Interview : PSG Club Los Angeles

par

Virage continue son tour du monde des supporters.
C’est au tour de Stéphane, Jeremy et Antoine, fondateurs
du PSG Club Los Angeles, de répondre à nos questions.
Malgré le soleil, les stars et les palmiers, le Parc leur manque terriblement.


VIRAGE : Comment est né le PSG Club Los Angeles ?

Stéphane Pereira : Le PSG Club L.A. est né en 2 étapes. Ce fut d’abord une page Facebook créée par Jeremy et moi le 10 juin 2014. Jeremy s’apprêtait à quitter Brooklyn pour s’installer à L.A. Il était membre du PSG Club New York et voulait créer son équivalent sur la côte ouest. Nous avons fait vivre la page Facebook pendant presque 1 an et demi. Puis en Janvier 2016, Antoine qui faisait lui aussi partie du PSG Club N.Y. auparavant nous a rejoint, et le 11 février 2016 le PSG Club L.A. tel qu’on le connait aujourd’hui est né.

VIRAGE : Combien y-a-t-il de membres au sein de votre club ?

SP : Nous comptons une quarantaine de membres fidèles.

VIRAGE : Il y a des conditions pour rentrer dans le club ?

SP : L’amour du PSG est l’unique condition. Mais est-il besoin de le préciser ?

VIRAGE : Vous organisez beaucoup d’événements sur place ?

SP : Oui. Nous organisons un événement quasiment à chaque match du PSG, championnat, Ligue des Champions, coupes, et même pour les matches de pré-saison si ils sont retransmis.

Arrivée au Stade De Carson le 30 juillet 2016

VIRAGE : On vous a remarqué lors du déplacement du PSG aux USA en 2016, les relations sont bonnes avec le club ?

SP : Les relations avec le PSG sont excellentes. Nous sommes indépendants. Mais nous avons un contact direct avec le club. Nous sommes aussi très proches du PSG Club N.Y. que nous considérons comme nos frères.

VIRAGE : Vous avez parfois l’impression d’avoir le fonctionnement d’un groupe ULTRA en déplacement quand le PSG vient jouer à NYC ou ailleurs aux USA ?

SP : Nous n’avons que très peu d’occasion de supporter le PSG en match. Les tournées d’été aux USA du club nous ont vraiment enthousiasmées. Surtout sur cette tournée 2016 pendant laquelle ils étaient basés à L.A. On a fédéré un maximum de fans. On se sentait investis d’une mission. C’était énorme. Dès l’arrivée des joueurs à leur hôtel le premier jour, on était là. C’était important pour nous d’affirmer notre présence, notre soutien. A ce titre, et pendant ces quelques jours nous avons affiché un engagement digne d’un groupe d’Ultra.

VIRAGE : Vos meilleurs souvenirs lors de la venue du PSG aux USA ?

SP : Le point d’orgue était le match à Carson dans le stade du L.A. Galaxy où le PSG affrontait Leicester. On était environ 200. Avec nos bannières, nos drapeaux, nos écharpes déployées, nos tambours. On a chanté non-stop pendant 2 heures. Le PSG Club N.Y. était avec nous dans le quart de virage qu’on avait réservé. On voulait que les joueurs se sentent chez eux. C’était fort ! L’ambiance et la communion qu’on a su créer pour ce match est notre plus grande fierté.

Jeremy Da : D’accord avec Stéphane, ce match à Carson c’est notre grosse fierté. J’ajouterais qu’on a fait un gros forcing pour faire rentrer tambours, mégaphones et bannières dans le stade, ce qui fut plutôt compliqué. On était les seuls dans le stade avec des outils pour mettre de l’ambiance et on a chanté tout le long du match sans s’arrêter. On entendait que nous dans le stade ! Cela donnait en effet l’impression d’un parcage ULTRA… que de bons souvenirs 🙂

Le parcage en Virage à Carson

VIRAGE : Des envies, ambitions futures pour le PSG et votre club ? Qu’aimeriez vous lancer comme projet ?

SP : Revenir au maillot Hechter ! Non négociable.
Dire aux nouveaux ultras en tribune Auteuil d’arrêter les nouveaux chants basés sur la Lambada, Edith Piaf, et autre Dirladada… C’est insupportable. Qu’ils s’en tiennent aux chants historiques qui eux ont des paroles et une âme… Si ils veulent en inventer de nouveaux, il va être question d’élever sérieusement le niveau.
Sinon pour le Club L.A., je souhaite que nous poursuivions notre croissance et que nous puissions proposer des avantages développés avec le PSG pour nos membres. Une sorte de statut MyParis 2.0.

