Aussi longtemps que je me souvienne, j’ai toujours supporté le Paris Saint-Germain.
Ca a commencé très tôt, à ma naissance en fait puisque j’ai poussé mon premier cri à exactement 2,6 km du Camp des Loges, en 1984. J’ai ensuite grandi sans jamais avoir pu me souvenir de mon tout premier match en tribune. Mon père en sifflait tellement à l’époque qu’il n’a jamais été en mesure de s’en souvenir non plus. 1992, une dizaine de matchs au Parc, à cheval sur deux saisons qui allaient changer la face du club. J’ai donc tapé mon tout premier PSG-OM cette année-là, celui de décembre 92, bien sale, bien rugueux. Une boucherie. But de Boksic. Bagarre générale sur le terrain. Du vrai football 90s.
Quelques mois plus tard, dans la cour d’école, j’annonce à mes potes que moi j’y vais. Ouais. Moi j’y serai. PSG-Real 93. Le plus beau des matchs, le plus mystique. On est en tribune A je crois, mon père n’a plus de voix, Valdo vient de marquer, on mène 3-0, on va passer, c’est fou. Les joueurs ne se sont pas encore replacés que mon père me lance : »On y va ». Petite habitude prise quand il m’emmenait au Parc. Partir à la 90ème, histoire d’éviter la cohue dehors et de pas mettre 10 piges à retrouver la caisse.
Je l’ai revu au ralenti
dans les yeux de mon père
On rejoint l’une des bouches de sortie RTL, les têtes vissées vers le terrain. Coup franc pour le Real, mon père s’arrête : »Attends ». But de Zamorano. Silence de mort. 3-1, comme au match aller. Mon père se prend la tête à deux mains. Moi je vois que dalle, on est debout, derrière d’autres personnes ayant eu la même idée que nous. Il m’explique : »Dès qu’il siffle, on rejoint nos places pour les prolongues ». En attendant, je me fous sur la pointe des pieds, je colle ma tête entre deux bombers et j’attends. Le Parc pousse, hurle et je m’aperçois d’une chose : c’est sympa de regarder un match debout, au milieu de gens que je ne connais pas. La suite par contre on la connait. Coup franc de Valdo. Tête d’Antoine. Explosion du Parc. Coup de coude dans la gencive du mec à ma droite, mon père qui me porte, les yeux exorbités, on hurle de joie. Je n’ai pas vu le but en live mais je l’ai revu au ralenti dans les yeux de mon père. Une telle expression sur son visage, un tel épanouissement, une folie, une rage qui ne porte pas de nom. A 9 ans, fanatique du PSG, je deviens.
AK Casque d’Or
J’intègre les poussins du PSG lors de la saison suivante, celle du futur titre de 94 et je reste au club jusqu’à mes 18 ans. J’ai connu l’époque où Gino, Lama and co passaient par les terrains en terre sur lesquels on s’entrainait pour rejoindre leur propre terrain. Valdo qui tape la balle avec nous, Weah qui fait des blagues et Guérin qui file sa chasuble. Ça joue en Copa Mondial ou en Tiempo, ça porte des coupes de merde, des maillots trop larges, des sponsors qui puent. Du vrai football 90s, encore une fois. Celui que j’aime, que je porte en moi et que j’aimerai pour toujours.
Sans Ginola, qu’ils aillent se faire enculer
Et puis un mercredi après-midi, tu croises le regard de ton idole derrière les grilles du terrain d’entrainement. ‘’Ca va jeune ?’’ Avec un sourire et un clin d’oeil. Toi tu restes sans voix. Le gars vient de t’adresser la parole. Le gars, c’est David Ginola. Lui, c’est le premier joueur qui m’a marqué.
J’ai eu la chance de le rencontrer plus tard lors d’une interview pour les bonus du film PARC. Le mec est cool, abordable, sympa. Quand j’ai commencé le foot, je voulais être ailier comme lui. Mes premières années foot au début des années 90 coïncident avec les siennes au PSG. Poster au dessus du lit, images paninis collées sur mes cahiers, VHS de ses plus beaux buts sur l’étagère. Vous savez la bleue en mode contrôle de poitrine avec ce putain de beaucoup trop gros logo SEAT. A chaque fin de saison, je priais pour qu’il ne parte pas. Quand il a signé à Newcastle, j’étais content. Pas un gros club. Dans ma naïveté enfantine, je me suis dit : »Il va se faire chier, il va revenir ». En 96, j’ai à peine suivi l’Euro. Sans Ginola, qu’ils aillent se faire enculer. Il avait la classe. Il jouait des deux pieds. Il aurait dû avoir une autre carrière. Point.
David El Magnifico
Je me souviens qu’à cette période, Marseille n’étant plus là, Paris avait un autre ennemi. Je haïssais Nantes et leur beau jeu de merde. J’ai un souvenir très personnel des matchs contre Nantes entre 93 et 96. Il y avait eu la Coupe de France avec pleins d’expulsés en 93, puis les claques reçues face aux prodiges Pedros, Loko, N’Doram et compagnie. Le but magnifique de Loko à La Beaujoire, la débâcle 0-3 au Parc. Bref, Nantes, c’était mon ennemi.
Parallèlement, en section Poussin puis Benjamin du PSG, pendant ces trois années, on jouait très souvent contre Nantes en quart, demi ou en finale de tournoi. Je me souviens avoir remporté un gros tournoi à Cahors en moins de 11 ans et d’avoir battu Nantes en finale 2-0. A la fin du match, on les a chambrés et ça a failli partir en bagarre générale. On devait être assez ridicule à cet âge-là de se prendre pour des pros mais on défendait les couleurs du club et ça faisait deux ans qu’on voyait pas le jour face à eux.
Au second plan, Will, la mèche rebelle, entre les fils de Fred Dehu et d’Amara Simba
Arrive ce match de 96. A ce moment de la saison, on survole le championnat. On leur a piqué Loko, on a Raí au sommet de sa carrière, Dely Valdés qui est pas encore trop dégueulasse et surtout Djorkaeff. On fait le match parfait. Au Parc. On les pète 5-0 et le second but restera à jamais gravé dans ma mémoire. Un contre mené par Youri himself. Il décale Raí à droite qui remet en une touche vers Dely Valdés. Passe foireuse mais le défenseur nantais se troue. Dely Valdés récupère le ballon. Il se place en position de tir. En bon numéro 9 égoïste et FDP qu’il est, on se dit qu’il va la jouer solo mais non. Feinte de frappe de malade. Il bloque la balle. Semelle sur le ballon. Derrière Youri a suivi, il arrive à toute vitesse et bloque sa course. Petite balle piquée des familles qui lobe Casagrande. Pour le petit bonus, on a Patrice Loko en mode chien fou qui se jette comme un détraqué sur le poteau alors que la balle a déjà passé la ligne.
Tattoo de Batman dans la face des rats
Et puis la saison suivante, Marseille remonte en D1… On est quand même content de retrouver nos meilleurs ennemis. Sauf que lors de la saison 1998-99, Paris est dans le trou alors que Marseille rayonne. Et puis, il y a ce soir de Mai 99. Je ne suis pas au Parc pour ce match. J’étais pas le premier à l’école donc mon père avait dû m’interdire de match en tribune. Donc je suis là, avec ma mère, devant Canal. Mon père lui, est au Parc, avec ses potes. Normal. Comme pour chaque match contre l’OM, j’y crois moyen. Tellement l’habitude de perdre ou en tout cas de ne jamais gagner. Je fais partie de la génération n’ayant jamais connu une seule victoire contre l’OM. Avant 90-91 ça compte pas, trop petit. Et la demi-finale de Coupe de France en 95 contre l’OM D2 de Cascarino et Cantona-bis, pardon mais on s’en bat les couilles.
Comme tous les gros matchs, je l’enregistre consciencieusement. Bon, en vrai, mon père m’ordonne d’enregistrer le match pour se le mater à son retour du Parc donc j’oublie pas et je fais bien… Les années qui ont suivi, j’ai dû me mater 150 fois le dernier quart d’heure de ce match sur ma petite télé. On est mené au score rapidement. Classique. But d’un ancien de la maison. Classique. On se dit que c’est plié. Faut savoir qu’à cette époque, on sort de l’ère Denisot et on a des joueurs de compét’ : Madar, Rodriguez, Yanovsky, Adailton, Aliou Cissé, Carotti, Algérino. Putain de D1 foireuse. Bon, à côté y a du lourd, pas beaucoup mais suffisamment avec JayJay, Marco, Lama et Ducrocq, le seul, l’unique. En face c’est pas l’équipe de 95, loin de là… Duga, Blanc, Pirès, Ravanelli, Luccin, Gallas. On est d’accord, sur le papier, il nous la foute au cul, facile.
Mi-temps, on est mené 1-0, je suis pas serein mais j’y crois quand même. Un peu. Seconde période, Madar est chaud. Jérôme Leroy, Rodriguez et Okocha rentrent en jeu. Le nigérian célèbre son passage à Paris par sa feinte favorite. Monstrueux. On touche le poteau. Ca pousse. Je me dis qu’on peut faire quelque chose. Et là Marco s’envole. Tiempo aux pieds, cheveux au vent, bras en croix, tattoo de Batman dans la face des rats. Je bondis sur le canap, je renverse ma Danette, j’ai envie de rentrer dans le poste et de célébrer ce but en tribune. Puis Rodriguez plante le second. Ma mère me demande de bien vouloir arrêter d’hurler dans l’appartement car ‘’les voisins vont encore descendre !!!’’. Rodriguez. J’aime pas ce joueur. Je l’ai jamais aimé. Mais ce jour là, j’aurai pu me foutre à genoux, lui baisser son froc et… OK je vais trop loin. On gagne contre l’OM, on les prive de titre et ce match rentre dans l’histoire des supporters.
