Paname Rebirth

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Les habitués du Parc des Princes s’en sont sans doute rendu compte. Il se repasse quelque-chose dans la tribune Boulogne. De jeunes groupes s’y sont installés et parmi eux les PANAME REBIRTH. On était donc curieux de pouvoir discuter avec eux pour mieux les connaitre, et découvrir leur ambition première :
faire renaitre l’ambiance dans le KOB. Vaste mission.


Commençons par les présentations ?

B : Je suis Brascouille, leader du groupe. Je suis aussi président de l’association. J’ai 28 ans.

G : Je suis Gaucho, responsable de toute la communication du groupe. Je m’occupe aussi de l’entente entre les membres de l’asso. J’ai 22 ans.

Comment êtes vous devenu chacun supporter du PSG ?

B : Je suis supporter de Paris depuis que j’ai 6 ans, depuis 1996. Je suis venu au Parc pour la première fois à 13 ans avec mon grand frère en tribune Paris. Mon deuxième match c’était à Boulogne à 14 ans. J’y suis resté jusqu’à la fin du KOB. Je n’étais pas carté mais je connaissais déjà bien la tribune Boulogne. L’ambiance, le stade, la ferveur à Boulogne me fascinaient.

G : C’était lors d’un PSG-Strasbourg en 2005 avec un but de Kalou. C’est mon oncle qui m’avait offert la place pour mon anniversaire. J’ai passé le match à regarder les tribunes qui bougeaient. Après ça, à chaque anniversaire je demandais des places pour aller voir le PSG. Au fur et à mesure j’ai commencé à y aller tout seul. C’est né comme ça.

Récapitualitif du match PSG-Strasbourg de 2005, cliquez ICI

Connaissiez vous l’histoire de la tribune Boulogne avant d’y rentrer avec le groupe ?

B : Oui par des amis de mon père qui y étaient. Ils étaient cartés chez les Boys. Pas moi car je n’ai jamais voulu intégrer un groupe à l’époque.

G : J’ai commencé à suivre l’histoire des tribunes parisiennes dans les années 2007-2008. J’ai appris pas mal de choses en discutant avec des anciens de Boulogne ou d’Auteuil. Aujourd’hui, on incite tous nos membres à se cultiver sur l’histoire des tribunes au Parc des Princes.

Qu’est ce qui a déclenché cette envie de monter un groupe à Boulogne ?

B : J’ai emmené ma fille voir un match de Coupe en février 2018. Je n’étais pas revenu depuis le boycott de 2010. Mais je voulais faire découvrir cette passion à ma fille de 6 ans. Quand j’ai vu l’ambiance qu’il y avait à Boulogne, ça m’a fait mal. Je ne suis jamais resté assis de ma vie dans ce virage-là. Je me suis dis que si je devais me ré-abonner, je ferai tout pour remettre de l’ambiance dans cette tribune. Alors quand j’ai décidé de revenir, j’ai contacté le Block Parisii (ndlr : autre groupe émergeant dans la partie haute de la tribune Boulogne) pour savoir comment arriver avec d’autres personnes en Boulogne Rouge et relayer les chants. Il n’y a pas eu vraiment d’entente au début car chacun faisait son délire, mais de notre côté ça a pris de l’ampleur. Il a fallu donner un nom au groupe, puis se considérer vraiment comme un groupe de supporters. Mais on ne se considère pas comme un groupe Ultra car on est encore jeune. Je pense qu’il faut avoir plus d’expérience avant de se considérer comme Ultra.

G : Je suis arrivé à l’époque où ils n’étaient que 6. 30 jours après la création. Après discussion j’ai intégré l’association qui n’était pas encore déposée. Puis le groupe a grandi, on a reçu des messages positifs, on a voulu faire évoluer le groupe dans le bon sens.

Paname Rebirth Virage PSG

Vous étiez conscient de la difficulté de la tache qui vous attendait ?

B : Je pars du principe que si le CUP a réussi à revenir à Auteuil, on peut réussir à faire revenir quelque-chose à Boulogne. Pourquoi d’un côté et pas de l’autre ? Peu importe le temps que ça prendra, même si on est pas reconnu aujourd’hui, on sera toujours là et on ne lâchera rien.

