Oh! mon Ultra…

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Les Ultras des stades de football sont régulièrement au cœur de l’actualité, bien trop souvent malgré eux. Tout le monde en parle, commente leurs faits et gestes, certains les admirent et les respectent, beaucoup les craignent, d’autres les jugent, et les condamnent, mais finalement très peu les connaissent réellement.

Les Ultras sont violents. Les Ultras sont racistes. Les Ultras sont homophobes. Les Ultras sont des fanatiques écervelés. Les Ultras sont des analphabètes qui finissent toutes leurs phrases par « enculé ». Les Ultras sont des pseudo-supporters. Les Ultras sont des barbares. Les Ultras sont des animaux. Les Ultras ont surtout bon dos pour endosser la responsabilité de tous les fléaux des stades et masquer les incompétences de ceux qui sont censés en assurer la sécurité, sans chercher à comprendre qu’un stade de football est le plus simple reflet de notre société.

La critique est facile. Le jugement est évident. La condamnation est définitive. La connaissance ? Elle est primaire ! Demandez la définition d’un Ultra aux journalistes spécialisés, aux dirigeants de clubs, aux politiques décisionnaires, aux simples spectateurs des stades, très peu seront capables de vous répondre, bien qu’ils le feront tous, sans connaître le sujet. Le football fait l’unanimité dans le sens où tout le monde donne son avis. 30 millions d’amis et 60 millions de sélectionneurs. Très peu en sont pourtant des spécialistes.

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Les Ultras font partie intégrante du football, ils n’échappent donc pas à la critique et à l’aveuglement de la foule des bien-pensants manipulée par les mass-médias et les décideurs intéressés. Sans autre forme de procès, les Ultras sont bien trop souvent livrés à la vindicte populaire. Ils ne sont certes pas toujours blancs, commettent parfois des fautes, et il arrive qu’ils soient sujets à des débordements inacceptables, mais cela ne signifie pas qu’ils sont toujours coupables dès qu’il y a un problème dans un stade, ou en dehors.

Fermons-nous l’Assemblée Nationale lorsque certains politiciens
sont mis en examen ?

Les Ultras sont des hooligans, entend-on ici ou là, érigé comme une vérité par des incultes qui se veulent érudits. Et bien non, ne leur en déplaise ! Si tel était le cas, on les appellerait justement des hooligans. Hors bizarrement, on les appelle des Ultras. Si ma tante en avait, … vous connaissez la chute.

Pour vous la faire courte et simple, un hooligan place la violence comme principe premier de son activité de supporter. Son objectif n’est pas de soutenir son équipe favorite et de la pousser vers la victoire, mais de se battre avec des hooligans adverses pour gagner le combat de la rue. La priorité des Ultras est de gagner le match festif des tribunes, avec des animations visuelles toujours plus élaborées, des chants toujours plus forts, un dévouement toujours plus important. Un adage répandu dans le milieu est qu’un Ultra n’utilise la violence que pour se défendre d’une éventuelle attaque, par exemple d’une agression d’hooligans. Se défendre d’une attaque est une réaction et un comportement totalement humain, vous en conviendrez certainement.

Il se peut que certains Ultras deviennent agressifs et placent la violence au cœur de leur action de supporterisme. Dans ce cas ils dépassent la frontière Ultra et deviennent des hooligans. C’est alors à la Police et à la Justice de faire son travail en arrêtant et jugeant ces personnes devenues des délinquants. Ce n’est toutefois pas une raison suffisante pour stigmatiser et interdire tous les Ultras. Interdit-on les voitures quand certains chauffeurs deviennent des chauffards ? Fermons-nous l’Assemblée Nationale lorsque certains politiciens sont mis en examen ?

