Damien Dole Paris dans les veines virage

Damien Dole-Chabourine

par

Journaliste à Libération, ancien membre des Authentiks au débit mitraillette
et au discours passionné, mais surtout auteur de « PARIS DANS LES VEINES »,
fraîchement sorti hier en librairie. DAMIEN DOLE-CHABOURINE a tout du bon client. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’il ne nous a pas déçu.
Interview faste et furieuse


Tu revendiques pleinement le fait d’être supporter du PSG. Racontes-nous comment tu es devenu rouge et bleu.

Mon père est devenu supporter du PSG quand il est arrivé en région parisienne. C’est lui qui m’a donné le goût à ce club. Mais la personne qui m’a réellement amené au PSG et surtout dans le Virage Auteuil, très tôt dans ma vie, c’est mon oncle. Il était le plus jeune dans la fratrie de ma mère et habitait encore chez ma grand-mère, où je passais beaucoup de temps, plus que chez mes parents. Il était copain avec un de ses voisins qui était abonné au Parc avec son père. Ils n’allaient qu’à un match sur deux ou trois. Ils faisaient tous les PSG-Marseille et les autres affiches. Mais les PSG Cannes, ça les faisait chier. Ils n’avaient pas envie d’aller jusqu’au Parc. Du coup, mon oncle récupérait leurs cartes d’abonné une fois ou deux par mois et on partait de Yerres (Essonne) où on habitait et on allait en bagnole au Parc, c’était comme une espèce de rituel. On était placé en Auteuil Rouge. C’était la fin des années 90, j’avais dans les 12-13 ans. Même si j’entends dire qu’à l’époque c’était impossible d’emmener un gamin en Virage, je n’ai personnellement jamais ressenti un quelconque danger à y aller.
Mais mon premier match au Parc c’était lors de la saison 1996-97, un PSG-FC Vaduz (ndlr : 26 septembre 1996, 16ème de finale de Coupe des Coupes). On était en B rouge, je m’en souviens très bien. Mon oncle, qui suit toujours le PSG, n’était pas un ultra, mais il avait un vrai rapport au chant en tribune. Il fallait qu’on chante, qu’on lève les bras. Il y avait ce truc-là de mouvement de foule, de faire corps avec un groupe de personnes.

Tu as été encarté ensuite dans un groupe de supporters ?

Oui chez les Authentiks dans la deuxième moitié des années 2000. C’est le respect des codes ultras qui m’a incité à le faire. Les ATKS étaient un groupe respecté car ils avaient créé quelque chose d’hyper fort visuellement, vocalement, avec une mentalité assez pure, sans compromis sur les codes. Avec les principales composantes du Parc, ils défendaient les droits du supporter notamment quand les places étaient trop chères mais aussi pour apporter un contre-pouvoir face à la direction. Depuis quelques années on parle d’institution, à l’époque on employait pas ce mot là, mais en tout cas tous les groupes étaient très attentifs au fait de faire respecter le maillot, les couleurs, l’histoire du club. Et puis il y avait aussi la défense du groupe, ne pas se laisser faire quand on partait en déplacement. En G Bleu, la tribune où se trouvait les ATKS, il y avait également cette mentalité un peu banlieue ou Paris Nord et Est. On écoutait du rap quand on faisait les installations en semaine, il y avait un style vestimentaire, des accents. Je me reconnaissais totalement dans ce groupe même si j’étais un suiveur plus qu’un acteur à part entière de la vie du groupe.

Tu continues à suivre les matchs depuis ?

Je n’ai pas du louper un match à la télé ou sur mon téléphone depuis le plan Leproux en 2010. J’ai fait un match au Parc lors d’un PSG-Lyon, juste après le début du boycott. J’avais récupéré des places par le taff de ma mère. J’y ai été avec un pote qui était abonné avec moi avant. Ça été une expérience hyper douloureuse. En plus on était en G Bleu. Il y avait des claps-claps en plastique… On a gagné ce match mais on ne s’est même pas levé sur les buts, on a à peine souri, alors que normalement à Auteuil c’était le bordel, tu sautais sur ton voisin que tu ne connaissais pas, tu descendais trois rangs en-dessous en te cassant la gueule… Mais là plus rien, on s’est dit qu’on n’y retournerait plus jamais. Je n’y suis finalement retourné qu’en décembre 2017 pour l’écriture du bouquin. J’ai été aussi les voir pour une finale de Coupe de la ligue contre Lyon (ndlr : en 2014, victoire du PSG 2-1). C’était marrant d’ailleurs car j’étais avec une dizaine de potes d’enfance, tous trentenaires, et on s’est retrouvé au milieu des Lyonnais car elles étaient les moins chères. On n’était pas les seuls d’ailleurs car j’ai reconnu des anciennes têtes du Virage Auteuil. On a passé le match à se chauffer gentiment avec les Lyonnais, c’était jouissif. Mais en 2017 quand j’y suis retourné pour le livre, c’était en tribune de presse. J’avais besoin d’être au stade pour écrire, pour vivre le truc. Ce soir-là, il y avait un huis clos partiel à Auteuil, à cause des fumigènes lors du match contre Nice. Ça a été très particulier pour moi, assez lunaire. Quand je suis rentré chez moi, j’y ai pensé pendant tout le trajet du retour. C’était comme si j’avais enterré toute une partie de ma vie. Cette soirée m’a permis de faire mon deuil du Parc. Ensuite quand j’y suis retourné, ça ne me faisait plus rien. En tout cas, le bordel que met le CUP, c’est bien. Ils tiennent les chants, parfois même plus que nous lors de certains matchs avant 2010. Ils tiennent bien leur tribune et c’est assez remarquable vu que le collectif existe depuis peu de temps.

