Bouquin, première partie

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La tribune l’a baptisé BOUQUIN. Ce surnom doit moins à la littérature qu’à une certaine idée du rapprochement des corps… Banlieusard tombé en amour
pour le
PSG un soir de lutte contre Bastia, dans les années 80,
il a ambiancé le KOP DE BOULOGNE avec ses tripes et son coeur
de longues années avant de tirer sa révérence.
Il a accepté de se souvenir pour VIRAGE de cette époque révolue
où la passion l’emportait toujours sur les calculs mesquins.


Etais-tu fan de foot avant d’être fan du PSG, ou ton amour du football a-t-il commencé par le PSG ?

Entre Kopistes on a coutume de dire qu’on aime pas le foot mais le PSG… Plus sérieusement, l’amour du football, c’est mon grand-père qui me l’a transmis. Ce n’était pas un club particulier au départ. Bien-sûr, je suis né en région parisienne, donc c’était le PSG qui avait le plus de chance d’attirer mon attention. Heureusement que mon grand père avait la passion du foot parce que dans ma famille, que ce soit mon père ou mes frères, le foot, ce n’était pas du tout leur truc. J’ai du tanner mes parents longtemps avant de pouvoir aller au Parc.

Tu es d’où en région parisienne ?

Je suis né à Fontenay aux Roses, dans le 92. Mon grand-père habitait à Nolay en Bourgogne (à côté de Beaune) et même s’il était né à Paris, il supportait l’AJ Auxerre. Chaque année j’y allais pour les grandes vacances d’été mais aussi en hiver pour les fêtes de fin d’année. À l’époque Auxerre (avec Lille) faisait partie des bêtes noires du PSG et nous mettait souvent à l’amende alors je n’y coupais pas, j’avais toujours droit à un petit chambrage du genre « alors Auxerre vous a encore battu ». Moi je suivais ça de loin, mes premières parties de foot c’était dans la cour d’école avec une balle de tennis et on s’identifiait aux joueurs de foot les plus connus donc pas forcément à une équipe en particulier même si celle de Saint-Etienne était parfois citée. Je n’avais que 8 ans et je ne suivais pas encore assidûment le PSG mais il y avait quand même des signes avant-coureurs. Je me rappelle par exemple que quand je collais mes images Panini dans l’album de la saison, j’apportais un soin tout particulier aux deux pages dédiées au PSG et quand j’ouvrais les paquets d’images, je voulais absolument trouver les stickers brillants des logos de chaque club et plus particulièrement celui du PSG.

En fait le gros déclencheur fut la Coupe du Monde 1982, l’épopée des Bleus et cette fameuse demi-finale contre l’Allemagne ! Oui l’été 82 a vraiment tout changé pour moi ! J’en reviens donc à mon grand-père avec qui je regardais le match en question dans la grande salle à manger. J’étais assis à droite de la grande table (facile 20 couverts !). Papy était dans son fauteuil et à l’autre bout de la table il y avait cette minuscule télévision en noir et blanc dont les boutons claquaient quand on changeait de chaine ou qu’on l’éteignait ! A chaque action dangereuse et à chaque but de la France je faisais des bonds et je courrais autour de la table. J’en profitais pour prendre une autre chaise et me rapprocher du poste de télé à mesure que la tension augmentait. On connait tous le déroulement de ce match extraordinaire, même si la fin ne fût pas à la hauteur de nos espérances. Au coup de sifflet final, il y eu quelques larmes de crocodile, mais à peine étaient-elles séchées que je voulais que ça continue !

ITW Bouquin Virage PSG
Harald le chirurgien dentiste avec Patrick son meilleur patient en 1982 (c) Panoramic

Penses-tu que si on avait gagné ce match, tu aurais été autant dans le foot ?

Je pense que oui. J’avais seulement dix ans mais ce jour-là, il y a quelque-chose qui a changé. Ma vision du foot a changé, dans le sens où elle est devenue vraiment passionnée. Quel que soit le résultat à la fin, ce n’était pas grave, j’avais une autre approche du foot, j’avais vécu intensément ce match et je ne voulais pas que ça s’arrête ! A partir de ce moment-là, je ne voulais plus être un simple spectateur mais un acteur de ce sport. J’ai d’ailleurs commencé le foot cette année-là à l’ASBR, club de ma ville de BOURG LA REINE. Tous les matchs qui étaient diffusés je les regardais (coupe d’Europe, Finales de Coupe de France et Equipe de France), je me rappelle de la finale contre Sainté ou du fameux PSG vs Waterschei. J’écoutais tous les matchs du PSG à la radio avec un vieux transistor dont l’antenne était fatiguée. J’avais une mauvaise réception et des fois ça s’arrêtait en pleine action pour Paris, il me fallait quelques secondes pour retrouver la bonne fréquence en espérant ne rien avoir raté. Ou que j’aille en vacances, le poste faisait le même trajet ! J’étais passé de l’autre coté de la ligne et la prochaine étape c’était d’aller au Parc des Princes. J’ai mené la vie dure à mes parents…

Pourquoi tes parents ne voulaient pas t’emmener ?

