais je n’étais pas un meneur non plus. Si je n’étais pas d’accord avec le groupe, je me mettais en marge, sans pour autant chercher à imposer ma vision. On me l’a parfois reproché. Ce qui m’a le plus manqué dans ma carrière : m’imposer mentalement pour être bien dans ma tête, gagner en leadership. Avec le temps, je me dis que j’aurais dû plus travailler là-dessus.

C’est Aimé Jacquet qui était aux commentaires (Canal+) le soir du but face à Porto. Quand j’étais en équipe de France Espoirs, en 1996, il était avec les A et de ma génération, 80% ont été avec lui après : Pirès, Makelele, Djetou, Dacourt… Ma trajectoire a été inverse. Je me suis cassé la jambe (1997) mais je me dis que je n’ai peut-être pas eu le caractère pour revenir. J’avais du football quand même, mais il m’a peut-être manqué le reste.

Daddy Cool

Aimé Jacquet a peut-être été surpris quand il m’a vu mettre ce but (sourires), de même qu’il a peut-être été déçu à l’époque que je ne confirme pas après les Espoirs.

Par mon caractère ‘douçoureux’, cool, qui vit dans le meilleur des mondes… je n’ai pas su me rendre compte que j’aurais dû être plus curieux, plus dur. J’aurais dû plus m’imposer.

En gras sur mon CV : a joué au PSG !

La saison 2004-2005, on n’avait pas forcément un effectif à la hauteur pour la C1. Aujourd’hui, Paris a l’équipe pour aller chercher cette Ligue des Champions. Je le crois sincèrement. Quand ils seront champions d’Europe, il faudra que je pense à mettre en gras sur mon CV : a joué au PSG ! (sourires)

Mon regret : ne pas y avoir fait une meilleure saison. A Paris, tu te dois d’être au top… Quand tu n’as pas de résultats, tu associes naturellement cela à de mauvais souvenirs, alors que tu peux aussi vivre des choses fortes dans la difficulté.

Porter le maillot de ceux qui dérangent est un honneur

Je suis heureux d’avoir pu porter ce maillot Rouge et Bleu, même si j’aurais aimé apporter davantage.

Les jeunes que j’entraîne à Carhaix (29) tentent parfois le coup du scorpion. Ils disent un geste « à la Coridon » car ils savent que je l’ai fait au PSG. Moi je leur dis : ‘soyez plus récents, dites « à la Zlatan, c’est mieux’ (sourires). »


Que devient Charles-Edouard Coridon ?
Dirigeant à titre bénévole du club de Carhaix (29) : « Je transmets aux jeunes ce que j’ai appris et j’y prends beaucoup de plaisir. Parfois aussi je rechausse les crampons avec notre équipe de vétérans »
Titulaire du DES (Diplôme d’Etat Supérieur)
Stages de foot pour les jeunes en Martinique : détecter les jeunes talents, les accompagner vers le haut niveau
Gérant de la société BFE : vente de tenues de sports pour les clubs, et de sécurité pour les entreprises, contact : bfe@wanadoo.fr

Emilie Pilet

« El Goleador » Carlos Bianchi

D’une efficacité redoutable, il fait partie des plus grands attaquants
qu’ait connus le PSG. Entre 1977 et 1979, l’international argentin a marqué 71 fois en 80 rencontres. Dont 37 buts en 38 matches la 1ère année. 5 fois meilleur buteur du championnat de France, Carlos Bianchi « El Goleador » a illuminé de sa classe son passage dans le club de la capitale.

Son palmarès d’entraîneur impressionne lui aussi :
4 Copa Libertadores, 3 Coupes Intercontinentales,
le PSG a déjà pensé lui confier son équipe.
Confidences d’une légende du football mondial.


Carlos Bianchi, votre 1er « contact » avec le PSG est unique : une victoire 6-1 avec le Stade de Reims (1974), et c’est vous qui marquez les 6 buts de votre équipe ?
Oui la première fois que je rencontre le Paris Saint-Germain, c’est au début de ma 2ème saison en France (J2 : Reims 6-1 PSG, 9 août 1974, ndlr). On gagne 6-1 et je marque les 6 buts.

Cela s’est joué à peu de choses. Nous étions menés 1-0, but de François M’Pelé (17’). J’égalise et juste avant la mi-temps je me souviens que Mustapha Dahleb déborde, centre pour François M’Pelé qui met le ballon sur la transversale. Dans l’action qui suit, je reçois un ballon dans la profondeur et j’inscris le but du 2-1. C’est pour moi le tournant du match. Si c’est Paris qui met le 2è but, ce n’est plus pareil. Il a fallu quelques secondes, une contre-attaque pour que le match bascule.

5 fois meilleur buteur de D1

En six saisons à Reims puis au PSG (1973-1979), vous êtes 5 fois meilleur buteur du championnat de France, un record*. Quel est votre secret ?
Mon secret, je vais vous dire c’est déjà mes coéquipiers qui me trouvaient toujours sur le terrain. S’il n’a pas autour de lui des partenaires qui l’aident, le buteur est quelqu’un de très seul. Aucun joueur ne peut jouer tout seul, sinon le football n’est pas un sport collectif. Et buteur, on l’est ou on ne l’est pas.

Moi, j’aimais marquer ! J’ai toujours été attiré par le but. L’année où je ne finis pas premier, je me suis blessé, fracture tibia-péroné. C’était au Parc, un match amical pour les journalistes (9 octobre 1974, Entente PSG-Reims – Barcelone, match de gala organisé par l’USJSF, ndlr). La frustration a été grande, d’autant que nous étions 1er du championnat avec Reims.

Une seule obsession, le ballon

Vous avez toujours joué avant centre ?
Oui ! Au PSG, j’étais un attaquant très en pointe, je restais dans les seize mètres, mais vous savez avant, en Argentine j’aimais partir de loin, j’étais plus une « demi-pointe ». Quand j’ai commencé ma carrière, on jouait plus en 4-2-4, l’attaquant décrochait un peu plus. Puis cela a évolué : 4-3-3, 4-4-2…

Aujourd’hui la période est meilleure pour les attaquants. A mon époque, quand tu étais sur la même ligne que les défenseurs, tu étais hors-jeu. On devait être presqu’un mètre derrière la défense (sourires). Le football était aussi plus « méchant », les attaquants prenaient des coups, les arbitres sifflaient moins. Quand tu te faisais tirer le maillot par le dernier défenseur, il n’y avait pas de carton. Les règles ont changé, elles protègent plus les attaquants. C’est mieux pour le nombre de buts, le spectacle. Que des 0-0, cela nuit au football. Il faut bien changer, sinon c’est la mort du football…

397 buts en 565 matches, qui dit mieux ?

Comment votre arrivée à Paris s’est-elle passée ?
L’été 1977, je pars en vacances en famille dans le sud de la France. Là-bas, je rencontre Daniel Hechter (alors président du PSG, ndlr), on se parle il me dit qu’il souhaite me faire venir à Paris. J‘étais d’accord pour venir mais il me restait 2 ans de contrat avec Reims. Il est allé à Reims pour racheter mes deux années de contrat. Je n’avais pas d’impresario, Monsieur Hechter est rentré directement en contact avec moi. Nous avons discuté ensemble. Cela s’est fait assez vite.

A l’époque, c’était plus compliqué

1ère saison au PSG, vous marquez 37 buts en 38 matches : impressionnant !
Personnellement ma saison n’avait pas bien commencé. Au bout de quelques journées, Roger Milla était 1er au classement des buteurs avec 6 buts. Monsieur Borelli, qui ensuite a repris le club, me « nargue » : « Roger Milla, lui c’est un avant centre… » Je lui ai répondu : « Ecoutez on va faire un pari pour voir qui finit 1er à la fin de la saison. »

37 buts en 38 matches, est-ce votre record de réalisations en une saison ?
Oui. Même si en Argentine, j’ai marqué 36 buts en 36 matches, la saison 1970-1971 avec Velez.

« Put Our Hands Up In The Air » feat. François M’Pele, Jean Claude Lemoult, Dominique Bathenay et Jean Pietrre Adams

A Paris, vous êtes sacré meilleur buteur, meilleur joueur, soulier d’argent…
Oui cette année-là, je perds contre Johann Krankl, un buteur autrichien. (Rapid de Vienne). Son championnat se jouait avec 10 équipes, il jouait 2 matches aller-retour à chaque fois : 4 fois contre le dernier, 4 fois contre l’avant-dernier. C’est plus facile de marquer, non ? (sourires)

Aujourd’hui, le PSG finit 1er, gagne des titres, ils attaquent 40, 50 fois par match, c’est super pour les attaquants. A l’époque, c’était plus compliqué, nous avons fini 11ème, puis 13ème… J’aurais voulu gagner quelque chose avec Paris, les premiers titres sont arrivés en 1982, 1986, l’équipe était encore en construction, il y avait pourtant de grands joueurs.

Beaucoup de respect pour Mr Hechter

Qui par exemple ?
Par exemple Mustapha Dahleb (PSG, 1974,1984), un très très grand joueur, un des meilleurs joueurs que j’ai eus à mes côtés dans toute ma carrière. Je me souviens aussi un ailier droit, Philippe Redon (PSG, 1976-1978), n°7 qui me rendait beaucoup de services. Il y avait aussi François M’Pelé, François Brisson…

Carlos & Mustapha, les deux gâchettes façon Pulp Fiction

Daniel Hechter est également un Président que vous appréciez ?
Oui j’ai beaucoup de respect pour ce Monsieur. Un homme attachant. On a sous-estimé son importance dans la construction du club. Il mettait de l’argent de sa poche au PSG. Il n’a pas vécu grâce au club, c’est le club qui a vécu grâce à lui.

C’est aussi Monsieur Hechter qui a dessiné les maillots historiques de ce club. J’en ai gardé chez moi des maillots de l’époque, enfin pas beaucoup on ne pouvait pas garder nos maillots comme ça (sourires). Et il n’y avait pas de magasiniers comme aujourd’hui, on apportait nos maillots dans nos sacs. On les amenait pour jouer, on les ramenait le lendemain pour le laver et ainsi de suite.

Paris avait un côté folklorique

Vous êtes resté 2 saisons à Paris, c’est finalement assez peu ?
Il me restait 2 ans de contrat et c’est moi qui ai demandé à partir, j’ai dit à Monsieur Borelli que je ne trouvais pas les choses très professionnelles. Paris avait un côté folklorique. Cela manquait de rigueur à tous les niveaux. Je joue pour gagner, je n’aime pas le folklore dans le football. Je ne voulais pas continuer quand je voyais que les choses n’allaient pas dans le bon sens. Un exemple, Vasovic l’entraîneur du PSG : combien de fois il est venu à l’entraînement habillé en tenue ? 1 fois, je suis sûr, 2 fois, je ne suis même pas sûr (sourires). C’était son adjoint qui nous faisait travailler. Vasovic arrivait à 11h30, il disait « bonjour, au revoir. » Il y avait un côté amateur. Je ne voulais m’accrocher avec personne, j’ai préféré dire les choses et partir.

Face à l’Olympique de Marseille de Marius Trésor

Après Paris, je ne suis resté qu’un an à Strasbourg (champion de France, ndlr), je ne m’entendais pas bien avec l’entraîneur (Gilbert Gress). Il ne voulait pas que je joue avant centre, alors que je venais d’être 5 fois meilleur buteur du championnat. Je suis retourné en Argentine dans mon club d’origine, Velez. En trois ans et demi, j’ai marqué presque 90 buts**.

4 Copa Libertadores,
3 Coupes Intercontinentales

Comme entraineur, vous avez remporté 4 Copa Libertadores***, 3 Coupes Intercontinentales avec Velez puis Boca Juniors, impressionnant !
La première fois en 1994, gagner la Copa Libertadores, puis devenir champion du monde des clubs avec mon club d’origine Velez, celui où je suis né comme footballeur, fut quelque chose de très spécial (AC Milan 0-2- Velez Sarsfield, 1er décembre 1994 à Tokyo, ndlr). Avec Boca Juniors, c’est aussi une aventure incroyable. Boca est un club très important.

La Bombonera, ça doit être quelque chose !
C’est difficile de décrire cela avec des mots. Il faut le vivre pour ressentir ce qu’on ressent quand on est dans ce stade. Dans le monde, il n’y a pas deux endroits de ce type. L’expérience est unique.

J’ai failli revenir à Paris

Votre nom est parfois revenu pour entrainer le PSG. Avez-vous, concrètement, été approché ?
Oui, la première fois en 1988. J’étais au Stade de Reims, Francis Borelli m’a proposé le poste, on s’était presque mis d’accord : « Carlos, ça te dit de venir entrainer Paris, » je lui ai dit : « oui. » Rien de signé mais une parole donnée. Le lendemain, j’ai découvert qu’ils avaient choisi Ivic. C’est comme ça…

Dernier match sous les couleurs parisiennes contre le Brésil en match amical le 14 juin 1979

Et la 2ème fois, c’était quand ?
En décembre 2000, au moment du départ de Philippe Bergeroo. Avec Boca Juniors, je venais de gagner la Coupe Intercontinentale (2-1 face au Real Madrid, ndlr), à Tokyo, et on m’a demandé de donner une réponse très, très rapide. Je ne pouvais pas laisser Boca Juniors.