JD : Les nouveaux chants ne me dérangent pas tant que ça. Certains chants sont historiques, d’autres sont du moment, ou évoquent notre histoire (“après tant d’années de galère et de combat…”). Je les aime tous !
Pour le PSG Club L.A., nous cherchons à poursuivre notre croissance, pour que les fans du PSG à Paris soient tous au courant qu’il existe un vrai groupe de passionnés du PSG à L.A. Une visite nécessaire pour tout fan du PSG qui serait de visite dans notre ville. Qu’ils se sentent comme chez eux ! Au delà de ça, nous avons de très bonnes relations avec les PSG Club N.Y. et Montréal en particulier, il est donc important de tous travailler ensemble pour donner le plus de visibilité possible à notre club de coeur aux USA.

VIRAGE : C’est quoi la vie d’un supporter parisien à 9000km de Paris ? Facile de suivre l’actualité du PSG et les matchs ?

SP : La vie de supporter parisien à 9000 km de Paris c’est une vie du supporter avec 9h de décalage horaire… Nous n’avons aucun mal à suivre l’actualité du club. Nous la partageons même avec tous nos membre et followers sur les réseaux sociaux. Par contre, pas toujours simple de faire un Game Event pour les matches de L1 décalés au samedi 17h heure française… ça fait du 8h du mat’ à L.A.

JD : En gros on boit beaucoup moins de bière pendant les matchs…

VIRAGE : Est-ce que l’éloignement ne provoque pas une certaine idéalisation et nostalgie du club ?

SP : Est-il besoin d’éloignement pour idéaliser notre PSG bien aimé…? Après pour ce qui est de la nostalgie, elle est très liée pour nous à la nostalgie de la France, de Paris, et du Parc.

JD : Personnellement le Parc et son ambiance me manquent énormément. C’est pas toujours facile de vivre certains moments de loin, surtout quand on a plein d’amis à Paris qui vivent ça tous ensemble et le rapportent sur les réseaux sociaux. C’est quelque-part la raison pour laquelle nous avons créé ce fan club. Pour faire face à cet isolement que tous les vrais fans du PSG vivant à L.A. ressentent. Ensemble nous sommes invincibles !

VIRAGE : Être supporter du PSG à L.A. ça rapproche ou c’est compliqué de se rencontrer ?

SP : Ça rapproche sans aucun doute. On a le sentiment d’avoir créé un petit bout de PSG loin de Paris.

Soir de match au Pub Britannia à L.A.

VIRAGE : Depuis quand êtes vous installés à LA ?

SP : Antoine, Jeremy et moi sommes franco-américains. Certains d’entre nous vivent à L.A. depuis 15 ans, d’autres depuis 5 ans ou moins.

JD : Je suis arrivé à L.A. en août 2014. Avant ça, j’étais à New York depuis juin 2006, d’où ma proche affiliation au PSG Club N.Y.

Antoine Alias : Je suis installé à L.A. depuis Avril 2015. Avant cela, j’ai habité à New York de 2001 a 2014. Comme Jeremy, je faisais partie du PSG Club N.Y., très actif pendant toutes ces années.

VIRAGE : Pourquoi avoir quitté la France ?

SP : Choix familiaux, choix professionnels, et puis nous sommes aussi pour certains à moitié américains.

JD : Ma mère est américaine, j’ai toujours souhaité rejoindre les US après mon Bac en France, ce qu’avait déjà fait ma soeur avant moi. C’est une culture que j’aimais beaucoup et que je voulais mieux connaitre. Je suis donc parti faire mes études universitaires là-bas.

AA : J’ai quitté Paris en 2001, pour la fin de mes etudes universitaires, pour découvrir les USA et NYC, ville dans laquelle je suis né. Ayant la chance d’avoir le passeport américain, et donc d’avoir la double nationalité franco-américaine, j’en ai profité pour rester à New York et j’ai adoré cette ville incroyable. Maintenant, après tant d’années passées là-bas, je suis bien content de profiter du beau temps californien, et du style de vie bien plus « relax »…

VIRAGE : Vous êtes supporters du PSG depuis quand ?

