Juan Pablo Sorin Virage PSG

Un an au club !
Juan Pablo Sorin | 2003-2004

par

« One Year Players », encore un concept inventé par le Paris Saint-Germain.
Le PSG est vraiment un club particulier. C’est le seul club au monde où un joueur
qui y reste seulement un an arrive à marquer si profondément le club et l’inconscient collectif de ses fans. Vous me direz qu’il n’y a pas qu’à Paris que cela arrive, mais si !
Et autant de fois c’est incroyable, la liste est longue, il y en a eu de toutes sortes
et à toutes les décades.

Juan Pablo Sorin fait partie de ces one year players. N’importe quel fan de Paris m’en parle encore avec les yeux de l’amour. Il est la référence de ces joueurs que le PSG a laissé partir alors qu’il ne fallait pas. Le type d’erreur de gestion tout à fait PSG, l’acte manqué propre à ce club. 

Formé à Argentinos Juniors, « Juanpi » diminutif de Juan Pablo, son surnom en Argentine, fait très tôt parler de lui en tant que capitaine de l’équipe d’Argentine qui gagne la Coupe du monde U20 1995 au Qatar. Acheté par la Juve, il n’y reste qu’une saison car il ne joue pratiquement pas. C’est à River Plate qu’il se révèle vraiment et où il gagne ses premiers trophées nationaux et internationaux en tant que titulaires et joueur important de l’équipe. Il est aussi de tous les matchs de la sélection Argentine où il marque son territoire entre défense, latéral gauche et milieu de terrain gauche. Oui Sorin est gaucher, encore un autre fantasme de supporter.

Le PSG sort encore d’une saison ou une onzième place en championnat et une défaite en finale de Coupe de France ne satisfont personne. Cette défaite contre l’AJ Auxerre fait définitivement passer Paris pour une équipe de losers. Donc remaniement total de la direction, Françis Graille est nommé président-délégué avec une autre nomination de taille. Vahid Halilhodžić devient le nouvel entraineur de l’équipe en remplacement de Luis Fernandez. On n’était vraiment pas parti pour s’amuser.

Juan Pablo Sorin & Vahid Halilhodžić PSG Virage
Même à chifoumi c’est l’embrouille (c) Panoramic

Juan Pablo Sorin signe au club le 31 août 2003, dernier jour du mercato d’été, un truc très PSG – un an au club. On a du mal à le croire, mais c’est Vahid qui le veut alors qu’un nombre conséquent de noms avaient circulé. C’est plutôt une bonne affaire car il arrive prêté par le Cruzeiro EC après une année à la Lazio Rome et une autre au FC Barcelone qui n’ont pas été concluantes.

Même avec l’arrivée de Pedro Miguel Pauleta, le maintien de Gabriel Heinze et le retour de prêt de Talal El Karkouri, ce PSG ne fait pas rêver. N’oublions pas que nous perdions Ronaldinho, Pochettino et Cardetti en autres, et qu’avec eux, il y avait toujours un moment où la lumière éclairait nos sombres matchs de la saison précédente.

C’est un joueur majeur de 27 ans qui arrive au PSG, c’est un retour par la petite porte après trois échecs en Europe. Il arrive avec force et détermination car il sait que c’est sa dernière chance de réussite sur le vieux continent.

Très vite il se sent bien à Paris, il adore cette ville dont il profitera intensément. Le style de jeu de Vahid lui convient à merveille. Véloce et très bon technicien, il a aussi un très bon sens du placement, une vision du jeu et un jeu de tête très au-dessus de la moyenne. Sans s’en rendre compte le PSG recrute un joueur de classe mondiale, qui fera un bien fou à cette équipe. Les dirigeants du club ne s’en apercevront qu’après son départ.

C’est un joueur intelligent, je dirais même que c’est un type sympa et intelligent, qui sent le foot et qui sait s’adapter.

