Fabrice Pancrate

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C’est au Minipong à Pigalle que nous avons donné rendez-vous à Fabrice Pancrate, ancien ailier droit du PSG de 2004 à 2009. Quoi de mieux qu’un ancien bar de passes pour évoquer sa carrière.

 – – – – [ Interview ] – – – –

Virage : Alors tu viens d’où Fabrice ?

Fabrice Pancrate : Je suis né dans le 14ème à Paris puis j’ai grandi à Aulnay Sous Bois puis ensuite j’ai bougé à Villepinte.

Virage : Comment le foot est arrivé dans ta vie ?

FP : Par passion, je regardais le foot à la télé avec mon père, j’avais même pas Canal à l’époque. On allait chez mes oncles mater les matchs. Puis j’ai aimé ce sport, je l’ai pratiqué dans la cour de récréation même si le football US m’a pas mal branché aussi mais il n’y avait pas de championnat en France. Et puis il y a eu les matchs de Coupe d’Europe de l’OM, il faut bien le dire, qui m’ont bien motivé. Waddle, Pelé, c’était fort.

Virage : Tu parles de l’OM mais tu suivais aussi le PSG ?

FP : A l’époque, en banlieue, très peu étaient pour le PSG. Moi le premier quand j’étais petit. Mais après j’ai été bercé par les années Valdo, Ginola, Weah, c’était énorme.

Virage : Quand tu signes au PSG, est-ce qu’on peut alors parler de consécration ?

FP : Du temps s’était écoulé avant que je ne signe au PSG. D’ailleurs je voudrais préciser un truc avant. Il faut bien dissocier l’oeil du supporter de celui du joueur pro, de l’acteur. La passion tu l’as dans les deux cas, mais quand c’est ton métier et qu’il faut gagner ta vie avec, ce n’est pas pareil. Signer au PSG c’était aussi une question de challenge. J’ai toujours voulu jouer dans un grand club, vivre des émotions à guichet fermé. Donc quand la proposition du PSG est arrivée, whooo, le summum, gars. Je me suis dis, je ne lâche pas l’affaire !

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Beau débordement sur le cousin de Serge Aurier

Virage : Tu étais au Mans à ce moment-là ?

FP : Oui et le président ne voulait pas me laisser partir. J’ai fait le forcing, j’ai été loin. Ma face du ghetto est ressortie à ce moment-là. Avec le recul je regrette ce que j’ai dit au président du Mans. Mais j’étais sur une autre planète. En plus, Le Mans descendait en Ligue 2. On leur avait offert la Ligue 1, j’étais venu pour gratuit et on me refuse le PSG, à moi, un titi parisien, la tour Eiffel sur le côté là ! T’es fou !
Et puis il faut voir d’où je venais. Le trajet parcouru ! J’ai commencé à Louhans Cuiseaux, j’ai été formé là bas. J’aurais pu commencer au Red Star ou au Racing mais je voulais quitter la banlieue. Le vivier ici était tellement énorme. Et puis, à la fin, on a tous des trajectoires différentes mais on a le même but. Regarde Rothen, avec qui j’ai joué, lui il a été formé à Caen et on s’est retrouvé tous les deux à Paris finalement.

Je voyais des vaches partout, je me demandais ce que je foutais là

Virage : Louhans, ça reste un bon souvenir ? (question improbable)

FP : Ca a été mes plus belles années de footeux. On était dans une ville de 5.000 habitants, complètement paumée. On a fait les 400 coups. Je ne te cache pas qu’au bout d’un mois je voulais me barrer. Je voyais des vaches partout, je me demandais ce que je foutais là. A 19h, tous les volets étaient fermés… Mais bon, tu encaisses et tu bosses. Et puis j’ai rencontré des autres jeunes qui venaient de toute la France, j’ai beaucoup appris. Ca m’a sorti de ma mentalité parisienne, de banlieusard.

Virage : Pour revenir à ta carrière au PSG, là aussi de bons souvenirs ?

FP : Déjà, c’est le club où je suis resté le plus longtemps dans ma carrière. 5 ans avec un prêt de 6 mois au Betis Séville et de 1 an à Sochaux. Mais oui, j’ai connu les hauts et les bas, les joies, les peines.

Virage : En terme de bon souvenir, tu as notamment participé à la fameuse finale gagnée contre l’OM lors de la Coupe de France 2006.