SP : Rien de mieux qu’une photo pour étayer un propos. Voici ma photo d’identité sur mon premier passeport. J’ai 11 ans et je porte le maillot du PSG. C’était en 1978… Le mythique maillot Hechter…!

JD : Depuis mon intégration à la section amateur à 8 ans. A l’époque on s’entraînait sur le terrain militaire en face du Camp des Loges.

AA : Je suis supporter du PSG depuis 1993, j’avais 15 ans. Un pote m’a amené au fameux PSG-Real de 1993 au Parc des Princes, et ce fut le coup de foudre direct. Je me suis abonné avec mes amis en tribune Auteuil, puis Boulogne, jusqu’à mon départ de France en 2001…

VIRAGE : Pourquoi êtes vous devenus supporters du PSG ?

SP : Ha ha…. Y’avait d’autres options tu penses ?

JD : J’étais obsédé par le foot et c’était le club de ma ville. A l’époque j’étais aussi un gros fan de Safet Sušić et Daniel Bravo.

VIRAGE : Vos plus grands souvenirs du PSG en tant que supporters ?

SP : J’ai beaucoup vécu à l’étranger. Je n’ai donc pas toujours été au contact du quotidien du PSG pendant mon adolescence et mes études supérieures. C’est une époque où internet et les réseaux sociaux n’existaient pas. Ensuite j’ai vécu à Paris, et j’étais abonné au Parc pendant 10 ans. Epoque Pauleta / Pichot. Je cite les deux pour bien laisser entrevoir la palette de talents qui composait notre équipe à l’époque. Du très beau, mais aussi du laborieux. Nos années pain noir, après les années Canal. Mais on a quand même réussi à gagner coupe nationale sur coupe nationale. Le PSG n’a jamais cessé de gagner. Et finalement je crois que mon plus grand souvenir quand j’y réfléchis aujourd’hui c’est l’ambiance du Parc à l’époque. Une ambiance incroyable, fantastique.

JD : Il y en a plusieurs. Le premier c’était quand j’ai été choisi pour être ramasseur de balles pour PSG-Milan le 5 avril 1995 en 1/2 de LDC (je suis derrière les buts avec une casquette pour ceux qui reverront la vidéo). C’était ma dernière année au PSG, j’avais été baby-sitter des enfants de Weah plusieurs fois (j’étais le seul en section amateurs qui parlait anglais). Weah c’était mon idole incontestée, j’étais persuadé qu’il allait nous emmener en finale, puis ce but de Boban m’a détruit. Cela dit, mon but préféré de tous les temps c’est celui de Weah contre le Bayern. Je m’en rappelle comme si c’était hier.
Ensuite il a des moments historiques plus récents quand j’étais de retour au parc, dont le but de Pastore du 3-1 contre Chelsea. J’ai rarement l’occasion d’aller au parc, j’étais avec tous me potes, c’était magique.

AA : Le match contre le Real bien-sûr en 93, mais aussi tous les déplacements en coupe d’Europe dans les années 90 avec les potes. Nous avons voyagé et visité des stades et clubs mythiques : Arsenal, Liverpool, Barcelone, Milan, et les 2 finales de coupe d’Europe à Bruxelles et Rotterdam. Que de souvenirs et d’émotions. Le Parc des Princes est magique bien-sûr, et me manque énormément. Mais les déplacements avec les Ultras, surtout en coupe d’Europe, procurent des souvenirs incroyables.

Jeremy ambiance Kapo

VIRAGE : On suppose aisément que Le parc et Paris vous manquent ?

SP : Le Parc d’avant le plan Leproux, oui. La voix du speaker. L’échauffement des joueurs. Les tribunes qui chantent et se répondent. La ferveur même en tribune Paris. Nos noms gravés sur les sièges en tant qu’abonnés. Les gamins d’Île de France qui s’affrontaient à la mi-temps dans des concours de buts. Puis ensuite la fameuse Golden Barre… Toute une époque.

JD : Oui énormément, mais on fait avec !

AA : Je rentre en France 2-3 fois par an, et je m’arrange toujours pour que les dates correspondent avec des matchs du PSG… 🙂

VIRAGE: Il vous arrive donc de revenir en France et d’aller au Parc pour les matchs.

SP : Oui chaque année !