Vous revenez de temps en temps à Paris. Qu’aimez-vous de la ville ?
Tout ! Sincèrement tout, ma femme et moi, on aime tout dans Paris : se promener, aller au cinéma, au restaurant, au théâtre. Même le climat ne nous décourage pas (sourires). Le climat, c’est dans la tête ! J’aime retourner au Parc aussi, la dernière fois c’était PSG-Saint-Etienne en août. Avec ma femme, nous sommes rentrés en Argentine en septembre et là nous sommes de retour à Paris. C’est une ville extraordinaire.

Cavani : le flair, la générosité, l’humilité

Viviez-vous déjà dans Paris, quand vous étiez joueur ?
Non. On déconseillait aux joueurs de vivre à Paris, cela mettait trop de temps pour aller au camp des Loges. La plupart, nous habitions à Bois d’Arcy, Plaisir dans les Yvelines. J’habitais à Plaisir.

Que pensez-vous de Edinson Cavani ?
C’est un très grand attaquant. Très bon buteur, avec beaucoup de sacrifices car il se donne pour l’équipe. Sa plus grande qualité ? Son flair. Il a beaucoup de flair, de générosité, d’humilité. Il fait les efforts pour l’équipe. Pendant ses deux premières années au PSG, il a joué à un poste qui n’était pas le sien, c’est très généreux. Il ne fait pas de cinéma, rien du tout. Lui, il fait son travail, il marque les buts, et basta.

Carlito’s Way ou comment Edinson s’est inspiré de Carlos

Et Zlatan Ibrahimovic ?
C’est un attaquant différent d’Edinson Cavani, disons très technique. Et bon. C’est un bon, Ibrahimovic.

Neymar, que vous inspire-t-il ?
Neymar fait aujourd’hui partie des 3 meilleurs joueurs du monde, avec Ronaldo et Messi. Il a toutes les qualités d’un grand joueur.

Peut-il être ballon d’or face à Messi et Ronaldo ?
Oui pourquoi pas, cela dépend de sa saison à lui et bien sûr de la saison du PSG. Je vois Paris en finale de la Ligue des Champions cette année. Après en finale, sur un match tout est possible, mais sur 2 matches aller-retour, je ne vois pas qui peut les battre, je les vois aller en finale.

Qui est le meilleur joueur du monde ?
Lionel Messi. Il n’est pas le meilleur joueur du monde. Il est le meilleur joueur de l’Histoire.

Carlos « El Científico del Fútbol » Bianchi

Carlos Bianchi
Né le 26 avril 1949 à Buenos Aires (Arg.)
Attaquant, 1m78
International argentin
Surnom : « El Goleador »

Joueur : Velez Sarsfield (1967-1973, Arg.), Stade de Reims (1973-77), Paris Saint-Germain (1977-79), Strasbourg (1979-80), Velez Sarsfield (1980-84, Arg.), Stade de Reims (1984-1985)

Palmarès Joueur :
Champion d’Argentine (1968)
2 fois Meilleur buteur du Championnat d’Argentine (1970, 1971)
5 fois meilleur buteur du Championnat de France (1974, 1976, 1977, 1978, 1979)
2 fois Soulier d’Argent européen (1976, 1978)
1 fois Soulier de Bronze européen (1974)
Elu “Meilleur joueur étranger de France » (1974)
Elu meilleur joueur du championnat de France (1978, 1979)
Co-recordman du titre de meilleur buteur du Championnat de France (cinq avec Delio Onnis et Jean-Pierre Papin)
397 buts en 565 matches

Entraîneur : Stade de Reims (1984-1988), Nice (1989-1990), Paris FC (1991-1992, directeur sportif), Velez Sarsfiled (1993-1996, Arg.), AS Rome (1996-1997), Boca Juniors (1998-2001, janv. 2003 – juil. 2004, Arg.), Atletico Madrid (juin 2005 – janv. 2006, Esp.), Boca Juniors (déc. 2012 – 2014)

Palmarès Entraîneur :
4 fois vainqueur de la Copa Libertadores (1994, 2000, 2001, 2003)
3 fois vainqueur de la Coupe intercontinentale (1994 vs Milan AC, 2000 vs Real Madrid, 2003 vs Milan AC), finaliste en 2001
Vainqueur de la Coupe Interamérica (Amsud-CONCACAF)
7 fois Champion d’Argentine (1993, 1995, 1996, 1998, 1999, 2000, 2003)
5 fois élu « Entraîneur de l’année en Amérique du Sud“ (1994, 1998, 2000, 2001, 2003)

*Avec Delio Onnis et Jean-Pierre Papin, Carlos Bianchi est co-recordman de titres de meilleur buteur dans le championnat de France
**Avec 206 buts, Carlos Bianchi est le meilleur buteur de l’histoire du Velez Sarsfield (Arg.)
*** Nouveau record pour Carlos Bianchi, seul entraineur à avoir gagné 4 Copas Libertadores (1994 avec Velez, 2000, 2001, 2003 avec Boca Juniors)

Amara Diané, le « Sauveur »

17 mai 2008 : le PSG jouait sa survie en Ligue 1 et tous les amoureux du club se souviennent exactement de ce qu’ils faisaient ce soir-là.
Amara Diané tout particulièrement… La délivrance était venue du bout du pied de l’attaquant ivoirien à la 83ème minute. Son doublé sauvait Paris de la relégation,
et permettait de basculer dans une autre dimension.


Sochaux-PSG 17 mai 2008 : comment dormez-vous la veille au soir ?
Très mal, c’était difficile. Peut-être une heure, ou deux, maximum. Avec le stress, la pression…

Au petit déjeuner, comment était l’atmosphère ?
Le petit dej’ a été difficile. On n’était pas là pour rigoler. On est arrivés à Sochaux à 24h du match. Les supporters étaient là, pour nous dire qu’ils étaient avec nous, qu’il ne fallait rien lâcher. On ne pensait qu’à ça.

La journée à dû être longue ?
On a eu les « rituels » habituels. Petit dej’, promenade, déjeuner, sieste, collation… A l’hôtel avant de monter dans le bus pour aller au stade, on s’est réunis et on s’est dit « allez, c’est maintenant ». Tout le monde était mobilisé autour de nous, on le sentait. Mais sur le terrain, c’était nous, les joueurs : on devait tout faire pour que cela se passe bien.

Il fallait gagner, absolument. On devait sortir de ce match sans regret, c’était très très important. Cela ne fait pas tout car en football, on peut être bon et perdre, on peut être moyen et gagner. Ce soir-là, je crois qu’on a fait un match complet, sur le terrain, on était dedans. Avec le président, le staff, les supporters : on était ensemble, on tirait tous dans le même sens.

Une spéciale pour Plessis

Saviez-vous qu’avant le match, le président de Sochaux Jean-Claude Plessis, avait promis la double prime à ses joueurs en cas de victoire* ?
Je n’étais pas au courant mais pendant le match on sentait qu’ils avaient le couteau entre les dents, ils voulaient absolument gagner.

A un moment quand tu joues contre une équipe, tu arrives à ressentir, évaluer sa motivation, son envie de gagner. Sochaux avait cette envie, c’est clair… J’ai en tête la réaction du gardien (Teddy Richert) après notre 2ème but.

‘Essaye de pousser le ballon…’

Justement, que se passe-t-il dans votre tête quand vous voyez le ballon, que vous poussez du bout du pied, rouler lentement vers le but de Teddy Richert (83ème) ?
Je le suis du regard. En fait quand je vois le gardien arriver, je me dis « essaye de pousser le ballon », et je mets un pointu. Quand il passe la ligne, c’est un peu l’euphorie, mais le match n’était pas fini. Il ne fallait pas non plus se relâcher.

Les secondes parmi les plus longues de l’histoire du PSG

Au coup d’envoi, vous aviez 1 point d’avance sur Toulouse et Lens**? Etiez-vous au courant de ce qu’il se passait sur les autres stades, et comment ?
Oui, disons que l’on suivait la situation. Les joueurs sur le banc nous tenaient au courant, le coach nous donnait les consignes en fonction. On savait que de toute façon, si on gagnait le match, on avait 100% de chances de nous maintenir. Malgré tout, on ne pouvait pas nous empêcher d’avoir une oreille tendue vers le banc (sourires).

J’ai fini épuisé, vraiment

Comment vous sentez-vous au coup de sifflet final ?
J’étais épuisé, mais vraiment ! Physiquement, mentalement : le stress qui retombait… Quand tu as mal aux dents, tu vas voir un dentiste, il t’anesthésie, tu ne sens rien jusqu’à ce que l’anesthésie ne fasse plus effet. Là c’est pareil, le stress, l’anxiété, nous avaient un peu anesthésiés. Quand le match a été fini, avec la pression qui retombe : je tenais à peine debout.

Je suis rentré directement au vestiaire. J’ai dû perdre, je ne sais pas, 4 kgs (sourires). Cette victoire, c’est l’aboutissement d’un match qu’on a pris du bon pied. On avait l’envie et puis aussi de la chance car il en faut toujours même s’il faut savoir la provoquer. Ce fut une saison éprouvante, pour les supporters, les joueurs, mais au final on l’a fait. Tous ensemble.

Après le deuxième but devant le parcage parisien avec Yannick Boli

Paul Le Guen ne vous faisait pas, ou peu confiance, depuis son arrivée au PSG. Que vous dit-il après la rencontre ?
J’étais dans le vestiaire, il vient vers moi et me dit : « Merci. Tu as fait un gros match ». Nous n’avions pas vraiment d’affinités. Mais après, cela fait partie de la vie.

« Amara, c’est ton match ce soir » (Pauleta)

Eprouvez-vous de la rancœur ?
Non. C’est comme ça le football… Le plus important pour moi, c’est d’avoir toujours essayé de bien me comporter durant ma carrière car après le foot, la vie continue. Je n’ai jamais manqué de respect. Je suis un garçon correct.

Pedro Pauleta eu des mots importants pour vous. Lesquels ?
A Sochaux après l’échauffement, on rentre au vestiaire et là Pedro me regarde, il me dit : « Amara, c’est ton match ce soir ». Sincèrement, ça m’a surpris et aussi touché. Qu’un joueur comme lui vienne me dire ça avant un match aussi important, sachant aussi que c’était notre meilleur joueur, qu’il disputait son dernier match avec Paris.

Pendant le match il n’a jamais cessé de m’encourager. C’est important d’autant que je n’avais pas forcément toujours la confiance du coach. Parfois, Paul Le Guen ne me parlait pas à l’entraînement. Pedro, il m’a toujours soutenu. Il y avait Bonaventure Kalou, Mario Yepes, Bernard Mendy aussi, les anciens, qui me disaient : « t’inquiète pas, fais ton truc et ça va le faire ». Mais Pedro et moi, nous étions des attaquants, il y a une complicité en plus.

Il était au sommet, en fin de carrière, et le rôle des grands footballeurs comme lui, c’est d’aider les jeunes, transmettre. J’avais 25 ans, il m’a beaucoup aidé. Même après Paris, j’ai emporté ses conseils avec moi, ils m’ont servi.

Pedro le grand frère

Beaucoup disent que vous êtes le « sauveur » du PSG. Avez-vous conscience de l’importance de votre doublé ?
C’est une bonne chose mais je n’aurais jamais pu faire ça tout seul. On l’a fait tous ensemble. Quand on est rentrés à Paris, au camp des Loges, c’était émouvant les réactions des gens. Voir aujourd’hui que l’on ne m’a pas oublié, ça me touche énormément.

Jamais retourné au Parc

Etes-vous retourné au Parc depuis 2008 ?
Non jamais.

Même pas une invitation ?
Non. Ce sont les choses de la vie, je ne m’en plains pas ni ne souhaite réclamer quoique ce soit. Je ne connais pas le président et je ne suis pas le genre de personne à prendre mon téléphone et dire : « allo bonjour je voudrais venir au Parc ».

Je suis heureux et fier de voir que le Paris Saint-Germain est aujourd’hui à sa place, celle qu’il mérite, parmi les meilleurs clubs du monde. Il y a 10 ans (9 ans et demi, ndlr), il a failli descendre. Ce n’est pas là sa place… Après, tous les clubs connaissent des hauts, des bas, des périodes difficiles et d’autres plus glorieuses. Voir le PSG là où il est actuellement, c’est ce qui me comble.