Ça te manque ?
Non, plus aujourd’hui. J’y retournerai avec mon gosse. Faut dire qu’il s’appelle Marco, comme Verratti, je suis obligé d’assumer le truc jusqu’au bout… Je serai alors assis et je regarderai avec beaucoup de bienveillance ceux qui chanteront. Je les défendrai sans doute, même lors de certains débordements. Car dans tout mouvement populaire il y a du bien et du moins bien. Mais on ne peut pas se focaliser sur le moins bien pour cataloguer tout le mouvement. Sinon on va finir dans un monde aseptisé. C’est comme dans les quartiers. Quand il y a un bar qui fout un peu le bazar. Dès que ce bar est fermé, il y a toute une écologie de quartier qui disparait.

J’ose un parallèle. Tu crois qu’il faut être des quartiers pour comprendre le mouvement ultra ?

Non. Mon père était peintre-bâtiment, ma mère, employée. Il y avait pourtant à Auteuil des fils de cadre qui étaient bien plus actifs que moi, qui avaient le même amour du PSG que moi. Tu es respecté par tes actes, si tu fais beaucoup pour le groupe. Et c’est aussi pour ça que tu avais des filles dans les noyaux. Même si le foot est souvent un truc viriliste, il y avait des filles comme Sarah dans les ATKS qui étaient extraordinaires en tribune. Elles étaient autant respectées que les mecs. Être ultra, c’est avant tout une transgression. Quand tu rentres dans le Virage, il n’y a plus vraiment de règle. Tu fumes des spliffs devant les CRS et ils ne te disent rien, tu peux hurler des choses que tu n’aurais pas le droit de dire dans la rue.

Penses-tu qu’il y a encore une place pour un mouvement ultra pur dans le football qu’on connait aujourd’hui ?

En France, non. En Europe de l’Est peut-être. Dans certaines divisions inférieures en Italie aussi. Mais en France non. Des tifoserias solides, respectées, intelligentes se sont fait défoncer. Je suis sûr que Marseille va se faire attaquer pareil, ça a déjà commencé d’ailleurs. McCourt ne mettra pas autant que les Qataris à Paris et Eyrault veut vendre des places plus chères pour faire plus de thunes. Je pense qu’il y aura une aseptisation de leur stade, et en vérité je le regrette. Ça se sent quand tu vois que certains prennent partie pour la direction plutôt que pour leurs ultras notamment sur la question des fumigènes. Alors qu’aujourd’hui, cette interdiction des fumis se base sur un dogme. Mais, comme le dit le chercheur Sébastien Louis, on se permet des choses avec les ultras qu’on ne ferait pas avec d’autres. Je reviens sur 2010. Avec la dissolution de toutes les associations de supporters que j’ai connues à Paris, j’ai compris qu’il n’y aurait plus de retour en arrière. Les autorités avaient tout ce qu’il fallait pour défoncer tout mouvement populaire au Parc. La plus grosse souffrance pour moi, ce fut d’entendre, à la télé, des supporters adverses chanter au Parc. Mon amour du PSG se confond avec l’amour que j’ai pour Paris et sa région. Pour les banlieues, les barres HLM, l’A86, les monuments, les bars à la con à Ivry ou à Evry. Voir des villes de toute la France, même des petites comme Guingamp, faire la loi au Parc des Princes, c’était une douleur hyper forte. Au moins le CUP a mis fin à ça. Et je leur en suis gré. Et en déplacement ils font de belles choses visuellement. Ce n’est pas facile de tenir un parcage. Et s’ils arrivent déjà à faire passer des messages contre les supporters adverses et la direction de temps en temps, c’est déjà pas mal. Alors je ne vais pas leur demander de faire ce que faisait le Virage Auteuil il y a 10 ans. De toute façon, ce n’est plus possible. Aller au Camp des Loges après leur match-aller contre Naples et aller dire aux joueurs « c’est quoi ce bordel ?! »…La Porsche de Sylvain Armand s’en souvient encore… Sylvain Armand avec qui je règle mes comptes dans le livre au passage…

Intéressant, peu sont ceux qui le critiquent aujourd’hui.

