Lucius Enriqué, notre berger

par

Avant tout, commençons par rendre à Jules ce qui appartient à Reijasse.
Je ne parle pas là du prometteur milieu du FC Montreuil en U14, mais bien de son paternel. Jérôme Reijasse, l’éminent membre de notre merveilleux site « VIRAGE
: la tribune libre du football consacrée au PSG
» et accessoirement auteur de ce livre indispensable à tous supporters s’intéressant à notre histoire, et tout particulièrement à la terrible année 2008, j’ai nommé  « PARC, tribune K-bleu bas »
(disponible en ligne et dans toutes les excellentes librairies). Fin de la page publicitaire et retournons à nos moutons, ou plutôt, à notre berger.

C’est en effet de ce sobriquet moqueur que notre facétieux camarade Jérôme Reijasse surnomma rapidement Luis Enrique. Il ne se doutait point à l’époque qu’un jour ce surnom, irait comme un gant à ce dernier. Non pas aux premier degré, mais bien dans le sens de la parabole biblique. Je m’explique. Tout d’abord, comprendre le joueur Enrique aide à comprendre l’entraineur qu’ il est aujourd’hui.

Personnellement je n’aimais pas le joueur Luis Enrique. Typiquement le joueur que tu préfères avoir dans ton équipe que contre. Pour ceux qui ne l’ont pas connu, ils était du genre à être dans tous les mauvais coups, ne lâchait jamais et courait de la première à la dernière minute. En plus de cette hargne il faut bien reconnaitre que techniquement il n’était pas en reste. Un joueur couteau suisse par excellence. Il pouvait jouer derrière, devant, au milieu, sur les côtés, à droite, à gauche, avant-centre, latéral…. Quand on dit qu’une équipe ressemble à son entraineur, voyez-vous où je veux en venir..? Bon c’était aussi un joueur capable après cinq ans passées au Real Madrid de signer à Barcelone… Mais que celui qui n’a jamais péché….

Avant sa venue au PSG, que ce soit comme joueur et comme entraineur, il représentait pour moi deux moments douloureux de notre histoire contre Barcelone. Les anciens se souviendront de notre finale de coupe des vainqueurs de coupes en 1997. Je ne vous ferais pas l’affront de vous rappeler qui était l’entraineur des catalans 20 ans plus tard un sinistre soir de mars. Même si ce soir-là il avait renversé des montagnes, son parcours d’entraineur ne me faisait pas spécialement rêver quand son nom est apparu pour remplacer Galtier.

A son arrivée en 2023, nous étions dans l’ensemble bien sceptiques sur les qualités de l’asturien à mener à bien le nouveau projet qatari. Jeu de possession stérile, composition d’équipe incompréhensible, ne pas mettre les joueurs à leur poste étant les principaux reproches qui lui étaient adressés.

Pourtant comptablement sa première saison a été une grande réussite. Doublé national et demi de Ligue des Champions. Rien à redire. Pourtant on en a dit des choses, plus ou moins vraies d’ailleurs. Que Mbappé nous a sauvé de bien des matchs, oui. Que nous avons eu (enfin) de la chance en tirant la Real Sociedad oui. Qu’en quart, l’expulsion d’Araujo nous facilite les choses oui. Mais comment à contrario ne pas relever également les 6 poteaux touchés contre Dortmund en demi-finale ?

Eté 2024, Luis Enrique croit en ses joueurs et en son équipe. Le départ d’Mbappé, un recrutement léger en nombre ne semble pas l’affecter. Sa foi est inébranlable. Début de saison prometteur, dominateur en France mais inefficace en Europe. Trop tendre dès que le niveau s’élève. Arsenal et le Bayern renvoient le berger à ses pâturages. Il n’a pas sa place dans les sommets.

Les journalistes lui font toujours les mêmes reproches susmentionnés, et s’ajoute en plus son attitude hautaine avec eux. « vous ne pouvez pas comprendre ». Coup de grâce pour une corporation de charognards qui n’attendent qu’un chose, que le PSG se plante en Ligue des Champions et que l’OM avec son seul match par semaine puisse rattraper Paris en ligue 1.

Au vélodrome Paris mettra les choses au clair. Une véritable leçon de football. Envie, hargne, jeu collectif, technique, audace. Le PSG marche sur l’OM. Jouissif.