Vous savez le 1er match que j’ai vu comme spectateur quand je suis arrivé en France, c’était au Parc : PSG-Rennes en 1999, avec Okocha pour Paris et Nonda pour Rennes. Super ambiance. Depuis que je suis petit, j’aime Paris.

L’aigle d’Abidjan

Rennes face à qui vous marquez votre 1er but au Parc à la suite d’un somptueux slalom à travers la défense 2006 (PSG 1-0 Rennes, 28.10.2006, J11) ?
C’est vrai que parfois l’histoire nous envoie des signes (sourires).

Vous êtes arrivé en France à 17 ans, à Mantes-la-Jolie ?
Oui je jouais à l’ASEC Abidjan, en Côte d’Ivoire, mais j’embêtais toujours mon père en le « suppliant » de me laisser partir en France, pour tenter ma chance. En 1999, un cousin, qui habitait en France, est venu passer les vacances à la maison. Mon père lui a demandé de m’héberger quelque temps. J’ai donc atterri à Mantes-la-Jolie dans les Yvelines. J’ai joué à Mantes à peine un an, puis je suis parti tenter ma chance à Amiens. Je n’ai pas été accepté, donc je suis arrivé dans un petit village de la Somme à Roye, qui jouait en DH.

Je m’occupais des espaces verts

Le football n’a pas été d’emblée votre métier ?
Je travaillais en dehors. A Roye, j’avais un emploi jeune à la mairie, je m’occupais des espaces verts, de temps en temps j’allais dans les écoles. A Mantes, je distribuais les journaux dans les boîtes aux lettres la nuit, parfois le matin ou le soir. Parfois, des collègues qui n’arrivaient pas à tout distribuer, ils n’avaient pas le temps donc je finissais leur tournée pour me faire un peu plus d’argent. Je prenais le reliquat des autres.

Amara avec un grand joueur

Que retenez-vous de vos 2 années au PSG ?
J’ai eu la chance et l’honneur de joueur dans le club qui me faisait rêver depuis que j’étais petit. La chance de jouer dans un club de haut niveau, avec des grands joueurs, et contre des grands joueurs. Je suis sincèrement heureux de ça ! Jouer au Parc avec le maillot du PSG… ce sont des ambiances inoubliables, l’union sacrée c’était quelque chose.

Pourquoi quittez-vous le PSG pour Al-Rayyan au Qatar, l’été 2008 ?
Alain Cayzac, qui m’a fait venir, n’était plus au club, Paul Le Guen était toujours là, c’était sûr que cela n’allait pas marcher. C’était mieux pour tout le monde de se séparer ainsi. Comme je l’ai toujours dit, je préfère partir du PSG sans tâche que avec une tâche.

Cela me touche au plus profond

Que devenez-vous ?
J’ai mis un terme à ma carrière professionnelle, je prépare ma reconversion tout en profitant de ma famille… Je vis entre Abidjan et la France. J’aime conseiller, aider les jeunes, je me laisse un peu de temps pour découvrir de nouveaux métiers comme agent, consultant pourquoi pas. Je suis jeune, j’ai 35 ans ! (sourires). Je souhaite rester dans le football.

Avez-vous un message pour les supporters ?
Je voudrais dire que je ne les ai jamais oubliés. Je suis heureux comme eux de voir le PSG là où il est. Je les remercie du fond du cœur et de voir qu’ils ne m’ont pas oublié, cela nous touche au plus profond, ma famille et moi. Je ne cesserai jamais de dire merci.

L’hommage à Auteuil

*Il s’agissait notamment du dernier match de Jean-Claude Plessis à la tête du FC Sochaux-Montbéliard, après 9 ans à la présidence du club
**Strasbourg et Metz déjà relégués au coup d’envoi de la 38è journée, le maintien allait se jouer entre Paris, Toulouse et Lens. Bordeaux 2-2 Lens, Toulouse 2-1 Valenciennes, Sochaux 1-2 PSG

Amara Diané
Né le 19 août 1982 à Abidjan (Côte d’Ivoire)
Attaquant
International ivoirien (8 matches, 3 buts)
Clubs successifs : ASEC Abidjan, FC Mantois (1999 – dec.2000, DH), Roye (2001-2003, DH), Reims (2003-2004, National ; 2004-2005, L2), Strasbourg (2005-2006, L1), PSG (2006-2008, L1), Al-Rayyan (2008-2010, Qat.), Al-Gharafa (2011, Qat.), Al-Nasr (2011-2012, EAU), Al-Dhafra (2012-2013, EAU), Tubize (2014-2015, Bel.)

Palmarès : Vainqueur de la Coupe de la Ligue (2008), Finaliste de la Coupe de France (2008), Champion de National (2004), Vainqueur de la Coupe du Qatar (2010, 2011)

Supporteurs pour la vie

Ils ont le même prénom, ils ont la même passion. Ils sont tous les deux supporteurs du Paris-Saint-Germain, sans doute depuis plus longtemps que vous. Ils ont (presque) tout connu avec le club.
Et continuent à faire les déplacements ensemble, quoiqu’il arrive. 


Virage : Vous êtes donc devenus amis grâce au PSG ?

Fred. R. : Oui, on a rejoint le même groupe de supporters il y a environ 4 ans.

Virage : Pourquoi êtes-vous devenus supporters du PSG ?

Fred R. : Je ne me suis jamais posé cette question, c’est une évidence en fait. J’ai grandi à Paris dans le 15ème, et petit je rêvais sur les exploits de Rocheteau. Et puis j’habitais dans les tours du Front de Seine, en face de la Maison de la Radio. Il y avait beaucoup de journalistes qui habitaient dans ces tours dont Jacques Vendroux (ndlr : journaliste aujourd’hui sur CNews et France Bleu) qui était notre voisin. Mon père n’était pas fana de foot alors que j’y jouais. C’est ma mère qui a demandé à Jacques Vendroux de m’amener au Parc des Princes. J’ai donc découvert le Parc ce soir là en tribune de presse au début des années 80. Et j’ai été tout de suite marqué par ce stade.

Fred C. : Moi c’est mon père qui m’a emmené la première fois. Il était un grand fan du PSG. Mon premier match c’est à 6 ans en 1982. Je m’en souviendrai toujours. J’ai vu jouer Toko, Safet Sušić, Oumar Sène, Joël Bats… C’était une époque extraordinaire avec le Président Borelli. J’étais d’ailleurs à la finale de la coupe de France en 1982 contre Saint-Etienne où il embrasse la pelouse.

Virage : Vous avez été membres d’une association de supporters à la grande époque ?

Fred C. : Oui je suis un ancien Supras (ndrl : Supras Auteuil) puis ATKS (ndlr : Authentiks). Un de mes meilleurs amis était un des fondateurs des ATKS, il habitait à côté de chez moi à Ermont dans le Val D’Oise.

Le Virage Auteuil historique

Virage : Tu es donc un habitué d’Auteuil. Tu es resté longtemps chez les ATKS ?

Fred C. : Oui de la création du groupe jusqu’au moment où j’ai du partir à Angers pour mes études puis après dans les îles. Du coup je n’ai pas trop suivi la fin du groupe.

Virage : Tu faisais les déplacements ?

Fred C. : J’étais un peu trop jeune, mes parents ne voulaient pas que j’y aille mais j’ai quand même fait la finale de Coupe des Coupes dans le Stade du Roi Baudouin à Bruxelles (ndlr : En 1996 – Victoire contre le Rapid de Vienne 1-0). J’en ai fait d’autres. J’étais à Munich pour le fameux but de Georges Weah en 1994, j’étais aussi à Kiev, San Siro à Milan…

Virage : Et à l’époque le plus important pour toi c’était ton groupe de supporters ou le PSG ?

Fred C. : Tout était lié. Que ça aille bien ou pas il y avait de la ferveur. D’ailleurs il y avait encore plus de ferveur quand ça allait mal. Aujourd’hui ça n’a rien à voir.

Une liberté que j’ai adorée

Virage : Et toi Fred R. tu as été carté ?

Fred R. : Aujourd’hui je dois avoir 27-28 ans d’abonnement. Mais jamais carté. J’ai été abonné 20 ans en tribune Boulogne car à l’époque il n’y avait pas de tribune Auteuil donc il n’y avait pas le choix. Il n’y a qu’une année où je ne me suis pas abonné dans les années 90. Mais cette année là je suis allé voir tous les matchs ! Alors je me suis dit que c’était un peu couillon de pas être abonné (rires). Je me souviens que je me suis réabonné en mi saison mais trop tard pour assister à PSG-Saint Etienne alors que je n’en avais jamais raté un seul. Le match était à guichet fermé, je pensais avoir une place comme d’habitude et je me suis retrouvé sans place devant la tribune Boulogne. Je suis rentré chez moi en courant pour aller écouter le match à la radio. En courant j’entendais la ferveur du stade car j’habitais Boulogne et je me suis dit « plus jamais, c’est pas possible ! ».

Virage : C’est intéressant de rappeler aux plus jeunes qu’à une époque il n’y avait pas de Tribune Auteuil alors qu’aujourd’hui c’est un peu l’inverse.

Fred R. : Oui mais pour moi Auteuil est né de Boulogne. Ceux qui ont créé Auteuil sont des mecs qui sont partis de Boulogne. La réalité elle est là. En tout cas Boulogne pour moi, c’est toute mon adolescence. J’ai été 3 ans dans le bloc des Boulogne Boys et là j’aurais pu me carter mais je ne l’ai pas fait car les Boys t’emmenaient avec eux en déplacement assez facilement sans être membre. J’avais 15-16 ans et je partais avec eux. Je me souviens même avoir lancé des chants. Ils te laissaient une liberté que j’ai adorée. Ils avaient une mauvaise réputation mais il y avait pas mal de mecs différents. Donc j’ai aimé cette liberté et puis l’année ou j’ai failli me carter il y a eu des histoires de magouilles avec un mec qui était parti avec la caisse… J’avais pas envie d’être là dedans.

Boulogne période Boys

Après ça je suis parti avec deux potes en Rouge car il n’y avait pas de fauteuil. Tu pouvais faire des pogos et des vagues. L’année où on est champion (ndrl : 1994), dès qu’il y avait un corner on montait tout en haut de la tribune pour faire des vagues car c’était 75% de chance qu’il y ait un but. Mais ce qui m’a le plus marqué ado c’est les pogos. Toute la tribune se séparait en deux et se fonçait dedans en rigolant. C’était un peu violent mais c’était bon enfant. Je ne me suis jamais senti en danger, par contre si mes parents avaient appris comment ça se passait… Et puis je faisais les déplacements en France car je n’avais pas les moyens pour aller à l’étranger. Souvent mes parents ne le savaient pas. J’allais dormir chez un copain et en fait on partait en déplacement. J’aimais cette liberté de se balader en ville, tu partais avec tes potes quoi.

Virage : Vous n’avez jamais songé à ne plus supporter ce club qui a tellement changé depuis 30 ans ?

Fred C. : Jamais, ça fait partie de notre vie. Supporteur pour la vie.

Fred R. : Tu sais quand Canal + est arrivé, déjà les mecs en tribune disaient qu’on allait être pourri par l’argent. Et puis on a kiffé. Les années Canal c’est les meilleures années pour moi. Mais je kiffe aussi aujourd’hui. Mais à cette époque il y avait tout : le public, l’équipe, les victoires en Coupe d’Europe. Et puis je vais te dire un truc, chaque année depuis que je suis supporteur, je suis sûr qu’on va être champion de France. Dès que je vois les recrutements, je me dis « c’est cette année, c’est bon ! » Ah ah. C’est plus facile maintenant, mais ça ne me viendrait pas à l’idée de changer de club. De toute façon c’est un truc que je ne comprends pas. J’en connais des supporteurs qui sont passés d’un club à l’autre et qui te disent qu’ils ont vibré sur l’OL.

C’est le PSG qui est au dessus de tout

Fred C. : Tu peux vibrer sur une autre équipe mais pas au point d’en changer.

Fred R. : Regarde, j’ai des origines catalanes. Gamin j’ai suivi le Barça avec Romario, Rivaldo, des mecs qui m’ont fait rêver. J’aime le Barça aussi, mais putain pour un PSG-Barça, et j’en ai vécus notamment la finale perdue où j’étais (ndrl : en 1997 en Coupe d’Europe des vainqueurs de Coupe), y a même pas photo, c’est le PSG qui est au dessus de tout. Et il n’y aura jamais un autre club qui pourra me faire rêver. Je vais en Allemagne depuis des années car j’ai des amis qui sont supporteurs de Mayence 05. J’adore aller là bas dans le KOP, je m’éclate, je m’amuse avec eux mais mon club, là où je vibre, c’est le PSG. A Mayence j’ai vu un gars verser une larme. Perso je n’ai jamais pleuré au stade mais le seul club qui pourrait me faire pleurer c’est Paris.