FP : Je l’ai regardé encore hier sur Youtube ! J’ai même appelé Bona (Bonaventure Kalou) avec qui je suis resté en contact même si il est rentré en Côte d’Ivoire. On s’est dit : « Tu te souviens frérot de ce match, c’est resté à vie ». Je donnerais n’importe quoi pour revenir en arrière, j’te jure.
Et puis c’était un match plus important qu’il n’y parait. Cette année-là, l’entraineur (Laurent Fournier) s’était fait virer alors qu’on était à 3-4 points de la tête. Il y a eu une totale incompréhension du public d’autant que c’était un ancien de la maison. Ok, il n’avait pas un charisme de ouf mais il était de l’épopée Weah, Le Guen et ça passait. En plus ils recrutent Guy Lacombe, qui était un entraîneur très tacticien, caractériel, mais surtout formateur, donc pas trop le profil pour Paris. Du coup on finit 9ème. Ce match c’était le seul moyen pour réussir notre saison. Le stade était plein à craquer, on n’avait pas le choix il fallait gagner. Sur le premier but, Edouard Cissé met la pression à Taiwo qui fait une erreur de relance, et Bona met une frappe… Pfff le stade a explosé. Et puis le but de Vikash, lui qui avait une frappe de mouche… Grosse émotion.

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Droit au bus Sabri

Le Parc, cette enceinte fermée,
cette acoustique, c’est fou

Virage : Puisqu’on parle d’émotion dans un stade, jouer au Parc des Princes, tu peux nous en dire plus ?

FP : Quand tu savais que tu avais un objectif à atteindre, des résultats à avoir et des buts à marquer, et là je fais référence au match de Coupe de l’UEFA contre Twente (4-0 pour Paris le 18 décembre 2008), tu savais que le Parc était derrière toi, tu le sentais te pousser. C’est pour ce genre d’ambiance que tu joues au football, que tu joues dans ce club. Je me rappelle de ce match : je presse d’entrée de jeu comme un fou, je fais des allers-retours, des centres. Je sors lessivé. Sur le dernier but de Luyindula, tout le monde est sorti du banc de touche en courant, j’ai cru que le stade allait s’écrouler. A une époque, on parlait de délocaliser le PSG au Stade de France pour faire plus de recette. Mais tu ne peux pas ! Le Parc a une âme, même si l’ambiance est pourrie aujourd’hui. Mais j’espère qu’avec les débuts d’accords trouvés avec les ultras, le Parc va retrouver sa flamme. N’importe quel joueur te le dira : le Parc, cette enceinte fermée, cette acoustique, c’est fou.

Virage : Il y a aussi des mauvais souvenirs forcément.

FP : Je me rappelle de réunions avec les supporters au moment du plan Leproux, où c’était super chaud quand les résultats n’étaient pas au rendez-vous. Les mecs nous disaient de mouiller le maillot, mais, gars, quand tu rentres sur le terrain, tu le mouilles le maillot. Ce n’est pas parce que tu portes l’écusson du PSG que tu vas gagner tous tes matchs. Parfois tu rencontres meilleur que toi ou tu n’as pas bien appliqué les consignes. Il n’y a que le Barça ces dernières années qui pouvait se permettre de tout gagner ou Lyon à l’époque où ils volaient. Et puis c’est un sport qui se joue à 11, voir à 16 avec le banc. Or, à Paris, la pression est telle que la technique ne suffit pas. Il faut aussi des qualités mentales énormes, un collectif.

Virage : Tu as déjà vu des mecs lâcher ?

FP : Pas lâcher, mais j’ai vu des mecs perturbés. Quand ça commençait à siffler dans les tribunes ou que la presse était mauvaise, je ne citerai pas de noms, mais tu ne jouais plus à 11 sur le terrain.

Virage : En même temps on a connu des périodes assez ternes en terme de recrutement et de présidence.

FP : Je vais te dire une chose. Quand un président est intronisé, rentre dans le vestiaire et que les premières paroles de son discours c’est : « Moi ce n’est pas le foot qui m’intéresse. Je n’aime pas le foot mais on m’a donné une mission et on va essayer de travailler ensemble. » et ça devant tous les joueurs et l’encadrement, tu te dis « Qu’est ce que tu fous là, frère ? Vas-y, reste pas ici ». Pour moi Blayau c’était vraiment une erreur malgré tout le respect que j’ai pour lui. C’est le pire président qu’on ait eu. (Dépité) Même si tu n’es pas fan du club, tu ne peux pas avoir ce genre de discours.

Il n’aimait pas faire durer ses discours,
c’était plus : « On doit gagner et basta »

Virage : Parlons de tes partenaires de l’époque. Pedro Miguel Pauleta…

FP : (Il nous coupe) c’est mon gars lui !

Virage : Il était comment comme capitaine ?

FP : Il était capitaine par son aura, son statut. Il fédérait parce que c’était un grand. Au Parc, c’était une légende dont on se souviendra encore longtemps. Même si Ibra a effacé ses records, Pedro ça reste l’Aigle des Açores. Il n’était pas un capitaine comme Deschamps, c’est à dire un homme de parole. Lui, c’était un homme d’actes. Il n’aimait pas faire durer ses discours, c’était plus : « On doit gagner et basta ».

