Marco Simone PSG

Marco Simone

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L’histoire entre Marco Simone et le Paris Saint-Germain est intense. Arrivé en provenance du prestigieux Milan AC, l’attaquant italien fut accueilli comme une star dans la capitale. Sa 1ère saison (1997-1998) fut exceptionnelle.
La seconde, déjà celle du départ. Beaucoup trop tôt pour Marco Simone.

Marco, lequel de vos buts avec le PSG vous a procuré le plus d’émotions ?
Mon but marqué au Parc face à l’OM (1999). A l’époque, c’était compliqué de battre l’OM. C’était toujours des matches très chauds. La rivalité était forte et les supporters vivaient aussi le match différemment. Il y avait les virages qui se répondaient, tout cela en fait quelque chose d’unique.

Mon but contre l’OM, c’est un but technique. Ce n’est pas mon plus beau, pas le plus spectaculaire. Mais c’est le plus fort en termes de ressenti. Dans ma joie, je viens montrer le Batman que j’ai sur l’épaule, aux supporters marseillais.

Etait-ce un geste prémédité ?
C’était instinctif. Aujourd’hui, les joueurs préparent de plus en plus leurs célébrations. Moi, c’était totalement instinctif. Batman, ce tatouage, c’était mon symbole, qui m’a toujours représenté. C’était comme un geste de défi à tous les supporters de Marseille. Je voulais que tout le virage le voit. J’avais un mélange de joie, de rage. Car je savais que ce serait mon dernier PSG-OM, que j’allais partir à Monaco.

Comment étiez-vous accueilli par la suite à Marseille, au Vélodrome ?
La 1ère fois, c’était le 23 mai 1999, 3 semaines après PSG-OM. J’étais invité au jubilé de Jean-Pierre Papin, mon ancien coéquipier à Milan. C’était très compliqué pour moi. La sécurité devait me protéger. Les fois d’après, avec Monaco, c’était un peu chaud mais cela n’a jamais dégénéré. C’est le principal. Aujourd’hui quand je vais à Marseille, on me rappelle toujours ce geste, ce but.

Quelle est l’histoire de votre tatouage “Batman“ ?
A Milan, quand j’étais plus jeune, j’habitais dans un appartement au 22ème étage. Un soir, une chauve-souris est rentrée par la terrasse. J’ai essayé de la faire partir avec un bâton, de là elle m’a griffé, ou mordu je ne sais pas trop. Je suis allé à l’hôpital pour qu’ils me fassent une piqûre anti tétanos. Il me restait une trace noire, comme une tâche. Pour la cacher, j’ai décidé de faire ce tatouage chauve-souris.

Je crois que dans ma vie, j’ai une histoire spéciale avec les chauves-souris (sourires). Une fois à Monaco, dans ma maison, je vois une petite chauve-souris, un bébé chauve-souris qui était là, au pied de mon lit. Je l’ai recueillie et je l’ai emmenée chez moi à Milan, en voiture. Je l’avais mise dans une petite boite à chaussures. Elle est restée 3 jours chez moi, puis elle s’est échappée.

Il y a beaucoup de légendes sur les chauves-souris mais ce n’est pas méchant comme animal. Quand elle m’a mordu, c’était pour se défendre. C’est moi qui l’ai attaquée en premier. Les animaux ne sont pas agressifs si on les laisse tranquilles.

En 1997, vous êtes 2 Italiens à évoluer en France, ce qui est une première. 2 attaquants : vous à Paris, Fabrizio Ravanelli à Marseille.
La vérité, c’est que je suis le 1er Italien de l’histoire à venir en France (juillet 1997). Fabrizio Ravanelli arrive plus tard. On se connaissait pour avoir souvent joué l’un contre l’autre en Italie, lui avec la Juve, moi avec Milan. Nous étions des collègues, pas des amis. Même si nous avions du respect pour avoir joué ensemble avec l’Italie.

Comment vivez-vous le fait de ne pas être retenu par Cesare Maldini, pour la Coupe du Monde 1998 en France ?
Je dois être sincère. La Coupe du monde 1998 a été une grosse déception pour moi. J’avais fait des matches de qualification, j’avais fait une bonne saison avec Paris (élu meilleur joueur du Championnat de France 1997-1998). J’espérais faire partie de cette liste. Parce que c’était en France. J’aurais énormément aimé y participer. Je me disais que le public de Paris, du Stade de France pourrait soutenir un peu l’Italie (sourires).

