Lorsque notre vénéré et bien aimé rédacteur en chef nous a proposé d’écrire chacun un article sur cette histoire de quitter le Parc des Princes, nous lui avons effrontément rétorqué que tout avait déjà été dit sur le sujet. Insolents misérables que nous sommes. Il ne s’agissait pas d’un nouvel article sur la beauté, l’histoire ou l’amour
que nous portons à notre stade, non. Enfin pas uniquement.
Il s’agissait plutôt d’un manifeste, d’une prise de conscience, d’une contestation, d’une opposition, voire d’une rébellion contre l’idée même que le Paris Saint-Germain puisse quitter le Parc des Princes.
Comme de manière générale, et en particulier au sein de l’équipe de Virage, autant vous le dire, aucun sujet ne fait jamais l’unanimité. Il y a toujours les pro et les anti, que ce soit Enrique, Mbappé, Messi, le système de jeu, Heinze (le traître pas le ketchup), le style très personnel de Donnarumma, etc…Nous sommes tous unanime sur un point : PSG = Parc des princes.
Peut-être est-ce dû à notre moyenne d’âge ? Nous sommes tous des supporters depuis plus de 20 ans minimum il est vrai. Alors peut-être ne sommes-nous pas objectifs ? J’entends les arguments des partisans du nouveau stade, car il y en a un certain nombre également. Avant d’en discuter et de parler du futur et il est impossible de ne pas parler du passé.
Car le départ du Parc est un vieux serpent de mer qui revient régulièrement. A la fin des années 90, beaucoup voulaient nous envoyer au Stade De France. Plus grand, plus moderne, plus tout ! Il est bon de rappeler que tous ceux qui voulaient envoyer le club dans la ville Dionysienne n’étaient pas des supporters du PSG, mais des politiques, des businessmen, des affairistes. Aujourd’hui ils ne sont plus là. Nous, supporters, si. Et qui à ce jour regrette d’être resté au Parc ? Personne. Et surement pas les milliers de supporters tombés amoureux du club et de son stade depuis.
Le Parc c’est un peu comme une drogue, au début c’est marrant. Festif. T’y vas à plusieurs, puis ça devient une habitude, puis tu ne penses plus qu’à ça. Puis ta vie tourne autour. Tous les jours. Les congés et les soirées sont faites en fonction du Parc et du PSG. Aujourd’hui le PSG est encore plus facile d’accès, internet, médias, on te livre à domicile tes doses quotidiennes. Et puis un jour on te dit, allez tout ça c’est fini. Parce que ton dealer a trouvé de quoi faire plus d’argent ailleurs, il vise une clientèle plus huppée. Tu ne peux pas suivre ? crève.
C’est ce que beaucoup ont connu lors du plan Leproux en 2010. C’est ce que beaucoup vivront si on quitte le Parc.
Combien de fois n’avons-nous pas lu ou entendu les témoignages de ces personnes venant dès l’enfance pour la plupart, pénétrant pour la première dans ce stade, et en tomber littéralement amoureux : « J’ai plus regardé le virage Auteuil et le Kop de Boulogne que le match ». Ou encore, « quand j’ai gravis les marches et que je suis arrivé dans ma tribune cela a été un émerveillement ». L’émerveillement je le vis encore à chaque match, et pourtant je ne dois pas être loin des 1000 matchs au Parc.
« LE PARC EST A NOUS, SAINT-DENIS ON S’EN FOUT ! » Banderole présente à chaque match du PSG, et slogan repris en cœur par le Peuple rouge et bleu à la fin des année 90. Quand notre club est en danger, contester, revendiquer, être les gardiens de notre histoire, c’est bien le rôle de nous supporters, et de nos ultras. Malheureusement, connaissant les liens entre la direction et le CUP, il faudra bien du courage à ces derniers pour mener la contestation. Mais il ne peuvent pas se cacher, c’est aujourd’hui qu’il faut mener ce combat vital qui est plus important que n’importe quel autre. Si le PSG quitte le Parc ce sera de toute façon la fin pour eux également. En ont-ils conscience ?
Alors bien sûr, ils ont enfin fait un communiqué sur le sujet début décembre très justement intitulé « LE PSG C’EST AU PARC ! » (Collectif Ultra Paris le 3/12/2024 – LE PSG C’EST AU PARC Collectif Ultras Paris ). « Nous ne serons pas la génération de supporters qui aura vu le PARIS SG quitter Paris et son Parc des Princes». Nous sommes complètement d’accords, mais maintenant il faut des actes !
Le CUP annonce une mobilisation ferme et des actions pacifiques. Il faut que nous soyons tous unis pour manifester notre colère et que ce soit en particulier par des chants et des banderoles ! Et cela à chaque match du PSG, que ce soit à domicile comme à l’extérieur ! Il faut que cette contestation soit visible pour qu’elle puisse être entendue. « Des galères et des combats » nous en avons tant connues oui. En 2010 le Parc a perdu son âme, quinze ans en plus tard il en va de la vie du club et de celle de son stade. Ce combat ne doit pas être perdu.