Virage : C’était un vrai N°9 égoïste ou pas ?

FP : Tu ne peux pas être un grand attaquant sans être égoïste. Regarde Ibra, sur certains matchs ils ont été obligés de dénaturer le jeu pour lui donner des ballons. Je disais à mes potes « Mais regardez comment ils sont en train de boycotter Cavani ! ». Le plus flagrant c’est la saison dernière contre Troyes où ils gagnent 9-0. Sur ce match, si je suis Cavani, je rends mon maillot et je vais en tribune. J’étais tout seul chez moi et je me disais « Quelle bande d’enculés, téma ce qu’ils font ! ». Je me souviens du but d’Ibra où Cavani fait une course de 60 mètres et où Kurzawa ne lui fait pas la passe et attend qu’Ibra remonte du milieu de terrain pour lui donner le ballon. A ce moment Cavani est hors jeu tellement il a été vite et le pire c’est qu’Ibra le met ce but ! Tu peux rien lui dire.

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Jéjé, Popo & Fafa

Virage : Tu es donc un défenseur de Cavani, en connaissance de cause vu le poste que tu as occupé ?

FP : Cavani c’est un grand joueur. Tout le monde le voulait quand il était au Napoli. Il est venu à Paris, a joué à un poste qui n’est pas le sien, a fermé sa gueule et a mis une quinzaine de buts la première saison. Ils sont rares à avoir ces stats. Les stats d’un mec excentré c’est 5-6 buts et 5-6 passes. Quand tu es au-dessus, comme Michel Bastos à Lille avec 13 buts et 13 passes, c’est exceptionnel.

Virage : Et Sammy Traore ?

FP : C’était mon deuxième gars. Je l’ai perdu de vue d’ailleurs.

Virage : Avec son légendaire slalom, est-ce qu’on ne s’est pas trompé sur son vrai niveau technique ?

FP : Sammy, la technique ce n’était pas trop son fort mais il jouait avec ses propres qualités. C’était l’agressivité, les grands compas, le jeu de tête. Quand il jouait à Nice il était difficile à passer. Quand lui et Abardonado étaient en défense centrale, il fallait aller y jouer au Stade du Rey, c’était compliqué. Ils mettaient des coups de coude dans la tête, c‘était méchant. Du coup quand Guy Lacombe est arrivé au PSG, il voulait un taulier en plus de Rozehnal et Yepes. Et ça l’a fait avec Sammy. Et puis, tu sais, à Paris, c’est comme en politique : tant que tu es dans les primaires tu plais à tout le monde, mais dès l’instant où tu es élu, on va te chercher la merde, on va décortiquer toutes tes erreurs. Du coup, dès que Sammy est arrivé à Paris, ce n’était plus le Traoré de Nice. Dès qu’il ratait un contrôle, tout le monde se moquait de lui… Après, il n’a pas fait une mauvaise carrière à Paris. Il est resté dans son registre, il a fait quelques bourdes aussi.

Quand il te mettait des pains,
il t’arrachait tout

Virage : Durant ta carrière quels joueurs t’ont impressionné ?

FP : Au PSG, parmi les défenseurs, c’est la dureté de José-Pierre Fanfan qui m’a le plus marquée. Quand on partait en duel face à lui à l’entraînement et quand j’étais dans la queue des attaquants, je disais aux mecs : « Passez avant moi ! ». José, il était sec et lourd. C’était un bison. Quand il te mettait des pains, il t’arrachait tout ! D’un point de vue technique, ce qui m’a marqué quand on faisait des conservations c’était l’entente entre Charly Coridon et Danijel Ljuboja. C’était fort. Charly était très technique, on l’a oublié, et Danijel c’était un super jeu au sol, la conservation du ballon dos au but.

Virage : En 2008 tu es prêté à Sochaux, la fameuse année où le club a failli descendre en Ligue 2. Comment tu as vécu le truc ?

FP : Je n’aurais pas voulu être à leur place. Je les avais souvent au téléphone. Ils me racontaient l’ambiance au Camp des Loges. Tous les jours les supporters étaient là et mettaient la pression. Ils ont même déglingué la Porsche de Sylvain Armand. Quand je dis déglingué, il lui ont fait un vrai lifting ! Ludo Giuly s’était fait insulté et voulait se battre avec eux. Il y a même des joueurs qui se planquaient dans le coffre de leur voiture en partant du Camp ! Mais ce dont je me souviens le plus c’est le dernier match face à Sochaux à Bonal*. Le match du maintien pour Paris.

* Paris doit absolument gagner le match pour se maintenir en ligue 1

Virage : Tu as pu jouer le match ?

FP : J’ai dit au coach (Francis Gillot à l’époque) « Coach, moi je joue ! Me faites pas le coup de me mettre sur le banc » Et pourtant c’était un crève-coeur car j’étais prêté sans option. Mais avec Gillot je jouais tous les matchs donc c’était bon.