Pour construire l’avenir il faut avoir conscience des erreurs du passé entre Boulogne et Auteuil. Comment vous positionnez-vous là dessus ?

B : On travaille beaucoup sur la communication avec Auteuil et les mecs des autres tribunes. On veut bien montrer que nous sommes apolitiques, même si les Boulogne Boys étaient en soit apolitiques. Mais il y a eu des amalgames. J’ai vécu dans cette tribune un petit bout de temps et je n’ai personnellement jamais fréquenté de gens chelous. Boulogne n’est pas et n’était pas obligatoirement synonyme de facho. Y a 150 mecs qui ont foutu la merde à l’époque. Aujourd’hui encore on le subit. Quand on dit qu’on vient de Boulogne, on nous traite de facho. Il ne s’agit pas des leaders d’Auteuil, car ils savent de quoi on parle. Il s’agit de mecs de 16 ans, qui n’y connaissent rien et qui font qu’il y a encore cet amalgame. L’étiquette est toujours là et c’est assez pesant. Les gens ne cherchent pas plus loin. C’est comme les amalgames avec les religions. Le mec est à Boulogne, alors c’est un facho…Y a un mec qui s’appelle Ibrahima dans notre groupe, il est sénégalais, comment tu peux le traiter de facho ? Il suffit de regarder les couleurs chez nous. C’est un melting-pot. Moi-même je suis réunionnais.

Quelle est la philosophie de votre groupe ?

B : Nous, c’est famille. On est tous frères. Si le copain tombe, on est là pour le relever. Un mec de notre groupe a sorti cette phrase-là « Chante pour moi, je chante pour toi ». C’est ça. Quelqu’un qui arrive chez nous va apprendre à connaître tout le groupe. En tant que leader, je connais tous les membres. Je connais leur prénom, toute leur vie, je passe énormément de temps à travailler sur la relation entre membres. Sur le fait de leur inculquer nos valeurs, nos principes… À commencer par le fait qu’on est apolitiques.

G : L’idée ce n’est pas d’avoir 2000 membres. C’est de fonder une famille. Une belle entente. En dehors du Parc on peut se retrouver pour faire des choses ensemble.

Comment est structuré votre groupe aujourd’hui ?

B : On a créé le groupe en octobre 2018, l’association a été déposée en avril 2019. On a attendu d’avoir un noyau solide. Je suis président, Bab est vice président, Gaucho s’occupe de la com, Mulan s’occupe de tout ce qui est déplacement, du site internet… Il en fait beaucoup.

Ça vous prend beaucoup de temps ?

B : Moi, c’est 7 jours sur 7, H24. J’ai repris le taf, j’ai deux enfants à la maison, dont une de une an et demi, et je vais en avoir une troisième au mois de janvier… Mais peu importe, je trouve le temps. Mon bureau peut le dire : je suis casse-couille avec eux. Si je trouve le temps, ils peuvent trouver le temps. Si on a l’envie on peut aller très loin.

Paname Rebirth Virage PSG

Vous avez combien de membres aujourd’hui ?

B : Actuellement environ 70. Et une trentaine en attente de traitement.

G : On attend de voir si ils sont dans la même optique que nous.

B : On veut savoir si ce sont des mecs qui viennent pour un match ou pour avancer avec le groupe. Voir aussi leur mentalité. Si ils respectent les consignes, car on a une charte assez stricte.

En déplacement vous arrivez à faire venir combien de personnes ?

B : Une quinzaine. Pour Montpellier on y va à 20, pour Saint Etienne, on est 25-30. On préfère se structurer avant de partir faire de gros déplacements. Pour grandir petit à petit.

Y a-t-il des anciens membres du KOB dans votre groupe ?

B : Il y en a quelques-uns. La moyenne d’âge du groupe est de 30 ans. Le plus jeune a 16 ans. C’est le seul mineur, mais il est là depuis la création… On ne pouvait pas le lâcher en cours de route (rires).

Avez-vous eu des échanges avec des anciens de Boulogne ?

