L’école est finie

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Xavier me demande d’écrire un texte sur notre saison officiellement achevée.
Sa demande m’oblige à m’avouer une chose : voilà longtemps que je n’ai pas publié ma prose sur Virage. Et ça n’a évidemment rien d’anodin.
Paris m’a fatigué. Le foot m’a rincé. Globalement.

Je n’ai raté aucun match parisien. J’en ai même revus certains plusieurs fois en replay. Je suis même allé trois fois au Parc (merci Xavier et Aurélia), ce Parc désormais mou, footix, offert aux touristes et aux vents de la rentabilité sans appartenance aucune. Et pourtant, oui, ce sentiment de lassitude pointe. Peut-être le feuilleton Mbappé et ses 18 764 épisodes, tous plus pénibles et embarrassants les uns que les autres, peut-être la politique de QSI, subtil mélange de softpower cynique et de fric mal dépensé et cette direction sportive qui multiplie les choix étranges, pour ne pas dire ubuesques. Peut-être encore le cas Donnarumma, avec, en guise d’apothéose, le départ de Navas presque comme si de rien n’était. Peut-être l’attitude du CUP qui ressemble de plus en plus à une agence de communication qatarie. Peut-être enfin cette rumeur insistante d’un départ inéluctable du Parc des Princes. Il ne me reste donc que le jeu pour aimer encore le club de mon cœur (le nouveau maillot à venir presque Hechter ne suffira pas à m’amadouer).

Cette saison a très mal débuté en ce qui me concerne avec le départ de Neymar. Une gifle et un coup dans les burnes au cœur de l’été 2023. Et Marco, notre gamin créateur. Je n’ai rien eu à dire et sur les réseaux, j’étais ultra minoritaire. Tout le monde ou presque s’en réjouissait. Riolo jubilait, bombant son petit torse de prophète mal classé. Et c’est donc l’heure du Mercato. Mbappé est puni de ne pas avoir voulu prolonger et rejoint, pas longtemps, le loft. Nasser est vexé. Ça commence bien. Campos est lui toujours aux manettes (pourquoi ? C’est une excellente question). Mendes toujours prioritaire… la valse débute avec l’arrivée de Luis Enrique, que je surnomme rapidement le berger. Je ne sais pas quoi en penser. Mais après Galtier, c’est forcément mieux. Tout est mieux après Galtier. Enrique est un mec qui a déjà gagné en Europe. Certaines mauvaises langues murmurent même qu’il était à la barre un soir de remontada catalane. Il a la réputation de faire exactement ce qu’il veut. Un têtu. Un têtu à Paname. Mouais… Wait & see…

Vient Dembélé. Pourquoi pas ? Ironique et échaudé, je me demande ce qu’il va coûter à la Sécu. Et puis je le vois jouer. Il est imprévisible, très rapide. Tellement parfois qu’il se surprend lui même. Mais c’est un accélérateur et un créateur et Paris a besoin de ce type d’acteurs après les départs du Brésilien et de l’Italien. C’est déjà une bonne nouvelle dans une équipe largement remaniée et qui a perdu deux de ses trois têtes de gondole. Skriniar, qu’on visait depuis deux ans, arrive gratos et dévoile très vite qu’il ne sait ni courir, ni sauter. Une autre rumeur raconte qu’un jour, un escargot l’a doublé… c’est à l’évidence une erreur de casting à un poste clé. Raté. Hernandez malgré son amour de l’OM semble faire le job. Par intermittence. Il y a encore Barcola, jeune et impétueux mais qui démontre de belles choses sans attendre. Il y a Lee, volontaire et souvent stérile, qui est aussi là pour vendre du maillot en Asie.

Et la tragédie RKM, arraché à l’Allemagne dans les dernières secondes du mercato et qui s’est effondré sous nos yeux, en direct. Un gamin amoureux de Paname qui n’a pas le niveau. Son visage triste et hagard me désole tellement que je n’ai même plus envie d’en rire. Mais c’est un échec certifié. Asensio n’est plus au Real et le Real ne vend jamais un joueur par hasard. Ugarte a été le fils tant attendu de Motta un mois avant de rejoindre le réalité. Et puis il y a Ramos. Que je décide d’aimer d’entrée. Je ne sais même pas vraiment pourquoi. Le fantôme de Pauleta qui revient me hanter. Allez savoir. Malgré ses rares apparitions et ses occasions manquées, je veux croire en lui. J’ai peut-être oublié des recrues. Peu importe. Notre mercato est décevant. Affiche des limites dès le mois d’août. Le PSG est alors poussif, laborieux. Il se cherche. Kyky le blacklisté réintègre le groupe plus vite que prévu. Nasser n’a peut-être pas envie d’enchaîner les nuls indigents comme contre Clermont… et après ?