Y aller tout seul c’était compliqué, je n’étais pas majeur et mon père ne voulait pas entendre parler de foot, quant à mes deux frères… ils avaient 7 et 8 ans de plus que moi et on était pratiquement jamais ensemble, leurs centres d’intérêt étaient différents, impossible de compter sur eux. En plus il n’y avait pas les trains et les bus de maintenant, il fallait trouver une autre solution et j’ai eu la chance, en 1985, d’avoir dans la résidence où j’habitais, des voisins qui étaient abonnés au Parc. J’ai sympathisé avec eux. Je plaçais mes pions. Mes parents les appréciaient et leur faisaient suffisamment confiance pour qu’ils m’accompagnent au Parc et me ramènent en voiture, les étoiles étaient enfin alignées. Lors de la saison 1985/1986 j’avais treize ans, tout fût arrangé pour le dernier match de la saison au Parc; le fameux PSG vs Bastia, match où on a fêté le premier titre de Champions (Ndlr : 25 avril 1986, 38ème et dernière journée, victoire 3-1 du PSG). Ils étaient abonnés en Auteuil bleu. Je n’avais pas dormi de la nuit, j’étais tellement excité que je comptais les minutes avant le grand moment, c’était mon premier mais aussi mon seul match à Auteuil. Je m’y suis peut-être retrouvé une autre fois sur une finale où les supporters parisiens avaient été placés côté Auteuil. Dès que tu arrives sur place, le Parc vu de l’extérieur est déjà imposant avec sa forme elliptique et ses arrêtes tranchantes. Ses courbes ne peuvent pas te laisser indifférent surtout avec les yeux d’un gamin de 13 ans.

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Le bordel sur la pelouse pour le titre en 1986 (c) Panoramic

C’est la première fois je pénètre dans le stade de mes rêves, et là difficile de trouver les mots pour décrire cette sensation. Tu te sens tout petit au milieu des milliers de spectateurs, il y a beaucoup de bruit et les lumières qui descendent du toit sont aveuglantes, il me faudra un petit moment pour m’y habituer. Le match va commencer et mon coeur bat la chamade ! Après quelques minutes de jeu, Paris marque déjà par Robert Jacques, puis ce dernier récidive, 2-0 après même pas 20 minutes de jeu. Mon attention s’évade un peu du terrain pour se fixer en face sur la tribune Boulogne, en haut à droite plus précisément ou un carré de fans n’arrêtent pas d’agiter des grands drapeaux, des écharpes, j’entends même des tambours au loin qui rythment l’ambiance et des chants que le reste du public ne reprend pas. Pendant tout le match ils n’ont pas arrêté une seule seconde d’agiter leurs drapeaux et d’encourager le PSG. Ça me donne des idées et je me dis « j’ai peut être envie d’aller avec eux la prochaine fois ». La prochaine fois en tribune Boulogne n’est pas arrivée tout de suite, mais je m’en suis rapproché. Le match d’après, j’étais en Tribune K (Ndlr : actuellement la tribune où se trouve le parcage visiteur). Là c’était grâce au club de foot qui filait des invitations au club d’Île de France. Je me suis donc rapproché du Kop. Et là, même si j’étais à l’opposé des Boys, je les voyais encore de plus près.

Donc les premières fois où tu es allé au Parc tu as été autant captivé par le spectacle des tribunes que par le football ?

Oui, je te dirais que j’ai plus regardé le coin où il y avait les Boys que le rectangle vert. Ils étaient les seuls qui encourageaient le PSG. C’était ma deuxième révélation, je voulais être comme eux. Ils n’étaient certes pas très nombreux. A l’époque, ils avaient 3 ou 4 grands drapeaux, pas plus. Ils n’étaient que 150, mais qu’importe le nombre tant qu’on a l’ivresse.

