« Monsieur le Président, Je vous fais une lettre que vous lirez peut-être,
si vous avez le temps », ainsi que l’écrivait Boris Vian.
Vous êtes de fait le plus grand, le plus important dirigeant de l’histoire de PSG. Votre mandat est, de loin, le plus long. Et sous celui-ci, le club a engrangé plus de trophées et de titres qu’en quarante ans d’existence.
En 2025, le banlieusard supporter de l’OM est une espèce en voie d’extinction. Un pré-boomer dépressif trahi par une descendance ravie de pouvoir brailler « Ici, c’est Paris ! ». La région parisienne est rouge et bleue. Et chaque jour chacun de nous répond à un moment ou à un autre, au boulot, au bistrot ou dans le métro : « J’en ai rien à foutre, je suis champion d’Europe. »
Enfin vous êtes, depuis le 31 mai, désormais jour férié en Île-de-France, celui qui a mis le nom de PSG sur la carte des clubs vainqueurs de la Ligue des champions.
Ces succès, nous vous les devons, mais ils vous obligent. Tout est en place pour que PSG devienne à jamais un grand club. On a même enfin trouvé, « après tant d’années ! », une chanson pour notre public. Encore quelques détails à régler et l’histoire, ainsi que l’annonçait la prophétie, deviendra légende.
Deux en particulier, inextricablement imbriqués : le Parc des Princes et Presnel Kimpembe.
Restons au Parc, Monsieur le Président, c’est mieux. Ce vaisseau spécial posé au milieu des beaux quartiers, que rallient les supporters de toutes les banlieues pour un voyage intergalactique de 90 minutes en fraternelle compagnie.
Son béton gris-marron merveilleusement patiné, écrasant et rassurant, qui vous enveloppe et vous remplit du chœur des autres. Qui absorbe les sons de la ville et du périph’ et les transforme en chants puissants. À filer la chair de poule aux golgoths et l’impression d’avoir l’organe de Barry White aux mouflets qui n’ont pas encore mué.
Aucun stade au monde ne résonnera jamais comme lui. Le toit du Parc a conservé les voix des supporters anciens et les mêle certains soirs, quand l’équipe est à la peine, aux chants du moment. On ne peut pas laisser ces âmes, ces cœurs et ces esprits errer dans un Parc des Princes vidé de son PSG.
En matière de stade comme de joueurs intransférables, soyons les premiers, à jamais, à choisir la beauté et la fidélité. Nous avons objectivement le stade le plus chic du monde et nous sommes champions d’Europe. Soyons snobs. Inscrivons le Parc dans les statuts du club. Et suffisons-nous de nos 48 000 places. Revendiquons-les. Elles nous ancrent, nous distinguent et nous honorent.
Un jour, le Président Agnelli a prévenu Michel Platini qu’on ne le laisserait jamais quitter la Juve pour évoluer ailleurs. La retraite, oui. Porter d’autres couleurs, non. Et il en fut ainsi.
Monsieur le Président, je voudrais que vous préveniez Presnel Kimpembe qu’il en va de même pour lui : il ne portera pas d’autre maillot. C’est impossible. Impensable. Inacceptable. Non négociable. Qu’il retrouve ses jambes de jeune homme ou non. Nous comprenons tous qu’il puisse avoir besoin de temps de jeu. Qu’il répugne à être payé pour figurer. Et ne soit pas encore prêt à être un indispensable joueur de vestiaire. Il vous incombe de lui faire comprendre et admettre que PSG a trop besoin de lui. Club et public. Informez-le aussi par anticipation que, même après sa carrière, il ne pourra pas travailler ailleurs que chez nous. Il ne s’appartient pas. Presnel Kimpembe a un destin : veiller sur nous et protéger nos intérêts passionnels de supporters. Le sang du club bat dans ses veines.
Si de naissance PSG est un club d’artistes et de stars, de naissance aussi, on y voue un culte au Titi. Le natif. Le régional de l’étape. L’enfant du pays. Les premiers avaient pour nom Éric Renaut, Thierry Morin, François Brisson et le récemment disparu Lionel Justier.
Lorsque notre capitaine Marquinhos est devenu le recordman du nombre de capes à Paris, vous avez judicieusement favorisé la médiatisation de l’événement afin d’honorer aussi celui à qui Marqui succédait, Jean-Marc Pilorget. Un Titi.
Le Titi des années QSI, Monsieur le Président, c’est Presko. Lui, on ne peut pas le perdre. Le joueur d’un seul club. Le défenseur plus populaire que les numéros 10. Le grand frère des coéquipiers et des supporters. Le meilleur mentalement. Chevalier sacrifiant sa cuisse pour repousser l’assaillant Yilmaz durant la Bataille de Lille !
L’homme qui un soir de Saint Valentin en 2017 fit l’amour au Parc à sa Majesté Léo Messi. Le minant. Le déprimant. Le déplaçant comme un guéridon encombrant dans un salon. Ce 4 – 0 infligé au Barça lui doit tellement. Le meilleur match, la plus impressionnante prestation de PSG de tous les temps. Jamais nous n’avions vu Paris marcher ainsi sur un adversaire.
Jusqu’au 5-0 contre l’Inter et aux larmes de… Presnel Kimpembe.
« C’est pas pour vous fâcher, ajoutait Boris Vian, mais il faut que je vous dise : »
Le PSG, c’est au Parc des Princes. Nulle part ailleurs.
Et Presnel Kimpembe, c’est au PSG. Nulle part ailleurs.