De Brest à Heart Of Midlothian, Il n’a connu que la première division en tant que joueur pro. Mais c’est au PSG qu’il a accompli ses plus grands faits d’armes. Il est une des figures marquantes du PSG sauce 90s. Milieu de terrain infatigable, soldat de la première heure, VINCENT GUERIN nous raconte sa carrière et son après-carrière avec une fraîcheur et un enthousiasme qui ressemblent au joueur qu’il était.
Virage : Tu viens d’où en fait, c’est quoi ton parcours avant le foot ?
Vincent Guerin : Je suis né le 22 novembre 1965 à la clinique du Parc des Princes. Cette clinique a disparu depuis. J’ai vécu 2 ans à Paris puis mes parents ont déménagé à Bry-sur-Marne où j’ai vécu jusqu’à l’âge de 18 ans. Là-bas, j’ai été élève au collège Henri Cahn jusqu’en 3ème. Je n’étais pas un gros travailleur à l’école et plutôt que de redoubler, ce qui ne me plaisait pas, j’ai opté pour un concours de paysagiste dans deux écoles, une à Vincennes et l’autre à Montreuil. Mon père était paysagiste également et j’avais envie de travailler à l’air libre, pas dans un bureau. J’ai été reçu à Montreuil où j’ai passé mon BEP agricole. J’aurais pu continuer en passant un bac technique mais il fallait aller en internat à Orléans. J’ai préféré me mettre sur le marché du travail. Et comme je jouais déjà au foot à Joinville-Le-Pont où j’avais été surclassé en senior, ils m’ont trouvé un boulot à la Mairie pour m’occuper des espaces verts du club omnisports.
Virage : Il n’y avait donc pas de volonté de ta part de débuter une carrière professionnnelle à l’époque ?
V.G. : Non, j’étais très loin du professionnalisme. Je pensais que c’était intouchable et que je n’avais pas le niveau. Même si j’avais été en sélection départementale en catégorie de jeunes, je n’ai jamais été retenu dans la sélection Ile-de-France, sans doute parce que je faisais partie d’un « petit » club. Ceux qui étaient pris venaient surtout des grands clubs de réseaux comme le Racing, le Red Star et le PSG.
45 minutes retour sur mon 103
Virage : À quel moment tu as senti que tu avais du potentiel car finalement tu as commencé ta carrière assez tard ?
V.G. : J’ai effectivement un parcours un peu atypique, il y a peu de cas comme le mien. En fait, j’avais déjà fait un essai au PSG à 17 ans. Ca se passait sur plusieurs journées et à la fin j’étais le dernier à avoir passé tous les tests. J’ai pu jouer avec la troisième division, l’équivalent de la réserve. Je jouais attaquant à l’époque ou N°10. J’ai joué 1h10 et j’ai été bon. Les 20 dernières minutes j’ai souffert physiquement car ça allait très vite, c’était un autre niveau. Après ce match, je pensais être pris par le PSG. L’entraîneur du centre de formation, Camille Choquier, m’a demandé de passer des tests physiques suite à mes 20 dernières minutes difficiles. Je me suis dis que c’était normal vu que je passais de la promotion d’honneur à la D3. Du coup j’ai accepté de faire un stage de 3 semaines au mois d’août au PSG. J’ai donc fait Bry-Sur-Marne – Saint Germain en Laye sur ma mobylette en plein été. 45 minutes aller, 45 minutes retour sur mon 103 en passant par les petites routes. Ca n’a duré que 15 jours…
Virage : Que s’est-il passé ?
V.G. : Un jour j’ai crevé sur la route. Mon père est venu me dépanner en voiture et je suis arrivé à 11h10 à Saint-Germain. Trop tard pour l’entrainement. J’ai attendu la fin et je suis allé voir Camille Choquier qui m’a annoncé qu’il n’y avait plus de place pour moi au centre de formation et qu’en gros je n’avais pas trop le niveau. Mais il me proposait de revenir pendant la saison pour continuer les tests. Là j’ai tout de suite fermé la porte. J’avais pris des jours de congés sur mon boulot pour faire ce stage dans l’idée d’être pris derrière et il ne me restait qu’une semaine de vacances. Pas question de revenir en cours de saison. Je suis donc parti le soir même pour Pornichet-les-Pins pour retrouver mes copains au camping, où je me suis fait d’ailleurs piquer toutes mes affaires le soir même, sale journée…
Virage : Malgré cet épisode, avais-tu déjà un attachement pour le PSG étant natif de Paris ?