(c) Guillaume Warth
(c) Guillaume Warth

 

La seule culpabilité avérée de l’Ultra est d’être extrême, d’où son appellation d’Ultra. Cela ne signifie pas extrêmement violent, ou extrêmement dangereux ! Cela signifie qu’il supporte son équipe de façon extrême par rapport à un supporter « lambda » qui reste assis pendant tout le match et applaudit son équipe sur les belles actions ou siffle une passe ratée. Le supporter « lambda » aime tout autant son équipe que l’Ultra, parfois même plus, mais il ne l’encourage pas de façon active, il est spectateur du match. Le supporter « lambda » réagit au spectacle du terrain alors que l’Ultra se veut un acteur à part entière de la rencontre sportive. Il souhaite de par son comportement de supporter influer sur le déroulement de la partie et contribuer au spectacle. Il agit en tribune pour transcender ses joueurs, les amener vers l’excellence. Il les soutient dans les moments les plus difficiles et est un support lorsque le résultat n’est pas acquis d’avance.

L’accusé Ultra n’a pas besoin de se lever,
il regarde déjà tous les matchs debout

L’Ultra est extrême dans ses actions pour supporter son équipe. L’accusé Ultra n’a pas besoin de se lever, il regarde déjà tous les matchs debout, alors que les autres spectateurs sont cloués au siège qu’on leur a attitré. Il organise des animations en tribune, à renfort de drapeaux, tendus d’écharpes et autres « spectacles » visuels communément appelés « tifo ». Ils chantent au rythme des tambours, les chants étant lancés à l’aide de micros et de mégaphones, avant, pendant et après le match, soutenant leur équipe peu importe le résultat, dans la victoire ou la défaite, la seule condition étant que les joueurs mouillent le maillot.

Les Ultras peuvent devenir contestataires par des banderoles ou des chants hostiles si ils estiment que l’identité de leur club n’est pas respectée. Leur cible peut être leur propre équipe si les joueurs ne jouent pas à leur niveau supposé et que les résultats sont décevants. Les Ultras se veulent les ultimes défenseurs de l’identité de leur club. Ainsi, leur contestation peut aussi être dirigée contre les dirigeants du club si ils estiment qu’ils ne respectent pas ses fondements identitaires, comme le choix d’une nouvelle couleur du maillot, ou lorsqu’un changement ou une nouvelle dénomination de stade ou de tribunes est annoncée.

Régulièrement, les Ultras parisiens entonnent un « Paris c’est nous », comme pour mieux s’en persuader, mais pour rappeler aux joueurs et dirigeants qu’ils ne sont que de passage, alors qu’eux, supporters, ils seront toujours là. Bien sûr, les Ultras parisiens ne sont pas le Paris SG, mais ils en sont indéniablement une partie de son histoire et de son identité, tout comme les dirigeants, les joueurs, le Parc des Princes et l’ensemble des supporters lambdas. Renier ses Ultras, c’est renier une partie de son histoire et de son identité. Les Ultras, eux, en sont les garants.

(c) Guillaume Warth
(c) Guillaume Warth

 

Les Ultras sont extrêmes dans leurs déplacements. Ils n’hésitent pas à faire des centaines ou des milliers de kilomètres chaque week-end et en semaine pour aller encourager leur équipe là où elle joue, en France et en Europe. Leur credo est simple, ils suivent leur équipe partout, tout le temps, peu importe l’adversaire et l’intérêt du match. Certains Ultras tentent de réaliser le « Grand chelem », autrement dit assister à tous les matchs de leur équipe dans une saison, à domicile comme à l’extérieur, prêts à tous les sacrifices économiques, familiaux et professionnels… Etre Ultra ce n’est pas adopté une vie à la mode, c’est en faire son mode de vie.

Comme tout supporter, l’Ultra vit d’abord sa passion pour lui-même, à titre individuel. Ses émotions sont bien sûr égoïstes, mais une de ses principales caractéristiques c’est qu’il ne les vit pas seul. Il les partage avec les autres. Il vit sa passion pour lui mais aussi pour ses camarades, à titre de groupe. L’Ultra la joue collectif. Normal, me direz-vous, pour un fan de football ! Parce que vous croyez que les joueurs, eux, la jouent collectif ? Romantiques que vous êtes…

Ultra, une école de la vie !