B : Oui. Certains considèrent que la tribune ne devrait appartenir qu’à eux et à personne d’autres. Mais il y a aussi des anciens qui sont favorables à notre action. Il y a beaucoup de retours positifs.

G : Depuis 8 mois, tous les retours sont positifs. Quand on discute avec d’anciens Boys, ils nous donnent des conseils pour mieux nous développer.

B : Certains nous disent que notre mentalité ressemble à celle du passé. Non pas dans la facette sombre qui appartenait à une partie de cette tribune, mais dans la façon de gérer notre groupe : toujours chanter, ne jamais s’arrêter, toujours être présent même si on est que cinq.

Vous aimeriez inviter des anciens capos des Boulogne Boys 85 à venir capoter dans votre bloc un jour ?

B : Ce serait avec plaisir. Et puis, si un jour un ancien grand leader me dit « fais-ci, fais-ça », je ne peux pas lui dire non. C’est comme un devoir, une question de respect. Ils étaient chez eux avant que je ne sois chez moi à Boulogne.

G : C’est dans la logique des choses. Dans cette tribune, il y avait une ambiance, des mecs qu’on respecte beaucoup aujourd’hui encore.

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Vous vous sentez plus proches d’une culture italienne ou anglaise dans la façon de supporter ?

B : Plus italien, voire allemand. L’aspect visuel est imposant chez eux. Que ce soit dans la gestuelle ou dans leurs chants. C’est carré, structuré. Il n’y pas de décalage.

Il existe un chant des Paname Rebirth ?

B : Oui mais pas en tribune car ce n’est pas nous qui lançons les chants. On l’a lancé pour nos un an devant le Parc pendant un cortège. On l’aime bien, c’est notre chant. Mais c’est plus un chant pour les trajets lors de nos déplacements. Pas pour être chanté en tribune.

Quelles sont vos relations avec les deux autres groupes présents dans Boulogne (Ndlr : Block Parisii et Résistance Parisienne) ?

B : Pour le moment le club nous a regroupés au même endroit en tribune, en 327-328. On a une bonne entente, sans plus. Chacun a sa façon de gérer son groupe. Il faudrait plus travailler main dans la main pour le bien de la tribune.

Aimeriez vous réunir les 3 groupes de Boulogne côte à côte comme les Boys, Rangers et Gavroches de l’époque, pour ne faire qu’une seule ligne en Boulogne Bleu ?

B : J’en ai déjà parlé avec la direction du club. Pour l’instant ils ne veulent pas en entendre parler. En tout cas vu l’évolution des 3 groupes, ce serait mieux si on pouvait avoir cette configuration. On vise la mi-saison comme timing pour obtenir gain de cause.

Aujourd’hui il n’y a que le Block Parisii qui a droit à son matos ?

B : Oui, méga, tambours et drapeaux.

Qu’est-ce qui vous reste à accomplir pour convaincre le club ?

B : Aujourd’hui on prouve qu’on ne pose aucun problème à personne, que ce soit en déplacement, au Parc ou autour du Parc. On leur montre que notre groupe est structuré. De toute façon, le meilleur moyen de les convaincre c’est d’arriver en masse sans créer de problème, que ce soit le Block ou nous. Qu’on soit assez nombreux pour qu’une solution soit trouvée.

G : On peut d’ailleurs parler de ce qu’on souhaite mettre en place pour l’association Cécifoot. On aimerait emmener au Parc des mal-voyants, afin qu’ils puissent partager cette ambiance avec nous. (Ndlr : Le Cécifoot est est un handisport pratiqué par des athlètes déficients visuels.)

B : Yvan Wouandji, joueur professionnel de Cécifoot est un ami. Je lui ai toujours promis de l’aider, avant même de monter le groupe. Ce qu’ils font sur un terrain sans rien voir, c’est incroyable…

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Quelles sont vos relations avec le CUP ?

B : On s’est présenté à eux lors du déplacement à Lyon car avant ça le groupe était trop jeune et il n’y avait encore rien de sûr. On a rencontré Romain Mabille leur préisdent. On a fait notre premier déplacement sans nos couleurs pour respecter les codes ultras. Lors du deuxième déplacement à Brest, on nous a autorisés à sortir nos écharpes, c’était un pas en avant. Les relations sont amicales et respectueuses.