V.G. : Oui. Au delà du fait que je suis né en face du Parc, un des dirigeants de Bry-sur-Marne m’avait emmené au Parc 2 ou 3 fois. Quand on est enfant, ce sont des images qui marquent : l’ambiance, le stade, les joueurs… même si c’était les débuts.
Virage : Pas d’attachement à d’autres clubs dans ton enfance ?
V.G. : Si, j’aimais aussi Nantes mais surtout Nice. Il y avait Bjekovic, Katalinski, Jouve, Guillou, Baratelli qui est venu à Paris après. Mais Paris ça restait encore anecdotique à cette époque. Bien sur il y avait Saint-Etienne qui était suivi par les media. Je me souviens des matchs contre Split et Kiev après l’école à la télé. Mais j’avais quand même un attachement au PSG parce que c’était là que j’étais né et puis c’est le premier stade dans lequel j’étais allé.
La passion était plus forte que le salaire
Virage : Comment atterris-tu à Brest du coup ?
V.G. : En 1982-83 je continuais à travailler en tant que paysagiste mais j’avais démissionné du club de Joinville. Pourtant le président du club m’avait proposé un petit fixe et un appartement. Mais je ne retrouvais plus de motivation en équipe première. J’ai refusé. Ils m’ont quand même laissé m’entraîner avec eux à la reprise en septembre. En octobre, un certain Michel Milosevic est venu s’entrainer avec nous. Il m’a dit que j’avais des qualités et que je devrais faire des essais, notamment pour Paris. Je lui ai dit « Ecoute Paris, j’ai déjà fait et je ne veux plus en entendre parler ». Alors il m’a dit qu’il connaissait du monde à Brest et qu’il pouvait me faire faire un essai. C’est parti comme ça. Je suis parti à Brest en novembre pour 3 jours. On s’est mis d’accord avec Michel et le directeur sportif de Brest, Milan Radovanovic, qui est devenu mon agent par la suite. A l’issue de ces 3 jours ils m’ont proposé un contrat d’aspirant. J’ai accepté tout de suite. Comme j’étais mineur, mon père est venu avec moi en avion pour signer le contrat, c’était la première fois qu’il le prenait. Le contrat était à 800 francs par mois. Je gagnais 3000 francs à la mairie de Joinville. Mais la passion était plus forte que le salaire.
Virage : Tu jouais à quel poste à Brest ?
V.G. : Numéro 10, parfois attaquant gauche.
Virage : Comment c’était ces années brestoises avec Le Guen, Colleter, le père de Gonzalo Higuain, Jorgé…?
V.G. : Super, il y a eu plusieurs tournants. Déjà, après la Coupe du Monde 1986, le club a recruté José Luis Brown, l’argentin qui avait mis le but contre l’Allemagne en finale, et Júlio César, le brésilien qui avait raté son pénalty contre le France. C’était des joueurs majeurs avec un palmarès. On a fait de bonnes saisons avec eux même si Júlio César était bien au dessus de José Luis Brown qui avait un pied gauche moyen et qui était lent.
Virage : Ton premier match avec Brest ?
V.G. : C’était un match amical à Saint-Nazaire contre Angers. Je me souviens que c’était très dur. J’avais l’impression qu’à chaque fois que je touchais le ballon il était déjà reparti tellement ça allait vite. Mais après j’ai eu cette faculté à m’adapter et à gommer progressivement l’écart de niveau que j’avais en arrivant. Saison 84-85, j’ai commencé à jouer un peu plus régulièrement puis je suis devenu titulaire. Enfin j’ai été sélectionné en Equipe de France espoir des moins de 21 ans. C’était une super génération avec Jocelyn Angloma, Alain Roche, Laurent Blanc, Eric Cantona, Franck Sauzée, Stéphane Paille, Christophe Galtier… On est allé au bout de cette compétition qui a duré deux ans et demi et on a été champion d’Europe en 1988. Encore aujourd’hui on est la seule génération à avoir été championne d’Europe des moins de 21 ans. On a été propulsé dans une autre galaxie.
J’avais une vraie envie de revenir
Virage : Du coup tu signes au Matra Racing ?
V.G. : J’ai été contacté par le Matra, le PSG de Borelli et l’AS Monaco. J’étais le jeune qui brillait au milieu en Ligue 1. Brest était en difficulté financière. Le PSG est sorti assez vite de la course, le Matra a proposé un peu plus que Monaco et le Stade Brestois m’a un peu forcé pour signer là-bas alors que j’aurais préféré signer à Monaco dont je trouvais le projet plus solide. La preuve, ils ont été champions la saison suivante… Au Matra, ça s’est très vite mal passé car il y avait trop de joueurs qui venaient d’un peu partout. Il n’y avait pas d’homogénéité ni de solidarité. De plus Artur Jorge qui était l’entraineur a du arrêter sa collaboration car sa femme était atteinte d’un cancer. A partir de là, Jean-Luc Lagardère a décidé dès le mois de décembre de se retirer du club en fin de saison. J’ai décidé de partir une fois le championnat terminé et Montpellier est venu me chercher.