Bruno Le bison corse
C’est ce que je deviens vraiment, au fil du temps. Un supporter. Je cultive ma passion pour le club sur le terrain et en tribune une semaine sur deux, dans l’espace réservé aux joueurs de la section amateur. Pendant des années, on a pu insulter les équipes adverses placées juste en dessous de nous, en bons petits connards que nous étions. A ma gauche, je mate le bordel. Auteuil, les lumières, les couleurs, les chants, les mecs torses nus.
On se les pelle, on chante
et on pleure le reste de la semaine
Puis je rencontre un pote au foot, Jérôme, on a 13 piges et lui ne va pas dans la même tribune que nous. Il a son propre abonnement, à Auteuil avec son frère et son père. Le con, il paye pour aller au stade alors qu’il pourrait y aller gratis avec le club ! Mais quand il me raconte ses matchs la semaine qui suit à l’entrainement, je repense à ce jour de Mars 93 où j’avais la tronche coincée entre deux molosses, debout sur la pointe des pieds : »Ca n’a rien à voir, toi t’es assis, nous on est debout, on chante pendant 90 minutes » Alors je teste, une fois, deux fois, je tape la carte de son reuf quand il n’y va pas et je commence à goûter à cette ambiance, de temps en temps.
Et puis plus tard, bien des années plus tard, je prends ma place en virage à mon tour et je vis chaque match comme si c’était le dernier. Jusqu’aux années noires, fin 2000, les plus chaudes en tribunes mais aussi les plus tristes sur le terrain. On est là, on se les pelle, on chante et on pleure le reste de la semaine. Et puis arrive la saison 2009-2010 et le drame qu’on connait tous. La fin d’une ère, le boycott, les actions et l’envie de participer à l’histoire du club en rendant hommage à toutes les associations de supporters.
Avec mon pote Jérôme avec qui j’ai monté entre temps ma boîte de production WHEN WE WERE KIDS, on lance le projet PARC. J’ai consacré de longs mois à la réalisation de ce film. J’ai pris du plaisir à retracer les grandes heures du club mais tout au long de l’élaboration du film, je me suis aperçu que je m’en servais aussi comme d’une thérapie pour oublier ce qui n’existera malheureusement plus jamais. Depuis plus de six ans, je suis les matchs de mon canapé, frustré de ne pas être en tribune. Mais je reste fan. Je ne pourrai jamais supporter un autre club que PARIS. J’espère naïvement qu’un jour, je pourrai de nouveau exulter avec mes potes en virage et revoir cette expression sur le visage de mon père.
Celle qui n’a pas de nom et qu’on ne peut fabriquer.
Les Ultras des stades de football sont régulièrement au cœur de l’actualité, bien trop souvent malgré eux. Tout le monde en parle, commente leurs faits et gestes, certains les admirent et les respectent, beaucoup les craignent, d’autres les jugent, et les condamnent, mais finalement très peu les connaissent réellement.
Les Ultras sont violents. Les Ultras sont racistes. Les Ultras sont homophobes. Les Ultras sont des fanatiques écervelés. Les Ultras sont des analphabètes qui finissent toutes leurs phrases par « enculé ». Les Ultras sont des pseudo-supporters. Les Ultras sont des barbares. Les Ultras sont des animaux. Les Ultras ont surtout bon dos pour endosser la responsabilité de tous les fléaux des stades et masquer les incompétences de ceux qui sont censés en assurer la sécurité, sans chercher à comprendre qu’un stade de football est le plus simple reflet de notre société.
La critique est facile. Le jugement est évident. La condamnation est définitive. La connaissance ? Elle est primaire ! Demandez la définition d’un Ultra aux journalistes spécialisés, aux dirigeants de clubs, aux politiques décisionnaires, aux simples spectateurs des stades, très peu seront capables de vous répondre, bien qu’ils le feront tous, sans connaître le sujet. Le football fait l’unanimité dans le sens où tout le monde donne son avis. 30 millions d’amis et 60 millions de sélectionneurs. Très peu en sont pourtant des spécialistes.
Les Ultras font partie intégrante du football, ils n’échappent donc pas à la critique et à l’aveuglement de la foule des bien-pensants manipulée par les mass-médias et les décideurs intéressés. Sans autre forme de procès, les Ultras sont bien trop souvent livrés à la vindicte populaire. Ils ne sont certes pas toujours blancs, commettent parfois des fautes, et il arrive qu’ils soient sujets à des débordements inacceptables, mais cela ne signifie pas qu’ils sont toujours coupables dès qu’il y a un problème dans un stade, ou en dehors.
Fermons-nous l’Assemblée Nationale lorsque certains politiciens
sont mis en examen ?
Les Ultras sont des hooligans, entend-on ici ou là, érigé comme une vérité par des incultes qui se veulent érudits. Et bien non, ne leur en déplaise ! Si tel était le cas, on les appellerait justement des hooligans. Hors bizarrement, on les appelle des Ultras. Si ma tante en avait, … vous connaissez la chute.
Pour vous la faire courte et simple, un hooligan place la violence comme principe premier de son activité de supporter. Son objectif n’est pas de soutenir son équipe favorite et de la pousser vers la victoire, mais de se battre avec des hooligans adverses pour gagner le combat de la rue. La priorité des Ultras est de gagner le match festif des tribunes, avec des animations visuelles toujours plus élaborées, des chants toujours plus forts, un dévouement toujours plus important. Un adage répandu dans le milieu est qu’un Ultra n’utilise la violence que pour se défendre d’une éventuelle attaque, par exemple d’une agression d’hooligans. Se défendre d’une attaque est une réaction et un comportement totalement humain, vous en conviendrez certainement.
Il se peut que certains Ultras deviennent agressifs et placent la violence au cœur de leur action de supporterisme. Dans ce cas ils dépassent la frontière Ultra et deviennent des hooligans. C’est alors à la Police et à la Justice de faire son travail en arrêtant et jugeant ces personnes devenues des délinquants. Ce n’est toutefois pas une raison suffisante pour stigmatiser et interdire tous les Ultras. Interdit-on les voitures quand certains chauffeurs deviennent des chauffards ? Fermons-nous l’Assemblée Nationale lorsque certains politiciens sont mis en examen ?
(c) Guillaume Warth
La seule culpabilité avérée de l’Ultra est d’être extrême, d’où son appellation d’Ultra. Cela ne signifie pas extrêmement violent, ou extrêmement dangereux ! Cela signifie qu’il supporte son équipe de façon extrême par rapport à un supporter « lambda » qui reste assis pendant tout le match et applaudit son équipe sur les belles actions ou siffle une passe ratée. Le supporter « lambda » aime tout autant son équipe que l’Ultra, parfois même plus, mais il ne l’encourage pas de façon active, il est spectateur du match. Le supporter « lambda » réagit au spectacle du terrain alors que l’Ultra se veut un acteur à part entière de la rencontre sportive. Il souhaite de par son comportement de supporter influer sur le déroulement de la partie et contribuer au spectacle. Il agit en tribune pour transcender ses joueurs, les amener vers l’excellence. Il les soutient dans les moments les plus difficiles et est un support lorsque le résultat n’est pas acquis d’avance.
L’accusé Ultra n’a pas besoin de se lever,
il regarde déjà tous les matchs debout
L’Ultra est extrême dans ses actions pour supporter son équipe. L’accusé Ultra n’a pas besoin de se lever, il regarde déjà tous les matchs debout, alors que les autres spectateurs sont cloués au siège qu’on leur a attitré. Il organise des animations en tribune, à renfort de drapeaux, tendus d’écharpes et autres « spectacles » visuels communément appelés « tifo ». Ils chantent au rythme des tambours, les chants étant lancés à l’aide de micros et de mégaphones, avant, pendant et après le match, soutenant leur équipe peu importe le résultat, dans la victoire ou la défaite, la seule condition étant que les joueurs mouillent le maillot.
Les Ultras peuvent devenir contestataires par des banderoles ou des chants hostiles si ils estiment que l’identité de leur club n’est pas respectée. Leur cible peut être leur propre équipe si les joueurs ne jouent pas à leur niveau supposé et que les résultats sont décevants. Les Ultras se veulent les ultimes défenseurs de l’identité de leur club. Ainsi, leur contestation peut aussi être dirigée contre les dirigeants du club si ils estiment qu’ils ne respectent pas ses fondements identitaires, comme le choix d’une nouvelle couleur du maillot, ou lorsqu’un changement ou une nouvelle dénomination de stade ou de tribunes est annoncée.
Régulièrement, les Ultras parisiens entonnent un « Paris c’est nous », comme pour mieux s’en persuader, mais pour rappeler aux joueurs et dirigeants qu’ils ne sont que de passage, alors qu’eux, supporters, ils seront toujours là. Bien sûr, les Ultras parisiens ne sont pas le Paris SG, mais ils en sont indéniablement une partie de son histoire et de son identité, tout comme les dirigeants, les joueurs, le Parc des Princes et l’ensemble des supporters lambdas. Renier ses Ultras, c’est renier une partie de son histoire et de son identité. Les Ultras, eux, en sont les garants.
(c) Guillaume Warth
Les Ultras sont extrêmes dans leurs déplacements. Ils n’hésitent pas à faire des centaines ou des milliers de kilomètres chaque week-end et en semaine pour aller encourager leur équipe là où elle joue, en France et en Europe. Leur credo est simple, ils suivent leur équipe partout, tout le temps, peu importe l’adversaire et l’intérêt du match. Certains Ultras tentent de réaliser le « Grand chelem », autrement dit assister à tous les matchs de leur équipe dans une saison, à domicile comme à l’extérieur, prêts à tous les sacrifices économiques, familiaux et professionnels… Etre Ultra ce n’est pas adopté une vie à la mode, c’est en faire son mode de vie.