Pensez-vous qu’ils soient réceptifs à l’idée d’un retour d’ambiance à Boulogne ?

B : La plupart oui. Ils nous disent que ce qu’ils voient en face change de match en match. C’est mieux d’avoir deux virages qui se répondent et qui chantent pour Paris.

G : On a pu parler avec la majorité des groupes présents à Auteuil. Ils sont intéressés par notre projet. Ils sont réceptifs.

Du coup la reconnaissance officielle du club, vous la voyez dans un horizon proche ?

B : Non. Il y a encore trop d’obstacles. Il y a trop de vieux démons du passé qui font peur. Bien que les groupes qui sont actuellement dans cette tribune n’y soient pour rien.

Pourtant le club vous laisse mettre l’ambiance en Bleu ? Avec le Block qui peut se servir de mégas et de tambours ?

B : Au départ on était en bas en rouge mais c’était compliqué pour le club de gérer deux groupes, un en haut et l’autre en bas. Ça les arrangeait qu’on monte pour des questions de sécurité. Ils sont peut être en train de nous tester pour voir si il y a une bonne entente entre nous. On a demandé récemment au club si on pouvait avoir deux matchs « test » : Nantes et Amiens. Avec un emplacement à nous, notre matos… On l’a fait en début de saison contre Strasbourg, on avait acheté nos places pour se regrouper. Il y avait deux groupes distincts avec le Block et nous. Et ça chantait 10 fois mieux qu’actuellement… Par moment contre Strasbourg, ça commençait à prendre dans l’espace latéral qui avait été laissé entre nos deux groupes.

Vous êtes en contact avec qui au Club ?

B : Le référent supporter du club notamment. On a de très bonnes relations. Je suis content de ce qu’on a aujourd’hui mais je voudrais qu’on ait notre emplacement.

Si vous l’obtenez, vous êtes prêts ? Vous avez votre matos ?

B : On a tout le matos, tout est chez Barbu, un autre membre du groupe, et chez moi : mégas, tambours, drapeaux, deux mats, on a même la bâche qui est prête.

Paname Rebirth Virage PSG

Avec quel emblème ?

B : Ça ne changera jamais, la tête de mort avec le bob rouge.

G : Avec comme maxime « La vie c’est Paris, Paris c’est la vie » (Ndlr : citation de Marie Bashkirtseff, peintre et scultrice d’origine ukrainienne vivant à Paris au 19ème siècle).

Au fait, pourquoi Paname Rebirth, pourquoi ce nom à consonance anglaise, pas facile à prononcer en plus ?

B : Pour la renaissance de Paris, on veut faire revivre quelque-chose dans cette tribune. L’anglais, c’est l’influence des Boulogne Boys 85. C’est comme notre tête de mort. Pourtant sur notre première écharpe on a reproduit une maxime de chaque tribune : « Notre histoire deviendra légende » de Boulogne et « Ensemble nous sommes invincibles » d’Auteuil. pour te dire à quel point il n’y pas d’animosité chez nous quelque soit la tribune. On respecte les anciens.

En parlant des anciens, il y a des chansons que vous aimeriez relancer au Parc ?

B : Toutes. Les chansons au Parc aujourd’hui ne sont pas faites en fonction du match. C’est un peu une playlist dans notre tribune. Et puis je trouve aussi dommage que Boulogne ne reprenne que les chants lancés par Auteuil. Autant créer une identité Boulogne. J’ai du respect pour ce que fait le CUP mais ce serait bien de marquer notre différence.

Ça peut créer des problèmes non ?

G : Non, on chante les chants d’Auteuil avec ferveur, mais c’est juste que pendant le match et aux moments opportuns, on aimerait lancer certains chants historiques de Boulogne, c’est tout.

B : Quand j’allais au Parc plus jeune, il y avait un rituel pour accueillir les supporters adverses. On chantait « paysans, paysans, paysans ». Ça ne se fait plus. J’ai l’impression qu’on veut fermer le livre des chants historiques. C’est dommage.

Plus d'infos sur les Paname Rebirth ? Découvrez leur site www.panamerebirth.fr

Xavier Chevalier

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