Virage : Comment finis-tu par signer au PSG ?
V.G. : J’arrivais en fin de contrat à Montpellier et le PSG avait un projet plus solide et ambitieux que par le passé. Et puis l’idée de retourner à Paris en étant plus mature… En fait, j’avais une vraie envie de revenir. Ça s’est fait assez rapidement avec Michel Denisot et mon agent. D’autant que c’était Artur Jorge qui entrainait le PSG. Il m’avait recruté au Matra et il me voulait à Paris.
Virage : Comment se passe l’intégration au PSG ?
V.G. : Facilement car je connaissais déjà Paul le Guen et Patrick Colleter de Brest, Alain Roche de l’Equipe de France espoirs, David Ginola du Matra… Je me souviens que l’été avant ma première saison au club, je pars en vacances au club Med’ à Ibiza et je tombe sur Laurent Fournier… C’est là qu’on a fait connaissance pour la première fois.
Virage : Tu dirais que c’était une époque magique ?
V.G. : Bien sûr quand on fait le constat à posteriori, mais quand tu signes tu ne sais pas comment ça va se passer, en bien ou en mal. Il y a un événement qui m’a marqué à ce propos. Quand on joue la finale de Coupe de France en 1990 avec Montpellier contre le Racing Paris 1 (NDLR : ex Matra Racing) j’ai eu une discussion avant le match avec notre gardien Albert Rust qui m’a dit que c’était sa première finale de Coupe à 36 ans. Je me suis dit « si ça se trouve c’est la première et la dernière finale que je vais jouer de ma carrière ». Bon, on a gagné cette finale 2-1 en prolongations et j’en ai gagné 3 autres avec le PSG, plus le reste. Mais en tout cas ça m’a fait prendre conscience des choses.
C’était le bloc de l’Est, la rigueur
Virage : Tu es toujours en contact avec ces joueurs de la génération dorée du PSG ?
V.G. : Bien sûr. Avec Laurent Fournier qui est un ami, avec Alain Roche, Bernard Lama, Raí, Jimmy Algerino… Pas tous car le temps passe, mais on arrive à s’avoir de temps en temps au téléphone.
Virage: Artur Jorge, c’était quel genre d’entraîneur ?
V.G. : Houlaaa… Très austère. Il a eu deux visages mais quand j’étais sous ses ordres c’était le bloc de l’Est, la rigueur. Il avait étudié de l’autre côté du rideau de fer, en RDA, et en gardait cette attitude et cette posture. Quand il est revenu vers 2004, il parait qu’il était complètement différent et beaucoup plus ouvert. Il nous parlait peu mais on se souvenait très bien de ce qu’il nous disait (rires). J’ai une anecdote à ce sujet. Un jour, à l’entraînement, on fait une opposition à 8 contre 8. On ne respectait pas trop les règles du jeu et ça commençait à m’irriter. J’ai commencé à gueuler… Et il m’a dit « Vincent, rappelle- toi d’où tu viens ! ».
Virage : Des joueurs t’ont marqué plus que d’autres à Paris ?
V.G. : J’ai eu la chance de côtoyer de très grands joueurs à Paris. On peut toujours faire des sélections mais c’est difficile. Par contre ce que je peux te dire c’est que je ne suis pas sûr que les dirigeants de l’époque aient eu conscience de la qualité des joueurs qui étaient présents sur le terrain. George Weah a été Ballon d’Or, certes au Milan AC, mais il l’a gagné grâce au PSG. David Ginola a été élu meilleur joueur en France et en Angleterre ce qui est rare. J’ai été élu meilleur joueur français, Alain Roche aussi. Bernard Lama c’était pour moi le meilleur gardien que j’ai pu connaitre. Ricardo, Valdo c’était des monuments. Valdo surtout m’a permis de progresser. Je suis arrivé à Paris à 26 ans et il m’a beaucoup apporté. C’était un vrai milieu de terrain contemporain capable de courir, de récupérer le ballon, d’être passeur décisif, de marquer des buts… Il avait cette capacité de tenir le ballon et de déstabiliser. Il libérait de l’espace pour les autres… Bref il y avait un effectif incroyable.
La rivalité PSG-OM n’a pas aidé
Virage : Et dans l’effectif actuel du club ?