Lors de ce PSG vs Bastia, le Parc était plein parce que c’était le match du titre ?

Oui, il devait y avoir un peu plus de 40 000 personnes. Il n’y avait pas beaucoup de sièges vides. Mais sur la saison il n’y avait pas plus de 20000 ou 25000 personnes de moyenne.

Comment finis-tu par t’encarter au Boulogne Boys ? Tu étais assez jeune finalement ?

Fin 88, lors de la saison 1987/88. On m’a déjà dit que c’était peu courant, car d’habitude ça prenait plus de temps que ça. Peut être que j’ai parlé aux bonnes personnes tout de suite et puis je me suis impliqué suffisamment pour le mériter. Dès mes premiers matchs à Boulogne, je savais où je voulais aller. L’objectif était le « devant de la scène », les premiers rangs de la tribune, là ou tout prend vie. Je n’y suis pas arrivé tout de suite. Quand tu rentres dans une tribune comme Boulogne, au début c’est sur la pointe des pieds, j’ai donc fait ça par étape, match après match. De la porte la plus haute au dessus du noyau des Boys jusqu’au premier rang de sièges (il n’y avait pas le no-man’s land à l’époque, c’était le Parc à l’ancienne, donc aux premiers rangs il y avait des sièges en bleu) (Ndlr : bleu est l’ancienne appellation des tribunes au niveau intermédiaire, rouge étant celle de la tribune basse et jaune celle de la partie haute supérieure).

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Bouquin en ballade (c) Collection personnelle

Tu as pu t’encarter tout de suite aux Boys, sans rite initiatique ?

Je suis arrivé à une époque où les Boys se développaient. Ils cherchaient de la main d’œuvre. C’était Franck Delobel (Président des Boys), alias Dieu, qui était aux commandes avec entre autres, Didier Frontigny à ses côtés. Je n’ai fait que croiser le chemin des fondateurs du groupe (notamment Luc qui est revenu bien plus tard), tout doucement mais sûrement je me suis rapproché de ses bras droits. Et puis je n’étais pas seul, il y avait d’autres supporters qui arrivaient ou qui étaient déjà présents mais voulaient prendre part activement à la vie du groupe. En plus de mon ami d’enfance Hervé alias Vomitor, il y avait Van Basten, Boys Power, Olive, BenJ et son frangin, la Yougo Connexion, Gling Gling, Chouba (qui veille sur nous de la-haut aujourd’hui), La Peute et sa grosse voix (peut-être celui qui m’a donné l’envie de lancer les chants), les Frères Garnier (Flav et Laurent le photographe officiel des Boys à l’époque), Châteauroux (qui perdra un oeil sur un tir de flashball a Montpellier en 2008) ou Loncou (le seul d’entre nous qui est encore abonné aujourd’hui) … et bien d’autres qui formeront plus tard une partie du noyau des BB85 puis des Rangers, de L’Army Korps ou encore de l’Alcool Group.

On se retrouvait au MacDo de Denfert Rochereau avant chaque match puis on allait au Parc ensemble, en déplacement on était toujours au fond du car ! Au début j’ai proposé mes services pour des tâches de base comme le rangement du matériel (drapeaux, tambours) à la fin du match ou la distribution des tracts ou fanzines et autres supports des tifos avant le match. Les Boys avaient tout juste trois ans, ils représentaient une centaine de mecs actifs qui faisaient les déplacements, et autour, une autre centaine qui gravitaient; les sympathisants. Les cartés ne devaient pas dépasser les 200 membres. Ils ne filaient pas la carte aux premiers venus, donc il fallait prouver ton implication dans la vie du groupe mais en même temps il n’y avait pas de phénomène footix ou de mode à l’époque donc le choix était beaucoup plus facile. Si tu es fiable et que tu viens régulièrement, la carte de membre est largement accessible. Le rite initiatique n’est pas obligatoire, le mien je l’ai eu bien plus tard en déplacement avec l’obtention de mon surnom.

A part ta présence devenue régulière, que faisais-tu en particulier pour le groupe ?