Les Ultras ne sont pas d’obscurs groupuscules underground, ils sont organisés sous la forme d’association loi 1901 dont les statuts sont déposés en Préfecture. Ces groupes officiellement reconnus sont statutairement apolitiques. Bien sûr, un groupe apolitique ne signifie pas qu’individuellement ses membres n’ont pas une sensibilité politique, mais il n’est pas dans l’objectif de ces groupes et de leurs adhérents de développer des propagandes politiciennes extrémistes ou d’étendre des idéologies nauséabondes. Si de telles dérives sont repérées, il ne tient qu’à la justice d’appliquer des sanctions proportionnées. Les stades actuels étant de véritables bunkers truffés de micro et de caméra, la moindre incartade est immédiatement identifiée…

Ces associations Ultras imposent des codes que chaque membre doit accepter et appliquer. Il s’agit essentiellement du respect des anciens et de la hiérarchie interne au groupe. De nombreuses tâches quotidiennes ou hebdomadaires sont indispensables au bon fonctionnement de l’association et à l’activité de supporterisme. Pour y répondre ces groupes sont organisés en cellule de travail, chaque membre désirant être actif se voyant attribuer des fonctions précises. Comme dans toute méritocratie, celui qui fait ses preuves et justifie de son dévouement se voit attribuer des tâches plus importantes.

Le respect de l’association et des autres membres est érigé en priorité. On n’est pas un Ultra parce qu’on l’a décidé un matin en se levant ou un soir en arrivant au stade. On est un Ultra parce qu’on a fait preuve de son engagement dans la vie quotidienne de l’association et dans la façon de supporter son équipe. De par ces systèmes organisationnels, les groupes Ultras peuvent être très formateurs et structurant pour les plus jeunes ou les plus désorientés… Ultra, une école de la vie !

Les groupes Ultras sont indépendants, dans le sens où ils refusent tout financement extérieur et tout contrôle dans leur prise de décision. Un groupe Ultra qui se respecte s’autofinance intégralement, en grande partie par la cotisation de ses adhérents et dans la vente de ses propres produits dérivés. Il organise ses propres déplacements sans dépendre du club, ce qui ne veut pas dire qu’il ne coopère pas avec les autorités.

(c) Guillaume Warth
(c) Guillaume Warth

 

Les Ultras suivent des codes vestimentaires ciblés sur quelques marques bien précises qui leur permettent de se reconnaitre facilement même disséminés dans la foule des stades ou dans leur vie quotidienne. Ils portent également leur propre matos, dont la plus emblématique est bien sûr l’écharpe du groupe. Ainsi, vous ne verrez jamais un Ultra arborer en tribune un maillot ou une écharpe de son club, mais uniquement celui de son association.

Les premiers défenseurs et le plus bel exemple d’un football populaire

L’Ultra est incollable en géographie et il a de bonnes connaissances en histoire, excellentes même lorsqu’il s’agit de celle de son club préféré ou du football en général. Pourtant l’Ultra a pour habitude de sécher les cours ou de poser des RTT pour suivre son équipe. On peut dire qu’il a indéniablement le sens des priorités. Malgré la pensée dominante, tous les Ultras ne sont pas chômeurs. Les plus jeunes sont étudiants, certains même encore lycéens. Les autres sont chauffeurs de bus, avocats, banquiers, journalistes, sapeurs-pompiers, chanteurs, restaurateurs, professeurs, poissonniers, chauffeur-livreurs, contrôleurs de gestion, responsables marketing, comédiens, gérants de boutique, créateurs de PME, directeurs de centre-aérés, humoristes, moniteur d’auto-école, barmen, facteurs, chefs de rayon, parmi des centaines d’autres métiers…

Les Ultras sont les premiers défenseurs et le plus bel exemple d’un football populaire. Toujours localisés dans les tribunes les plus populaires du stade, en général derrière les buts, ils en défendent fermement l’accessibilité pour tous, convaincant les clubs à appliquer des tarifs abordables. Les groupes Ultras sont une des rares composantes de notre société où se côtoient et se mélangent des personnes de tout horizon social-économique, le tout en partageant un objectif commun, le soutien à une équipe de football.