Vous êtes l’un des tout premiers joueurs à marquer au Stade de France : le 4 avril 1998 en finale de Coupe de la Ligue, puis le 2 mai en finale de Coupe de France ?
Oui c’était la 1ère année où les finales de Coupes avaient lieu au Stade de France. On gagne nos 2 finales, face à Bordeaux aux tirs au but (2-2, 4 tab. 2) et face à Lens en Coupe de France (2-1). Deux gros matches. Mes 2 premiers trophées avec Paris.

Il y a aussi PSG – Steaua Bucarest dont je me souviendrai toute ma vie. A cause d’un problème administratif car le club avait fait jouer Laurent Fournier*, on perd 3-0 sur tapis vert. Il fallait absolument gagner 4-0 pour se qualifier. A l’époque, le Steaua était une grande équipe en Europe, ils avaient déjà gagné la Ligue des Champions. On gagne 5-0. C’était un soir extraordinaire. Le 1er grand match que je vivais avec le Paris Saint-Germain.

C’est vraiment extraordinaire de penser qu’on pouvait faire un miracle comme celui-là, et de le faire. C’était une vraie soirée de Champions League au Parc, avec l’ambiance de Champions League. Un de mes meilleurs souvenirs. Le public a été merveilleux, ça nous a donné une énergie incroyable.

Malheureusement en championnat, nous n’avons pas pu donner suite à cette soirée magnifique. En C1 non plus. Je crois qu’on finit 2ème avec la Juve et qu’on est éliminés à la différence de buts.

Votre 1er contact avec le Parc, c’est en 1995, PSG-MILAN AC en ½ finale de C1 ?
Oui, on gagne 1-0 avec un but dans les dernières minutes de Boban (89’). A San Siro, on gagne 2-0. Parfois, je me dis : « mon choix de venir à Paris, c’est une suite de pas mal de coïncidences ».

Par exemple, quelques mois après ce match, George Weah arrive à Milan. Il a vécu chez moi pendant un an. A l’époque, j’étais
célibataire et j’avais de la place pour l’héberger. Il y a tout de suite eu une grande amitié entre nous, qui existe toujours.

George Weah vous parlait-il du PSG ?
Oui, souvent. Vous savez, Paris marque tous les joueurs qui passent un jour dans ce club, dans cette ville. George a été marqué par son passage à Paris, il m’en a toujours dit du bien. Lui comme moi, on disait que Paris, le PSG méritait d’être l’un des clubs les plus importants au monde. Ce club représente la France, une ville extra ordinaire, avec beaucoup de supporters, extra ordinaires aussi. On a toujours pensé que Paris méritait plus et mieux que des résultats par ci par là. Paris mérite ce qui lui arrive aujourd’hui.

Après 8 saisons au Milan AC, dans quel état d’esprit avez-vous signé au PSG, en 1997 ?
J’ai signé mon contrat depuis Bora Bora où j’étais en vacances. Milan et Michel Denisot s’étaient mis d’accord, ils ont signé et ensuite, ils me l’ont envoyé par fax.

Avec Milan, on arrivait à la fin d’un cycle de 10 ans où on avait tout gagné. Plusieurs joueurs arrêtaient. J’ai reçu 2 offres. Le Bayern Munich et le Paris Saint-Germain. Les deux me donnaient l’opportunité de jouer la Ligue des Champions et financièrement, c’était pareil. La langue, la nourriture… Je me suis dit qu’un Italien s’adapterait mieux à la France qu’à l’Allemagne (sourires). Le PSG s’imposait de plus en plus en Europe. A Paris, il y avait tout qui m’attirait.

A l’époque, vous étiez le seul Parisien à résider dans la capitale.
Aujourd’hui, c’est devenu quelque chose de normal. A mon époque, vivre à Paris était interdit par le club. Les joueurs devaient habiter près du Camp des Loges. A Milan, j’habitais en plein centre, comme beaucoup de mes coéquipiers. Je ne voulais pas changer mes habitudes.

