« ll n’y avait pas de plan anti-Ronaldo »

par

Quand on aime, on a toujours 20 ans. Quand on aime se faire mal aussi… Deux décennies plus tard, Virage se souvient de la finale de Coupe des coupes perdue face au FC Barcelone du jeune phénomène Ronaldo. 14 mai 1997. Stade de Feyenoord. L’Allemand Markus Merk au sifflet… 


Virage : Vincent, quels souvenirs gardez-vous de cette finale perdue 1-0 contre le FC Barcelone ?

Vincent Guerin : Un mauvais souvenir forcément, puisque nous n’avons pas réussi à l’emporter. C’est d’ailleurs la seule finale perdue de ma carrière sur les neuf que j’ai disputées. Ce match me reste vraiment en travers de la gorge parce qu’il y avait la place pour faire mieux. On avait pris la rencontre par le bon bout, sans faire de complexe d’infériorité. Il n’y avait pas de « plan anti-Ronaldo » par exemple. Ce n’était pas le genre de la maison et surtout pas de l’entraineur Ricardo.

Pep & Raí

Virage : Quelles étaient les consignes de Ricardo ?

 V.G. : Il fallait absolument faire déjouer Guardiola. L’objectif était de casser sa relation avec les autres joueurs du milieu et de l’attaque en le privant de ballon, ou en lui laissant le moins d’espace possible. Je pense qu’avec le recul, notre erreur à l’époque a été de trop nous focaliser sur le jeu du Barça. Nous n’étions pas assez libérés. Et c’est peut-être ce qui nous a perdus. On avait pourtant les armes ce soir-là.

Virage : Qu’est-ce qui a manqué au PSG ?

V.G. : L’efficacité d’abord. Et puis ce petit soupçon de réussite. Je repense à ce hors-jeu sifflé injustement à Patrice Loko en première période… Il y avait 0-0 à ce moment-là. Lancé en profondeur, Patrice avait éliminé Vitor Baia et s’était ouvert le chemin du but. On aurait sans doute pris l’avantage sur cette action et la finale aurait été toute autre.

Pep & Patrice

Virage : Vous sentiez la crainte chez les joueurs barcelonais ? Le PSG, champion d’Europe en titre, était respecté ?

V.G. : Oui. L’empreinte du PSG au niveau européen, et même international, était très forte à cette époque. Par les résultats d’abord : deux finales européennes consécutives, cinq demi-finales de suite… Et puis les clubs espagnols nous connaissaient très bien. Le PSG avait récemment éliminé le Real Madrid, le Barça, la Corogne… La crainte était dans leur camp.

Virage : Finalement, c’est Ronaldo qui a scellé le sort de cette finale avec un penalty inscrit à la 36e minute…

V.G. : C’était déjà le phénomène annoncé. Son explosivité, sa motricité, c’était du jamais vu. Après, malgré son but, Ronaldo a été assez effacé dans cette finale. C’est une petite fierté. 

El Fenomeno

Virage : C’est le joueur le plus impressionnant que vous avez affronté durant votre carrière ? 

V.G. : Dans un style un peu différent, un autre Brésilien m’a davantage marqué. Romario. Je me souviens l’avoir affronté en coupe d’Europe avec Montpellier, quand il évoluait au PSV Eindhoven avant de partir à Barcelone. Un joueur hors-norme, tout simplement. Il avait ce pouvoir de déstabiliser les défenses sur une simple accélération. Peu de joueurs avaient ses qualités naturelles de vivacité, de percussion. Un monstre.

Virage : Cette finale européenne perdue a été le symbole d’une saison très mouvementée au PSG. Comment l’avez-vous vécue de l’intérieur ?

V.G. : Très difficilement. La Coupe des coupes a d’ailleurs été une vraie bouffée d’oxygène pour les joueurs et le staff. Elle nous a permis d’oublier un peu le quotidien du championnat, ses hauts et ses bas, ou encore l’élimination face à Clermont en Coupe de France. 

Lama, Le Guen, N’Gotty, Raí (c), Cauet, Leroy, Domi, Loko, Guérin, Leonardo, Fournier

Virage : La saison 96/97 restera aussi la seule de Leonardo sous le maillot du PSG. Vous avez regretté son départ ?

V.G. : Evidemment. C’était un joueur extrêmement fin, habile, très technique, même si en coupe d’Europe, il n’a pas été vraiment à son avantage cette saison-là. Il a plus été porté par l’équipe. Son départ a quand même été un gros moins pour le club, car il n’a pas été remplacé par un joueur de son calibre. Son dernier match restera celui contre le Steaua Bucarest au Parc (NDLR : victoire 5-0 du PSG avec quatre passes décisives de Leonardo). Il était à l’apogée de son talent. 

Pep & Leo

Virage : La Coupe des coupes n’existe plus aujourd’hui. Le PSG est le seul club français à l’avoir remportée. Vous répondez quoi à ceux qui pensent que c’était une « petite Coupe d’Europe » ?

V.G.  : Qu’ils se trompent. Il suffit de regarder le palmarès : la Juventus, Barcelone, Milan, Chelsea… Des clubs encore référents aujourd’hui. Et puis gagner une coupe d’Europe, quelle qu’elle soit, c’est très difficile. Il faut se lever de bonne heure comme on dit ! (rires) Il n’y a pas de petits vainqueurs ou de coupe d’Europe au rabais. Aujourd’hui, évidemment, la Coupe des coupes ne représente plus grand chose dans l’esprit des gens, surtout avec la domination de la Ligue des Champions, qui regroupe les  trois-quatre meilleures équipes des différents championnats. Je pense d’ailleurs que le PSG de 96/97 aurait vraiment été à la hauteur dans la ligue des Champions actuelle. A mon avis très souvent en quart de finale, voire même en demi-finale… C’est une évidence.

Laisser un commentaire

Découvrez les articles de