Au départ j’ai pris un tambour. Je n’ai pas commencé directement par le mégaphone. Donc un jour, avant le début d’un match, un préposé aux tambours n’était pas là. Il y avait les baguettes posées sur le côté du tambour, je n’ai pas hésité et j’ai commencé à taper un simple « Paris » qui à été repris. Personne n’a bronché, ils m’ont laissé faire. Après, c’était les drapeaux. Manier un grand drapeau, c’était l’étape suivante. Je peux vous dire que ces grands drapeaux étaient assez énormes avec leurs longs tuyaux en PVC et des voiles grand format très lourdes, c’était physique. On se relayait plusieurs fois sur les 90 minutes sinon tu avais tellement mal aux poignets que tu ne pouvais pas continuer. Si tu arrives à prendre un drapeau et à le faire voler correctement, si tu arrives à taper un peu au tambour, si tu chantes et que tu arrives même à lancer des chants sans méga, si tu connais quelques membres du noyau et surtout si tu prouves que tu es impliqué, toutes les portes sont ouvertes après.

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Bouquin à cheval sur la bâche (c) Collection personnelle

Dans l’histoire de la Tribune Boulogne, au début des années 80, il y a une forte culture vivante, avec les skins, les punks, les alternatifs, plein de courants différents, de mouvements politiques, et musicaux, étais-tu imprégné de ça ? Est-ce que cela t’avait attiré ?

Moi c’était vraiment le foot, et l’ambiance qu’il y avait dans le KOB. Au début le Kop, en 1978, c’était tout l’underground de Paris, comme vous dites : les punks et les skins entre autres mouvances. Je n’ai jamais fait partie de ces catégories, même si j’aimais la musique (plus le métal ou le rock prog), ce n’est pas ce qui me branchait à Boulogne. Idem pour la politique j’étais trop jeune pour être marqué.

Contrairement à aujourd’hui avec Internet, où tu sais à l’avance ce que tu vas trouver ?

Exactement. Là, le seul moyen de savoir, c’était d’aller en tribune et de voir les choses de tes propres yeux. Aujourd’hui tu sais presque qui tu vas trouver et comment il s’appelle avant même d’avoir mis les pieds en tribune, grâce aux forums ultra généralistes ou privés, aux groupes Facebook et j’en passe, tu peux avoir accès à des trombinoscopes en deux temps, trois mouvements. C’est valable aussi pour les codes vestimentaires ou les chants, tout est disponible en ligne si tu cherches bien !

Quand tu es arrivé dans la tribune, tu t’es senti à l’aise ?

Du côté des Boys, oui, j’étais à l’aise. Les chants et tifos me correspondaient plus que le modèle à l’anglaise des Firebirds ou des Gavroches. Le Kop avait déjà sa réputation, bien sulfureuse. En 1988 il y avait déjà pas mal d’incidents depuis le fameux France vs Angleterre au Parc des Princes (Ndlr : 29 février 1984). C’est le vrai point de départ du mouvement hooligan à Paris. Ce match au Parc a marqué toutes une génération de Kopistes avec notamment les gars du Commando (Ndlr : Commando Pirate Paris, l’un des principaux groupes de hooligans du Kop de Boulogne, créé au milieu des années 80). Ce jour-là, tout a basculé et derrière c’était la fascination pour l’Angleterre et les mouvements organisés des hooligans en particulier. Moi je n’ai pas vécu ça. Ce fameux France vs Angleterre je n’y étais pas. C’est donc autre chose qui m’a attiré.

EXTRAITS DU FIGHT DURANT FRANCE-ANGLETERRE, CLIQUEZ ICI 

A l’époque tu ne pouvais pas connaitre tout ça, à moins de connaitre des mecs ?

Effectivement, si tu ne faisais pas partie du milieu, le seul moyen c’était les informations. Je me rappelle qu’il y avait eu un reportage aux infos, ils en avaient également parlé dans la presse écrite et ce fut un choc pour l’époque ! la France découvrait le hooliganisme…

Donc toi c’était les Boulogne Boys qui t’avaient attiré ?

Les Boys c’était une école de la vie à Boulogne. Pour celui qui voulait devenir ultra et qui était passionné par ce mouvement, c’était un passage obligé. Le mouvement ultra est né un peu plus de dix ans avant en Italie et à Paris c’est grâce aux Boys qu’il s’est implanté. Internet n’existait pas encore, on était la génération Minitel, donc pour se tenir au courant il n’y avait pas 36 solutions; on achetait Supertifo et on échangeait les photos de nos correspondants. Je parle bien ici de courrier papier ! J’ai eu jusqu’à treize ou quatorze « corres’ » en Italie, à Côme, Venise, Pescara, Rome, Florence, Gênes, Vérone, Catane, Milan, j’en avais également en Espagne avec Madrid, un aux Ultras Sur (Ndlr : Real Madrid) et un au Frente (Nldr : Atletico Madrid) ainsi qu’en France (Bad Gones, CU84, BSN, Irréductibles Toulon…). Les Boys c’était comme une micro-société avec ses figures; Dieu, Mamie Hooligan ou Kronenbourg. Nous étions environ 150. Toujours les mêmes, on faisait tout les déplacements ensemble contre vents et marées. C’était un vrai noyau avec des sympathisants qui rentraient vite dans le moule.