Je l’avais dit à Michel Denisot. Cela faisait partie des clauses dans mon contrat. Michel Denisot avait peur pour le trafic, avec les embouteillages mais pour moi c’était plus facile qu’à Milan. A Milan, je mettais 50 minutes pour aller Milanello. Pour aller à Saint-Germain, c’était plus rapide ! Je mettais 15-20 minutes.

Où habitiez-vous ?
Avenue Kleber, près de l’Etoile. Le club m’a dit de choisir mon appartement. J’ai choisi le 1er que j’ai visité. Ça m’a plu tout de suite, 300 m2, à côté de l’Arc de Triomphe. Je ne sais pas si cela a plu à Michel Denisot car c’est le club qui payait. C’était dans mon contrat. Je n’ai plus cet appartement aujourd’hui. Je vis à Monaco, mais j’aime remonter sur Paris, passer quelques jours. Paris est une ville que j’aime énormément.

Qu’aimiez-vous faire le plus à Paris ?
Tous les dimanches matins, très tôt, j’allais au marché aux Puces Porte de Saint-Ouen. J’ai toujours été impressionné chaque fois que je visitais ce marché.

En 1997-1998, 1998-1999 vous avez joué avec le “maillot Hechter“ Bleu Blanc Rouge Blanc Bleu ?
J’aime beaucoup les maillots historiques. Je préfère celui-là au jaune, vert, orange… Quand ce n’est pas les couleurs du club, ça me rend fou. Ce maillot « Hechter » est magnifique, ses couleurs sont celles du PSG. J’en ai toujours plusieurs chez moi.

Votre 1ère saison à Paris est exceptionnelle, vous êtes sacré meilleur joueur du championnat ?
Ma 1ère saison avec Paris a été la plus forte émotionnellement. Les premiers contacts avec la ville, les salariés du club, les supporters, ont été tops. Je crois que j’ai tout de suite compris la mentalité des Parisiens. Les joueurs historiques Rai, Alain Roche… m’ont bien accepté. Cela s’est tout de suite bien passé. Pour mon 1er match, je fais une passe décisive à Florian Maurice (PSG 2-0 Châteauroux). Ensuite, je marque 7 buts d’affilée. J’ai été si bien accueilli.

Le jour et la nuit avec la saison 1998-1999. Que s’est-il passé durant l’été ?
Il y a eu beaucoup de choses écrites et dites. La simple vérité est celle-ci. En 1997, j’avais signé 3 ans au PSG. A la fin de la 1ère année, j’ai eu beaucoup de sollicitations. On se réunit avec les dirigeants et avec le nouveau président Charles Biétry, on trouve un accord pour une prolongation. A la reprise, nous devions signer, et l’officialiser.

C’est tombé à l’eau. A partir du moment où le président n’a pas respecté sa parole, quelque chose s’est cassé avec lui. Je lui ai dit : « A la fin de la saison, je vais partir ». Ça a été le début de notre conflit. C’est devenu public et Charles Biétry a subi beaucoup de pressions des supporters. C’était devenu difficile pour lui de venir aux matches.

Vous savez, je ne serais pas allé à Monaco si Paris m’avait prolongé. Mon idée, à partir du moment où je quittais Milan, c’était de faire 5, 6, 7 ans avec Paris. Je suis toujours fidèle à mes clubs. Après Milan, j’aurais pu signer à la Juve. J’ai quitté l’Italie par fidélité à Milan. Je ne voulais pas quitter Paris. La chaleur que m’ont donnée les supporters parisiens était vraiment forte. Je ne voulais pas quitter ce club. Je voulais terminer ma carrière au PSG.

Cette 2ème et dernière saison a-t-elle été difficile à vivre ?
La saison était catastrophique au niveau des résultats. Chacun a sa part de responsabilité mais je crois que cela arrangeait certains de me mettre tout sur le dos. J’étais le joueur le plus médiatique, tout le monde pensait que c’était la faute de Marco Simone. En une saison, Paris a changé 2 fois de présidents (Biétry, Perpère), 3 fois d’entraîneur (Giresse, Artur Jorge, Bergeroo). On a fait partir 5 joueurs historiques (Raí, Roche, Le Guen, Fournier, Guérin). Je ne crois pas que tout était de ma faute.