C’est le mec de la prime de maintien. Celle-là, je l’ai encore là. Il devrait avoir honte de l’avoir négociée, comme d’avoir foutu un club comme Paris dans cette situation-là. Je ne rentre pas dans le débat des joueurs qui sont trop payés car je préfère qu’ils prennent plus que les agents par exemple, mais par rapport à son salaire, le moins que l’on puisse lui demander c’est de se mettre minable à tous les matchs. Ce qu’il ne faisait pas. Et il faisait pas mal d’erreurs. Pourtant il a pu saccager d’autres joueurs lors d’interviews après match. Ce fameux PSG-Caen où Ceara fait une erreur monumentale en marchant sur le ballon, là-dessus il y a but de Caen qui gagne le match. la fin, Armand fait une interview hallucinante où il dit qu’ils laveront leur linge sale dans le vestiaire. Il parlait de Ceara, qui devait être au fond du trou. Alors que c’était lui-même le spécialiste des passes à son défenseur central mal ajustées…

Parlons de ton livre. Comment a germé ce projet ?

L’accouchement de ce projet a été assez explosif. Je suis assez surpris de l’ampleur que ça a pris et surtout je ne pensais pas l’écrire si jeune. Ecrire un livre ça faisait partie des trucs que je voulais faire une fois dans ma vie. Je pensais le faire dans 10 piges, quand j’aurai la maturité. Je pensais qu’il était nécessaire d’avoir plus de recul pour le faire mais finalement non. En fait, c’est l’an dernier, lors du transfert de Neymar que ça s’est déclenché. A Libération, on se posait la question de comment traiter le sujet. On partait du principe que quasi personne en France n’avait d’info sur ce transfert, à part peut-être Paris United. Non pas que les journalistes travaillent mal, mais parce que les intermédiaires n’étaient pas en France. Du coup, la question était de se demander si on allait courir derrière les infos des autres ou si on trouvait un traitement différent. J’en ai parlé à un des journalistes de Libé, Ramsès Kefi, au passage selon moi une des meilleures plumes du journalisme français aujourd’hui, même s’il est pour l’OM… Je lui ai raconté que je ne dormais quasi plus avec ce transfert. Le matin, encore au lit, j’allais lire les infos à propos de Neymar sur mon mobile, je surfais sur tous les sites ; Sur des forums comme celui de Culture PSG ou Forum PSG dans lequel j’écrivais avec des mecs d’Auteuil, j’allais sur les comptes Twitter de Barcelone, puis je me levais, je m’occupais de mon gamin, j’actualisais tous les comptes, je recevais un message de mon pote Tarik, dont je parle dans le livre, et toute la journée c’était comme ça jusqu’au soir et je me couchais à 3 heures du matin pour être sûr de ne rien rater. Ce n’était pas pour le boulot à la base, c’était un pur truc de supporter. Pour moi, c’était le transfert du siècle dans le sens où le club le plus riche du monde d’un point de vue global se faisait arracher un de ses joueurs par un club de Ligue 1, qui s’appelle le PSG ! On t’aurait dit ça il y a 10 ans, tu aurais dit « Ouais ouais dans Football Manager, car dans la vraie vie on a Peguy Luyindula en attaque, tu vas te calmer ! ». Neymar c’est une marque plus forte que le PSG au moment où il signe chez nous, même si pour nous le PSG restera toujours plus important que le joueur. C’était hallucinant, un vrai thriller. Je te rappelle que la première officialisation vient de Chine avec un média qui annonce que Neymar ne pourra pas participer à un événement avec le Barça, car il est en instance de transfert ! On était comme des dingues à trouver des potes qui parlaient mandarin pour qu’ils nous traduisent les infos !

Tu étais vraiment dans une posture de fan donc ?

Oui complètement. Beaucoup de supporters critiquent, à juste titre selon moi, le fait que les journalistes ne disent pas pour qui ils sont. Par ailleurs, certains comme Didier Roustan par exemple n’a pas de préférence affichée et tient cette position avec sincérité. Moi, je suis supporter du PSG depuis tout petit. Et je l’ai parfois revendiqué dans des articles. Pour en revenir à Ramsès, ce dernier m’a suggéré de prendre une position de journaliste pour exposer les faits puis de donner mes sensations en tant que supporter. J’ai donc écrit un papier jour après jour avec cette ligne directrice, jusqu’au match contre Amiens, lors de la présentation de Neymar. Le papier a très bien fonctionné même si certains journalistes pro m’ont attaqué en me disant que ça allait contre l’esprit du journalisme sportif qui ne doit pas prendre position etc… Je pense qu’il n’y a pas de problème si tu es objectif à la fois sur les faits et sur ton parti-pris. J’ai écrit il y a peu un papier sur Strootman à Marseille. Je défis quiconque à ce moment-là de deviner que je suis supporter parisien. Suite à la publication de mon article sur Neymar, j’ai été contacté par Benoît Bontout de la maison d’édition Marabout, qui voulait me proposer l’écriture d’un bouquin. On a discuté longtemps, je leur ai raconté ma vie et ils m’ont suggéré ce concept de livre, de la vie d’un supporter au jour le jour.