Comme tout supporter, l’Ultra vit d’abord sa passion pour lui-même, à titre individuel. Ses émotions sont bien sûr égoïstes, mais une de ses principales caractéristiques c’est qu’il ne les vit pas seul. Il les partage avec les autres. Il vit sa passion pour lui mais aussi pour ses camarades, à titre de groupe. L’Ultra la joue collectif. Normal, me direz-vous, pour un fan de football ! Parce que vous croyez que les joueurs, eux, la jouent collectif ? Romantiques que vous êtes…
Ultra, une école de la vie !
Les Ultras ne sont pas d’obscurs groupuscules underground, ils sont organisés sous la forme d’association loi 1901 dont les statuts sont déposés en Préfecture. Ces groupes officiellement reconnus sont statutairement apolitiques. Bien sûr, un groupe apolitique ne signifie pas qu’individuellement ses membres n’ont pas une sensibilité politique, mais il n’est pas dans l’objectif de ces groupes et de leurs adhérents de développer des propagandes politiciennes extrémistes ou d’étendre des idéologies nauséabondes. Si de telles dérives sont repérées, il ne tient qu’à la justice d’appliquer des sanctions proportionnées. Les stades actuels étant de véritables bunkers truffés de micro et de caméra, la moindre incartade est immédiatement identifiée…
Ces associations Ultras imposent des codes que chaque membre doit accepter et appliquer. Il s’agit essentiellement du respect des anciens et de la hiérarchie interne au groupe. De nombreuses tâches quotidiennes ou hebdomadaires sont indispensables au bon fonctionnement de l’association et à l’activité de supporterisme. Pour y répondre ces groupes sont organisés en cellule de travail, chaque membre désirant être actif se voyant attribuer des fonctions précises. Comme dans toute méritocratie, celui qui fait ses preuves et justifie de son dévouement se voit attribuer des tâches plus importantes.
Le respect de l’association et des autres membres est érigé en priorité. On n’est pas un Ultra parce qu’on l’a décidé un matin en se levant ou un soir en arrivant au stade. On est un Ultra parce qu’on a fait preuve de son engagement dans la vie quotidienne de l’association et dans la façon de supporter son équipe. De par ces systèmes organisationnels, les groupes Ultras peuvent être très formateurs et structurant pour les plus jeunes ou les plus désorientés… Ultra, une école de la vie !
Les groupes Ultras sont indépendants, dans le sens où ils refusent tout financement extérieur et tout contrôle dans leur prise de décision. Un groupe Ultra qui se respecte s’autofinance intégralement, en grande partie par la cotisation de ses adhérents et dans la vente de ses propres produits dérivés. Il organise ses propres déplacements sans dépendre du club, ce qui ne veut pas dire qu’il ne coopère pas avec les autorités.
(c) Guillaume Warth
Les Ultras suivent des codes vestimentaires ciblés sur quelques marques bien précises qui leur permettent de se reconnaitre facilement même disséminés dans la foule des stades ou dans leur vie quotidienne. Ils portent également leur propre matos, dont la plus emblématique est bien sûr l’écharpe du groupe. Ainsi, vous ne verrez jamais un Ultra arborer en tribune un maillot ou une écharpe de son club, mais uniquement celui de son association.
Les premiers défenseurs et le plus bel exemple d’un football populaire
L’Ultra est incollable en géographie et il a de bonnes connaissances en histoire, excellentes même lorsqu’il s’agit de celle de son club préféré ou du football en général. Pourtant l’Ultra a pour habitude de sécher les cours ou de poser des RTT pour suivre son équipe. On peut dire qu’il a indéniablement le sens des priorités. Malgré la pensée dominante, tous les Ultras ne sont pas chômeurs. Les plus jeunes sont étudiants, certains même encore lycéens. Les autres sont chauffeurs de bus, avocats, banquiers, journalistes, sapeurs-pompiers, chanteurs, restaurateurs, professeurs, poissonniers, chauffeur-livreurs, contrôleurs de gestion, responsables marketing, comédiens, gérants de boutique, créateurs de PME, directeurs de centre-aérés, humoristes, moniteur d’auto-école, barmen, facteurs, chefs de rayon, parmi des centaines d’autres métiers…
Les Ultras sont les premiers défenseurs et le plus bel exemple d’un football populaire. Toujours localisés dans les tribunes les plus populaires du stade, en général derrière les buts, ils en défendent fermement l’accessibilité pour tous, convaincant les clubs à appliquer des tarifs abordables. Les groupes Ultras sont une des rares composantes de notre société où se côtoient et se mélangent des personnes de tout horizon social-économique, le tout en partageant un objectif commun, le soutien à une équipe de football.
A votre bon cœur messieurs dames, les Ultras sont aussi solidaires. Entre eux, à l’intérieur de leur groupe, mais pas seulement. Ils organisent régulièrement en tribune des collectes d’argent pour lutter contre des maladies comme la mucoviscidose, des collectes de denrées alimentaires pour les Restos du Coeur, des collectes de jouets pour des enfants hospitalisés… et ils n’hésitent pas à participer bénévolement à des opérations hors stade, comme des tournois de football solidaires ou d’autres actions sociales. Il fut un temps où des Ultras parisiens encadraient bénévolement le mercredi après-midi des jeunes de la Fondation PSG dans des ateliers football organisés sur la pelouse du Parc des Princes. Le dialogue et la coopération valent toujours mieux que la répression, surtout quand le message est adressé à notre jeunesse…
Les Ultras ont un défaut, c’est vrai, ils se considèrent comme de « vrais » supporters… ce qui implique donc une opposition avec ce qu’on pourrait qualifier de « faux » supporters. Les Ultras estiment qu’un vrai supporter doit pousser son équipe vers la victoire, qu’il doit chanter pour motiver ses joueurs, qu’il ne doit pas siffler à tort et à travers, qu’il doit suivre son équipe même lorsque les résultats ne sont pas bons, qu’il ne doit pas vouer un culte marketing aux joueur et au club, qu’il ne doit pas se déguiser et se peinturlurer pour venir au stade, qu’il ne doit supporter qu’une seule équipe et lui jurer fidélité… Et certains supporters lambdas ont tendance à ne pas suivre ces règles du bon supporter. C’est alors que les Ultras rentrent dans le jeu de la stigmatisation et du rejet envers ces fans qui ne leur ressemblent pas et qu’ils traitent communément de Footix, du nom de la mascotte de la Coupe du Monde 1998. Si la guerre des stades opposent les Ultras et les Footix, je vous rassure, le football a encore de beaux jours festifs devant lui !
(c) Guillaume Warth
Au stade, les Ultras se réunissent derrière une bâche qu’ils posent fièrement en tribune, comme pour s’approprier une partie de territoire et derrière laquelle les Footix ne sont pas les bienvenus ! Sur ces bâches sont affichés ostensiblement le nom de leur association ainsi que leur logo, une sorte de carte d’identité du groupe lui permettant d’être reconnue dans son adversité avec les autres groupes Ultras, ceux supportant la même équipe ou ceux des clubs adverses.
Comme énoncé précédemment, le premier objectif d’un groupe Ultra est de soutenir son équipe et de l’emmener vers la victoire. Son second objectif est de gagner le match des gradins, d’être celui qui soutiendra le mieux son équipe et de bien figurer dans un classement virtuel des tribunes, petit jeu informel du mouvement Ultra qui noircit des milliers de pages sur les réseaux sociaux et alimentent des centaines de débats sur les forums spécialisés. Lorsque son équipe n’est pas au niveau sportif espéré, les Ultras se consolent en remportant le match des tifos et des décibels.
Les Ultras sont les
meilleurs ennemis du monde
Et parfois l’extrême dérape, oui c’est possible. Le dérapage est humain, surtout quand il est mal contrôlé, ou qu’on le laisse (délibérément ?) franchir les limites. La rivalité entre groupe Ultras parfois trop exacerbée peut pousser certains à quelques débordements. Le nier serait mentir. Mais l’énoncer comme un objectif et une part intégrante de ces groupes est une erreur. Jérôme Reijasse, dans son excellent livre intitulé « Parc, Tribune K – Bleu Bas », dans lequel il raconte admirablement sa vie de fan inconditionnel du PSG pendant la chaotique saison 2007 – 2008, lui qui a côtoyé pendant plusieurs décennies les Ultras parisiens sans en être un lui même, simple supporter observateur, mais aussi avisé que passionné, a cette phrase qui résume parfaitement la rivalité de ces groupes : « Les Ultras sont les meilleurs ennemis du monde ».
Il a tout compris JR ! Les Ultras s’opposent en tribune, certains groupes se détestent, d’autres sont amis, mais tous sont identiques, si ce n’est dans l’équipe qu’ils soutiennent, en tout cas dans l’état d’esprit qu’ils partagent et la passion qui les anime. Peu importe les couleurs défendues, la manière est la même. Si certains dévient, s’éloignent des codes usuels, c’est qu’ils perdent une partie de la mentalité Ultra. Si cette déviance devient hors la loi, elle doit alors être punie par la Justice comme il se doit. A cet effet, la Police française a été bien trop longtemps laxiste, avant de tomber dans la répression aveugle et outrancière.