Sans forcer plus que ça, Paris est en tête et ne lâchera plus le trône. Les prestations indigentes de l’OM, l’OL (18e jusqu’en décembre !), Rennes, Nice, Lens et Monaco aident pas mal. La ligue 1 est nulle et le PSG fait avec. Et arrive la Ligue des Champions. Le tirage nous offre un faux groupe de la mort. Que nous quittons deuxièmes et qualifiés. Grâce à un pénalty pas loin d’être imaginaire contre Newcastle lors de l’ultime journée. L’UEFA nous offre ensuite un tirage inespéré en 8èmes avec la Real Sociedad. On connaît la suite. Le match retour contre le Barça (certes pas un immense Barça mais est-ce de notre faute ?) restera dans ma mémoire. Ce fut une soirée magique et nous en avons dansé de joie avec mon fils dans le salon. Je dois m’en contenter parce que sinon, cette année, combien de matches indélébiles en toute honnêteté ? Le trophée des champions contre Toulouse ? Déjà oublié. Les deux victoires indiscutables contre les sudistes ? Jouissives évidemment mais « Trop facile » comme le chantent désormais nos joueurs. Cette récente finale de Coupe de France contre l’ogre lyonnais (rires) m’a comblé parce que c’était notre devoir de ramener la Coupe de France chez elle ! 15e ! Et après ?

Quelques flashes : l’égalisation de Ramos contre Le Havre, le pion de Vitinha contre Barcelone, le sourire de gosse de Dembélé en Catalogne, Marquinhos qui dépasse Pilorget, le retour de Nuno sur les terrains, les prestations prometteuses du jeune Zague… les trois nouveaux trophées nationaux dans notre vitrine. Voilà. Un supporter de Nancy s’en réjouirait. Moi aussi, conscient qu’avec une telle équipe en pleine restructuration, avec un QSI qui a encore changé de discours en cours de route (les paillettes ont été remplacées par les valeurs travail et collectif), notre bilan est plus qu’inespéré. J’en profite quand même pour rappeler ici que Paris en Europe, c’est une finale et deux demies en 6 ans. Il faudrait être fou ou jaloux pour ne pas apprécier la performance.

Et ce soir, au moment d’écrire ces lignes, je devrais être en deuil. En deuil de Mbappé, le joueur qui a explosé tous les compteurs ou presque en sept années passées à Paris. Et pourtant, je ressens du soulagement. Je n’ai pas honte. Ce n’est ni une posture ni du dépit amoureux. Je pense qu’il a vampirisé trop longtemps l’équipe. Malgré ses stats de golgoth. Et vu le merdier cette saison autour de son départ, il a été très décevant dans les matches cruciaux. Mais ce n’est même pas le débat. Certains supporters mettront Mbappé dans leur onze de légende. Et moi pas. Ça n’a pas la moindre importance. En revanche, le fait que le Mozart de Bondy divise autant son propre peuple, ça, ça m’interpelle. Il devrait faire l’unanimité et il part comme Potillon. J’exagère mais on aura compris l’image. Les larmes de Rai ou Pauleta, d’où venaient-elles ? Que disaient-elles ? Où sont-elles ? « Grosse tête, petite porte » ricane ma mauvaise foi.

Mais il y a de ça. Mbappé n’a pas su m’émouvoir. C’est peut-être de ma faute. Je trouvais aussi qu’il manquait de technique et qu’il affichait trop souvent un esprit individualiste difficilement acceptable. Ses fans me rétorqueront que l’année prochaine, il ne sera plus là pour planter 40 buts. C’est vrai. Mais j’échange ses 12 buts contre Lorient contre 2 contre Dortmund. J’échange ses 125 millions de followers et sa photo avec Bernard Arnault contre un sourire spontané pas simplement destiné aux caméras du diffuseur ou à un sponsor généreux. Mais laissons désormais à Madrid le soin de gérer l’enfant gâté.

Où va le PSG ? Campos va-t-il s’accrocher aux branches ? Et signer Cherki (l’enfer sur terre !!!) ? Qui Enrique va-t-il vouloir recruter ? Quel buteur ? Presko va-t-il rejouer au foot avant la troisième guerre mondiale ? Zaïre-Emery prendra -t-il assez de vacances pour ne pas s’écrouler dès septembre ? Hakimi va-t-il acheter Centrer et défendre pour les Nuls ? Aston Villa sera-t-il assez dingue pour acheter Soler ? Donnarumma louchera-t-il toujours les grands soirs ? Et serons-nous meilleurs qu’en mars ?

Il ne faut évidemment pas bouder notre plaisir et ne pas sombrer complètement dans l’aigreur. Cette saison, encore une fois, relève presque du miracle. En tout cas au niveau comptable. En ce qui concerne le jeu à proprement parler, il va falloir patienter encore un peu. Avant, je maudissais l’été parce qu’il me privait de mon Club. Là, je me dis que l’Euro sera une méthadone suffisante pour tenir. Paris m’a épuisé et j’ai besoin de me reposer loin de ce cirque médiatique permanent et de cette équipe qui manque tout de même cruellement d’esprit créatif. Et le football sans créativité, j’appelle ça du handball. Bonnes vacances peuple rouge et bleu. Dans dix semaines, il faudra remonter au front.

PSG4LIFE


Jérôme Reijasse

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