V.G. : Je crois qu’il y a la même volonté de réussir et le même objectif de talent. Pour réussir à gagner une coupe d’Europe il faut que ton effectif compte à chaque poste un des 5 meilleurs joueurs du monde. Nous on avait ça, et je pense que le PSG d’aujourd’hui est dans cette trajectoire. Prenons l’exemple d’Edison Cavani. En terme d’efficacité, de courage, de témérité, d’opiniâtreté, il est un exemple à suivre pour tout le monde. C’est un garçon dont les jeunes doivent s’inspirer.
Virage : Dans ta carrière il y a un match marquant ?
V.G. : C’est difficile, il y en a eu tellement. Il y en a un en particulier car il a été tragique, c’est France-Bulgarie en 1993. Surtout pour toute une génération car à l’époque les clubs français avaient de bons résultats en Europe. Marseille a fait deux finales de coupe d’Europe, Paris deux, Monaco contre Brême en 1992, Bordeaux en UEFA contre le Bayern en 1996. On avait des joueurs d’une très grande qualité et ça a été un gâchis. Et puis la rivalité PSG-OM n’a pas aidé en sélection, il faut bien le dire.
Virage : Par rapport à ta carrière en équipe de France, pas de regret d’avoir raté 1998 ?
VG : Je ne sais pas. Déjà, j’étais peut-être un peu trop vieux et puis il y a eu ces accusations de dopage en 1997 qui ont tout plombé (léger silence). Humainement ça a été très, très dur. Combattre l’injustice c’est ce qu’il y a de plus terrible pour un être humain. Mais je me dis que j’ai eu une chance incroyable de vivre de ma passion. Finalement j’ai presque tout gagné. Coupe d’Europe, Championnat de France, Coupe de la Ligue, Coupe de France, champion d’Europe espoirs, demi-finaliste de l’Euro en 1996, élu meilleur joueur français du championnat et… j’ai eu une sélection avec l’Equipe d’Europe après l’Euro 96. Ça peut paraitre anecdotique mais pour moi c’est quelque chose d’important. J’ai encore l’image de moi dans le vestiaire au stade de la Luz à Lisbonne avec les allemands, les hollandais… Je me disais que gamin j’avais toujours rêvé de ça.
Tu reçois un faisceau de lumière intérieure
Virage : Elle n’existe plus cette sélection ?
V.G. : Non, il y en a eu très peu. J’ai même marqué un but du plat du pied contre la sélection africaine sur une passe de Jürgen Klinsmann. Les Africains avaient gagné 2-1 sur des buts d’Abedi Pelé je crois. Ça reste un souvenir extraordinaire.
Virage : Parlons de ce fameux but contre Barcelone en 1995. Tu te souviens de ce qui a pu te passer par la tête ce soir-là ?
V.G. : Dans ce genre de situation tu es dans un état second, un peu déconnecté. Au début de l’action j’appelle Valdo pour qu’il me donne le ballon et je pars au but. Et puis après… C’est comme pour Antoine (Kombouaré) contre le Real, quand tu mets un but comme ça, dans un stade comme ça, dans une ambiance comme ça, il y a un moment où tu reçois un faisceau de lumière intérieure qui ne t’arrive plus jamais par la suite. C’est une sensation extraordinaire. On vole un peu, on n’a plus l’impression d’être dans son corps.
Virage : Tu quittes le PSG en 1998, pourquoi ?
V.G. : Déjà le procès pour dopage m’a fait beaucoup de mal et j’ai mis ma carrière un peu entre parenthèses, du coup j’ai perdu ma place dans l’équipe. Et puis j’ai voulu quitter la France. J’ai fait des essais en Grande Bretagne et j’ai signé pour une saison à Heart Of Midlothian. Ils ont voulu que je prolonge d’une année mais j’étais fatigué physiquement et psychologiquement car j’étais toujours en procédure de justice. Je suis donc rentré en France où j’ai profité de la vie avec ma famille. J’en ai profité aussi pour faire des stages pour les enfants, de l’encadrement de joueurs japonais à Clairefontaine, j’ai fait différentes choses. J’ai suivi une formation journalistique à l’IPJ en alternance avec Canal+ en 2001. Laurent Fournier a suivi cette formation avec moi. C’était du sur-mesure… On a vécu des trucs marrants avec Laurent. On nous avait demandé d’aller boulevard Haussmann avec une caméra. A cette époque c’était des grosses betacams et il fallait qu’on filme au milieu des gens. On a été reconnus et tout le monde nous demandait ce qu’on foutait là, nous des anciens joueurs du PSG.
C’est difficile de penser à l’après-carrière
Virage : Comment est né ton projet VGS (Vincent Guerin Sport) ?