Pourtant, des politiques développées par certains de nos voisins européens ont fait leur preuve en se basant sur des méthodes d’accompagnement des supporters axées sur un dialogue avec les associations et un travail d’insertion et de suivi des potentiels fans déviants. Au lieu de confondre Ultra et hooligan en jetant dans le même panier carcéral les uns et les autres, ces méthodes permettent de lutter contre les seconds en renforçant la légitimité des premiers…
(c) Guillaume Warth
Si de telles méthodes ne sont pas appliquées en France, outre la méconnaissance totale du milieu par ceux qui sont censés l’encadrer et le légiférer, ce qui est très dommageable vous l’admettrez, d’autres raisons plus sournoises peuvent être avancées. Prenons en exemple les fumigènes et autres engins pyrotechniques. Il s’agit là d’une des rares déviances assumées des Ultras. Le fumigène ou le pot de fumée font partie intégrante du folklore de ces groupes, servant lors des animations d’avant match ou pour célébrer un but. L’utilisation de fumigènes est interdite par la loi pour des raisons de sécurité, une brûlure suite à une mauvaise manipulation étant vite arrivée. De plus, la fumée dégagée peut altérer la vision des spectateurs et des téléspectateurs pendant quelques minutes. Les Ultras ont demandé aux autorités d’alléger l’interdiction totale des fumigènes et d’accepter une certaine utilisation limitée, dans un cadre strictement festif et en coopération avec les clubs et les sapeurs-pompiers pour annihiler tout risque inhérent à leur manipulation.
Leur proposition est d’interdire le craquage anarchique et systématique, mais de tolérer une utilisation encadrée et exceptionnelle, pour les plus grands matchs par exemple, ou des événements spéciaux. Vous vous doutez que la réponse des autorités a été négative, point de tolérance et de dialogue. Il faut bien comprendre que cette interdiction des fumigènes est entachée de beaucoup d’hypocrisie… Lorsque des supporters craquent des torches dans un stade, le club en question doit alors payer une amende à la Ligue de Football. Les pyromanes qui se font alors arrêtés par la Police, en plus de payer une amende, sont immédiatement interdits de stade et viennent gonfler les chiffres de la lutte contre le hooliganisme. La prévention et l’encadrement font rarement bon ménage avec les statistiques de la répression…
L’ambiance provient des Ultras,
et de personne d’autre
Il est très rare que des fumigènes soient utilisés comme projectiles volontairement balancés sur la pelouse ou jetés vers les supporters adverses. Il s’agit pourtant des seules utilisations exceptionnelles dont le caractère dangereux et déviant devrait être qualifié de hooliganisme. En attendant qu’un dialogue s’instaure, les Ultras continuent de craquer de façon sporadique, acceptant non sans une certaine provocation les règles du jeu du chat et de la souris… le vainqueur étant rarement la souris !
L’ambiance et le folklore dans les tribunes, le soutien à l’équipe, les chants festifs sont demandés et loués par les médias, les diffuseurs, les organisateurs des compétitions, les dirigeants des clubs, les supporters « lambdas », les spectateurs d’un soir, les joueurs eux-mêmes… Qui met cette ambiance dans le stade ? Certainement pas les VIP en loges, les familles regroupées dans la tribune Enfant, les touristes de passage, les supporters « lambdas », les salariés du club à qui l’on demande d’improviser des animations dont la passion s’évalue aux retombées marketing et commerciales… la réponse est évidente et sans contestation possible, l’ambiance provient des Ultras, et de personne d’autre…
Vous l’aurez compris, l’Ultra est un passionné. Vivre sa passion n’a jamais été un délit. Sinon enfermez-moi !
Les Ultras font partie de l’histoire du football et ils en sont une sous-culture à part entière. Une culture méconnue, donc fatalement crainte, mais qui n’a rien de déviante tant qu’elle reste encadrée et dans des limites festives. Les Ultras respectent des règles non écrites mais inhérentes à leur mouvement, ce qui les rend souvent inflexibles, mais toute culture est faite pour évoluer. Un principe restera toutefois un fondement immuable: être un Ultra est un état d’esprit, une mentalité, la fameuse Mentalita Ultra. Cela ne s’achète pas.
(c) Guillaume Warth
Ultra rime avec Liberté et Fidélité, des concepts qui ont de plus en plus de mal à faire surface dans notre société. Les Ultras sont indépendants, populaires, contestataires et engagés, autant de notions qui devraient imposer le respect mais qui sont les causes de leur perte. La France a peur de ses Ultras. Elle les vilipende et les juge au même titre que des apprentis terroristes. Elle les fiche, annihile leur liberté et les condamnent sans discernement.
L’âme des Ultras parisiens hantent et hantera toujours le Parc des Princes
Qu’ils soient actifs dans leur Virage, comme ce fut le cas pendant plus de 20 ans jusqu’à un certain soir de 2010, qu’ils soient maintenant disséminés dans les différentes tribunes du Parc, devenus silencieux et simples spectateurs comme le sont certains anciens depuis ce fameux soir de 2010, ou enfin qu’on refuse l’accès en tribune à ceux qui souhaitent faire perdurer l’incroyable histoire de la Tifoseria parisienne, il est primordial de comprendre que l’âme des Ultras parisiens hantent et hantera toujours le Parc des Princes.
Espérons que dans les mois à venir ce soit leurs chants qui résonnent de nouveau dans ses deux Virages mythiques.
Parmi ces chants, certains sont révélateurs de leur mentalité et résument parfaitement leur état d’esprit, si loin des stéréotypes. Comme quoi, pour connaitre les Ultras, le mieux reste encore de les écouter. Pour cela, nous sommes d’accord, faut-il encore qu’on les laisse chanter…
« Allez Paris, où tu es, nous sommes là, tu ne seras jamais seul, car nous deux, c’est pour la vie » « Nous sommes les Ultras de la capitale, et notre ferveur est inébranlable » « Paris Saint-Germain, tout le Virage avec toi » « Debout sur la tribune, tous ensemble on va chanter, c’est ce soir tous unis, que le Virage va crier, PSG allez, PSG allez, oh oh oh oh oh » « Ensemble nous sommes invincibles, unis par la même passion, de notre Virage terrible, s’élèvent en chœur nos chansons, oh Rouge et Bleu Allez » « Nous sommes les Parisiens, et nous chantons en chœur, nous sommes les Parisiens, fidèles à nos couleurs » « Et on supporte Paris, seulement Paris SG, dans le malheur ou dans la gloire, fidèles à nos couleurs » « Nous supporters, on sera toujours là »…
Les illustrations de cet article ont été reproduites avec l’aimable autorisation de Guillaume Warth, auteur de « Supporters » (Edité par Des Ronds dans l’O et toujours disponible)
Je te vois, toi, au bout du virage. Toi, l’homme du futur (ou du turfu, parce que dans le turfu on dit turfu, même si pour dire tutu, on dit toujours tutu). Tu es là, entouré des 179 ballons perdus sur centres en Tribune J par Bernard Mendy, et tu as le regard dans le vide, un peu triste comme Mandanda après quelques secondes d’introspection ne s’expliquant pas une nostalgie aux origines floues.
Ecoute, n’aie pas le cafard ! Je sais cette saison 2016-17 a été une grande année pour notre PSG, des succès en veux-tu en voilà : un Unai adopté par le Parc qui jamais ne fut jugé par le strabisme mais par la vision, le retour des Ultras dans les travées (bon certes après quelques ajustements et une reconversion en centre aéré « chansons-banderoles-complotisme »), un Ben Arfa de légende qui emballa l’Europe toute entière et emmena l’Equipe de France vers un second titre suprême en 2018 et évidemment l’avènement d’« El Emperador » Cavani qui, en 71 buts toutes compétitions confondues, fit oublier à jamais les Ibrahimović, Weah, Pauleta, Aloisio, Reinaldo, enfin tous quoi ! Et Madar ! En une seule saison !
Luis Fernandez a privatisé
toutes les buvettes du Parc
Bon, tu t’en rappelles, seule ombre au tableau : l’élimination en quart de finale de la C1 sur une tête de David Luiz à la 93e … On était habitué, No Big Deal comme disait Lagaf’, c’était notre zone de confort et puis l’un dans l’autre on aimait ça ! Ces soirs là on regardait Didier Roustan habillé en passeur Nicaraguayen nous rappeler, à juste titre, l’importance de la « Grinta », de l’emballement populaire, du 12ème homme, du tout, du rien et de la psychologie à l’oreille du joueur. Et puis souviens-toi, la vie reprenait toujours son cours : le championnat le week-end, Serge Aurier brûlait des poubelles, bref, c’était la bonne époque. Ça a duré un moment, notre petit Rabiot qu’on a vu naître est resté capitaine de l’équipe première pendant 8 ans même après le départ des Qataris, mais c’est loin tout ça, alors reprends-toi merde, faut passer à autre chose !
Ok, on est au milieu du troisième mandat de Sarkozy, l’OM est triple champion en titre, Clément Chantôme directeur du football (bon, personne d’autre ne voulait du poste même Ménez n’a pas répondu, il a seulement craché par terre après que son prof de théâtre lui ait lu l’offre …). C’est vrai qu’en ce moment c’est un peu plus dur, on est 15ème, on se bat, mais tu sais on peut toujours compter sur un de nos Prix Nobel pour pousser un ballon du genou au fond des filets … On a récupéré un coach serbe au nom imprononçable qui menace les femmes de nos joueurs, on se prend taule sur taule au Parc « alibaba.com » OL , et depuis que Luis Fernandez a privatisé toutes les buvettes du Parc on ne peut même plus se taper un hot-dog/Tourtel. Je te l’accorde, c’est la merde mais faut pas se laisser aller, ça pourrait être pire, on pourrait avoir Pascal Dupraz en directeur de la Sophrologie au PSG ou en théoricien de la propagande à la Sorbonne !