Comment tu décrirais du coup le concept de ton livre ?

C’est un journal de bord avec chaque jour ou presque un écrit lié à l’actualité du PSG. Je me sers de la saison du PSG comme un cadre qui me permet d’expliquer ce que c’est qu’être supporter du PSG. Et j’alterne le ton journalistique et celui du supporter, mais je suis finalement resté assez sérieux dans le ton.

Tu penses que le PSG est un club unique en son genre pour écrire un livre comme le tiens ?

Non. A partir du moment où tu es fan d’un club, tu peux écrire sur ce dernier J’aimerais par exemple connaître la vie d’un supporter de Dijon : ce que ça veut dire que lutter pour le maintien, se garer peut-être plus facilement pour aller au stade, avoir des places plus facilement, qu’on ne parle pas de toi dans les medias, que quasi tous tes matchs sont le samedi à 20H… Les marseillais et les lyonnais ont aussi beaucoup de trucs à dire. Mais clairement moi je ne pourrai pas écrire sur un autre club que Paris.

Tu envisages de faire une suite ou c’est un « one shot » ?

Ça dépend déjà si ça fonctionne et si ça plaît au public. Mais à l’heure actuelle je ne vois pas ce qui justifierait le fait de faire la même chose la saison prochaine. Sauf si on est éliminé ou qu’on va loin en C1 par exemple.

Tu peux nous parler de la photo de couverture ?

Je suis vraiment très fier de l’avoir obtenu pour mon livre. Quand on a eu cette discussion chez Marabout, ils m’ont demandé si je connaissais des photographes à Auteuil. Déjà il y en avait peu qui étaient autorisés à faire des photos. Ce sont surtout les mecs des groupes qui avaient le droit. Il se trouve que Merry, le mec qui a fait la photo, était sur le même forum que moi (ndlr : Forum PSG), donc il connaissait mon passé. Il connaissait mes positions, savait ce que j’allais écrire, et tout l’amour que j’avais pour le VAG. La mise en relation s’est faite par La Dareune, un gars qu’on a tous les deux côtoyé. En un après-midi, on s’est appelé et on s’est mis d’accord. Il m’a envoyé une cinquantaine de photos, principalement des Lutece Falco, son groupe. Il y avait de très belles photos avec de superbes prises de vue. Et on a choisi cette photo, sur laquelle tu ressens direct le Virage Auteuil en la voyant.

C’est intéressant de choisir une photo du passé pour parler du présent ? Et d’avoir écrit ce livre sans être quasi retourné au Parc depuis 2010 ?

Pour la photo, quelque part, c’était une façon de montrer que la tifoseria parisienne est une et indivisible, quelque soit les groupes et les époques. Je remercie toutes les composantes du Parc dans le livre, y compris Boulogne même si on a eu des différents. Aujourd’hui, j’ai 33 ans, un gamin, j’ai été viré du Parc, de fait puisqu’on a viré mon groupe. Mon amour pour Paris n’a jamais changé depuis que je suis un supporter. Ce sont juste mes pratiques qui ont changé. Et si on me reproche d’avoir écrit ce livre sans avoir été au Parc, je demanderai à ces détracteurs où ils étaient, eux, lors du match contre l’OM le 28 février 2010, si ils étaient des déplacements en Europe de l’Est avant de faire les Liverpool-PSG et les Naples-PSG d’aujourd’hui. Non, je suis assez serein là-dessus. Les seules critiques qui pourraient me faire mal, ce sont celles qui viendraient d’anciens du Virage. Qui seront peut-être justifiées d’ailleurs. Si un procès en légitimité m’est fait, j’estime que si je ne suis évidemment au-dessus de personne, je fais malgré tout partie de ceux qui ont toujours aimé le PSG, d’un amour quotidien. Et puis c’est surprenant, mais je me suis rendu compte en relisant le manuscrit que je n’ai pas beaucoup rigolé en l’écrivant. Il y a beaucoup de nostalgie, sans tomber dans le « c’était mieux avant », beaucoup de souvenirs, pas mal de moments tristes. C’est atroce mais c’est ça d’être supporter, cette souvent une souffrance.

Crédits photo (c) Panoramic / Merry


Paris dans les veines Damien Dole-Chabourine

Disponible le 14 novembre 2018 aux éditions Marabout


Xavier Chevalier

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