Fred. C. : J’ai chialé pour un match, c’est le PSG-Milan AC en demi-finale (ndrl : 5 avril 1995). Ginola tape la barre, je revois encore l’action, et juste après tu as Boban qui marque et là je reste comme ça, je me mets à pleurer. Si on passait ce tour, pour moi on était champion d’Europe.

Ce coquin de Zvonimir – PSG vs. Milan AC

Fred R. : Je m’en remettrai jamais de ce match.

Virage : Votre définition du supporter c’est quoi ?

Fred C. : Amour, passion, respect.

Fred. R. : Pas grand chose à rajouter. C’est important de parler de respect car on l’a vécu dernièrement pour le déplacement à Glasgow. J’ai failli verser ma larme pour le « You’ll never walk alone » tiens.

Virage : C’était votre plus beau déplacement ensemble ?

Les deux Fred : Oui, ensemble, clairement.

Fred C. : Ça faisait longtemps que je voulais y aller.

Fred R. : Déjà j’avais raté celui de 1995. Ceux que je connaissais qui y sont allés m’avaient tous dit à l’époque que c’était déjà incroyable. Et puis tout le monde connait l’ambiance là bas, tu as envie de le voir. Et ça a été au delà de tout ce que j’avais imaginé. C’est peut être l’équivalent de ce qu’on peut vivre en Amérique du Sud.

Virage : Le Stade ?

Fred C. : Le tout !

Fred R. Je savais qu’on n’était pas un pays de foot en France. Quand je vais en Allemagne ou en Espagne je vois ce que ce sont des pays de foot. Mais là bas c’est au delà. Déjà tu as des quartiers dédiés au Celtic et aux Rangers. Une copine qui prennait un taxi là bas avec une écharpe du Celtic m’a raconté que le taxi lui a répondu « Madame, je ne pourrai pas porter votre valise, je suis supporteur des Rangers et je ne toucherai jamais une valise avec une écharpe du Celtic. ». Ou un taxi qui te conseille un bar rempli de supporteurs en vert où il n’y a pas un parisien et où tu te dis « c’est quoi ce guet-apens ? » alors que c’est bonne ambiance en fait. Les mecs te payent ton verre, t’amène de la pizza pour bouffer… Ils te trouvent un taxi à 2H00 alors qu’il n’y en a pas un seul dans la ville… L’accueil qui a été fait aux parisiens en dehors du stade il a été…Pfff. C’était un truc de fou.
Je me suis perdu en approchant du stade, on s’est retrouvé au milieu de 15.000 mecs en vert qui nous disaient « Bienvenue, votre tribune c’est par là… », j’ai jamais vu ça et pourtant j’en ai fait. Entre le foot, les J.O….

Fred C. : Toute ma vie je me souviendrai de ce déplacement. C’était humain. On s’est même fait des amis là bas.

Du Vert et du Roux

Fred R. : Quand ils vont venir, on prend notre demi-journée pareil et on leur fait la totale de Panam’, comme ils nous l’ont faite à Glasgow. Le Stade a été très fort. Le « Never Walk Alone », si tu es fan de foot, tu dois voir ça une fois dans ta vie. Je t’ai dit que je suivais Mayence, en Allemagne il y a 2 clubs qui le chantent : Dortmund et Mayence. D’ailleurs quand les 2 clubs se rencontrent ils le chantent ensemble. Mais au Celtic c’était fort. Je rêve d’aller à Liverpool comme ça j’aurais fait les 4 en Europe. Je pense que c’est le plus beau chant qui puisse exister dans un stade quand il est chanté par tous les supporters avec un tendu d’écharpes magnifique. Après pendant le match, ils ont pris une grosse branlée alors ça a un peu calmé le truc. Alors que lorsqu’on a été à Malmö, même à 5-0 ils étaient debout et ils chantaient. J’ai été un tout petit peu déçu par rapport à ça.
Et puis la fin de match a été extraordinaire car si pendant le match ils nous ont aimablement ignorés, quand les mecs sont partis de leur tribune ils se sont retournés et nous ont applaudis. J’ai vu des gamins en larme qui venaient de se prendre un 5-0 dans la gueule et qui venaient nous donner leur écharpe. Voilà. Le Celtic c’est ça.

Nous ce sera à la 18ème minute

Virage : Tu crois qu’il y a quelque-chose qui explique cette proximité ?

Fred R. : Déjà en 1995 c’était spécial et ça c’était bien passé. Petite anecdote. Le Pub où on a été s’appelle le Pub 67, l’année où ils ont gagné le Coupe d’Europe. D’ailleurs dans le stade à la 67ème minute tout le monde allume la lumière de son portable. j’espère que nous ce sera à la 18ème minute… (rires). Bref les mecs du pub nous ont dit qu’ils étaient très amis avec les Lutèce Falco (ndlr : groupe de supporteurs de la tribune Auteuil) à l’époque. Je ne le savais pas du tout.

Virage : Est-ce qu’il y a un déplacement dont vous rêvez la nuit ?

Fred C. : Tous les ans, on rêve d’accompagner notre club en finale de la Champions League. J’ai vécu la victoire en Coupe des Coupes. C’était extraordinaire.

Fred R. : Le rêve il est là. Et puis la gagner surtout… Mais sinon j’aimerais bien aller à Naples et aussi aller niquer la Juve chez elle. J’ai toujours pas digéré de 2-1 (ndlr : en Coupe de l’UEFA en 1993).

Fabrizio, déjà pénible – PSG vs. Juventus

Fred C. : On a déjà fait beaucoup de grands stades mais il nous manque aussi Manchester United, Dortmund, et là on va faire Münich cette année.

Fred R. : Par contre les meilleurs déplacements c’est pas forcément dans les grandes équipes. Par exemple le Barça c’était pas terrible alors que Sofia c’était top. Pas forcément pour le stade, mais pour la ville, le contexte…

Virage : Sinon est-ce qu’il y a un match qui vous a marqué plus qu’un autre au Parc ?

Fred C. : Le match face au Barca (ndrl : mars 1995) avec le but de Guerin. J’y étais bien-sur.

Fred R. : Madrid sans hésiter (ndlr : mars 1993). Et puis pour le scénario, le match retour face au Steaua Bucarest en 1997 lorsqu’on a perdu 3-0 sur tapis vert à l’allé à cause d’un fax perdu… L’ambiance était folle.

L’amour taille XXL – PSG vs. Steaua.

Virage : Quand vous partez en déplacement, c’est comme pour les joueurs, vous avez des chambrées attitrées, vous dormez ensemble ?

Fred C. : On part souvent avec le même groupe et on est généralement ensemble mais surtout parce qu’on est tous les deux des gros ronfleurs… (rires).

J’ai fait tous les anciens stades

Virage : Et elles en pensent quoi vos compagnes ?

Fred R. : La mienne est super cool car elle gère trois enfants à la maison quand je pars. Au départ j’essayais de faire des déplacements assez rapides, genre partir le matin et rentrer le lendemain matin. Mais c’est quand même dommage quand tu vas dans des belles villes d’Europe d’y rester aussi peu. Donc maintenant je suis absent deux soirs. Et puis elle m’a épousé avec ma passion. Je lui ai toujours dit que si je devais choisir entre elle et le PSG, c’était le PSG en premier ! (rires) Mais aujourd’hui je ne fais plus les déplacements en France, juste en Europe. Comme je te le disais, jeune je n’avais pas les moyens de me déplacer en Europe. Là je fais l’inverse. Quoique j’aimerais faire certains stades que je n’ai pas fait en France, Lille, Bordeaux, Nice… J’ai fait tous les anciens stades mais pas les nouveaux. Mais oui, elle le vit bien…

Fred C. : On s’est séparé avec ma femme mais à l’époque elle venait avec moi au Parc. Elle était fana d’Ibrahimović.

Fred. R. : Ma femme est même venue avec nous une fois. Mais pas pour voir le match. C’était à Londres. Elle y a vécu mais c’était surtout pour se rassurer, pour voir avec qui je faisais les déplacements. Elle a vite compris que c’était cool. Et puis quand je pars en déplacement, je prépare un briefing pour visiter la ville. Je suis un peu relou là dessus mais j’aime visiter les monuments, les musées avant le match. On s’est baladé par exemple avec nos écharpes le matin du match à Manchester et on a visité le musée du foot, sa cathédrale…

Virage : T’as déjà brûlé un cierge à l’Eglise avant un match en déplacement ?

Fred R. : Oui ça m’est déjà arrivé. Je suis croyant et je le fais surtout pour ma famille plus que pour le match. Mais j’en glisse toujours une petite sur le match quand même (rires).

Edvin Murati :
« Reconnaissant à vie du PSG »

C’est l’histoire d’un jeune Albanais clandestin devenu joueur professionnel au Paris Saint-Germain. Franchissant la frontière dans le coffre d’une voiture, Edvin Murati, 15 ans, est venu tenter sa chance en France. Son chemin allait alors croiser celui du PSG, en 1991. Pour ne plus vraiment le quitter. Nous avons demandé à Edvin Murati, aujourd’hui conseiller économique de l’Ambassade d’Albanie à Paris, de nous raconter son histoire. Un grand merci à lui. 

« Né en 1975, j’ai grandi en Albanie sous le régime communiste. Après la chute du mur de Berlin (1989), mon frère aîné Sokol a pu quitter le pays et réaliser son rêve : venir en France. Il adorait la France, parlait très bien français.

Après une escale à Marseille, il arrive à Paris, trouve un emploi à l’ambassade. Il me dit ‘Edvin, viens tenter ta chance ici’. J’avais 15 ans, je jouais au foot depuis l’âge de 5 ans. Mon frère croyait en moi. Mais à l’époque, j’étais mineur et c’était impossible d’obtenir un visa.

Le 1er octobre 1991, l’équipe 1ère du Partizan Tirana devait aller jouer un match de Coupe des Vainqueurs de Coupe aux Pays-Bas, face au Feyenoord Rotterdam. Quand j’apprends que les Juniors font aussi le déplacement, je vais voir l’entraîneur (des Juniors), lui demande de me prendre dans son équipe, pour faire le déplacement avec eux.

Dans le coffre d’une voiture

Le coach savait que je voulais partir. Je lui ai dit : ‘sors moi de l’Albanie’. Une fois aux Pays-Bas, un ami de mon frère est venu me récupérer en voiture. L’objectif : aller jusque Francfort, où mon frère nous attendait. Il fallait pour cela passer la frontière. Je n’avais pas de papiers. Je me suis caché dans le coffre de la voiture.

A la frontière, les agents de la douane arrêtent la voiture qui était juste devant nous. La vie tient parfois à peu de choses. Nous parvenons à rejoindre Francfort, où mon frère Sokol nous attendait.

Edvin Junior

Avec mon frère, nous avons marché 30 kms dans la forêt, c’est comme ça que nous avons passé la frontière et sommes arrivés en France.

Je joue au football depuis que j’ai 5 ans. Quand on jouait au quartier avec les copains, je jouais toujours avec des plus grands que moi, et lui (mon frère) me voyait jouer, il voulait que je sois joueur de foot. Il adorait le foot, mais mon père a voulu qu’il fasse du piano. Moi quand j’ai commencé à faire du foot, mon père ne m’a rien dit, alors  j’ai continué (sourires).

« Il est où son passeport ? »

A Emancé, une petite commune des Yvelines (78), mon frère avait un ami qui connaissait des gens au PSG. Il les appelait pour leur parler de moi : ‘Ici il y a un petit jeune qui n’est pas mauvais, si vous voulez le voir’. Ils ont dit OK pour un essai.

Je suis arrivé là-bas, au camp des Loges, je n’avais rien. Pas de passeport, pas de chaussures… L’entraîneur au PSG dit à mon frère : ‘Il est où son passeport ?‘ Mon frère répond : ‘Vous m’avez dit amenez-moi votre frère, pas amenez-moi votre frère avec son passeport‘. On en sourit aujourd’hui mais cela s’est véritablement passé comme ça.

L’essai, c’était un match amical avec les U17 du PSG. Avant le match, mon grand frère me dit : ‘regarde comme ils vont vite !’ il avait plus peur que moi je crois. Moi ma peur, ce n’était pas de jouer. Ma peur, c’était de ne pas décevoir mon frère. J’avais envie de réussir et montrer à tous mes copains, entraineurs, famille en Albanie que ça avait marché. Je ne voulais pas retourner dans mon pays sur un échec.

Raging Bull

En Albanie, le jour où je suis parti de chez mes parents, je suis parti de la maison en vélo, avec un cousin. Quand je me suis retourné, j’ai vu ma mère qui pleurait derrière le vélo. Je me rappelle toujours de ça. J’avais envie de les rendre fiers, de ne pas avoir fait cela pour « rien ». 

Lors du match amical avec les U17 du PSG, je marque 2 buts et fait 2 passes décisives. Le club me propose d’intégrer le centre de formation. La saison avait déjà commencé, il n’y avait plus de places au niveau de l’hébergement. Thierry Morin (alors directeur du centre) me dit ‘nous n’avons que cette toute petite chambre, est-ce que ça te va malgré tout ?‘ ‘Bien sûr !’ Je n’avais pas d’endroit où dormir. J’étais plus qu’heureux.