Oui c’est vrai que t’as grandi sous
Hidalgo aussi, pas Michel, l’autre
Et regarde, t’es quand même devenu orthophoniste ! T’as réussi dans la vie mec ! Et c’est grâce à qui ça ? Et bah c’est grâce au Football, à la Ligue 1, au PSG, tu as grandi en te disant, grâce à tes idoles, que tu pouvais jouer un rôle dans leurs vies, les aider à s’élever vers un foot conscient, ouvert sur les autres, sur une syntaxe plus équitable et sans amalgame (oui c’est vrai que t’as grandi sous Hidalgo aussi, pas Michel, l’autre) ! Et comme le disait très justement le grand Laurent Fournier : « Le Football, c’est « on » ! », alors peu importe quelle équipe tu supportes, quel stade tu fréquentes ou quel canapé tu squattes, l’important c’est que le football ça crée des vocations mais surtout de grands hommes !
Tout ça pour te dire qu’il faut que tu te ressaisisses, ne reste pas tout seul comme un con, posé là, tout au bout du virage, rien n’est perdu et tout va plutôt bien. C’est vrai qu’ils nous manquent les Thiago Silva, Verratti ou même Lugano (je te parle de celui d’avant son arrestation pour dépeçage à mains nus d’un cerf de pampa dans les hauteurs de Montevideo …) et les titres, et la gloire, la fierté, mais voilà les temps changent et bientôt, qui sait, on verra peut-être arriver un super investisseur américain pour redresser le club !
C’est compliqué d’expliquer pourquoi on aime le PSG. Après tout, les raisons sont nombreuses : on peut avoir un joueur qui nous fait rêver, un match qui nous a marqué, ou simplement se dire qu’on aime sa ville, et donc qu’on en supporte le club.
Perso, j’ai de la chance, c’est les trois à la fois.
Zlatan peut toujours fanfaronner : « avant moi il n’y avait rien ».
Eh bah si, grande saucisse, avant toi, le PSG avait déjà trouvé ses marques en terme d’attaquant magnifique, et il n’avait pas eu besoin d’aller le chercher jusqu’en Suède.
Non, il avait suffi de descendre un peu plus bas, au pays des maçons et des morues, pour y trouver un aigle, qui, conformément à son statut d’oiseau de proie, savait chasser le but.
Un doctorat en science du placement
Eh ouais, je ne vais pas être original en disant que le joueur qui m’a le plus marqué au PSG, c’est Pedro. Une classe folle, un doctorat en science du placement – cet homme que l’on pensait constamment hors-jeu mais qui ne l’était jamais – et des buts en pagaille. A l’époque où le PSG galérait, un seul subsistait, une merveille qui surnageait, un héros dont les plus cyniques disaient qu’on ne le méritait pas : Pedro Miguel Pauleta.
Et contrairement à d’autres, il a su déclarer sa flamme à Paris, montrer qu’il avait le club dans le sang à plusieurs reprises. Que ce soit en restant à la maison, malgré les rumeurs qui l’envoyaient à Lyon, ou en larmes sur le bord du terrain pour sa dernière, il a su conquérir le cœur des supporters, et on n’oubliera jamais son petit accent. Il est l’un de ceux qui a fait chanter le Parc, cette enceinte merveilleuse que j’ai découverte pour la première fois un soir de juillet 2000 face à Strasbourg.
Quand mon frère était petit, il disait « c’est marrant, quand j’entre dans la tribune au Parc, tout le stade chante pour moi ». Il n’a jamais eu autant raison (sauf quand il m’a dit que j’étais le meilleur de la fratrie). Oui, le Parc, c’est avant tout une acoustique formidable qui te donne l’impression de rentrer dans un bain de décibels. Quand tu passes les portes, et que tu vois enfin la pelouse (après t’être tapé toute la sécurité), tu prends une claque de bruit dans la gueule, le spectacle est avant tout audio, mais le visuel n’était pas en reste ce soir-là. Je me souviens m’être demandé où je mettais les pieds, mais surtout de quel côté regarder. Le rouge et le bleu m’éblouissaient, et les chants m’avaient déjà transporté ailleurs. J’ai su que même si je n’y allais pas souvent, je pourrais toujours appeler cet endroit « la maison ».
Jamais je ne pourrais dire
« on a gagné, ils ont perdu »
Ce soir-là, on a encaissé un premier but. Je m’attendais à entendre des sifflets, à voir le stade hurler son dégoût, sa déception. Je me trompais. Un écho bien plus grand s’est fait ressentir. Les deux virages chantaient à l’unisson pour signifier à leur équipe qu’ils ne la laisseraient jamais tomber. Ce jour-là, j’ai compris : jamais je ne pourrais dire « on a gagné, ils ont perdu ». Paris et moi, c’était pour la vie.
Et j’ai hurlé comme eux, j’ai essayé d’imiter les chants que j’entendais, et finalement, les efforts ont payé. Egalisation parisienne, et une image qui restera probablement en mémoire toute ma vie : une marée d’écharpes a surgi des deux virages, pour battre en synchronisation, et l’émotion m’a emmené ailleurs. J’ai passé le reste du match à contempler les tribunes, me réveillant tout juste pour hurler ma joie sur le 3ème but inscrit par Laurent Robert. Quand le coup de sifflet final a retenti, je n’arrivais pas à croire que 90 minutes venaient de s’écouler. Le Parc venait de m’ensorceler.
16 ans plus tard, la magie opère toujours. A doses régulières. Je ne vais plus tellement au Parc, sauf petits cadeaux et autres occasions saisies au vol. Je sais bien qu’on dit « il est mort le Parc des Princes », mais pour moi il fut l’écrin d’un sentiment de joie et d’espoir que je vais tenter de vous décrire. Et pourtant, ça n’a duré que le temps d’une action.
C’était le 30 janvier 2015, pour PSG – Rennes, au Parc où ma copine m’avait invité (cadeau de Noël).
Quelques heures avant le début du match, le patron m’avait convoqué dans son bureau pour me signifier que bon, il regrettait un petit peu de m’avoir engagé trois mois plus tôt, et qu’il se demandait si finalement j’étais bien fait pour mon métier…
C’est donc le cœur très lourd que je me rendais « à la maison », d’autant plus que le match était tout de même assez pourri jusqu’ici. Et puis…
Et puis ce coup franc rapidement joué entre Ibra et Digne, cette percée du suédois, ce une-deux avec Pastore, puis cette remise vers Rabiot qui lobe la défense pour Pastore qui remet en une touche à Lavezzi qui propulse le ballon au fond.
Voilà. En une action, quasiment jouée à une touche de balle, à une vitesse phénoménale, mon PSG venait de me sortir de ma torpeur, de me faire sourire, de me faire hurler à nouveau, et de me donner la force d’affronter les épreuves qui se dresseraient devant moi, tout comme cette défense qui se tenait devant Paris et qui a brutalement explosé sur une superbe action collective.
Presque deux ans plus tard, le boss a quelque peu revu son jugement. Je travaille toujours au même endroit, et je n’ai rien oublié de cette soirée.
Il y a des matchs qui restent, plus que d’autres
et on ne sait pas trop pourquoi.
Ce sont des madeleines de Proust auxquelles on s’attache comme un vieux 45 tours de Break Machine dont la pochette prend la poussière depuis des années en attendant la rédemption.
Sans remonter aussi loin, il y a ce match joué le 10 avril 2004 au Stade du Ray face à l’OGC Nice.
Cette saison le PSG est de retour aux affaires après des années de cache misère. Coach Vahid est aux commandes d’une équipe de revanchards prêts à crever ensemble sur le terrain. Alonzo, Mendy, Dehu, Pierre-Fanfan, Fiorèse, Sorin, Ljuboja et bien-sur Pauleta pour sa première saison au club…
Paris joue le titre avec un esprit
de Bosniaque enragé
(c) Christian Gavelle
Sur le papier c’est pas si dégueu. Mais c’est moins sexy que les stars de l’AS Monaco et de l’Olympique Lyonnais qui caracolent au sommet du championnat. Mais Paris joue le titre avec un esprit de Bosniaque enragé. Paris veut se qualifier pour la Champions League, car ça fait trop longtemps que le club et ses supporters sont en manque et ont des spasmes en regardant l’équipe d’Aulas enfiler les titres et les belles prestations en C1.
Ce match, je n’y étais pas, je l’ai vécu par procuration. Je l’ai imaginé sans les images. Je l’ai sublimé en écoutant la radio sur les routes alsaciennes (ça c’est une autre histoire).
Victoire impérative donc, ce soir là, pour les parisiens si ils veulent recoller au peloton de tête.
Je me souviens que je ne le sentais pas ce match, (comme tous les matchs d’ailleurs). Et vite mes craintes se sont confirmées. Dès la 16ème minute on se prend un pion de Lilian Laslandes. Lilian Laslandes putain, et son physique peroxydé de livreur de fruits et légumes. Sur la quasi seule occasion du Gym…
J’enrage dans la bagnole, je peste. Ça pue encore plus quand à la 54ème minute Jérôme Alonzo ceinture à l’extérieur de la surface un inconnu portant le nom de Christophe Meslin qui part seul au but. Jérôme, ce héros, ce visionnaire, s’est dit qu’il valait mieux se prendre un rouge qu’un but. A ce moment là je l’ai admiré pour sa folie. Je l’imagine avec ses gros sourcils et sa tête de mec honnête s’excuser auprès de l’arbitre. Perdu pour perdu il sera de toute façon l’homme du match pour moi.
Entre temps, il y a eu les coups du sort en faveur de Paname. José Cobos, le capitaine niçois, ancien parisien, sort K.O. dès la 3ème minute suite à un choc avec l’un de ses coéquipiers. C’est au tour d’Olivier Echouafni de se blesser et d’être remplacé par la légende Sammy Traoré. Sans parler de Marco Simone, alors niçois, qui a refusé de cirer le banc ce soir-là.
