Le courage avant le talent

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Depuis le cataclysme du Camp Nou, le PSG a enchaîné six succès, dont deux à l’extérieur, et surclassé en finale de Coupe de la Ligue une formation monégasque qui signe une saison de toute beauté et risque fort de rentrer dans le dernier carré de la plus relevée des compétitions de clubs. Beaucoup d’équipes se seraient totalement effondrées après une telle claque, doublée d’une terrible désillusion, puisqu’il est certain que Paris est supérieur à Barcelone cette année et que ce 6-1 surréaliste relève de l’accident industriel et ne reflète guère un quelconque écart de niveau.

On pouvait clairement imaginer le pire : lâchage complet, démotivation à tous les étages, explosion du groupe, faillite des leaders supposés, manifestations de velléités de départs dans la presse et autres fâcheuses conséquences. Or il se trouve que ce Paris humilié, martyrisé, raillé, vilipendé, encaisse admirablement le coup et obligera certainement jusqu’au bout Monaco à ne pas commettre le moindre faux pas.

Il ne faut surtout pas oublier Thiago Motta

Il convient de souligner le rôle prépondérant de certains joueurs clés qui ont permis de maintenir le navire à flot dans cette période plus que délicate (on peut même carrément parler de cauchemar éveillé). Marco Verratti a continué à jouer les meneurs de jeu reculés avec sa justesse et sa maestria habituelles mais a su faire preuve de davantage d’agressivité dans le combat et la récupération, comme en attestent ses dix ballons grattés à Angers. Blaise Matuidi, souvent injustement critiqué, a montré l’exemple par son attitude et sa détermination, tandis que Kevin Trapp, dont il faut se souvenir qu’il cirait le banc en début de saison, a sorti quelques arrêts de haute volée et s’est montré décisif dans les moments où ses partenaires courbaient l’échine et menaçaient dangereusement de rompre.

Et il ne faut surtout pas oublier Thiago Motta, un joueur que l’on a eu tendance à mettre en retrait avec l’émergence de Rabiot, mais dont l’expérience, le calme et l’assurance ont fait un bien fou au collectif ces dernières semaines. Ce n’est pas un hasard si Emery n’a pas hésité à s’appuyer sur lui à nouveau et à le faire remonter dans la hiérarchie de ses options au milieu.

Bref il s’occupe quasiment de tout

Si un homme symbolise le comportement remarquable d’une équipe blessée dans sa chair mais qui refuse de verser dans le défaitisme et la morosité, c’est bien Angel Di Maria. L’Argentin, extraordinaire lors du match aller face au Barça, aurait pu, aurait dû être le héros du huitième de finale et le grand artisan de la qualification. Au lieu de sombrer dans la dépression, il porte littéralement l’équipe sur ses épaules et ses statistiques individuelles depuis l’élimination en CL sont excellentes. Paradoxalement, alors que le club a dû douloureusement faire une croix sur ses ambitions européennes (et ne perdons pas de vue que le recrutement de Di Maria était censé faire passer un cap au club sur l’échelle continentale), Di Maria n’a peut-être jamais été aussi fort sous le maillot parisien.

Il marque et fait marquer, il élimine et crée des différences balle au pied, il débloque les situations, il rayonne et fait briller les autres, bref il s’occupe quasiment de tout en phase offensive, avec la complicité de Pastore et d’un Cavani toujours irréprochable. La réponse à la question que beaucoup semblaient se poser depuis un bail est désormais évidente : avec Di Maria, le PSG a mis la main sur un très grand joueur et un élément de classe mondiale.

L’équipe se serre les coudes dans la baston

On parle souvent dans les médias de nonchalance, de facilité, de désinvolture au sujet du PSG. On lui reproche de souvent faire preuve d’une forme de complexe de supériorité dans le cadre des compétitions hexagonales, qu’il a pris l’habitude de remporter haut la main et sans toujours forcer. Cette saison, l’équipe de la capitale est sérieusement dans le dur et pourrait perdre son titre au profit de Monaco, dont l’incroyable parcours est venu totalement changer la donne sur la scène domestique.

Dans ce contexte beaucoup moins confortable et moins propice à la confiance, l’équipe se serre les coudes dans la baston et sait mettre le bleu de chauffe et les mains dans le cambouis quand il le faut. Depuis l’arrivée des millions de QSI et des stars internationales, le club dégage une image bling-bling de nanti et de privilégié, composé d’un agrégat d’individualités surdouées presque aberrant pour le petit monde de la Ligue 1. Mais depuis la débandade historique de ce funeste 8 mars, le comportement de l’équipe et sa volonté de ne rien céder forcent l’admiration et le courage des joueurs compte autant, si ce n’est plus, que leur talent.

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