Reconnaissant à vie du PSG

Il faut que je le dise, Thierry Morin, c’est comme si c’était un père pour moi. Il veillait à transmettre, à tous les jeunes, la meilleure éducation possible. Il a été très important pour moi. Quand je suis arrivé en France, j’avais fait une demande d’asile. Je me souviens de ce jour où il me dit ‘Edvin, viens dans mon bureau’. Il venait de recevoir un courrier, qui disait que ma demande d’asile avait été refusée. J’avais commencé à pleurer et je voyais dans ses yeux que ça lui faisait mal pour moi.

Après avoir posé un recours, j’ai obtenu le statut de réfugié politique en 1993. Le courrier est arrivé au centre de formation, pareil : c’est Thierry Morin qui me l’a annoncé. J’étais tellement content, c’est comme si j’avais gagné la Coupe du monde.

Edvin avec Igor le Terrible

J’ai énormément de respect pour le PSG et Thierry Morin. Il faisait tout pour que je m’adapte à la France, à tout le monde. Je disais « bonjour » « s’il vous plaît » « au revoir » à chaque fois que je parlais à quelqu’un. Je devais être poli avec tout le monde, tout le temps, il fallait bien faire son lit le matin, des petites choses comme ça. Etre correct, respectueux. Le club m’a transmis tout ça. Je lui serai toujours reconnaissant.

Je vais vous dire une anecdote. On est une bande d’amis et parfois on déjeune ensemble, avec Thierry Morin. Quand je le vois je jette ma cigarette immédiatement  je ne sais pas, c’est automatique. Je ne peux pas fumer devant lui. Impossible ! Mes amis me charrient : ‘Tu éteins ta cigarette dès que tu le vois’. C’est véridique, je ne sais pas pourquoi c’est un blocage (sourires). Peut-être qu’inconsciemment je me dis ‘tu dois le respecter’.

Abonné au Parc

Quand je suis arrivé à Paris, je ne parlais pas un mot de français. J’étais inscrit à l’Alliance Française, 3 cours par semaine et 3 autres cours avec Nicole, une dame de Saint-Germain, à la retraite. A 15 ans, c’est plus facile pour apprendre*.

J’avais 2 entraînements par jour : 1 avec les jeunes et 1 avec la CFA, les joueurs avaient 3-4 ans de plus que moi. J’arrivais une heure avant l’entraînement, je repartais une heure après, je voulais mettre toutes les chances de mon côté.

Avec Laurent Leroy époque Young Guns

Parmi les jeunes du centre de formation il y avait Pascal Nouma, Patrick M’Boma, Jérôme Leroy, Bernard Allou, Vincent Fernandez. Vincent, je restais souvent avec lui car il était de Saint-Germain. J’étais un peu le petit que tout le monde voulait aider. Quand j’y repense aujourd’hui, tout le monde était très sympa avec moi, avait envie que je réussisse. Je le ressens comme ça.

Le PSG, c’est vite devenu comme une famille pour moi. Même ma maison aujourd’hui, elle est à côté du camp des Loges (sourires). J’ai toujours des amis au club, des bons souvenirs. Je suis aujourd’hui un supporter, j’ai pris un abonnement au Parc. On est une bande de potes bons vivants, on aime se retrouver avant et après les matches, c’est bien c’est convivial, ça chambre, ça rigole.

Real Madrid – PSG : je tremblais !

1994. Mon 1er match avec les pros, à Santiago Bernabeu face au Real Madrid, un match amical en hommage à Juanito**. C’était la grande époque du Real (Redondo, Sanchis, Laudrup, Butragueno). A Paris, c’était Weah, Valdo, Rai, Guérin… J’avais 18 ans, ce n’était pas du tout prévu que je joue.

Luis Fernandez et David Ginola se disputaient souvent. C’est ce qui est arrivé la veille du match à Madrid. Luis vient me voir : ‘Edvin, c’est toi qui va jouer‘. Je tremblais pour de vrai, mes jambes tenaient à peine. J’ai failli tomber dans les pommes. Durant le match, j’ai touché le ballon 2 fois en 80 minutes (76’). Après, j’ai eu des crampes pendant une semaine, Je crois que je n’avas jamais autant couru de ma vie (sourires). Je voulais montrer mais en même temps j’étais contrarié que David Ginola ne puisse pas jouer.

Moi, je venais d’arriver dans l’équipe… Je portais leurs chaussures de Ginola, Weah, je leur disais « Monsieur », « s’il vous plaît ». Jouer ce match a été très spécial pour moi.

« Only God Can Judge Me » Edvin avec l’Albanie face à l’Angleterre du Golden Boy.

En 1995, je suis prêté à Châteauroux (31 matches), qui était le club filial du PSG. C’était super bien. En Coupe de France, on était venu jouer au Parc (1/32è de finale, 13.01.96), Michel Denisot avait dit avant le match : ‘On va gagner 3-1 et c’est Edvin qui va marquer‘. Paris a gagné 3-1 et j’ai marqué.

Michel Denisot (président du PSG de 1991 à 1998), je n’oublierai jamais ce qu’il a fait pour moi. En 1995, ma mère est tombée malade, et il a payé l’hôpital pour ma mère, je n’oublierai jamais ça.

J’ai rencontré ma femme au PSG

Je joue mon 1er match officiel titulaire avec le PSG le 12 septembre 1999. C’était au Parc face à Bordeaux (2-1). 2 jours avant, j’étais à Athènes avec la sélection d’Albanie, où venait d’avoir lieu un violent tremblement de terre. La nuit, des maisons voisines s’effondraient, on a évacué l’hôtel, trouvé refuge dans un jardin. Bien sûr le match avait été annulé et quand je rentre à Paris, Philippe Bergeroo m’apprend que je suis titulaire. Beaucoup d’émotions dans une même semaine. 

Cette saison 1999-2000, j’ai la chance de jouer. Laurent Robert, qui évoluait côté gauche, avait pris 3 cartons rouges. Cela m’a permis de jouer (24 matches, 1 but). On parvient à se qualifier pour la Ligue des Champions mais mon regret, c’est la finale de la Coupe de la Ligue perdue face à Gueugnon (2-0, 22/04/2000). J’avais la balle du 1-1 et je l’ai ratée.

Avec le LOSC face à l’OM de Gallas le 3 mars 2001

En 2000, je rejoins le LOSC, au même moment Lorik Cana arrive au PSG. Joël Le Hir le kiné du club m’appelle : ‘Viens il y a un jeune Albanais qui arrive’. Il nous présente, le soir je me rappelle nous étions allés avec son père, son frère au duplex (sourires) et je lui ai donné le maillot de Lille où je venais de signer. Depuis, nous avons joué ensemble en sélection, on avait une équipe solidaire, on essayait de donner une belle image de l’Albanie. Lorik, c’est devenu un vrai frère.    

Le PSG a une place très particulière pour moi. Je serai reconnaissant toute ma vie au PSG. J’ai ce club dans mon cœur ! Et même pour vous dire, je ne sais pas si c’est le destin : des joueurs ont eu des millions au PSG, et moi j’ai eu ma femme ! Je l’ai rencontrée au PSG, elle était en stage. Je ne buvais pas de café mais j’allais à la machine à café pour elle, et depuis, j’aime le café, j’en bois beaucoup ! Notre fils (deux ans et demi) s’appelle Marco, par rapport à Marco Verratti. »

Posay

*Edvin Murati parle aujourd’hui 5 langues : français, anglais, allemand, grec, albanais
**Juan Gomez Gonzalez, dit Juanito, attaquant du Real Madrid (1977-1987), décédé dans un accident de la route en 1992

Edvin Murati
Né le 12 novembre 1975 à Tirana (Alb.) / Franco-Albanais
Milieu de terrain
International albanais : 42 sélections, 4 buts

Clubs : Partizan Tirana, Paris Saint-Germain (1991-2000, prêté à Châteauroux 1995-1996, Stade Briochin 1996-1997, Düsseldorf 1998-1999 (All.)), LOSC (2000-2002), Thessalonique (2002-2006, Grèce), Panserraikos (2006-2007, Grèce)

Actuellement : Conseiller économique à l’Ambassade d’Albanie en France. Fondateur de la Chambre de Commerce et d’Industrie France-Albanie, la CCIFA, dont il est aujourd’hui administrateur et vice-président.


Emilie Pilet

Thierry Morin, PSG authentique

Quand Neymar Jr, Dani Alves et les stars parisiennes s’échauffent sur les terrains du centre d’entraînement du camp des Loges, savent-ils que dans le bâtiment d’en face, un homme entame sa 45ème saison avec le Paris Saint-Germain ? 45ème !
Thierry Morin, directeur du CFA Omnisports, où sont scolarisés, hébergés les jeunes du centre de formation, a vécu la création du club en 1970.
Il avait 12 ans, jouait en minimes au PSG. La suite ? La voici.

Thierry, comment avez-vous vécu la naissance du club en 1970 ?
J’avais 12 ans, je jouais au Stade Saint-Germanois, à l’école de foot depuis tout jeune et je me souviens que nous avions changé de couleur de maillot en cours d’année. Nous l’avions commencée en blanc, comme d’habitude, et avions fini en rouge, avec l’écusson bleu ciel. Le Stade Saint-Germanois était devenu le PSG, l’été 1970 (après sa fusion avec le Paris FC, ndlr). En 1973 avec l’arrivée de Daniel Hechter, nous avons porté un nouveau maillot, celui qu’il avait dessiné : Rouge et Bleu.

5 Francs, 10 Francs l’abonnement

Y avait-il un engouement significatif ?
Il y avait une émulation, quelque chose d’assez spontané. Je me rappelle, par exemple, qu’Annie Cordy et Pierre Bellemare étaient partis en campagne sur la place de Saint-Germain, et sur Europe 1 : « Socios, prenez votre abonnements ! 5 F, 10 F… » Il fallait rassembler le maximum de personnes.

l’effectif du PSG pour la Gambardella 1975. Debout : Choquier (E), Moraly, Delchambre, Vernhet, MORIN, Legigand, Lemarchand (dirigeant). Assis : Weiss, Pinard, Terrier, Johannet, Carpentier, Rondeau, Cécile

Vous faites partie du 1er centre de formation du PSG, inauguré le 4 novembre 1975 ?
C’était une petite maison, qui existe toujours d’ailleurs, au 120 avenue Foch à Saint-Germain-en-Laye. Il y avait une dizaine de lits, un petit jardin. Le directeur du centre était Pierre Alonzo, sa femme, la belle sœur de Daniel Hechter, était aussi présente. On a vu grandir Jérôme (Alonzo), il avait 3 ans à l’époque. On pouvait dormir, manger sur place, laver notre linge. J’étais externe car mes parents habitaient Saint-Germain.

Avec Jean-Marc Pilorget, Lionel Justier, François Brisson, on vous surnomme les « 4 Mousquetaires » : vous êtes la toute 1ère génération de joueurs professionnels que le club a formés, et faites ensemble vos débuts en D1 ?

Les 4 mousquetaires

Just Fontaine nous a lancés en 1ère division le 21 décembre 1975, on avait 17-18 ans. J’étais en Terminale, je jouais avec la réserve, en 3è division avec des joueurs beaucoup plus âgés que moi. Je faisais à l’époque 3 entraînements par semaine. Un jour, alors que les résultats de l’équipe 1ère n’étaient pas bons, Just Fontaine décide d’intégrer des jeunes. C’était en plein hiver, nous sommes partis en stage commando à Deauville.
Pour moi c’est un souvenir marquant. Nous sommes arrivés dans un grand hôtel, le Normandy. Je découvrais un autre monde. 3 jours après, j’apprends que je vais jouer, titulaire. Just Fontaine vient me voir, il me dit : « samedi, c’est toi qui joue« . Au Parc, face au Stade de Reims. J’allais jouer à la place de Jacky Novi, grand joueur, international, c’était assez particulier. Ce jour-là, nous étions 3 jeunes du centre à débuter : Jean-Marc Pilorget, Lionel Justier, et moi. François Brisson était rentré à la mi-temps. Je jouais en charnière centrale, avec Humberto Coelho, alors capitaine du Portugal.

Cela s’est-il bien passé ?
Oui c’est un bon souvenir, malgré la défaite (2-3) un peu contre le cours du jeu. Mes frères, qui jouaient aussi au foot, mes parents, basketteurs à Saint-Germain, étaient au Parc. J’ai grandi dans une famille de passionnés de sports. Ce jour-là, Just Fontaine avait fait appel à nous pour titiller les pros, les piquer au vif. Après Reims, je n’ai plus trop rejoué de la saison. Je passais mon bac et m’entraînais avec la réserve.