Juanpi, le couteau suisse albiceleste
Bref on est quand même à 11 contre 10, chez une équipe qui mène, qui nous déteste comme à peu près tout le monde, et il ne reste que 10 minutes.
C’est sans compter sur l’incroyable rage de vaincre de cette légion parisienne qui, même si elle ne produit pas un jeu flamboyant, compte des bonhommes à chaque poste, surtout derrière.
(c) Christian Gavelle
A la 80ème minute FabriceFiorèse, tire un corner qui finit sur la tête du Capitaine Pierre-Fanfan qui nous fait une Thiago Silva du pauvre en lobant Gregorini. 1-1. Je jubile. Mais le kif n’est pas terminé. C’est encore les défenseurs qui montrent l’exemple à 3 minutes de la fin. Fred Dehu tire un coup franc que reprend l’incroyable Juan Pablo Sorin. Juanpi, le couteau suisse albiceleste, alors défenseur latéral gauche, a décidé de monter dans la surface pour placer une tête plongeante improbable. Victoire 2-1. Folie totale.
Je pense à mes potes niçois qui ont l’habitude de chambrer dur à chaque défaite parisienne.
Je me demande alors si Paris n’est pas en train de redevenir une grande équipe. Ça me fait la soirée. Entre une fameuse flammeküeche, la spécialité du coin, et de la bière locale, j’ai le coeur léger.
Finalement on finira la saison avec une magnifique 2ème place en championnat et une victoire en Coupe de France, une autre spécialité maison.
Les tambours furent un temps les guides de nos Virages. Aux baguettes, des ultras ou juste des passionnés, des filles et des garçons, mélomanes ou néophytes, amoureux de leurs couleurs, piliers incontestables de leur tribune.
Torses nus à l’occasion, points de repère pour tous, suiveurs de leur capo ou lanceurs de chants, ils étaient au premier rang ou bien tapis dans l’ombre. Maîtres du rythme, régulateurs de vitesse, les tambours savaient s’effacer pour laisser s’élever à cappella les voix du fidèle peuple Rouge et Bleu, après les avoir accompagnés vers cette note unique qui ferait trembler les travées de leur Parc.
Dans ce folklore du samedi soir, là où les écharpes se tendaient, les drapeaux s’agitaient, les pots fumaient et les fumigènes étincelaient, les tambours participaient à leur manière à colorer leur Virage et lui donner le ton de ce spectacle extraordinaire.
Des plans aux partitions incertaines
ont été dressés pour les éradiquer
A l’heure où les tifos se déployaient, alors que les cœurs s’agitaient, les joueurs devenaient les simples spectateurs du match des tribunes. Quatre-vingt-dix-minutes avaient passé, le score n’était qu’anecdotique, les mains étaient écorchées, les baguettes cassées, la peau du tambour déchirée, la peau de son batteur déchiquetée, des ampoules plein les doigts, ces sacrifices humains et matériels n’étaient pas vains tellement la cause était grande, celle du Paris SG, l’extase dépassant les souffrances, laissant place à l’envie et l’impatience, celles qui comblaient l’attente, vite panser les plaies avant le prochain match.
La musique est éternelle. Ses vibrations ne cesseront jamais de se propager. Pourtant, deux soirs tragiques ont eu raison de ces tambours magiques. Les ondes ont eu un choc. Certains fanatiques ont perdu ces soirs-là, leur sens de la raison. Des plans aux partitions incertaines ont été dressés pour les éradiquer.
Les tambours authentiques n’ont pas survécu, noyés dans la masse des inconsidérés. Ils ont aujourd’hui cessé de résonner. L’écho n’est plus. La ferveur a disparu. Hier, les tambours étaient d’or. Aujourd’hui le silence est d’argent. Il est surtout subi. D’aucuns penseraient que le son des tambours dépasseraient les bruits de la rue et les rumeurs assassines. Un tambour n’a jamais été complice de la folie des hommes. Au pire, il en a été le témoin, certes averti mais néanmoins médusé. Un tambour n’est pas fait pour rester muet, ses baguettes rangées aux vestiaires. Il devrait au contraire combler ce vide laissé par l’infamie. Son rôle est de redonner du sens à ce qui n’en a pas, et non pas de nous étourdir de son silence sournois.
La passion est certes une marchandise pour les impresarios, mais un tambour
reste une mentalité
Hier roi du Parc, le tambour ne l’est plus aujourd’hui dans le stade du Prince. Certes, des considérations marketing ont tenté de lui donner une seconde peau. Quelques pétrodollars ont suffi pour dresser ici et là des tambours de foire. Ne manque qu’une trompette pour que le numéro de clown soit parfaitement exécuté. Les intermittents à qui on a donné les baguettes ne réussissent pas à tenir la mesure. La passion est certes une marchandise pour les impresarios, mais un tambour reste une mentalité, et cela ne s’achète pas.
L’âme d’un tambour est dans le cœur de son batteur, lequel tire son fluide des chœurs qui l’accompagnent. Et vice et versa. Se pose alors la question de l’œuf et de la poule. Qui est le suiveur ? Le tambour, ou le supporter qui s’époumone pour soutenir son équipe, pour vivre sa passion, pour prouver à la face du monde qu’ici c’est Paris, que la légende continue, qu’elle n’a jamais été suédoise, qu’elle s’écrit au rythme des tambours, même si depuis trop longtemps ils se sont endormis. Peu importe la réponse. Par respect pour ses tambours passés par pertes et profits, leur public lui aussi s’est tu, n’appréciant guère leurs pâles copies. L’antre est devenue théâtre. Silence, le spectacle va débuter. Eteignez vos tambours. Sinon vous serez interdits.
Oh Mon Tambour, qu’aurais-je fais sans toi?
Oh Mon Tambour, je te dois mes mains cloqués et mes oreilles bourdonnantes à la fin de chaque soir de match.
Oh Mon Tambour, tu m’auras rendu fier.
Oh Mon Tambour, compagnon d’infortune.
Oh Mon Tambour, témoin de tant de passion, partenaire de tant d’émotions.
Oh Mon Tambour, ils t’ont achevé, me laissant seul, comme un orphelin.
Oh Mon Tambour, parti trop tôt, emportant avec toi une certaine idée du Paris SG et du Parc des Princes, une époque où les paillettes n’étaient pas seulement dans la corbeille, un temps où les papelitos étaient toujours faits main, une apogée où « Oh Ville Lumière » était un hymne populaire et non pas un karaoké…
Sache toutefois que pour nous tu es éternel. Personne, surtout pas ces profanes, ne pourra jamais bannir un tambour parisien.
C’est une chose que les nouveaux supporters du PSG ne peuvent pas connaître : la crise de l’automne-hiver, plus précisément la crise du mois de novembre. Un concept qui appartient au passé, une idée qui remonte au PSG ante-Qatar.
Un début de saison en trombe ou, disons, plutôt prometteur puis, immédiatement après, sans trop savoir pourquoi, la machine qui se dérègle, les mauvais résultats qui s’enchainent.
Dès novembre : la dégringolade, les matchs sans buts et sans spectacle, les défaites qui s’empilent et les entraineurs qui sautent. A la fin de l’automne, qu’il pleuve ou qu’il neige, la crise prenait des formes diverses, mais finissait toujours par arriver au Camp des Loges.
Au début, on la redoutait. Puis on s’y est fait. Parfois, elle s’installait. Avec les années, on s’en amusait presque. Les supporters faisaient le dos rond, continuaient de chanter, puis les résultats finissaient par revenir. Et tout rentrait dans l’ordre, la fameuse crise de novembre avait quelque chose de folklorique, quelque chose d’infiniment parisien.
Pas de caviar à tous les repas
Aujourd’hui, tout cela n’existe plus. Vous me direz : « il y a eu et il continuera d’y avoir des crises au PSG ». Certes ! Mais rien qui ne puissent ressembler à ce que l’on connaissait voilà dix, quinze ans. Est-ce le signe que le PSG progresse ? Certainement. A quoi le doit-on ? Pêle-mêle à la gestion aseptisée et lointaine de la direction, à l’arrivée de grands joueurs plusieurs fois titrés mais surtout aux gigantesques impératifs financiers.
Désormais, tout concourt à ce que Paris n’implose plus en vol, à ce que Laurent Blanc ne soit pas bêtement viré à la première contre-performance. Et du coté des supporters ? C’est simple, les tribunes n’imaginent même plus faire la loi, d’ailleurs le Parc des Princes n’est quasiment plus une enceinte démocratique où, par le cri, le supporter s’exprime.
Vous souvenez vous lorsque les virages hurlaient frénétiquement « Luis, Luis !»comme pour réclamer l’idole Fernandez en pompier lorsque rien n’allait et qu’il fallait un sauveur ? C’était beau et romantique à la fois, Le Parc dans ce qu’il avait de plus attachant. Tout cela c’était il y a mille ans. Lorsque le PSG était dépourvu de talents à tous les postes. Quand tout reposait sur un joueur, un crochet d’Okocha, un tacle de Heinze, un dribble de Ronaldinho, des dizaines de buts de Pedro Miguel Pauletaaaaaa… Mais jamais tout cela à la fois. Pas de caviar à tous les repas.
Paris ne brûle pas, non, il joue à peine
Aujourd’hui, ce ne sont plus trois défaites d’affilée qui précipitent Paris dans le mur, simplement des prestations en demi-teinte qui lassent les amoureux de football. Un bloc trop statique, des attaquants qui ne se démarquent pas, des milieux peu inventifs, des défenseurs peureux. En dépit de tout cela, du manque d’envie et de plaisir pris sur le terrain, il arrive néanmoins que le PSG gagne, qu’il franchisse la phase des poules de la Ligue des Champions et fasse son bonhomme de chemin dans nos coupes nationales.
