Hommage appuyé à la fois à mes déboires capillaires, à une boisson fermentée de qualité inégale consommée par hectolitres les soirs de match mais aussi à feu le programme « humoristique » diffusé sur une chaine cryptée depuis peu trentenaire [dans Virage, chaque nom de rubrique est COMPLETEMENT Pensé-Soupesé-Gambergé, NDLR].
La Minute Blonde a pour vocation de permettre à la profane que je suis de poser les questions existentielles qui la taraudent.
Le PSG, une vaste blague ?
Pour inaugurer cette chronique, qui je le crains risque la suppression avant même la mise en ligne de Virage deuxième du nom pour cause de PSG bashing trop prononcé, je tenterai de répondre, en 60 secondes donc, à l’interrogation suivante : le PSG, une vaste blague ?
Car, ami lecteur, si ton équipe favorite et moi-même en tant qu’incarnation d’une minorité visible considérée comme prétendument stupide en raison de sa couleur de cheveux avons bien un point commun, c’est le nombre incommensurable de calembours dont nous faisons l’objet.
L’ancien attaquant Guillaume Hoarau ne s’y est pas trompé. Avant de quitter Paris pour rejoindre dans un premier temps l’eldorado de la contrefaçon – coïncidence, je ne crois pas (où il aurait selon ses propres termes « flingué sa carrière »), puis les Young Boys (à bientôt 31 ans, se serait-il fait Berner?), Guigui s’était fendu d’une galéjade dont seuls les Marseillais ont habituellement le secret :
« En fait c’est une blonde, elle accouche de deux jumeaux et elle pleure. Alors la sage-femme lui demande pourquoi elle pleure. ‘Bah parce que je sais pas qui est le père du deuxième’ »
De toute évidence, le garçon manie le pléonasme avec une aisance peu commune.
Mais là n’est pas le sujet. Revenons donc à nos crampons.
Si le PSG est un thème sérieux, ce que je ne nie aucunement, peut-il néanmoins prêter à rire ? Je réponds par un tonitruant OUI. Mais à l’instar des autres grands débats qui agitent la société française, des banquettes en sky du Café des sports aux dorures élyséennes, et pour paraphraser ce cher (et regretté) Pierre, à l’évidence pas avec tout le monde.
Clarifions tout d’abord les choses. Loin d’être une anti-foot pathologique, j’ai au contraire longtemps été une fervente supportrice du FC St. Pauli, que je vénère d’ailleurs toujours autant malgré mon départ de la merveilleuse ville hanséatique qui a vu naître cette non moins formidable équipe.
Et si je n’ai plus l’occasion de m’époumoner régulièrement au Millerntor-Stadion, je garde à jamais le souvenir ému de l’entrée des joueurs au son du glas de Hell’s Bells, bien plus classe à mon sens que la voix de fausset de cette baltringue de Phil Collins.
Certains contributeurs de Virage pourront également en témoigner (il faut bien justifier ma présence en ces lieux), je me transforme peu ou prou à chaque Coupe d’Europe slash du Monde en hooligan patentée, n’hésitant pas telle une Bruce Banner en mini-jupe à ponctuer chacune des interventions de l’équipe n’ayant reçu pas mes faveurs d’une diatribe assassine faisant montre d’un vocabulaire particulièrement fleuri.
Je fus bannie du canapé
pendant presqu’une saison
Néanmoins, le fanatisme effréné des afficionados du Paris Saint-Germain Football Club dans leur ensemble ainsi que le prosélytisme aigu dont font preuve certains de mes amis/colocs/ collègues/ex d’obédience, lesquels feraient presque passer Christine Boutin pour une personne équilibrée, m’ont souvent décontenancée voire parfois effrayée, bien que toujours fascinée.
C’est ainsi que d’humeur chafouine, je me suis permise en 2013 de me gausser ouvertement de l’arrivée de ce mannequin H&M dont le fait d’armes le plus marquant fut l’explosion des ventes de maillots, coaché dans ce but par une épouse ancien fer de lance du féminisme 90’s à la sauce MTV, aujourd’hui reconvertie dans le prêt-à-porter de luxe. La sentence ne se fit pas attendre, je fus bannie du canapé pendant presqu’une saison.
Et lorsque j’eus le malheur de disserter sur le goût certains des joueurs parisiens pour les tatouages divers et variés d’une classe inégalée, on me rétorqua qu’eux au moins n’avaient pas vu fuir leur coiffeur attitré vers un pays n’ayant signé aucun traité d’extradition avec la France. Ce qui dénote à n’en point douter un habile et plaisant maniement du second degré.
A force de l’entendre rabâcher autour de moi, j’ai quand même fini par intégrer qu’Ici, c’était Paris.
Mais je m’interroge : Paris ne serait-il pas surtout devenu… Qatari ? Et qata-rira bien, qui rira le dernier. Car si les légendaires punchlines de son avant-centre néologisé amusent régulièrement la galerie – et moi la première, les préoccupations que la dérive esclavagiste de cet Emirat charia en mon cœur ne semblent trouver que peu d’écho auprès des abonnés du Parc interrogés pour les besoins de ce papier. Géopolitique et ballon rond ne font pas forcément bon ménage, je tâcherai de méditer à l’avenir cet adage.
Sois malgré tout assuré, ami lecteur, que Paris est parfois, même pour moi, véritablement magique. Entre autres parce qu’inéluctablement je pense à un groupe tourangeau d’électro- dub (plus rarement au grand prophète, bizarrement) lorsque j’entends le prénom de Lavezzi ou pire encore parce que je commence systématiquement à fredonner le jingle publicitaire d’une marque de café lorsqu’un certain défenseur brésilien entre sur le terrain. Je sais, ce n’est pas la peine d’en rajouter [ami lecteur né après 1995, cette référence est certainement incompréhensible pour toi et je m’en excuse].
Quoi qu’il en soit, les plus courtes étant comme chacun sait les meilleures, je terminerai sur une petite raillerie éculée : pourquoi les joueurs du PSG tirent-ils toujours à côté ? Parce que les buts comptent double à l’extérieur.