Virage : Quelle était l’ambiance avant le début du match ?

FP : C’était une ambiance de mort ! J’ai vu la peur sur le visage des joueurs parisiens, la crainte, le stress. Il n’y a pas assez de mots pour te décrire le truc. Sans compter la présence des Boulogne Boys qui ont menacé de tout casser avant le match si les CRS ne les laissaient pas passer. Franchement si Paris descendait, c’était une émeute en rentrant.
Je me souviens aussi que la veille du match, on était à l’hôtel avec d’autres joueurs de Sochaux d’origine parisienne ou ayant joué au PSG (Boukary Dramé, Stéphane Dalmat, Nicolas Maurice-Belay) et tous les quatre on se regardait en se disant, « C’est pas possible que Paris descende ! » Mais ils me disaient aussi : « On n’y est pour rien nous », et je leur répondais : « Mais frérot j’y retourne après mon prêt moi ! ». Et puis le jeudi avant le match, il y a aussi Sammy Traoré qui m’appelle et qui me dit « Ça va frérot ou bien ? Dis, les coachs m’ont demandé de t’appeler. Tu le joues pas le match, hein ? ». Je lui ai répondu : « Mais tu es fou, bien sûr que je vais le jouer ». D’autant qu’avec Sochaux on venait de faire une belle série. On revenait de loin, on avait été à la cave et on était revenu. Tout le monde nous voyait descendre. On a fait une série de 10 ou 12 matchs sans perdre avec Gillot.

Fabrice barré par Papus
Fabrice barré par Papus

Arrête tes conneries Mario,
c’est moi, c’est Fabrice !

Virage : Et durant le match, comment ça se passe ?

FP : C’était dingue. Sur une action d’attaque, je me fais balancer dans la surface par Mario Yepes. Tout le monde réclame le penalty mais l’arbitre ne siffle pas. Je suis assis par terre et Mario se rapproche de moi et m’insulte « Hijo de puta, comment tu oses courir comme ça (avec l’accent colombien s’il vous plait), t’as pas honte ? ». Je dis à Mario « Mais d’où tu m’insultes toi ? Arrête tes conneries Mario, c’est moi, c’est Fabrice ! » Et pourtant Mario c’est mon gars. Il me répond : « Si t’étais vraiment mon pote tu me ferais pas ça ! ». Puis c’est le tour de Jérôme (Rothen) qui passe et qui me dit « Hé Fabrice, arrête de courir, t’es vraiment un enculé ». Pour se finir par Pedro qui vient me voir : « Fabrice c’est pas possible, t’es vraiment un enculé (avec l’accent portugais) ». Mais j’étais dans mon truc, je l’avais un peu mauvaise d’avoir été prêté. De toutes façons pendant un match , il n’y a plus d’ami. Mais bon, de toi à moi, en deuxième mi-temps je l’ai joué tranquille. Je ne faisais pas d’appels tranchants dans l’axe, mais des appels extérieurs. Avec des centres pour le gardien… Je peux le dire maintenant… En revanche, il y a un joueur de Sochaux qui était à fond. Je ne donnerai pas son nom, mais c’est lui qui égalise pour Sochaux… Quand il a marqué, il a hurlé : « Bande d’enculés, (avec l’accent africain) on va vous niquer, vous allez descendre ! ». J’ai été le voir et je lui ai dit « Oh ça va, calme toi »… Ah ah. C’était le seul excité à Sochaux dans ce match.

Virage : Parlons du PSG d’aujourd’hui, que penses-tu du cas Ben Arfa ?

FP : Je ne veux pas trop commenter le truc, mais selon moi il y a un accord entre le coach et lui. En gros, il faut qu’il retrouve son poids de forme avant de devenir titulaire. On l’a vu à Nice, il était déjà bien enrobé dans son maillot. Il marchait sur le terrain et accélérait uniquement quand il le fallait. A Paris, il ne peut pas se le permettre car tous les projecteurs sont braqués sur lui. T’inquiète, quand il reviendra bien, il bouffera la place des autres. Nasser n’a pas mis 15 millions sur ce joueur pour ne pas le faire jouer.

Virage : Et si aujourd’hui tu étais le patron du club, quelle serait ta première mesure ?

FP : je ré-engage Leonardo. Le club est en manque d’image. Léo, il n’est resté qu’un an au club, mais il a laissé une image intacte. Et puis les débuts du PSG sous l’aire QSI, c’est lui. C’est un peu la pièce du puzzle qui manque aujourd’hui. Je le mettrais manager général direct. Donc ça veut dire que si tu l’engages, il y en a d’autres qui sautent. Tu vois ce que je veux dire…

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Fabrice « Master P » 2016

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