Alors que Paris comme d’habitude vivote encore dans un championnat où Lyon fatigue tout le monde à part eux-mêmes, le 4 octobre 2003, durant la neuvième journée à Sochaux, Halilhodžić se décide enfin à lancer notre ami Juan Pablo dans le grand bain de la Ligue 1. Match piège type pour Paris, contre une équipe sochalienne qui n’avait pas perdu à la maison depuis X temps. À te dégouter d’avoir signé.  Le genre de match dont on ne se souvient pas, où la critique est facile et où il est compliqué d’en sortir grandi.

Résumé du match contre Sochaux, cliquez ICI
Pedretti & Sorin PSG Virage
Premier Tango à Paris (c) Panoramic

Heureusement Pauleta marque en début de match et la défense tient le coup le reste du temps. C’est un bon début pour Sorin qui aime l’adversité, c’est lui qui s’occupe de Benoît Pedretti, qui à l’époque porte encore beau. Avec ce match il marque des points importants aux yeux du coach et du reste de l’équipe. Quinze jours plus tard c’est contre Le Mans qu’il fait son grand début au Parc, un stade où il ne foulera que seulement 11 fois la pelouse et dont il fera l’unanimité des deux Kops.

Résumé du match conte Le Mans, cliquez ICI

Le reste de la saison Sorin continuera à construire sa légende dans une équipe bâtit sur la défense, où son abnégation fera merveille. Cette saison-là, quand il joue, il tient un rôle important dans l’équipe, car il est chargé de museler la vedette d’en face, un rôle qu’il affectionne. Comme il a un coffre incroyable et une bonne technique, il devient la rampe de lancement des contres du PSG de notre Judas Fiorèse, passeur pour une autre future légende… Pauleta.

Plus la saison avance plus il se sent bien à Paris, sur le terrain et en ville. L’équipe est soudée et gagne souvent, on commence à parler du titre face à l’OL, qui pour beaucoup, est devenu encore plus détesté que le PSG. Malgré cela il n’est pas toujours titulaire et souvent l’incompréhension commence à apparaitre.

Halilhodžić ne le fait pas toujours jouer, et pourtant quand il est là, l’équipe gagne et quand il est remplacé c’est match nul. C’est une relation de cause à effet. Il n’y a que le coach qui ne le voit pas pour d’obscures raisons.

Avec lui Paris bat Marseille deux fois de suite cette année-là, dont un match incroyable au Vélodrome en 1/16ème de Coupe de France où il marque de la tête un but dont il est à l’origine dans les arrêts de jeux.

But de Juanpi contre Marseille, cliquez ICI

Son autre but avec Paris, il le marquera aussi d’une superbe tête plongeante conte Nice à Nice. Le but de la tête et les buts décisifs seront une de ses marques de fabrique, il fut souvent là au bon moment avec River Plate, Villareal et la sélection Argentine.

Juan Pablo Sorin PSG Virage
Quand tu trouves qu’il y a trop de logos sur ton maillot (c) Panoramic

Juan Pablo Sorin est un homme de conviction avec la parole libre, ce qui ne fait jamais bon ménage avec Halilhodžić. Le fait de ne pas être un titulaire incontournable aux yeux du coach, les discours trop frileux de l’entraîneur avant certains matchs, alors que pour Sorin on jouait le titre, augmente la tension entre les deux hommes. Pour Sorin la tactique défensive de Vahid contre Monaco et le nul qui en a résulté a causé la perte du titre de champion. Il est persuadé que Paris aurait pu gagner à Monaco et mettre une énorme pression sur l’OL durant la fin de la saison. Il en a fait part ouvertement au coach qui n’aime pas les critiques et la cassure fut définitive. Pour moi c’est à la 33ème journée avec la défaite à Bordeaux 3-0 que le PSG perd le titre. Un match où ce fut le bazar de bout en bout, où Paris rate deux penalties et où la défense comme l’attaque se prennent les pieds dans le tapis. Il aurait fallu un patron sur le terrain ce jour-là. Et ce match, Sorin ne l’a pas disputé.