Mercredi 22 janvier 2025. Invaincu en France, le PSG joue sa peau en Europe face à un Manchester City malade, qui lui aussi joue pour ne pas être éliminé dès la première phase.

Paris domine, se voit refuser un but par la VAR pour un millimètre rotulien juste avant la mi-temps. Début de seconde mi-temps le ciel du PSG s’assombrit, en effet contre le cours du jeu les skyblues mènent rapidement 0-2 sur deux buts offerts ou presque. Le blues à ce moment-là nous l’avons tous. Qui n’a pas pensé, Paris est toujours maudit. Rien ne change. Encore notre inefficacité chronique. Enrique et sa compo incompréhensible, Dembélé et Ramos sur le banc, Lee en faux neuf, Barcola titulaire alors qu’il ne met plus un pied devant l’autre depuis deux mois. Ruiz le maillon faible encore titulaire. Notre berger lui-même après le match déclarera qu’à ce moment-là il savait qu’il serait supplicié par tous. Bref, les vautours étaient prêts à se repaitre de cet orgueilleux coach, enfin ils allaient pouvoir lui faire ravaler son arrogance, demander sa tête sur un plateau comme celle de saint Jean-Baptiste. Et puis… Et puis… Le miracle se produisit, à peine le temps de maudire la terre entière qu’une lumineuse passe du tant décrié Fabian Ruiz lança le moribond  Barcola, fantomatique depuis des semaines, qui d’une étincelle changea le cours de l’histoire, d’une accélération dont lui seul a le secret, pour une offrande à Dembélé, le maladroit maudit, enfin touché par la grâce du réalisme. En une action tout a changé. Le Parc gronde de plaisir, d’envie, de hargne, il refuse la défaite comme ses joueurs, comme son entraineur. Pour la première fois depuis longtemps, tous les acteurs du club ne font plus qu’un pour aller chercher la victoire envers et contre tous. Bouter les anglais hors de notre royaume comme la célèbre pucelle.

C’est le moment ou notre saison a changé. Depuis ? Depuis nous marchons sur l’eau, depuis Barcola retrouve le feu dans ses jambes, Dembélé devient enfin efficace, Ramos devient un supersub malgré lui, Doué mérite son patronyme, Hakimi vole sur le terrain tel un roselin de l’Atlas, Marquinhos devient un chef, le patron, un capitaine, même Donnarumma se met à faire des sorties au poing dans sa surface ! Vithina, Névés , Mendès et tous les autres forment un bloc, un roc qui refuse l’idée même de la défaite, une confiance en sa force, une confiance dans le collectif, une confiance tout court. Ensemble nous sommes invincibles.

Personnellement après ce match contre City, Enrique a également gagné la mienne de confiance. J’ai trouvé la foi. Il m’a ouvert les yeux, je comprends presque ses compositions d’équipe, le Saint-Tomas que je suis avoue avoir toujours un doute sur notre capacité physique à maintenir un tel rythme à chaque match, ce pressing de dingue qui est un véritable bonheur, cette mentalité, ce haut niveau technique, oui en ce moment nous sommes gâtés comme il y a bien longtemps. L’impression que rien ne peut nous arriver, d’être le club élu. Il est encore un peu tôt pour parler d’invincibles, mais j’ai envie d’avoir une confiance aveugle en Luis Enrique. Tous ceux qui le détestent devront attendre encore avant de crucifier notre berger. Il a encore tant à accomplir. A défaut du Jourdain, nous espérons tous un nouveau miracle sur les bords de la Mersey pour convertir les derniers sceptiques.

« Nous serons plus fort en février » avait prophétisé Luis Enrique. Il n’avait pas précisé l’année.

Peut-être n’allons-nous pas tout gagner, mais ce dont je suis sûr, c’est que nous n’avons plus peur, nous prenons tous du plaisir, les joueurs ont confiance en eux et en leur guide, en notre berger.

Alléluia l Allez Paris !

Psaumes 23 , il est écrit : « L’Éternel est mon berger : je ne manquerai de rien. Il me fait reposer dans de verts pâturages, Il me dirige près des eaux paisibles. Quand je marche dans la vallée de l’ombre de la mort, Je ne crains aucun mal, car tu es avec moi. Un berger est une personne qui veille, protège et sécurise le troupeau qui lui appartient. Il prend soin de chaque brebis.


J.J. Buteau

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