Pas de quoi s’inquiéter. Paris ne brûle pas, non, il joue à peine. Il joue minimum syndical, juste ce qu’il faut pour s’imposer. Une mi-temps sur deux le plus souvent. Qu’il est loin le temps où l’on célébrait Vahid parce qu’il « bougeait » ses joueurs et gagnait, toujours 1-0, au terme de purges sans nom, à l’arrachée, presque toujours sans la manière mais avec le cœur et les jambes.
En 2016, puisque notre club est devenu un gigantesque instrument de divertissement, il est impératif que le PSG s’impose. La victoire donc. Et avec la manière surtout ! Au stade comme devant leurs télés, les amateurs de foot réclament un spectacle de qualité. Notre PSG est devenu l’égal du Bayern et du Barça. Il affronte Chelsea en Ligue des Champions. A grands coups de pétrodollars il entre enfin dans le club fermé des institutions qui ne se contentent que d’excellence sportive. Loin, si loin, la crise de novembre et sa médiocre banalité…
Qu’y a-t-il au bout, comment l’appréhender? Un frisson, la respiration qui se suspend le temps de découvrir ce qu’il cache en fin de courbe.
La trajectoire parfaite de Bernard Mendy qui après avoir enfumé Roberto Carlos dans son couloir, sert Wiltord sur un plateau en Equipe de France. Et on s’est tous demandés où il cachait ce talent le reste du temps.
Le virage, c’est également le changement, l’espoir, la révélation.
La sortie d’un tunnel, quand l’oeil se réadapte à la clarté du jour et aperçoit les premières montagnes…
Le refus de la fatalité du duo magique Léonardo et Raï, qui en 90 minutes renversait des scores et mystifiait un Parc des Princes en fusion.
Mais trêve de considérations philosophico-routières.
Bande d’énergumènes…
Le virage, c’est enfin, et surtout, la ferveur.
Au Parc des Princes, c’est la place du peuple supporter, le ticket le plus abordable pour qui veut découvrir l’ambiance du stade à l’écart des tribunes présidentielles, où l’on s’assoit pour consommer un match de football en parlant d’autre chose.
Et à Paris, les virages ont des noms. Célèbres et vénérés pour ceux qui les fréquentent, terrifiants pour ceux qui les observent à distance, ou par le prisme des media.
Auteuil et Boulogne : deux noms scandés d’une tribune à l’autre, épicentres des chants à la gloire du Paris Saint-Germain, faiseurs de rois et fossoyeurs d’entraîneurs, virages de tous les excès…
Mai 1982, le PSG affronte au Parc des Princes le Saint-Etienne de Platini en finale de la Coupe de France, et le tirage les désigne visiteurs dans leur propre stade… le jeune virage Boulogne est déserté pour laisser la place aux Stéphanois, et c’est Auteuil qui accueille pour l’occasion les plus véhéments des supporters parisiens. C’est d’ailleurs de cette tribune que descendront les « bandes d’énergumènes », selon les mots de Thierry Roland ce soir là, qui envahiront plusieurs fois le terrain durant cette finale à rallonge qui verra Paris gagner sa première Coupe et Francis Borelli embrasser la pelouse.
Auteuil deviendra au début des années 90, avec l’arrivée (et le soutien) de Canal Plus aux commandes du PSG, le pendant de Boulogne, aussi bien géographiquement dans le stade, que (socio-) politiquement. La réputation sulfureuse de Boulogne, qui s’est structurée sur le modèle des kops anglais, les incidents répétés impliquant ses membres en déplacement, certains d’entre eux appartenant à des mouvances radicales (jeunesses nationalistes, skinhead,…) rend nécessaire l’émergence d’un second pôle de supporters dans le stade.
Une scission s’opère entre les différents groupes de Boulogne, et certains d’entre eux migrent et contribuent à faire émerger le virage Auteuil, qui se rapprochera par la suite des canons de beauté des « curva » italiennes, célébrant à l’échelle européenne la gloire de ses équipes avec les plus beaux tifos, avec toutefois une politisation bien moindre de ses membres.
Car qui va seul au parc ?
A cette époque, le virage est l’agrégat de tous les profils, du simple spectateur passionné à l’ultra tournant le dos au terrain pour donner le ton des chants, et tous les yeux se braquent sur ces tribunes qui s’embrasent littéralement les soirs de matches.
Mes premières fois au Parc, je les ai vécues à l’aile de la tribune Auteuil, en tribune G, dans le virage du Virage, dans ces années là.
Les profs de sport de mon lycée récupéraient des places pour certains matches à domicile, et personne n’avait l’air d’en vouloir…
Avec quelques potes, nous avons ainsi pu goûter à la fureur et la fusion, la fumée et les flammes… Les premières minutes de match qui passaient à la trappe le temps que les feux de Bengale se dissipent, le tout Paris et le tout Banlieue qui se retrouvait dans une même enceinte pour pousser derrière son équipe, les chants personnalisés pour les joueurs hors normes (« Capitaine Raï, tu n’es pas de notre galaxie ») et l’hymne écossais qui résonnait dans tout le stade (« Oh Ville lumière »).
Le plaisir de prendre place dans le virage devient rapidement une habitude addictive. Un lieu de rendez-vous entre amis (car qui va seul au Parc?), celui qui se peuple le plus tôt chaque jour de match et adresse ses revendications à la direction du club, un exutoire bienvenu, mais surtout une boîte à souvenirs, les meilleurs comme les plus cruels.
Oui j’ai vu un soir Didier Drogba nous jeter à la figure son amour pour l’un de ses anciens clubs, comme j’ai assisté à des démissions collectives de joueurs pour faire sauter un entraîneur – coucou Vahid.
Mais par dessus tout, j’ai hurlé sur des buts du jeune Anelka contre Lens, de mémoire mon premier match au Parc, d’Okocha contre Bordeaux, mais aussi d’El Karkouri ou de Ljuboja… j’ai scandé les noms de Raï, Ronaldinho, Dely Valdes, Pauleta et du meilleur d’entre tous, Jerome Leroy. Je me suis senti invincible en prenant place derrière la cage de Bernard Lama, mais je me suis également demandé ce que je faisais là par -2 degrés un soir d’hiver à regarder un non-match concocté par Guy Lacombe, ou si Alioune Touré marquerait un jour un but…
J’ai passé d’incroyables soirées en tribunes, à entendre parfois l’hymne de la Ligue des Champions, à attraper des extinctions de voix qui me faisaient passer pour un con le lendemain au boulot, et à m’imaginer plus tard avec mon fils lui faisant découvrir le Parc de ma jeunesse. Puisse cette même ambiance être encore dans mon stade chéri le jour où il y mettra les pieds pour la première fois…
Si la ligne droite est le plus court trajet entre deux points, le Virage est le chemin tortueux qui nous fait passer par toutes les émotions….
Le 6 mars 1997, le Paris Saint Germain accueille l’AEK Athènes en quart-de-final aller de la Coupe des Coupes. La venue d’un club grec à Paris m’offre l’occasion de découvrir le Parc des Princes et de sceller, à huit ans, mon amour du PSG.
Il y a des moments qui marquent une vie, qui font naitre des émotions. Des souvenirs qui comptent, et qui restent à jamais gravés dans la mémoire. Ma première fois au Parc des Princes est de ceux-là. La saison 96/97 marque véritablement le début de ma passion foot et de mon engouement pour le PSG.
L’acquisition de mon premier maillot -logo Opel en relief-, la feinte de corps de Jérôme Leroy face à Vaduz, la défaite 6-1 contre la Juventus de Zidane. 6-1. Je savais pas qu’on pouvait perdre 6-1 au foot. Par les émotions qu’elle provoque, la coupe d’Europe attire immédiatement mon attention. La remontée face à une équipe en jaune, venue d’une lointaine contrée (Non je ne connaissais pas le Galatasaray et la Turquie me semblait être le bout du monde) m’enthousiasme, et lorsque mon père m’annonce qu’il m’emmène au stade pour les quarts-de-finale de la Coupe des Coupes, je ne peux cacher mon excitation.
Je suis tour à tour Raï, Leonardo et Bernard Lama dans ma chambre, faisant hurler ma mère autant que les lattes de mon lit.
L’occasion rêvée
Mon paternel étant Grec, tomber sur un club du pays offre l’occasion rêvée pour découvrir le Parc des Princes. Face à « ce club de puissants », il est d’autant plus heureux de pouvoir supporter une équipe hellène en plein Paris. Une manière de s’affirmer contre sa ville d’adoption. Le sentiment de supporter l’équipe qui, sur le moment, représente la minorité. Sa minorité. « Tu seras pour l’AEK évidemment ».
J’ose pas trop répondre parce que non, désolé papa, c’est le PSG qui me fait rêver. Ce maillot rouge et bleu, ce numéro 10 brésilien, ce gardien trop stylé dans sa tunique verte. Moi, c’est le PSG que je vais supporter. Et heureusement, Ricardo -son pote argentin- nous accompagne et sera mon allié.
Le jour du match arrive enfin. On traverse tout Paris depuis Ménilmontant pour atteindre la Porte de Saint-Cloud. Ligne 2 puis 9. En entier. Au fur et à mesure que les stations défilent, les personnes portant maillots, écharpes et bonnets aux couleurs du PSG se multiplient.
L’excitation monte d’un cran à la sortie du métro où je découvre un monde fou, partout. A hauteur du rond-point, dans les rues adjacentes, à l’intérieur du Mc Do… Le lieu est envahi par des fans de foot, des supporters du PSG.
Je serre bien fort la main de mon père pour ne pas me perdre dans ce qui représente à mes yeux une marée humaine. Vacciné par une manif’ contre Chirac, la foule ne m’inquiète pas tant que ça à l’inverse des policiers postés sur leurs immenses chevaux. Comme si mes playmobils s’étaient transformés en êtres vivants.