Je venais en solex au camp des Loges

Qu’avez-vous fait de votre tout 1er maillot ?
Je l’ai rendu (sourires). Nous n’avions pas le droit de garder les maillots. On le redonnait au club, qui le lavait pour le prochain match. A l’époque, les noms sur les maillots, cela n’existait pas. Le seul équipement avec notre nom, c’était les survêtements d’entraînement.

Quand êtes-vous devenu un joueur professionnel du PSG ?
En 1978 avec Francis Borelli. La Charte du football stipulait que tous les jeunes ayant disputé 15 matches en D1 avaient l’obligation de signer professionnel dans leur club formateur. Pas besoin d’agent, les dirigeants appliquaient la Charte, avec des points, un barème… C’était plus simple et plus rapide qu’aujourd’hui. Pendant longtemps, je suis venu au camp des Loges en solex, que j’ai toujours, d’ailleurs il faut que je le répare. Avec les primes de matches, les premiers salaires, j’avais économisé pour pouvoir m’acheter ma 1ère voiture. Une fois le permis en poche, je me suis acheté une Fiat 850, un peu plus grande qu’un pot de yaourt (sourires).

Effectif 82-83 : Tanasi, Sušić, Merelle, MORIN, Baratelli, Sarr Boubacar, Toko, Zaremba, Bathenay, Fernandez, Pilorget, Cardinet, Peyroche (E), Col, N’Gom, Lemoult, Ardiles, Dahleb, Rocheteau, Barrientos (Preparateur Physique)

Au delà des 1ers titres du club (Coupe de France 1982, 1983, champion de France 1986), conquis avec des joueurs comme Mustapha Dahleb, Safet Sušić, Domnique Rocheteau, que gardez-vous de ce PSG-là ?
Beaucoup de souvenirs, des moments improbables, fantasques. Il serait impossible de les vivre aujourd’hui.

Par exemple ?
Au début des années 1980, nous étions partis jouer à Dakar en bateau de croisières. Les « croisières Paquet » : la compagnie vendait des croisières « avec les joueurs du PSG ». Par exemple le soir, les vacanciers pouvaient assister à des conférences avec les entraîneurs. On s’entraînait dans les coursives du bateau, on faisait nos footings, on jouait au squash. Après 2 escales à Las Palmas et au Cap Vert, on est enfin arrivé à Dakar pour le match face à l’équipe nationale du Sénégal.

A la fin du temps réglementaire (2-2), le speaker a pris la parole : « Monsieur le Ministre des sports, parmi nous ce soir, est très content du match, on va rejouer 2 fois ¼ d’heure ! ». On se regarde entre nous, on rentre au vestiaire puis on revient, comme des chanteurs après un rappel (sourires).

Une autre fois pendant la trêve, nous sommes partis au Cameroun, à Douala et Yaoundé, disputer 2 matches amicaux. Le jour du match, on faisait le tour de la ville en petits bus de 7-8 places, avec un speaker, un haut parleur comme avant un spectacle de cirque : « Voici l’équipe du PSG, venez les voir ce soir ! » Jacques Vendroux, journaliste qui nous accompagnait pour France Inter, avait joué dans les buts à l’entraînement.

A la poursuite du niçois Bjeković

Vous êtes aujourd’hui le directeur du CFA Omnisports et du lycée privé qui accueille, héberge les jeunes du centre de formation du PSG ?
Oui, ma 1ère mission a débuté en 1989 avec Francis Borelli : restructurer la partie pédagogique, administrative du centre. En 1991, Canal + arrive, et lance la section omnisports. L’idée pour nous fut alors de créer une structure qui intègre les basketteurs, handballeurs, judokas du Paris Saint-Germain. Le 1er juillet 1994, le 1er Centre de Formation d’Apprentis des métiers du sport (CFA Omnisports) a vu le jour en France, à Paris, à l’initiative du PSG. Aujourd’hui il y en a un par région.

L’objectif, c’est à la fois de permettre à des jeunes disposant d’un fort potentiel sportif de pratiquer leur sport au plus haut niveau, et de leur assurer une formation les préparant à un métier dans le secteur sportif (entraineur, éducateur, etc). L’idée, c’est de dire : si le jeune ne réussit pas dans son sport, qu’est-ce qu’il va faire, quel est son projet ? Anticiper la reconversion est quelque chose de très important.En 2002, nous avons mis en place un lycée privé pour les jeunes du centre de formation, ici-même au camp des Loges.

Pour un jeune du PSG, concilier le sport et les études, est-ce plus facile aujourd’hui que dans les années 90 ?

Au combat avec Laurent Roussey de Sainté le 12 mars 1980

Beaucoup plus facile. Nous adaptons complètement le calendrier scolaire aux calendriers sportifs. On cale les horaires de cours sur leurs horaires d’entraînements, donc tout est vraiment adapté à ce niveau-là. Les effectifs sont de 4 à 10 élèves maximum par classe. Tout est fait pour qu’ils soient dans les meilleures conditions. L’équipe de professeurs change peu d’année en année, il y a une écoute, une proximité, un lien qui se créé. On essaie de les accompagner au mieux.

Depuis 1989, nous avons accompagné près de 500 jeunes, certains sont devenus pros, internationaux, d’autres n’ont pas réussi dans le foot, mais cela ne veut pas dire qu’ils ne réussissent pas leur vie. On en revoit certains, qui viennent nous faire un petit coucou, voir les nouveaux locaux, ça fait plaisir. Chaque année, en mai ou juin, l’association les « Titis du PSG » organise un tournoi qui réunit les anciens du centre de formation. C’est très sympa, une super journée. Anthony Vivien (fondateur des Titis du PSG, ndlr) s’investit beaucoup réalise un gros travail, que je salue.

Un vrai bon exemple pour la formation

Presnel Kimpembe, Adrien Rabiot, Alphonse Areola, Christopher Nkunku, ce sont des joueurs que vous connaissez bien pour les avoir eus en formation ?
Oui, ce sont des garçons qui n’ont jamais rien lâché. Ils sont arrivés avec de vraies valeurs, une bonne éducation, et nous, nous n’avons fait que les accompagner. Ils sont un super état d’esprit.

Presnel (Kimpembe), c’est un vrai bon exemple pour la formation. Il est arrivé au PSG à 10 ans, à l’école de foot. Il n’était pas le meilleur. Personne, pas même ses entraineurs, ne pouvait prédire qu’il arriverait à ce niveau. Il a toujours écouté les conseils, bossé. Il n’avait pas de contrat, rien, il venait en bus d’Eragny (95) pour s’entraîner. Il n’a jamais rien demandé, a toujours travaillé avec sérieux. C’est un garçon adorable, sympathique, humainement super, toujours souriant. Tout le monde l’adore ici. On est vraiment super contents pour lui. L’an dernier, il est venu nous voir avec un sac rempli de maillots pour les donner au personnel, professeurs, surveillants, cuisiniers, pour les remercier. On les a mis dans un sous-cadre, qu’on a accrochés dans l’entrée du centre. Il sait d’où il vient, il est reconnaissant.

Presnel Kimpembe et son père le soir de PSG Barcelone.

Timothy Weah, le fils de « Mister George » est pensionnaire au centre ?
Tim a 17 ans, il est attaquant comme son papa. C’est un garçon discret, avec une super éducation, mentalité. Il arrive que son papa vienne lui rapporter des affaires qu’il a oubliées. L’autre fois George est venu avec un sac : « Tim a oublié ses chaussures… » (sourires). On l’a moins vu ces derniers temps car il est candidat à l’élection présidentielle au Libéria (10 octobre 2017, ndlr). Tim, lui, est en Inde pour les Championnats du monde des « moins de 18 ans » avec les Etats-Unis. Il a signé son 1er contrat pro cet été.

Des histoires de vie qui marquent

Durant toutes ces années, y a-t-il des jeunes, des trajectoires de vie qui vous ont davantage marqué ?
Bernard Allou est arrivé à 14 ans de Côte d’Ivoire, avec un autre jeune, qui lui n’a pas percé. Ils sont arrivés en plein hiver, il fallait s’en occuper, leur acheter des vêtements. Il avait perdu son papa. On l’a accompagné peut-être un peu plus que les autres. C’est un super garçon.

Edvin Murati a une histoire très forte lui aussi. Il est arrivé en France comme réfugié politique, dans le coffre d’une voiture, pour fuir l’Albanie. Un jour je reçois un coup de téléphone d’un éducateur du centre de réfugiés pour mineurs : « bonjour, je suis éducateur à Emançé (78), on a récupéré un jeune albanais (16 ans), il est international dans son pays, est-ce que vous voulez le voir ? » Edvin est venu faire un entrainement, il avait une vraie qualité.

Le problème, c’est qu’on n’avait plus de place au centre… C’était l’ancien centre de formation. Il nous restait une minuscule chambre : « On a une toute petite chambre de 4 m2 avec 1 lit, 1 armoire, si tu veux on te la met à disposition« . Il était super content. Il est resté parmi nous. Il ne parlait pas un mot de français, il a appris, on l’a aidé dans pas mal de démarches, accompagné, jusqu’à ce qu’il signe pro à Paris (1994). Aujourd’hui, il est diplomate pour l’ambassade d’Albanie. C’est un garçon très intelligent, attachant. Il m’a invité à son mariage. Nous sommes toujours en contact.

Timothy Weah et son père lors de la signature de son contrat apprenti

Lorik Cana était dans une situation similaire ?
Il est arrivé dans une situation lui aussi assez compliquée, bien que différente. Il venait de Suisse. Avec sa famille, ils fuyaient la guerre au Kosovo. Nous l’avons aidé, lui et ses parents, scolarisé sa sœur au lycée. Nous l’avons pas mal accompagné. Quand il a quitté le PSG, il est venu nous voir, il pleurait. Il nous a remerciés pour tout et disait qu’il était triste de nous « abandonner ».

Vous fêterez bientôt votre 45ème année au club. Qui dit mieux ?
Je n’avais pas vraiment prévu cela puisqu’après ma carrière de joueur, j’aurais dû devenir professeur de sciences naturelles. Au final, je n’ai jamais enseigné. En 1986, le Red Star m’a proposé de travailler sur la mise en place du centre de formation, tout en restant joueur (D2, puis D3). En 1989, Francis Borelli me rappelle : « On veut restructurer le centre de formation du PSG. Est-ce que tu veux t’en occuper ? » J’ai dit oui et aujourd’hui suis un peu le « dinosaure » du PSG (sourires).

L’association des anciens joueurs du PSG, dont vous étiez le président, existe-elle toujours ?
Elle existe toujours même si nous sommes moins actifs au niveau des matches. J’en parlais avec Vincent Guérin, Laurent Fournier. Nous aimerions la relancer avec l’idée de créer un fond pour les anciens joueurs du PSG qui sont aujourd’hui dans une situation socialement délicate. Un fond qui servirait à les aider, revenir dans le réseau, garder des relations et aider concrètement ceux qui sont en difficulté, car il y en a.

Thierry Morin aujourd’hui au Camp des Loges

Interview : PSG Club Los Angeles

Virage continue son tour du monde des supporters.
C’est au tour de Stéphane, Jeremy et Antoine, fondateurs
du PSG Club Los Angeles, de répondre à nos questions.
Malgré le soleil, les stars et les palmiers, le Parc leur manque terriblement.


VIRAGE : Comment est né le PSG Club Los Angeles ?

Stéphane Pereira : Le PSG Club L.A. est né en 2 étapes. Ce fut d’abord une page Facebook créée par Jeremy et moi le 10 juin 2014. Jeremy s’apprêtait à quitter Brooklyn pour s’installer à L.A. Il était membre du PSG Club New York et voulait créer son équivalent sur la côte ouest. Nous avons fait vivre la page Facebook pendant presque 1 an et demi. Puis en Janvier 2016, Antoine qui faisait lui aussi partie du PSG Club N.Y. auparavant nous a rejoint, et le 11 février 2016 le PSG Club L.A. tel qu’on le connait aujourd’hui est né.

VIRAGE : Combien y-a-t-il de membres au sein de votre club ?

SP : Nous comptons une quarantaine de membres fidèles.

VIRAGE : Il y a des conditions pour rentrer dans le club ?

SP : L’amour du PSG est l’unique condition. Mais est-il besoin de le préciser ?

VIRAGE : Vous organisez beaucoup d’événements sur place ?

SP : Oui. Nous organisons un événement quasiment à chaque match du PSG, championnat, Ligue des Champions, coupes, et même pour les matches de pré-saison si ils sont retransmis.

Arrivée au Stade De Carson le 30 juillet 2016

VIRAGE : On vous a remarqué lors du déplacement du PSG aux USA en 2016, les relations sont bonnes avec le club ?

SP : Les relations avec le PSG sont excellentes. Nous sommes indépendants. Mais nous avons un contact direct avec le club. Nous sommes aussi très proches du PSG Club N.Y. que nous considérons comme nos frères.