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Bouquin et ses potes en formation (c) Collection personnelle

On était pas nombreux mais on revendiquait notre appartenance au groupe et notre amour du PSG avec encore plus de force parce qu’à l’époque au Parc, quand Saint-Etienne, Nantes ou Rennes marquaient un but, tu avais 70% du Parc qui se levait. C’était une vraie fierté de porter le maillot du PSG. A Boulogne on pouvait se sentir chez nous parce qu’il n’y avait quasiment jamais de maillot des équipes adverses. Les liens entre nous s’en trouvaient renforcés. Les Boys c’était une vraie famille. Niveau tifo. Même si ce n’était pas des tifos très ambitieux au tout début, parce qu’on ne pouvait pas faire une chorégraphie sur toute la tribune à cause de la composition de Boulogne et de ses mouvances et mentalités différentes, on arrivait quand même à faire des tifos sympas à base de rouleaux de PQ, de pots de fumée, de torches ou avec des voiles comme « Notre Histoire Deviendra Légende » qui à été jetée à la poubelle par le club en 2010. Avec le temps, les mentalités ont évolué et le challenge ultime, qui était de tirer avantage au maximum des différentes composantes de Boulogne, a été plusieurs fois réussi en faisant par exemple 3 tifos différents, un par bloc.

Pour toi, Boulogne, c’était un acte fondateur dans l’histoire du PSG ?

Je n’ai pas la prétention de te dire qu’on a été fondateur de quoi que ce soit. La seule certitude qu’on avait, c’était qu’on était les seuls à encourager le club de la première à la dernière minute. Ça c’est clair et net. Parce que dans tout le reste du stade il n’y avait aucun autre chant qui partait. Il y avait éventuellement des « Paris, Paris, Paris » mais ça allait rarement plus loin. Nous, on avait le côté italien pour les chants longs et anglais pour les chants spontanés, le tout au rythme des tambours.

Et vous n’aviez pas de projection par rapport à l’importance que vous preniez ?

Si bien entendu, que ce soit au niveau de la vente des écharpes et autres produits dérivés, à la demande grandissante pour la carte de membre ou encore le nombre de cars qui passaient du simple au double en déplacement. Il y avait clairement un potentiel qui augmentait à vue d’oeil. Le coin de tribune BB85 allait rapidement devenir trop petit et trop confiné pour cette demande. A partir de 1991, des divergences de point de vue sont nées au sein du groupe. Il y avait un débat sur la position géographique du groupe à Boulogne, je faisais partie de ceux qui voulaient que les Boys soient au centre de Boulogne pour rayonner sur l’ensemble de la tribune et utiliser au mieux cette nouvelle dynamique mais j’allais contre l’avis de pas mal d’anciens Boys qui voulaient absolument garder la position historique du groupe dans la tribune et rester à gauche au niveau de la première porte d’accès. Boulogne était à une période charnière de son existence… Moi j’avais ce rêve un peu fou d’un groupe ultra qui pourrait se developper sur une grande partie de la tribune sans être limité par sa position ou son histoire et faire en sorte que l’ambiance se transmette dans toute la tribune sans être compartimentée. Les skins étaient moins présents et les rapports avec les autres composantes indépendantes étaient bien meilleurs, toutes les conditions me paraissaient réunies pour réaliser ce rêve avec ou sans les Boys…

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« OM Je te hais », meilleure banderole du monde (c) Collection personnelle

Donc c’est ça qui t’a fait partir des Boys ?

Oui, même si dans l’absolu je reste convaincu que la meilleure solution aurait été de recentrer le groupe, quitter les Boys était devenue la seule alternative, à mon grand regret. J’aurai toujours une affection particulière pour ce groupe mythique car il a fait de moi le supporter rouge et bleu que je suis et resterai à tout jamais. Être Boys un jour c’est être Boys pour toujours.

En sorte, tu voulais unifier la tribune, pour qu’il y ait plus de force ?

Unifier n’est peut-être pas le terme adéquat mais, oui, il y avait un potentiel, pour faire mieux. La tribune pouvait faire plus niveau ambiance.


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