On se dirige vers le stade, le temps de s’adonner à quelques pronostics. « Victoire 1-0 de l’AEK, lance mon père, avec un but de Nikolaïdis ». L’ex-futur joueur du PSG est alors meilleur buteur de son club, et la plus grande promesse du football grec. « Et avec Atmatsidis dans les cages, on prend pas de but ».
Atmatsidis. Ce gardien exécrable dans les airs qui prétendait poursuivre sa carrière en Angleterre. Le Gianluca Pagliuca du pauvre. « Depuis quand les Grecs savent jouer au foot ? lui rétorque Ricardo. 3-0 pour Paris, facile » chambre-t-il en me lançant clin d’oeil.
Le Prince du Parc
Les odeurs de merguez embaument mes narines, les vendeurs d’écharpes suscitent mon désir. Soudain, le voilà. Tel un vaisseau spatial atterri là par erreur, il se dresse face à moi. Beau, grand, majestueux. Le Parc des Princes. Son nom suffit à évoquer la magie de cette enceinte atypique, et je vais prendre place à l’intérieur. Le temps d’un soir, moi, Alexandros Kottis, huit ans, je serai Prince.
On contourne une partie du stade et ses épines dorsales pour trouver la tribune Paris. Je suis tout fier de présenter mon billet au guichetier, et de pénétrer porte H. Les puissantes lumières, les immenses fanions Nike qui descendent du toit… Tout semble gigantesque. A peine 22 000 spectateurs selon les feuilles de match, des tribunes dégarnies, mais l’acoustique rend l’enceinte extrêmement impressionnante et mon regard ne cesse de courir d’un bout à l’autre du stade. De la pelouse aux gradins, des supporters parisiens aux fans athéniens.
Le parc c’est nous !
D’ailleurs ils sont nombreux les jaunes et noirs. D’où ils sortent tous ces Grecs ? J’ai du mal à comprendre que des personnes soient venus de Grèce, et il m’est difficile d’imaginer avoir autant de compatriotes à Paris… Ils sont 4 000 dans le kop qui leur est réservé, et font beaucoup de bruit. Mais pourquoi sont-ils parqués entre des grillages comme des animaux ?
A la sortie des joueurs, la tribune Auteuil se recouvre d’un gigantesque tifo bleu-blanc-rouge. « Le Parc c’est nous ». Et c’est beau. Pas d’écran pour filtrer les images, je vois la pelouse, les cages et les joueurs en vrai. Les notions de distance et de temps me semblent complètement différentes de l’ordinaire et je semble être en retard par rapport à ce qu’il se passe sur la pelouse, réagissant plus en fonction du public que du match.
L’intérêt est en tribunes
Dès la 2ème minute, Dely Valdes place une puissante tête sur un centre de Leonardo, mais Atmatsidis s’interpose d’un bel arrêt réflexe. Mon père a-t-il vraiment toujours raison ? Les joueurs de l’AEK se font sifflés à chaque fois qu’ils ont le ballon et ça me met mal à l’aise, comme si on insultait ma propre famille.
« Hé Ho! » Clap-Clap Clap Clap Clap «Hé Ho!» ; « laaaaalalalala Paaaaris SG ». Les chants sont pas si compliqués, mais j’ose pas encore donner de la voix, sans doute intimidé par cette foule qui se répond. « PPPPPPP » « AAAAAAA » « RRRRR » « IIIIIIIIIII » « SSSSSSSS » « PARIS! » clap-clap-clap « PARIS ! » clap-clap-clap. Comment est-ce qu’ils arrivent à se coordonner pour chanter tous ensemble ?
Mi-temps, 0 à 0, et des joueurs rentrent aux vestiaires sous les sifflets du Parc. Pas cool. Quinze minutes de pause, le temps pour moi de découvrir les toilettes dégueulasses, presque inondées.
Je passe la seconde mi-temps comme la première, omnubilé par ce qu’il se passe autour de moi. « Regarde le match » me lance mon père, alors que je n’arrive pas à décrocher mes yeux des tribunes. Des types tournent le dos à la pelouse pour haranguer la foule. Et eux, ils sont cons ou quoi à ne pas regarder le match ?
Trop d’émotions
70ème minute, Nikolaïdis devance Kennedy dans la surface mais se fait reprendre au dernier moment par un tacle de N’Gotty, et la défense parisienne peut se dégager. Mon père se lève, bras en l’air : « PENALTY!! C’était péno ça ! ». Faute ? Main ? Rien du tout ? On voit quand même mieux à la télé.
Le match n’est franchement pas terrible, peu d’occasions et pas de buts. Le temps passe et l’ambiance se fait plus hostile. Une bagarre éclate en tribunes. Et puis j’ai un peu froid. Je réalise que j’ai pas révisé mon contrôle du lendemain et je commence à stresser. Oui, le CE2 c’est sérieux. Les fautes se multiplient, « toujours à l’avantage du PSG évidemment » s’énerve mon père. Il est temps que ça se termine.
« Mais ils sont où ? Mais ils sont où ? Mais ils sont où les Parisiens ? » descendent des tribunes. Le coup de sifflet final de l’arbitre est suivi par ceux des supporters, déçus du résultat et de la mauvaise passe du PSG. Cyril Fouget (sic) il est nul de toute façon. La tribune grecque elle, ne s’arrête pas de chanter.
La victoire à Athènes deux semaines plus tard grâce au triplé de Patrice Loko, puis l’épique qualification face à Liverpool en demi-finale de la compétition donneront, après coup, une saveur particulière à cette soirée. Viendront ensuite mes premières larmes devant un match de football, la finale perdue contre le FC Barcelone et ce penalty transformé par Ronaldo. D’impérissables souvenirs.
Agent de joueurs, père de 3 enfants (2 garçons, une fille), installé dans la région toulousaine, Jean-Luc Sassus, aujourd’hui malheureusement disparu, était revenu avec nous sur les matchs qui l’avaient marqués lors de ses deux saisons parisiennes (1992-1994).
Victoire à Saint-Etienne (2-1, 1ere journée, saison 1992-1993)
« C’était lors de la saison 1992-1993, je venais d’arriver de Cannes. Je me souviens qu’on venait d’interdire la passe en retrait au gardien. Mais visiblement Bernard (ndlr : Lama) avait oublié. Il reçoit un ballon en retrait et s’en saisit. Coup-franc donc dans la surface de réparation, mais nous avions fait un mur énorme sur la ligne de but. Nous avions gagné 2-1, j’avais marqué de la tête, avant de me jeter dans les bras de Vincent Guérin. Cette victoire symbolise mon arrivée réussie à Paris. Dès le mois d’octobre, je me suis retrouvé en équipe de France, tout s’est parfaitement enchaîné ».
Match nul contre Arsenal (1-1), demi-finale aller de la Coupe des Coupes lors de la saison 1993-1994
« C’était au Parc des Princes. Je crois qu’il s’agit de mon meilleur match sur le plan défensif à Paris. Je peux vous dire que j’avais eu une bonne note le lendemain dans la presse, même si un journaliste de l’Equipe m’avait reproché d’avoir oublié Ian Wright au marquage sur un corner. Mais il s’était trompé car j’avais la charge d’un joueur plus grand. Malheureusement, je me souviens que nous étions un peu trop fatigués par le championnat pour faire la différence face aux Gunners. Au retour, Arthur Jorge avait dû faire un choix car on ne pouvait avoir que 3 joueurs extra-communautaires. Il avait donc laissé George Weah dans les tribunes à Highbury au profit de Rai. Sans avant-centre, nous avons perdu 1-0. Avec Mister George, je suis persuadé que nous aurions été en finale ».
Succès sur la pelouse du PAOK Salonique (0-2) en Coupe de l’UEFA, 32e de finale retour, saison 1993-1994
« Lors de ce match retour, on mène 2-0 grâce à Weah sur un exploit personnel, qui fêtait son anniversaire ce soir là, et moi qui marque le deuxième but de la tête sur un centre de Vincent (ndlr : Guérin). Je me souviens d’une ambiance super chaude avec des pièces lancées par les spectateurs sur la pelouse. On recevait toutes sortes d’objets. Mais quand le PAOK s’est retrouvé mené, « mon » ailier, s’est aussi fait bombarder. On sentait les tribunes vraiment bouillantes. D’ailleurs le match n’a jamais repris car la sécurité des joueurs n’était pas assurée. Sur le terrain aussi, il y avait des duels costauds (rires). Nous avions déjà gagné 2-0 à l’aller. Dans l’avion du retour, je me souviens d’une grosse fiesta ».
Naples – PSG (0-2), 16es de finale de la Coupe de l’UEFA saison 1992-1993
« C’est l’un des premiers matchs de l’ère Canal Plus en Coupe d’Europe, et donc forcément un test important. Car nous voulions voir ce qu’on valait contre une bonne équipe européenne.
Je me souviens du doublé de Weah, qui reprend de l’intérieur du pied un coup-franc de Valdo, puis marque à nouveau de la tête sur corner. Naples avait une grosse équipe avec Zola, le brésilien Careca, le suédois Thern, l’uruguayen Fonseca. Mais nous les avions bien maîtrisés. Grâce à un 0-0 au retour, au Parc des Princes, nous avions passé ce tour. Une étape importante ».
La saison 1993-1994 dans son ensemble en Championnat de France
« Sur cette saison, je n’arrive pas vraiment à ressortir un match en particulier car elle fut très aboutie. Nous avions tellement envie d’avoir ce titre puisque celui de 1993 avait été retiré à l’OM mais ne nous a jamais été attribué, ce que j’ai du mal à comprendre. Nous avions