On vous a aussi reproché d’avoir provoqué le départ d’Alain Giresse ?
Encore une fois, cela devait arranger beaucoup de monde de me mettre ça sur le dos. Il faut savoir que j’appréciais beaucoup Alain Giresse. C’est une personne extraordinaire, humaine et un bon entraineur pour Paris. On a dit que le club l’a viré à cause de mon penalty raté face à Lens (PSG 0-1 Lens, J8), que je l’avais fait exprès. J’ai glissé, la balle est partie au dessus de la barre. J’étais très énervé d’avoir loupé un penalty et encore plus car on perd le match.

Je pense toujours qu’on aurait pu faire de belles choses avec Alain Giresse. Le club l’a viré trop tôt (11 matches). Aujourd’hui, on se revoit il n’y a aucun problème entre nous.

Le PSG vous a-t-il recontacté, d’une façon ou d’une autre, depuis votre départ ?
Non, mais je continue à suivre de près ce qu’ils font.

Souhaiteriez-vous revenir ?
Pourquoi pas, je suis entraineur aujourd’hui, entrer dans le projet du club d’une façon ou d’une autre serait bien sûr bien pour moi.

Cet été, vous deviez entrainer la réserve du Milan AC, avant l’arrivée de nouveaux propriétaires ?
J’avais signé mon contrat de 2 ans, pour entraîner l’équipe B du Milan AC. Le 11 juillet, y a eu un changement de propriétaires. Cela a changé la donne.

Y a-t-il des joueurs que vous appréciez plus particulièrement au PSG ?
Pour moi, Edinson Cavani est le meilleur avant centre au monde aujourd’hui. Un attaquant moderne. Une vraie personnalité, très simple, grand buteur et pour moi le meilleur attaquant au monde. Et ce, depuis plusieurs années, car je le suivais déjà à Naples.

Paris reçoit Naples ce mercredi 24 octobre. Vous avez joué avec son entraîneur Carlo Ancelotti ?
Oui on a joué ensemble quelques années à Milan (1989-1992). Je l’ai eu aussi comme entraîneur la demi-saison où je suis revenu à Milan (2001-2002). C’était sa 1ère année à Milan. Je le connais très bien et je sais qu’il est très heureux de recroiser la route du PSG.

La Ryder Cup 2022 aura lieu en Italie, au Marco Simone Golf. Comment le vivez vous ?
Je suis heureux car j’adore le golf. Malheureusement ce golf privé de Rome ne m’appartient pas (sourires). J’ai rencontré le président du club, je suis invité pour la Ryder Cup et à participer au tournoi amateur qui a lieu avant le tournoi officiel. Je suis handicap entre 4 et 5.

Crédits photos (c) Panoramic / Droits Réservés / PSG


Marco Simone
Né le 7 janvier 1969 à Castellanza (Italie)
Attaquant, 1m70, 68 kg
International italien

Joueur : Côme (1986-1987, Ita), Virescit Boccaleone (1987-1988, Ita), Côme (1988-1989, Ita), Milan AC (1989-1997, Ita), PSG (1997-1999), Monaco (1999 – sept. 2001), Milan AC (sept. 2001 – 2002), Monaco (2002-2003), Nice (2003-2004), Legnano (2005-2006, Ita.)

Palmarès : Vainqueur de la Coupe Intercontinentale (1989), Vainqueur de la SuperCoupe d’Europe (1989, 1994), SuperCoupe d’Italie (1993, 1994), Finaliste de la Ligue des Champions (1995), Champion d’Italie (1992, 1993, 1994, 1996), Vainqueur de la Coupe de la Ligue (1998), Vainqueur de la Coupe de France (1998), Vainqueur du Trophée des Champions (1998), Champion de France (2000)

Meilleur buteur du Championnat d’Italie (1988), Meilleur joueur du Championnat d’Italie (1995), Meilleur joueur du Championnat de France (1998, 2000), Meilleur passeur du Championnat de France (2000)

Entraîneur : Monaco (2011-2012), Lausanne (2014-2015), Tours (2015-2016), Laval (2016-2017), Club Africain (2017)

*Le 13 août 1997, en match aller du tour préliminaire de la Ligue des Champions, le PSG s’incline 3-2 en Roumanie. Mais, pour avoir oublié de consulter un fax de l’UEFA précisant que Laurent Fournier, titulaire ce soir-là, était suspendu, le PSG est sanctionné d’une défaite “par forfait“ 3-0.

Emilie Pilet

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