Diva

par

NEYMAR EST UNE DIVA.
Une phrase souvent entendue et qui ne sonne pas franchement comme un compliment. Capricieux, égoïste, expert en roulades, mercenaire, mythomane, provocateur, flambeur, fêtard… le Brésilien a fait beaucoup parler de lui
ces deux dernières années en des termes qui ne font pas envie
et qui font oublier l’essentiel, LE FOOTBALL.


Il n’y a pas de fumée sans feu. Oui, Neymar est critiquable à bien des égards. Et le match de samedi à Montpellier a rappelé combien il pouvait être exaspérant. Forcément gardé de près par la défense héraultaise, le numéro 10 avait trouvé à qui parler en la personne de Pedro Mendes. Le rugueux défenseur Portugais savait quoi faire pour déstabiliser le Brésilien. C’en était presque trop facile. Du jeu viril, de l’engagement, Pedro a montré qu’il était un bonhomme, un vrai. Il n’allait pas se laisser avoir par les cabrioles de cette petite danseuse de samba. Et comme M. Anthony Gautier avait décidé d’économiser son souffle, le bon Pedro s’en donnait à cœur joie. Et puisqu’il était d’humeur généreuse, il en a profité pour offrir un bon tacle bien sale à Juan Bernat. Mais là, M. Gautier a sorti le jaune. Envoyer la Princesse du Carnaval brouter la pelouse, ça passe. Mais s’en prendre au pauvre petit Juan, 1m60 les bras levés, non.

Sifflé à chaque touche de balle, Neymar continuait son bonhomme de chemin sur le même registre. Ballons perdus, dribbles foireux, sauts de cabri au moindre contact, signes d’agacement, contestations incessantes… C’est à croire que le Ney avait décidé de donner raison à tous ses détracteurs. Alors oui, il y avait bien quelques chevauchées un brin désespérées pour tenter d’apporter une étincelle dans le jeu parisien. Quelques paillettes, un peu de poudre aux yeux, du classique pour une diva.

Les critiques de Neymar ont dû se régaler pendant 70 minutes. La diva leur donnait raison. Mais c’était oublier un détail important. Une diva, avant d’être une caricature, est un talent à part. Une diva est l’incarnation du génie, une œuvre d’art vivante, l’expression spontanée de la beauté dans ce monde médiocre. Et alors que l’on commençait à retrouver des bribes de ce qui fait de Neymar un incroyable joueur, une accélération et un crochet poussaient le vaillant Pedro à la faute. Un deuxième jaune qui renvoyait le besogneux lusitanien au vestiaire, où il a pu mesurer le fossé qui le sépare encore de Neymar. Mendes ne sera jamais une diva. Il en tirera peut-être une forme de fierté. Il lui faudra bien cette mince consolation pour oublier les conséquences de son acte.

Réduit à dix, le MHSC allait souffrir, c’était une certitude. Mais avec beaucoup de courage, un sérieux sans faille, l’exploit restait possible. Sauf que la diva en avait décidé autrement. Vexé par le traitement reçu pendant 70 minutes, Ney avait bien l’intention de laver cet affront inacceptable. Sur le coup-franc offert par l’expulsion de Mendes, il se chargeait d’exécuter la sentence d’une merveille de frappe dans la lucarne. Deux minutes plus tard, il envoyait Mbappé au but d’une passe en profondeur aussi délicate que létale. Il ne fallait pas énerver la diva.

En quelques minutes, la diva a changé le cours du match. En une poignée de secondes Neymar a rappelé à tout le monde qu’il était un joueur fantastique, un magicien capable d’illuminer un match de toute sa classe, entre deux gestes d’humeur. Une diva n’est jamais parfaite, c’est vrai. Mais c’est uniquement pour nous prouver qu’elle appartient bien au commun des mortels.


Café Crème et Sombrero

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