V.G. : C’est compliqué de trouver sa voie après la fin de ta carrière. Comme je viens de te l’expliquer j’ai fait pas mal de choses après, j’ai même repris une licence en 2003-204 pour jouer une saison au Red Star. J’ai passé mes diplômes d’entraîneur. J’étais intervenant extérieur pour des sociétés qui me demandaient à l’occasion d’intervenir sur des matchs de foot. C’est de là que m’est venue l’idée de créer VGS, même si j’avais déjà monté une société en 1993 afin de facturer mes prestations sur les opérations promotionnelles qu’on me proposait en tant que joueur. En tout cas je trouvais que ça manquait de lien avec les gens lors des événements auxquels je participais. Je me suis alors rapproché du directeur marketing du PSG, Richard Cadudal, qui m’a filé un coup de main en me donnant le fichier client de 25 personnes à contacter pour lancer mon activité. Et là, ça a été la grosse galère car en tant que joueur on a l’habitude que les gens viennent vers vous mais pas l’inverse. Mais j’ai réussi à monter des événements pour la Coupe du Monde 2002 en Corée du Sud au Restaurant le 70 du Parc des Princes. Comme ça a bien marché, j’ai continué.
Virage : Tu t’es senti accompagné dans ces démarches ?
V.G. : Le syndicat des joueurs a une antenne pour t’aider mais le plus compliqué c’est de trouver ta voie quand tu as fait du foot pendant 15 ans. Et puis c’est difficile de penser à l’après-carrière quand tu es encore en activité. La priorité à ce moment là c’est de se concentrer sur ta carrière de joueur. De plus internet n’existait pas encore, les formations se faisaient par alternance. Aujourd’hui il existe des outils qui permettent de se former plus facilement que ce soit sur les langues, la comptabilité…
Virage : Parlons du Tournoi des Légendes que tu organises avec VGS le 18 mai.
V.G. : Oui, il s’agit de la deuxième édition cette année. L’idée c’est d’organiser un tournoi de football auquel participent des entreprises moyennant un cachet. Chaque entreprise monte une équipe. Des anciens pros viennent renforcer les équipes à chaque match mais ils tournent de match en match afin que les équipes jouent avec différents pros. On a aussi une touche féminine cette année. On aura Candice Prevost, ex-joueuse du PSG, et Coralie Ducher, ex-lyonnaise, qui participeront.
Le tournoi permet également d’aider une association qui me tient particulièrement à coeur. Il s’agit de « Un ballon pour l’insertion ». C’est une association qui aide des personnes en difficulté à se réinsérer dans la vie, à se resociabiliser par le biais du sport et du foot.
Manque de témoins, de relais d’identité
Virage : Pour finir quel est ton regard sur le PSG d’aujourd’hui ?
V.G. : Déjà c’est une chance d’avoir un actionnaire aussi puissant à Paris. Car pendant 8-9 ans on s’est fait chier au Parc des Princes. C’était dormant au niveau du style, des résultats et du plaisir. Aujourd’hui ça a pris une autre dynamique. Mais il y a des carences. Le 6-1 contre Barcelone a mis en avant ces manques. Le club doit mieux se structurer.
Virage : Quels conseils donnerais-tu avec ton expérience ?
V.G. : Il n’y a pas assez d’anciens joueurs. On sent que le club est encore jeune là-dessus. Ça manque de témoins, de relais d’identité. Je crois qu’il n’y a que 2 anciens joueurs qui travaillent pour le club : Thierry Morin en CFA et Pierre Reynaud. C’est pourtant important en terme d’image et de crédibilité, vis à vis des jeunes et des entraîneurs. Ce n’est pas une critique pour critiquer mais pour faire avancer le club. Des gars de ma génération, tout comme les Pancrate, Traoré, Rothen, Giuly, peuvent faire grandir le club.
Virage : Aujourd’hui quand tu regardes un match du PSG tu arrives encore à porter un regard de supporter ou c’est le professionnel qui prend le dessus ?
V.G. : C’est un peu les deux. Je reste un supporter mais en tant qu’ancien joueur j’ai un avis sur certains aspects sportifs ou sur le recrutement qui a été un échec cette année. Mais je n’oublie pas aussi que j’ai été un joueur. Quand je vois certains consultants, je me demande parfois si ils se souviennent à quel point ils ont été mauvais, voire très mauvais sur le terrain. Même Messi rate des matchs, comme par exemple contre Paris à l’aller cette année.
Virage : Si le PSG t’appelle pour les rejoindre tu serais donc OK ?
V.G. : J’y vais dès demain, c’est une évidence.
Le Trophée des Légendes aura lieu le 18 mai 2017
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