JD : Depuis que j’ai eu mes jumeaux, très peu. Avant cela je me déplaçais le coup de 48 heures pour chaque 1/4 de finale au Parc depuis l’ère Qatari. J’ai aussi fait Barça vs PSG au Camp Nou en 2015.

VIRAGE : La sensation doit être particulière quand on habite loin de Paris et qu’on revient ?

SP : On essaye de retrouver l’émotion d’avant. Ça s’est amélioré depuis l’arrivée du CUP en tribune Auteuil.

JD : C’est particulier dans le sens où on ne veut pas rater un instant. On vit le match beaucoup plus intensément. C’est euphorique…

Une Grecque sauce California

VIRAGE : Quelle est l’image du PSG aux USA et à L.A. en particulier ?

SP : Les USA c’est un pays immense. Dur de généraliser. A L.A. la grande majorité des gens ne connaissent rien du foot. Puis il y a les amateurs, les européens, les hispaniques, les kids qui jouent à Fifa sur leur PS4 ou Xbox. Ceux-là connaissent le PSG comme une équipe du top européen.

JD : L’image change petit à petit. On sent que le club a plus de visibilité. Maintenant tout est relatif, mais je pense qu’avec la venue de Neymar en particulier, l’image du club grandit, et ça se sent.

VIRAGE : Les californiens connaissent-ils le PSG et la Ligue 1 ?

SP : Difficile de comparer avec la France où tout le monde connait de près ou de loin le PSG. Le foot n’est pas un sport majeur aux USA, ou en Californie.

JD : Pour la grande majorité pas du tout. La L1 s’exporte très mal vu la notoriété de la Premier League et de la Liga. Mais cela va changer… Le niveau de la MLS est tellement bas que les deux ne se comparent pas. Espérons que la L1 fasse le nécessaire pour rentrer définitivement dans la cour des grands championnats d’Europe. On est sur la bonne voie !

VIRAGE : Croyez vous que le football puisse vraiment percer aux USA un jour ?

SP : Tout aux USA est une question de business. Le sport ne déroge pas à cette règle. Pour que le foot perce vraiment aux USA il faut qu’il y ait un business à développer dans ce secteur. Il faut que des investisseurs s’en emparent et développent ce marché. C’est uniquement comme ça qu’ils raisonnent ici. Comme la Fan Base augmente au fil des générations, je suis tenté de penser que le foot va grandir dans les décennies à venir.

JD : Il perce déjà. Le problème c’est qu’on a la NFL, NBA, MLB, NHL…ça fait beaucoup, et ils se battent tous pour le « Prime Time ». Comme le dit Stéphane c’est du business, et les sports purement américains sont historiques aux USA. On aperçoit de plus en plus de promo autour de la LDC , c’est maintenant une compétition beaucoup plus médiatisée au fil des années, la finale devient en quelque sorte le Superbowl du foot aux US. Que cela continue !

VIRAGE : Quels conseils donneriez vous au PSG pour faire grandir son image aux USA ?

SP : Développer un partenariat avec un club de MLS comme l’a fait City. Ouvrir des centres de formation aux USA. Faire du scouting sur le territoire américain et intégrer des pépites U.S. aux équipes jeunes du PSG.

JD : Plus de marketing produits ! En France on peut trouver des sacs PSG dans les supermarchés. Pourquoi ne pas offrir un porte-clé PSG avec l’achat d’une bouteille Hennessy ? Il y a certaines marques françaises très populaires aux U.S. (LVMH), il faut donc en profiter. Le PSG, c’est une très belle marque… j’aimerais voir le logo de manière plus répandue au quotidien.

VIRAGE : Parlons douleur. L’ouragan Remontada a-t-il eu aussi un impact à L.A. ?

SP : L’ouragan remontada a fait très mal… partout.

JD : Oui. Très, très mal. Il y a beaucoup de Latinos fans du Barça à L.A…très compliquée cette défaite.

VIRAGE : Vous voyez un jour un joueur américain signer au PSG ?

SP : Christian Pulisic, maybe.

JD : Franchement pas trop. Je dirais Pulisic comme Stéphane, mais je n’y crois pas trop.

VIRAGE : Ça vous est arrivé de tomber sur un supporter marseillais à L.A. et de le chambrer ?

JD : Absolument ! On a même eu des fans de l’OM qui sont venus voir un match avec nous. Ambiance bonne enfant mais ça chambrait lourd quand même 🙂

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