VIRAGE : Vous avez parfois l’impression d’avoir le fonctionnement d’un groupe ULTRA en déplacement quand le PSG vient jouer à NYC ou ailleurs aux USA ?

SP : Nous n’avons que très peu d’occasion de supporter le PSG en match. Les tournées d’été aux USA du club nous ont vraiment enthousiasmées. Surtout sur cette tournée 2016 pendant laquelle ils étaient basés à L.A. On a fédéré un maximum de fans. On se sentait investis d’une mission. C’était énorme. Dès l’arrivée des joueurs à leur hôtel le premier jour, on était là. C’était important pour nous d’affirmer notre présence, notre soutien. A ce titre, et pendant ces quelques jours nous avons affiché un engagement digne d’un groupe d’Ultra.

VIRAGE : Vos meilleurs souvenirs lors de la venue du PSG aux USA ?

SP : Le point d’orgue était le match à Carson dans le stade du L.A. Galaxy où le PSG affrontait Leicester. On était environ 200. Avec nos bannières, nos drapeaux, nos écharpes déployées, nos tambours. On a chanté non-stop pendant 2 heures. Le PSG Club N.Y. était avec nous dans le quart de virage qu’on avait réservé. On voulait que les joueurs se sentent chez eux. C’était fort ! L’ambiance et la communion qu’on a su créer pour ce match est notre plus grande fierté.

Jeremy Da : D’accord avec Stéphane, ce match à Carson c’est notre grosse fierté. J’ajouterais qu’on a fait un gros forcing pour faire rentrer tambours, mégaphones et bannières dans le stade, ce qui fut plutôt compliqué. On était les seuls dans le stade avec des outils pour mettre de l’ambiance et on a chanté tout le long du match sans s’arrêter. On entendait que nous dans le stade ! Cela donnait en effet l’impression d’un parcage ULTRA… que de bons souvenirs 🙂

Le parcage en Virage à Carson

VIRAGE : Des envies, ambitions futures pour le PSG et votre club ? Qu’aimeriez vous lancer comme projet ?

SP : Revenir au maillot Hechter ! Non négociable.
Dire aux nouveaux ultras en tribune Auteuil d’arrêter les nouveaux chants basés sur la Lambada, Edith Piaf, et autre Dirladada… C’est insupportable. Qu’ils s’en tiennent aux chants historiques qui eux ont des paroles et une âme… Si ils veulent en inventer de nouveaux, il va être question d’élever sérieusement le niveau.
Sinon pour le Club L.A., je souhaite que nous poursuivions notre croissance et que nous puissions proposer des avantages développés avec le PSG pour nos membres. Une sorte de statut MyParis 2.0.

JD : Les nouveaux chants ne me dérangent pas tant que ça. Certains chants sont historiques, d’autres sont du moment, ou évoquent notre histoire (“après tant d’années de galère et de combat…”). Je les aime tous !
Pour le PSG Club L.A., nous cherchons à poursuivre notre croissance, pour que les fans du PSG à Paris soient tous au courant qu’il existe un vrai groupe de passionnés du PSG à L.A. Une visite nécessaire pour tout fan du PSG qui serait de visite dans notre ville. Qu’ils se sentent comme chez eux ! Au delà de ça, nous avons de très bonnes relations avec les PSG Club N.Y. et Montréal en particulier, il est donc important de tous travailler ensemble pour donner le plus de visibilité possible à notre club de coeur aux USA.

VIRAGE : C’est quoi la vie d’un supporter parisien à 9000km de Paris ? Facile de suivre l’actualité du PSG et les matchs ?

SP : La vie de supporter parisien à 9000 km de Paris c’est une vie du supporter avec 9h de décalage horaire… Nous n’avons aucun mal à suivre l’actualité du club. Nous la partageons même avec tous nos membre et followers sur les réseaux sociaux. Par contre, pas toujours simple de faire un Game Event pour les matches de L1 décalés au samedi 17h heure française… ça fait du 8h du mat’ à L.A.

JD : En gros on boit beaucoup moins de bière pendant les matchs…

VIRAGE : Est-ce que l’éloignement ne provoque pas une certaine idéalisation et nostalgie du club ?

SP : Est-il besoin d’éloignement pour idéaliser notre PSG bien aimé…? Après pour ce qui est de la nostalgie, elle est très liée pour nous à la nostalgie de la France, de Paris, et du Parc.

JD : Personnellement le Parc et son ambiance me manquent énormément. C’est pas toujours facile de vivre certains moments de loin, surtout quand on a plein d’amis à Paris qui vivent ça tous ensemble et le rapportent sur les réseaux sociaux. C’est quelque-part la raison pour laquelle nous avons créé ce fan club. Pour faire face à cet isolement que tous les vrais fans du PSG vivant à L.A. ressentent. Ensemble nous sommes invincibles !

VIRAGE : Être supporter du PSG à L.A. ça rapproche ou c’est compliqué de se rencontrer ?

SP : Ça rapproche sans aucun doute. On a le sentiment d’avoir créé un petit bout de PSG loin de Paris.

Soir de match au Pub Britannia à L.A.

VIRAGE : Depuis quand êtes vous installés à LA ?

SP : Antoine, Jeremy et moi sommes franco-américains. Certains d’entre nous vivent à L.A. depuis 15 ans, d’autres depuis 5 ans ou moins.

JD : Je suis arrivé à L.A. en août 2014. Avant ça, j’étais à New York depuis juin 2006, d’où ma proche affiliation au PSG Club N.Y.

Antoine Alias : Je suis installé à L.A. depuis Avril 2015. Avant cela, j’ai habité à New York de 2001 a 2014. Comme Jeremy, je faisais partie du PSG Club N.Y., très actif pendant toutes ces années.

VIRAGE : Pourquoi avoir quitté la France ?

SP : Choix familiaux, choix professionnels, et puis nous sommes aussi pour certains à moitié américains.

JD : Ma mère est américaine, j’ai toujours souhaité rejoindre les US après mon Bac en France, ce qu’avait déjà fait ma soeur avant moi. C’est une culture que j’aimais beaucoup et que je voulais mieux connaitre. Je suis donc parti faire mes études universitaires là-bas.

AA : J’ai quitté Paris en 2001, pour la fin de mes etudes universitaires, pour découvrir les USA et NYC, ville dans laquelle je suis né. Ayant la chance d’avoir le passeport américain, et donc d’avoir la double nationalité franco-américaine, j’en ai profité pour rester à New York et j’ai adoré cette ville incroyable. Maintenant, après tant d’années passées là-bas, je suis bien content de profiter du beau temps californien, et du style de vie bien plus « relax »…

VIRAGE : Vous êtes supporters du PSG depuis quand ?

SP : Rien de mieux qu’une photo pour étayer un propos. Voici ma photo d’identité sur mon premier passeport. J’ai 11 ans et je porte le maillot du PSG. C’était en 1978… Le mythique maillot Hechter…!

JD : Depuis mon intégration à la section amateur à 8 ans. A l’époque on s’entraînait sur le terrain militaire en face du Camp des Loges.

AA : Je suis supporter du PSG depuis 1993, j’avais 15 ans. Un pote m’a amené au fameux PSG-Real de 1993 au Parc des Princes, et ce fut le coup de foudre direct. Je me suis abonné avec mes amis en tribune Auteuil, puis Boulogne, jusqu’à mon départ de France en 2001…

VIRAGE : Pourquoi êtes vous devenus supporters du PSG ?

SP : Ha ha…. Y’avait d’autres options tu penses ?

JD : J’étais obsédé par le foot et c’était le club de ma ville. A l’époque j’étais aussi un gros fan de Safet Sušić et Daniel Bravo.

VIRAGE : Vos plus grands souvenirs du PSG en tant que supporters ?

SP : J’ai beaucoup vécu à l’étranger. Je n’ai donc pas toujours été au contact du quotidien du PSG pendant mon adolescence et mes études supérieures. C’est une époque où internet et les réseaux sociaux n’existaient pas. Ensuite j’ai vécu à Paris, et j’étais abonné au Parc pendant 10 ans. Epoque Pauleta / Pichot. Je cite les deux pour bien laisser entrevoir la palette de talents qui composait notre équipe à l’époque. Du très beau, mais aussi du laborieux. Nos années pain noir, après les années Canal. Mais on a quand même réussi à gagner coupe nationale sur coupe nationale. Le PSG n’a jamais cessé de gagner. Et finalement je crois que mon plus grand souvenir quand j’y réfléchis aujourd’hui c’est l’ambiance du Parc à l’époque. Une ambiance incroyable, fantastique.

JD : Il y en a plusieurs. Le premier c’était quand j’ai été choisi pour être ramasseur de balles pour PSG-Milan le 5 avril 1995 en 1/2 de LDC (je suis derrière les buts avec une casquette pour ceux qui reverront la vidéo). C’était ma dernière année au PSG, j’avais été baby-sitter des enfants de Weah plusieurs fois (j’étais le seul en section amateurs qui parlait anglais). Weah c’était mon idole incontestée, j’étais persuadé qu’il allait nous emmener en finale, puis ce but de Boban m’a détruit. Cela dit, mon but préféré de tous les temps c’est celui de Weah contre le Bayern. Je m’en rappelle comme si c’était hier.
Ensuite il a des moments historiques plus récents quand j’étais de retour au parc, dont le but de Pastore du 3-1 contre Chelsea. J’ai rarement l’occasion d’aller au parc, j’étais avec tous me potes, c’était magique.

AA : Le match contre le Real bien-sûr en 93, mais aussi tous les déplacements en coupe d’Europe dans les années 90 avec les potes. Nous avons voyagé et visité des stades et clubs mythiques : Arsenal, Liverpool, Barcelone, Milan, et les 2 finales de coupe d’Europe à Bruxelles et Rotterdam. Que de souvenirs et d’émotions. Le Parc des Princes est magique bien-sûr, et me manque énormément. Mais les déplacements avec les Ultras, surtout en coupe d’Europe, procurent des souvenirs incroyables.

Jeremy ambiance Kapo

VIRAGE : On suppose aisément que Le parc et Paris vous manquent ?

SP : Le Parc d’avant le plan Leproux, oui. La voix du speaker. L’échauffement des joueurs. Les tribunes qui chantent et se répondent. La ferveur même en tribune Paris. Nos noms gravés sur les sièges en tant qu’abonnés. Les gamins d’Île de France qui s’affrontaient à la mi-temps dans des concours de buts. Puis ensuite la fameuse Golden Barre… Toute une époque.

JD : Oui énormément, mais on fait avec !

AA : Je rentre en France 2-3 fois par an, et je m’arrange toujours pour que les dates correspondent avec des matchs du PSG… 🙂

VIRAGE: Il vous arrive donc de revenir en France et d’aller au Parc pour les matchs.

SP : Oui chaque année !

JD : Depuis que j’ai eu mes jumeaux, très peu. Avant cela je me déplaçais le coup de 48 heures pour chaque 1/4 de finale au Parc depuis l’ère Qatari. J’ai aussi fait Barça vs PSG au Camp Nou en 2015.

VIRAGE : La sensation doit être particulière quand on habite loin de Paris et qu’on revient ?

SP : On essaye de retrouver l’émotion d’avant. Ça s’est amélioré depuis l’arrivée du CUP en tribune Auteuil.

JD : C’est particulier dans le sens où on ne veut pas rater un instant. On vit le match beaucoup plus intensément. C’est euphorique…

Une Grecque sauce California

VIRAGE : Quelle est l’image du PSG aux USA et à L.A. en particulier ?

SP : Les USA c’est un pays immense. Dur de généraliser. A L.A. la grande majorité des gens ne connaissent rien du foot. Puis il y a les amateurs, les européens, les hispaniques, les kids qui jouent à Fifa sur leur PS4 ou Xbox. Ceux-là connaissent le PSG comme une équipe du top européen.

JD : L’image change petit à petit. On sent que le club a plus de visibilité. Maintenant tout est relatif, mais je pense qu’avec la venue de Neymar en particulier, l’image du club grandit, et ça se sent.

VIRAGE : Les californiens connaissent-ils le PSG et la Ligue 1 ?

SP : Difficile de comparer avec la France où tout le monde connait de près ou de loin le PSG. Le foot n’est pas un sport majeur aux USA, ou en Californie.

JD : Pour la grande majorité pas du tout. La L1 s’exporte très mal vu la notoriété de la Premier League et de la Liga. Mais cela va changer… Le niveau de la MLS est tellement bas que les deux ne se comparent pas. Espérons que la L1 fasse le nécessaire pour rentrer définitivement dans la cour des grands championnats d’Europe. On est sur la bonne voie !

VIRAGE : Croyez vous que le football puisse vraiment percer aux USA un jour ?

