Pincez moi. J’ai revu deux fois notre finale cette nuit et je n’y crois toujours pas.
PARIS A BATTU MILAN. Plus exactement, Paris a tabassé Milan. 5-0.
Un record pour une finale de LDC.
Champion d’Europe. Javier qui apporte le trophée. Sorin l’invaincu dans les tribunes. Luis et Enrique qui échangent sur le terrain après le coup de sifflet final, nos deux entraîneurs-vainqueurs européens. Le PSG, seul club hexagonal à pouvoir exhiber deux coupes continentales ce matin. Et Rai, et Ginola, et Guérin, et Lama, et tous les autres. Et Doué qui efface définitivement Mbappé. Et notre capitaine Marquinhos qui pleure avant même que l’arbitre ne nous libère, lui que les footix résumaient à un porte-malheur (oubliant qu’il était de fait aussi présent quand Paris gagnait…). Et Kvara qui, quand il ne marque pas, ratisse et harcèle comme un grenadier voltigeur. Et Ousmane qui préfère, au Ballon d’or, le sens du collectif (2 passes dé) et son art du pressing sauvage. Et le gamin Mayulu qui plante à la fin. Faille spatiotemporelle, je ne vois pas d’autre explication.
Les planètes n’étaient mêmes plus alignées, elles ont fusionné, elles n’ont fait plus qu’une. Elle vient de loin cette Coupe aux grandes oreilles. De Borelli qui embrasse la pelouse du Parc, de Safet, Rocheteau et Dahleb, de Julien assassiné un soir d’infamie, de tous ceux tombés avant le 31 mai, James, Yannis et tous les autres, de nos pires cauchemars et de nos rêves les plus fous. Elle est là, pour l’éternité. C’est un soulagement. Un putain de soulagement. Avant et après. Nous ne serons plus jamais les mêmes. C’est extraordinaire et un peu déstabilisant, je l’admets. On n’est évidemment pas habitué à ce genre de choses.
On ne peut pas s’y préparer. On attend 21h un samedi soir et on prie tous les dieux possibles pour que ça gagne à la fin. Pour passer à autre chose. Pour se péter les cordes vocales. Pour chialer comme un gosse et pour que ton gosse ne chiale pas après une défaite cruelle, de trop. Ligue des champions !!! Oui, pincez moi, fort, les yeux dans les yeux. Dites moi que ce songe merveilleux jamais ne tirera sa révérence. On l’a fait. Les mauvaises langues parlent de l’argent du Qatar sans qui Paris n’aurait jamais soulevé la coupe. Les supporters parisiens seraient même des supplétifs de l’islam le plus radical, des collabos de la pire espèce (je n’invente rien, je l’ai lu à maintes reprises ces dernières 24 heures). L’aigreur rend con, ce n’est pas un scoop. Que les jaloux déversent leur boue. Moi, je suis tout là-haut, au delà même des nuages, au milieu des étoiles, où l’apaisement dicte sa loi. À ma place. Sans arme ni haine ni violence.

Flashback : hiver 2024. Paris perd à Munich. La qualification semble s’éloigner. Tout n’est pas perdu mais ce n’est pas vraiment la fête du slip. Enrique a beau répéter que le PSG est sur la bonne voie, dans ma télé, je vois un gardien qui louche et jamais foutu d’arrêter un tir, une défense aux fraises, un milieu perdu et une attaque volontaire et diablement stérile. Ça pue la désillusion. Les supporters se disent pour se rassurer que cette année est de transition, qu’il va falloir s’armer de patience et attendre des jours meilleurs. Mbappé parti, personne ne semble capable de planter 40 buts. Paris vacille. Le chantier semble pharaonique. Nos recrues, prometteuses, vont devoir cravacher. Et puis… en décembre, je ne sais toujours pas ni comment ni pourquoi, Paris joue mieux. Beaucoup mieux.
Elle n’est plus cette équipe de handball muette et frustrante, elle presse haut, court beaucoup, dévoile onze mecs visiblement prêts à tout donner pour briller ensemble. Jusqu’au match de City et cet improbable retournement. Et Liverpool. Et Villa. Et Arsenal. On connaît tous l’histoire. On la revivra mille fois jusqu’à notre mort comme on se repasse un film qui nous a bouleversés. Enrique a fait du bon travail, c’est indéniable. Il a aussi eu la chance que QSI le laisse bosser tranquille. Si Tuchel avait eu la même liberté, peut-être aurait-il pu également soulever le graal UEFA, peut-être… et on en revient aux planètes fusionnées.
Aucun blessé, nos recrues qui confirment sans attendre, Dembélé qui marque plus de 30 pions, une recrue atomique en janvier (une gageure) en la personne de Kvara : avec ses mollets à la Susic, le Géorgien est en mission. Il suffit de relire toutes les déclarations d’Enrique aujourd’hui pour se dire qu’il avait tout vu. Qu’il savait. Mon ami JJ veut même en faire un Saint de son vivant. Le coach espagnol n’est pourtant pas passé loin de la catastrophe. Mais cette victoire contre l’Inter Milan, ces trois nouveaux trophées nationaux, cette capacité à tirer le meilleur de ses joueurs (il est à ça de me faire aimer Ruiz. Pas Donna, faut pas déconner !!!) font d’Enrique un homme providentiel. Les faits sont têtus depuis décembre et ses prophéties toutes réalisées. Je m’incline, moi qui m’en suis longtemps méfié. Hier, sa joie était sincère. Les larmes de son adjoint étaient sincères. Le tifo tout en pudeur des ultras parisiens pour honorer la mémoire de sa petite fille était sincère (en revanche, la journaliste de Canal, alors qu’il célèbre le titre avec les siens, qui ose l’interroger sur le décès de sa gamine, ça, c’était d’une saleté…).

Et donc, le PSG gagne la LDC sans le Boulard de Bondy, parti à Madrid pour… gagner la LDC. Si ça ne ressemble pas à un bon gros karma. Paris est magique au final. Quelques amis sudistes m’ont envoyé (en privé évidement) de bien jolis messages. Ils ont vu une belle et intraitable finale. Du foot de haute volée. Et ils me l’écrivent. Ça ne leur fera pas aimer le PSG mais n’étant pas prosélyte, ça me va. C’est surtout ça qui m’a ému hier, si je mets de côté la joie et le soulagement de mon fiston : notre force technique collective. Notre refus de subir. Notre indiscutable bravoure.
Notre football.
34 heures que je n’ai pas dormi. Je me revois encore brailler « we are the champions » de Queen à ma fenêtre, simplement ému. Et je veux voir encore et encore toutes ces images de liesse, ces buts qui ont dévoré nos démons, ces gamins qui nous ont hissé sur le toit de l’Europe sans Messi, sans peur. Avec un talent et une abnégation impressionnants. Demain ? Je m’en fous de demain. Ici, c’est Paris. Maintenant. Et à jamais. Merci Paname. De tout mon cœur. Merci de nous avoir libérés. Tu ne seras jamais seul car nous deux, c’est pour la vie. Je voulais conclure sur la fameuse phrase de Thierry Roland après la victoire des Bleus en 1998. Mais non en fait. Je veux vivre. Peut-être aussi parce qu’à partir d’aujourd’hui, la souffrance n’aura plus vraiment son mot à dire lorsqu’il s’agira de football.
PSG4LIFE