A votre bon cœur messieurs dames, les Ultras sont aussi solidaires. Entre eux, à l’intérieur de leur groupe, mais pas seulement. Ils organisent régulièrement en tribune des collectes d’argent pour lutter contre des maladies comme la mucoviscidose, des collectes de denrées alimentaires pour les Restos du Coeur, des collectes de jouets pour des enfants hospitalisés… et ils n’hésitent pas à participer bénévolement à des opérations hors stade, comme des tournois de football solidaires ou d’autres actions sociales. Il fut un temps où des Ultras parisiens encadraient bénévolement le mercredi après-midi des jeunes de la Fondation PSG dans des ateliers football organisés sur la pelouse du Parc des Princes. Le dialogue et la coopération valent toujours mieux que la répression, surtout quand le message est adressé à notre jeunesse…

Les Ultras ont un défaut, c’est vrai, ils se considèrent comme de « vrais » supporters… ce qui implique donc une opposition avec ce qu’on pourrait qualifier de « faux » supporters. Les Ultras estiment qu’un vrai supporter doit pousser son équipe vers la victoire, qu’il doit chanter pour motiver ses joueurs, qu’il ne doit pas siffler à tort et à travers, qu’il doit suivre son équipe même lorsque les résultats ne sont pas bons, qu’il ne doit pas vouer un culte marketing aux joueur et au club, qu’il ne doit pas se déguiser et se peinturlurer pour venir au stade, qu’il ne doit supporter qu’une seule équipe et lui jurer fidélité… Et certains supporters lambdas ont tendance à ne pas suivre ces règles du bon supporter. C’est alors que les Ultras rentrent dans le jeu de la stigmatisation et du rejet envers ces fans qui ne leur ressemblent pas et qu’ils traitent communément de Footix, du nom de la mascotte de la Coupe du Monde 1998. Si la guerre des stades opposent les Ultras et les Footix, je vous rassure, le football a encore de beaux jours festifs devant lui !

(c) Guillaume Warth
(c) Guillaume Warth

 

Au stade, les Ultras se réunissent derrière une bâche qu’ils posent fièrement en tribune, comme pour s’approprier une partie de territoire et derrière laquelle les Footix ne sont pas les bienvenus ! Sur ces bâches sont affichés ostensiblement le nom de leur association ainsi que leur logo, une sorte de carte d’identité du groupe lui permettant d’être reconnue dans son adversité avec les autres groupes Ultras, ceux supportant la même équipe ou ceux des clubs adverses.

Comme énoncé précédemment, le premier objectif d’un groupe Ultra est de soutenir son équipe et de l’emmener vers la victoire. Son second objectif est de gagner le match des gradins, d’être celui qui soutiendra le mieux son équipe et de bien figurer dans un classement virtuel des tribunes, petit jeu informel du mouvement Ultra qui noircit des milliers de pages sur les réseaux sociaux et alimentent des centaines de débats sur les forums spécialisés. Lorsque son équipe n’est pas au niveau sportif espéré, les Ultras se consolent en remportant le match des tifos et des décibels.

Les Ultras sont les
meilleurs ennemis du monde

Et parfois l’extrême dérape, oui c’est possible. Le dérapage est humain, surtout quand il est mal contrôlé, ou qu’on le laisse (délibérément ?) franchir les limites. La rivalité entre groupe Ultras parfois trop exacerbée peut pousser certains à quelques débordements. Le nier serait mentir. Mais l’énoncer comme un objectif et une part intégrante de ces groupes est une erreur. Jérôme Reijasse, dans son excellent livre intitulé « Parc, Tribune K – Bleu Bas », dans lequel il raconte admirablement sa vie de fan inconditionnel du PSG pendant la chaotique saison 2007 – 2008, lui qui a côtoyé pendant plusieurs décennies les Ultras parisiens sans en être un lui même, simple supporter observateur, mais aussi avisé que passionné, a cette phrase qui résume parfaitement la rivalité de ces groupes : « Les Ultras sont les meilleurs ennemis du monde ».