Oui, il y a urgence. Car si vous aimez le PSG et le Parc, c’est maintenant qu’il faut agir, après il sera trop tard et un retour en arrière sera impossible. Nous ne voulons pas être les victimes d’une guerre d’égo entre notre président et la maire de Paris, comme nous subissons, non sans un sentiment de gêne, celle entre notre président et Mbappé.
Je n’aime pas ce sentiment d’être un jouet dans les mains de notre propriétaire, cette impression que Messi trop vieux, Neymar cassé, Mbappé usé, le nouveau stade est leur nouvelle marotte. Et après ? Tout cela ressemble tellement à la fable de Lafontaine, « La Grenouille qui se veut faire aussi grosse que le bœuf », et à sa morale :
Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages :
Tout Bourgeois veut bâtir comme les grands Seigneurs,
Tout petit Prince a des Ambassadeurs,
Tout Marquis veut avoir des Pages.
Tout émir veut son stade de 90000 places aurait-il pu ajouter aujourd’hui… Que penser de la déclaration de Nasser Al-Khelaïfi se justifiant sur son projet de nouveau stade comme étant « une question de vie ou de mort » !?! Mais de qui se moque-t-on ? Ses arguments sonnent tellement faux ! : «J’aime beaucoup le Parc, tout le monde l’aime. Si j’écoute mon cœur, on ne part pas. Mais tout le monde en Europe a des stades de 80 000, 90 000 places… On en a besoin, sinon, on est mort ».
Ecoutez son cœur plutôt que son compte en banque serait effectivement une excellente idée. Mais privilégier l’humain avant le profit ne rime pas vraiment avec qataris. Tout le monde a des stades de 80000 en Europe ? Première nouvelle ! Et certainement pas des stades à 50 kilomètres de leur patronyme. Prenons juste l’exemple d’Arsenal, l’Emirates Stadium (quel affreux nom) fait 60000 places et se trouve à quelques pas de Highbury (son stade historique) au cœur de Londres.
Bref, je vous laisse googliser les autres stades des « grands » d’Europe pour vous rendre compte qu’aucun n’a un stade de 80000 en dehors de sa ville. Même celui de Munich qui se trouve tout au nord fait 75000 places et se trouve bien à Munich et non dans sa banlieue.
Le PSG peut parfaitement faire partie du top européen en restant au Parc malgré les dire de notre président. Niveau marketing ils ont fait un super boulot et financièrement nous sommes assez forts. La preuve nous avons un des plus gros budgets européens, alors que nous sommes à des années lumière en droit TV de nos voisins anglais. Pourquoi vouloir toujours plus ? Au risque de perdre ce que nous avons déjà acquis. Nous voyons bien cette saison que sans star il est plus compliqué de faire venir du monde au stade. Le marché secondaire de la billetterie s’essouffle pour de « simples » matchs de championnat. Certains sièges au Parc sont même vides cette saison. Conclusion, l’abonné n’est pas venu et n’a pas réussi à revendre sa place. Une première depuis Zlatan.
Alors qui viendra se taper 1h30 de transport en commun ou non pour voir un PSG – Lorient un dimanche soir glacial de janvier ? ou un vendredi soir pluvieux de novembre ? Le club devra se constituer un nouveau public, trouver de nouveaux fidèles, de nouveaux ultras, pour un nouveau club qui pourra très bien après avoir changé de stade, de couleurs de maillots, de logo, également changer de nom ?
Que Dieu me pardonne cette parabole blasphématoire, mais oui, on se rend au Parc comme on va à la messe, à l’église, au temple, à la Mosquée ou à la synagogue (si j’ai oublié votre confession, merci de vous plaindre directement à « Virage »). « Cette terre bénite du Parc des princes » comme la qualifiait le cher Président Francis Borelli un soir de finale de Coupe de France.
Pour moi quitter le Parc c’est aussi bafouer son histoire, c’est cracher sur Borelli et sur tous ceux qui ont été un jour baptisés les Princes du Parc, ses chouchous inoubliables qu’ont été les Dahleb, Fernandez, Rocheteau, Susic, Ginola, Raí, Ronaldinho, Pauleta … Pour ne citer qu’eux, eux, qui en avaient fait leur jardin, et nous notre maison.
Même si je ne l’ai pas vécu, je ne peux m’empêcher de repenser au discours de Just Fontaine (« le seul entraîneur au monde à avoir fait monter Paris en D1 », comme il le disait) à ses joueurs un soir de barrages retour contre Valenciennes : « A vous de choisir : l’an prochain, vous voulez jouer devant 30 000 personnes au Parc ou devant 3 000 au Camp des Loges ? »
Puis le but hors-jeu (ou pas) de Dogliani, le malaise de Justo, puis un soir de 82 l’égalisation de Rocheteau, le péno de Pilorget, l’histoire du PSG au Parc était en marche, suivrons la tête de casque d’or, Bucarest, Twente, etc… Chacun y puisera son souvenir idéal. En espérant ne pas devoir en faire une épitaphe.
LE PSG C’EST AU PARC !