SP : Tout aux USA est une question de business. Le sport ne déroge pas à cette règle. Pour que le foot perce vraiment aux USA il faut qu’il y ait un business à développer dans ce secteur. Il faut que des investisseurs s’en emparent et développent ce marché. C’est uniquement comme ça qu’ils raisonnent ici. Comme la Fan Base augmente au fil des générations, je suis tenté de penser que le foot va grandir dans les décennies à venir.

JD : Il perce déjà. Le problème c’est qu’on a la NFL, NBA, MLB, NHL…ça fait beaucoup, et ils se battent tous pour le « Prime Time ». Comme le dit Stéphane c’est du business, et les sports purement américains sont historiques aux USA. On aperçoit de plus en plus de promo autour de la LDC , c’est maintenant une compétition beaucoup plus médiatisée au fil des années, la finale devient en quelque sorte le Superbowl du foot aux US. Que cela continue !

VIRAGE : Quels conseils donneriez vous au PSG pour faire grandir son image aux USA ?

SP : Développer un partenariat avec un club de MLS comme l’a fait City. Ouvrir des centres de formation aux USA. Faire du scouting sur le territoire américain et intégrer des pépites U.S. aux équipes jeunes du PSG.

JD : Plus de marketing produits ! En France on peut trouver des sacs PSG dans les supermarchés. Pourquoi ne pas offrir un porte-clé PSG avec l’achat d’une bouteille Hennessy ? Il y a certaines marques françaises très populaires aux U.S. (LVMH), il faut donc en profiter. Le PSG, c’est une très belle marque… j’aimerais voir le logo de manière plus répandue au quotidien.

VIRAGE : Parlons douleur. L’ouragan Remontada a-t-il eu aussi un impact à L.A. ?

SP : L’ouragan remontada a fait très mal… partout.

JD : Oui. Très, très mal. Il y a beaucoup de Latinos fans du Barça à L.A…très compliquée cette défaite.

VIRAGE : Vous voyez un jour un joueur américain signer au PSG ?

SP : Christian Pulisic, maybe.

JD : Franchement pas trop. Je dirais Pulisic comme Stéphane, mais je n’y crois pas trop.

VIRAGE : Ça vous est arrivé de tomber sur un supporter marseillais à L.A. et de le chambrer ?

JD : Absolument ! On a même eu des fans de l’OM qui sont venus voir un match avec nous. Ambiance bonne enfant mais ça chambrait lourd quand même 🙂

Tom Pougin alias Piano Mugshot

Parisien de naissance et dans le coeur, Tom s’est exilé depuis à Montreal au Canada où il entretient une passion à distance pour le club de la Capitale.
Il est également illustrateur et ses créations respirent l’amour du football.  


Virage : Tu es supporter du PSG depuis quand ?

Tom Pougin : Je pense autour de 92-93, je suivais ça d’un oeil plutôt amusé par la ferveur pour Paname qui règnait à la maison avec mon frangin plus vieux de 5 ans et ses réactions totalement exagérées face à certaines équipes mais je dirais que le réel engouement est né avec le premier titre en 94.

Virage : Pourquoi le PSG ?

Tom Pougin : On est Parisien depuis plusieurs générations, ça s’est fait comme ça, en toute logique.

Virage : Tes meilleurs souvenirs de supporter ?

Tom Pougin : Ma première fois au Parc, un PSG-Nantes avec mon frangin en 95, on les avait tapé 5-0. Pour une première, ça fait plaisir. Extra-sportivement, le pétage de plomb de Patrice Loko qui avait sorti son zob devant les flics aussi, cette histoire deviendra légende.
Plus récemment, le 4-0 contre Barcelone m’a bien fait kiffé aussi, faut quand même pas oublier qu’on les a ken à la loyale, malheureusement pour la suite… ❤ Ronaldinho ❤

Virage : Tes pires ?

Tom Pougin : Les branlées à domicile face à Marseille, celles-là faisaient plus mal que d’autres. Ce sentiment aussi à l’époque qui te faisait sentir que même quand on menait 2-0, t’étais jamais serein, on était capable de se faire taper avant la fin. Toute la période de merde des années 2000, malgré certains joueurs de feu, c’était vraiment moche.
Deniz Aytekin.

Virage : Des joueurs idolâtrés ou pas ?

Tom Pougin : Bien-sûr, Weah, Valdo et sa feinte de frappe, Ginola et sa classe, Madar et sa dégaine, Okocha et ce passement de jambes, Ronaldinho et son génie, Pauleta, Verratti et d’autres. Et Cavani, il croque à fond mais je le kiffe, avec tout ce qu’il s’est fait cracher à la gueule, il est bel et bien là.

Virage : Pourquoi t’es-tu installé au Canada ?

Tom Pougin : Au départ, l’ambiance pour trouver un taf et un logement à Paris commençait à être un peu relou alors on s’est dit qu’on essayerait bien Montréal – où j’avais quelques potes – pour voir. On a vu, ça nous a plu, on est resté puis on a fait des mômes.

Virage : Est-ce que ça parle aux canadiens le fait d’être supporter d’un club de foot et du PSG en particulier ?

Tom Pougin : Tu croises beaucoup de maillots de foot d’un peu partout à Montréal, plus généralement dans les communautés Italiennes, Portugaises et Françaises. Sinon les locaux sont bien sûr plus branchés sur l’Impact de Montréal et la MLS. Le PSG commence aussi à se faire connaitre depuis quelques années. Y a le PSG Club Montréal aussi qui se réunit dans un bar pas loin de chez moi les jours de C1. Ils ont une banderole énorme, j’imagine que ça doit interpeller les gens.

Virage : Est-ce que le football commence à être reconnu chez nos cousins canadiens ?

Tom Pougin : Le foot se développe de plus en plus ici, y a des terrains qui poussent un peu partout, même au détriment des patinoires de hockey. L’Impact est de plus en plus populaire même si on ne croise pas encore beaucoup de maillots de l’Impact dans les rues. Y a des mecs aussi qui ont monté un complexe de foot à 5 indoor et apparement, ça marche vraiment bien donc ouais, le foot commence à prendre de plus en plus de place ici.

Virage : Est-ce qu’il y a des clubs plus reconnus ou suivis que d’autres au Canada ?

Tom Pougin : Il ne me semble pas. un peu comme partout, tu portes ton maillot si t’es supporter de ton équipe. Sinon, tu croises toujours ces putains de maillots de Barcelone et du Real, ça me fatigue.

Virage : Est-ce que le championnat de France les intéressent ou c’est comme partout ailleurs : La Premier League ?

Tom Pougin : Lol je pense que la Ligue 1 ici, tout le monde s’en bat un peu les noix. Tu sens une grosse culture du Calcio parce qu’il y a beaucoup de cafés italiens ici (coucou l’Olimpico !). Mais sinon, ça suit surtout la Champion’s League.

Virage : Tu joues au foot là bas ?

Tom Pougin : Yes, tous les lundis avec le Bagel City FC 🙂

Virage : Commet ça se passe pour jouer ?

Tom Pougin : Y a pas mal de terrains ici, on réserve une plage horaire et on est peinard. Sinon, tu viens avec tes sosses et les équipes tournent après 2 buts marqués ou 10 minutes.

Virage : Est-ce que tu arrives à suivre les matchs sur place ?

Tom Pougin : Ouais les dimanches aprem ou samedi matin, j’arrive à me démerder. Quand je taffais free-lance aussi, je matais la Champions en semaine mais maintenant que j’ai un taf à temps plein, ça va être plus compliqué. Mais mater les matchs l’après-midi, ça fait chier un peu quand même. Tu peux pas vraiment t’enfiler des bières devant la C1 et aller chercher ton môme à la garderie direct après…

Virage : Est-ce qu’il existe une communauté pro PSG ? Si oui t’es tu fait des amis grâce à ça ?

Tom Pougin : Comme je te le disais, y a le PSG Club Montréal ici qui représente bien et ils sont pas mal nombreux mais je me suis pas spécialement fait de potes avec ça non. Je suis allé voir quelques matchs dans leur bar habituel pour l’ambiance, c’est cool, tu retrouves un semblant de ferveur de stade.

Virage : Est-ce que le Parc des Princes te manque ?

Tom Pougin : J’y suis retourné en 2013 voir un PSG-Monaco insipide et l’ambiance était dégueulasse. Même si j’ai jamais été Ultra, un stade qui chante, c’est quand même mieux qu’un stade qui se fait chier. Cela dit, le retour des Ultras, c’est cool. Même si c’est pas tout à fait comme avant, c’est bien que ça bouge dans le bon sens. Du coup, j’aimerais bien y emmener mon fils un jour, histoire qu’il voit ça en vrai, ça me ferait bien kiffer. Sinon, ça va, je vis bien la distance 🙂

Virage : Est-ce que porter le maillot du PSG dans la rue crée une forme de curiosité locale ?

Tom Pougin : Non, pas vraiment. En fait, à Montréal, tu peux te balader avec un futal à une jambe et des cheveux verts, tout le monde s’en bat les steaks. Par contre, si tu portes un maillot de Paris, c’est sûr que tu vas entendre au moins une fois dans la journée un mec de Paname qui va te dire « Beau maillot » ou un truc du genre au passage. Un jour, un mec en bagnole a ouvert sa fenêtre pour gueuler PARIS EST MAGIQUE ! C’était cool.

Virage : Ils pourraient le confondre avec celui des Canadiens de Montreal vu les couleurs ?

Tom Pougin : Ha ha, ouais mêmes couleurs inversées et à l’horizontale. Mais tu peux pas confondre, ils respectent les couleurs de leur maillot, eux.

Virage : Raconte-nous comment est né le projet Piano Mugshot ?

Tom Pougin : Un peu par nostalgie pour mon équipe, j’avais commencé à faire une illustration du maillot de Paname 96 pour l’encadrer chez moi, je trouvais ça quand même un peu moins « dans ta face » qu’un vrai maillot sous cadre (puis surtout j’ai pas la place). J’ai fini par faire des illustrations d’autres maillots mythiques en virant les sponsors et en re-dessinant les logos pour qu’ils soient compréhensibles en petit. De fil en aiguille, ça m’a fait rencontrer du monde ici en lien avec la culture foot et à force d’avoir des retours positifs, j’ai continué et développer le même délire sur des maillots de Hockey, Basketball, Baseball, etc… Je me tâte à faire un truc avec des maillots de cyclisme aussi.

Virage : Pourquoi Piano Mughsot ?

Tom Pougin : C’est un anagramme de mon blase en fait.

Virage : Quelles sont tes influences artistiques ?

Tom Pougin : Je sais pas pourquoi, je voue un culte aux vieilles choses. Les vieux sons, les vieilles sneakers, les vieilles bagnoles, les vieux films. La Pop-Culture en général. J’ai pas l’impression d’être influencé par un truc en particulier, ça va dépendre de mon humeur, de ce que j’écoute comme musique ou film à un moment donné, la saison, une conversation, etc…

Virage : Quelles sont tes ambitions sur ce projet ?

Tom Pougin : J’ai un peu moins de temps en ce moment pour bosser sur les illustrations (je suis méchamment à la bourre sur le maillot du Real de cette année et celui des Golden State Warriors) mais si je peux trouver quelques points de vente physique en Europe, je serais refait.

Virage : Ta signature s’inspire du logo de Paris, une évidence ?

Tom Pougin : Plus ou moins. J’avais refait ce bateau du logo de Paris y a un moment sans vraiment savoir quoi faire avec. J’ai fini par en faire mon logo. J’aime bien représenter ma ville mais c’était pas spécialement voulu à la base, non. D’ailleurs, à Montréal, mon logo n’évoque Paris pour personne .

Virage : Est-ce que tu aimerais travailler sur une projet avec le PSG ? On sait qu’ils s’ouvrent de plus en plus aux projets Street Art par exemple via leurs produits avec JonOne.

Tom Pougin : Ouais ça pourrait être très cool mais honnêtement, je ne pense pas qu’ils fassent appel à un « nobody » comme moi pour leur projet, je suis pas assez street-crédible.

Virage : Quel genre de projet aimerais-tu leur proposer par exemple ?

Tom Pougin : Je sais pas. L’habillage de terrain de streetfoot en région Parisienne, un peu comme Nike et Pigalle ont fait le terrain de basket. Adapté au foot, ça pourrait être cool aussi. Ou développer des petits trucs pour attirer les Parisiens à supporter leur équipe. À Montréal par exemple, chaque fois que jouent les Canadiens, tous les bus de la ville affichent un petit « Go Habs Go ! » qui défile à l’avant du bus, je trouve ça cool, y aurait moyen de s’inspirer de ce genre de truc. « Ici c’est Paris » sur le devant des bus de la capitale, ce serait marrant, je suis sûr qu’on verrait certains mecs faire des doigts aux autobus.

Virage : Où peut-on se procurer tes oeuvres ?

Tom Pougin : Pianomugshot.etsy.com puis sur Instagram @Piano_Mugshot