Il a tout compris JR ! Les Ultras s’opposent en tribune, certains groupes se détestent, d’autres sont amis, mais tous sont identiques, si ce n’est dans l’équipe qu’ils soutiennent, en tout cas dans l’état d’esprit qu’ils partagent et la passion qui les anime. Peu importe les couleurs défendues, la manière est la même. Si certains dévient, s’éloignent des codes usuels, c’est qu’ils perdent une partie de la mentalité Ultra. Si cette déviance devient hors la loi, elle doit alors être punie par la Justice comme il se doit. A cet effet, la Police française a été bien trop longtemps laxiste, avant de tomber dans la répression aveugle et outrancière.

Pourtant, des politiques développées par certains de nos voisins européens ont fait leur preuve en se basant sur des méthodes d’accompagnement des supporters axées sur un dialogue avec les associations et un travail d’insertion et de suivi des potentiels fans déviants. Au lieu de confondre Ultra et hooligan en jetant dans le même panier carcéral les uns et les autres, ces méthodes permettent de lutter contre les seconds en renforçant la légitimité des premiers…

(c) Guillaume Warth
(c) Guillaume Warth

 

Si de telles méthodes ne sont pas appliquées en France, outre la méconnaissance totale du milieu par ceux qui sont censés l’encadrer et le légiférer, ce qui est très dommageable vous l’admettrez, d’autres raisons plus sournoises peuvent être avancées. Prenons en exemple les fumigènes et autres engins pyrotechniques. Il s’agit là d’une des rares déviances assumées des Ultras. Le fumigène ou le pot de fumée font partie intégrante du folklore de ces groupes, servant lors des animations d’avant match ou pour célébrer un but. L’utilisation de fumigènes est interdite par la loi pour des raisons de sécurité, une brûlure suite à une mauvaise manipulation étant vite arrivée. De plus, la fumée dégagée peut altérer la vision des spectateurs et des téléspectateurs pendant quelques minutes. Les Ultras ont demandé aux autorités d’alléger l’interdiction totale des fumigènes et d’accepter une certaine utilisation limitée, dans un cadre strictement festif et en coopération avec les clubs et les sapeurs-pompiers pour annihiler tout risque inhérent à leur manipulation.

Leur proposition est d’interdire le craquage anarchique et systématique, mais de tolérer une utilisation encadrée et exceptionnelle, pour les plus grands matchs par exemple, ou des événements spéciaux. Vous vous doutez que la réponse des autorités a été négative, point de tolérance et de dialogue. Il faut bien comprendre que cette interdiction des fumigènes est entachée de beaucoup d’hypocrisie… Lorsque des supporters craquent des torches dans un stade, le club en question doit alors payer une amende à la Ligue de Football. Les pyromanes qui se font alors arrêtés par la Police, en plus de payer une amende, sont immédiatement interdits de stade et viennent gonfler les chiffres de la lutte contre le hooliganisme. La prévention et l’encadrement font rarement bon ménage avec les statistiques de la répression…

L’ambiance provient des Ultras,
et de personne d’autre

Il est très rare que des fumigènes soient utilisés comme projectiles volontairement balancés sur la pelouse ou jetés vers les supporters adverses. Il s’agit pourtant des seules utilisations exceptionnelles dont le caractère dangereux et déviant devrait être qualifié de hooliganisme. En attendant qu’un dialogue s’instaure, les Ultras continuent de craquer de façon sporadique, acceptant non sans une certaine provocation les règles du jeu du chat et de la souris… le vainqueur étant rarement la souris !