Pour couronner le tout, Halilhodžić lui demande de ne jouer que la moitié des matchs de sélection, ce qui crée des altercations violentes avec l’entraineur. On rêve, demander à un Argentin de ne pas jouer à fond tous les matchs avec la sélection, c’est à se demander si coach Vahid n’avait pas perdu la tête ?

Son départ de Paris se fera dans la douleur. Car même après un titre de vice-champion de France au gout amer pour lui, une finale de Coupe de France gagnée laborieusement contre Châteauroux qu’il ne joua pas, alors qu’il avait participé à tous les tours du PSG avec des matchs au couteau, le PSG ne lève pas son option d’achat. Et Sorin s’en va. Un choix du club regretté jusqu’à aujourd’hui. Par contre je ne connais personne qui regrette coach Vahid à Paris.

Résumé de PSG-Châteauroux, cliquez ICI

Retour à la case Cruzeiro pour quelques semaines et cette fois-ci transfert gratuit à la plus sud-américaine des équipes européennes, Villareal, le sous-marin jaune. Là-bas il fait l’unanimité, le public d’El Madrial est conquis. Il y reste deux ans et atteint la demi-finale de la Ligue des champions. Puis direction la Bundesliga et le Hambourg SV. Il y reste aussi deux ans mais rompt son contrat à l’amiable pour cause de blessure.

En 2008 il revient au Cruzeiro où il y terminera sa carrière à 33 ans pour cause de blessures à répétition.

Pilier de l’équipe nationale d’Argentine durant de nombreuses années, il a participé au mondial de 2002 où l’équipe est éliminée au premier tour.  À la coupe du monde de 2006 c’est le boss, il y retrouve le coach José Pekerman avec qui il a gagné le mondial U20. Comme en 1995 Pekerman l’intronise capitaine de la sélection. Une Dream Team Argentine qui sera éliminée aux tirs au but par l’Allemagne, en quart de final. La malédiction Messi frappait pour la première fois.

Juan Pablo Sorin & Pedro Pauleta PSG Virage
Photo sans légende, mais deux légendes quand même (c) Panoramic

Juan Pablo Sorin a été joueur de football professionnel pendant 15 ans, comme beaucoup il est devenu chroniqueur à la radio et a sa propre émission de télé. Pour son jubilé, « Sorín Eterno » devant 62 000 personnes, entre Cruzeiro et Argentinos Juniors, il a contribué à la collecte de 90 tonnes de nourriture.  On le voit régulièrement à Paris car même en y jouant qu’un an, il s’y est fait de nombreuses attaches. Mais pour nous Sorin c’est quoi ?

C’est « Bonheur », son surnom parisien. C’est une incroyable stat, une stat qui parle comme un mojo. Sorin n’a jamais perdu avec le PSG ou avec Sorin on ne perd pas, c’est comme on veut. Ça claque ! Un truc improbable au foot, surtout à une époque où le PSG n’est pas encore cette machine de guerre Qatari qui tue la L1. Avec une stat pareille, tu ne peux devenir qu’une légende. Je pense que Sorin est un joueur tout terrain et toutes époques, ce numéro 6 qui manque au PSG de l’ère Qatari.

Sorin c’est du caractère, de la puissance, de la volonté, un mix entre hargne et vista. C’est aussi une allure et une gueule. Des énormes sourcils qui se rejoignent et des cheveux à grosses boucles qui datent de l’époque où un footballeur argentin se devait d’avoir les cheveux longs. Une gueule et une allure reconnaissables entre toutes, avec plus de talent que Sébastien Chabal, plus brut que Jean-Pierre Rives et plus intelligent que Carlos Tevez.

Juan Pablo Sorin n’était pas un mercenaire mais un véritable aventurier, car à défaut d’avoir l’amour du maillot, il le mouillait. Il n’y a qu’au PSG qu’il pouvait passer un an au club et en devenir une de ses légendes.


Arrive de : FC BARCELONE
Part pour : CRUZEIRO EC
Matchs avec le PSG & Buts : 26 – 2
Palmarès avec le PSG : Vice champion de France 2004 – Coupe de France 2004
Sélections & Buts : 76 – 12


Jean Cécé

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