L’ambiance et le folklore dans les tribunes, le soutien à l’équipe, les chants festifs sont demandés et loués par les médias, les diffuseurs, les organisateurs des compétitions, les dirigeants des clubs, les supporters « lambdas », les spectateurs d’un soir, les joueurs eux-mêmes… Qui met cette ambiance dans le stade ? Certainement pas les VIP en loges, les familles regroupées dans la tribune Enfant, les touristes de passage, les supporters « lambdas », les salariés du club à qui l’on demande d’improviser des animations dont la passion s’évalue aux retombées marketing et commerciales… la réponse est évidente et sans contestation possible, l’ambiance provient des Ultras, et de personne d’autre…

Vous l’aurez compris, l’Ultra est un passionné. Vivre sa passion n’a jamais été un délit. Sinon enfermez-moi !

Les Ultras font partie de l’histoire du football et ils en sont une sous-culture à part entière. Une culture méconnue, donc fatalement crainte, mais qui n’a rien de déviante tant qu’elle reste encadrée et dans des limites festives. Les Ultras respectent des règles non écrites mais inhérentes à leur mouvement, ce qui les rend souvent inflexibles, mais toute culture est faite pour évoluer. Un principe restera toutefois un fondement immuable: être un Ultra est un état d’esprit, une mentalité, la fameuse Mentalita Ultra. Cela ne s’achète pas.

(c) Guillaume Warth
(c) Guillaume Warth

 

Ultra rime avec Liberté et Fidélité, des concepts qui ont de plus en plus de mal à faire surface dans notre société. Les Ultras sont indépendants, populaires, contestataires et engagés, autant de notions qui devraient imposer le respect mais qui sont les causes de leur perte. La France a peur de ses Ultras. Elle les vilipende et les juge au même titre que des apprentis terroristes. Elle les fiche, annihile leur liberté et les condamnent sans discernement.

L’âme des Ultras parisiens hantent et hantera toujours le Parc des Princes

Qu’ils soient actifs dans leur Virage, comme ce fut le cas pendant plus de 20 ans jusqu’à un certain soir de 2010, qu’ils soient maintenant disséminés dans les différentes tribunes du Parc, devenus silencieux et simples spectateurs comme le sont certains anciens depuis ce fameux soir de 2010, ou enfin qu’on refuse l’accès en tribune à ceux qui souhaitent faire perdurer l’incroyable histoire de la Tifoseria parisienne, il est primordial de comprendre que l’âme des Ultras parisiens hantent et hantera toujours le Parc des Princes.
Espérons que dans les mois à venir ce soit leurs chants qui résonnent de nouveau dans ses deux Virages mythiques.

Parmi ces chants, certains sont révélateurs de leur mentalité et résument parfaitement leur état d’esprit, si loin des stéréotypes. Comme quoi, pour connaitre les Ultras, le mieux reste encore de les écouter. Pour cela, nous sommes d’accord, faut-il encore qu’on les laisse chanter…

« Allez Paris, où tu es, nous sommes là, tu ne seras jamais seul, car nous deux, c’est pour la vie »
« Nous sommes les Ultras de la capitale, et notre ferveur est inébranlable »
« Paris Saint-Germain, tout le Virage avec toi »
« Debout sur la tribune, tous ensemble on va chanter, c’est ce soir tous unis, que le Virage va crier, PSG allez, PSG allez, oh oh oh oh oh »
« Ensemble nous sommes invincibles, unis par la même passion, de notre Virage terrible, s’élèvent en chœur nos chansons, oh Rouge et Bleu Allez »
« Nous sommes les Parisiens, et nous chantons en chœur, nous sommes les Parisiens, fidèles à nos couleurs »
« Et on supporte Paris, seulement Paris SG, dans le malheur ou dans la gloire, fidèles à nos couleurs »
« Nous supporters, on sera toujours là »…

Les illustrations de cet article ont été reproduites avec l'aimable autorisation de Guillaume Warth, auteur de "Supporters" (Edité par Des Ronds dans l'O et toujours disponible)
Les illustrations de cet article ont été reproduites avec l’aimable autorisation de Guillaume Warth, auteur de « Supporters » (Edité par Des Ronds dans l’O et toujours disponible)

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