Paris, c’est fini

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Elles sont là, dans ma tête à battre mes tempes, ces deux mi-temps.
Impossible de dormir. Perdu d’avance. Il est une heure onze et je continue
à tourner en rond et dehors il pleut alors qu’on prétend que
c’est bientôt le printemps, le temps des amours.
Le mien s’éteint paisiblement. Comme en fin de vie. Dernier soubresaut dans la nuit et puis la ligne droite, tuuuuuut dans les oreilles comme une paire d’acouphènes.
PARIS, C’EST FINI.

Paris, c’est fini. Et dire que c’était le club de mon premier émoi, ce qui a fait que je suis moi. Moi qui dis aujourd’hui que c’est fini. Moi qui dis qu’après tout ça, après vingt ans à vingt mille lieues sous la merde, à penser, vivre, être PSG et surtout quand tout le monde était olympique… Lyon ou Marseille, c’est pareil, la culture win, south winners au bakchich malin et ligue de l’OL façon tapin sur twitter, qui gratte ses titres en vendant ses fesses à la bourse. La bourse, toujours la bourse, c’est ce qui nous aura encore manqué. Certaines sont molles, même si on voudrait croire que le problème c’est la chatte. Celle des autres, jamais la nôtre. De couilles donc, toujours pas. Et plus jamais. Car c’est là que le bas-résille blesse. Le tibia-péroné de Demba Ba est encore là. 
On a jamais su emballer. Et à la vérité, Paris ne me fait plus bander. C’est passé. Plus moyen de rallumer la flamme. Ce serait forcer la mi-molle. Paris m’a trompé une fois de trop.
Trompes-moi une fois shame on toi, trompes-moi deux fois, shame on… etc. 
Je n’avais que La Corogne à la bouche la dernière fois. Ce soir, comme tout le monde, je n’ai plus rien. Et tout est bien qui finit bien. Paris ne m’aura pas eu. Pas pour toujours. Paris ne m’aura pas fait vivre un lent cauchemar, une vie entière dans le noir à broyer les projets de départ par peur du vide. Maintenant je n’ai plus peur du vide que laissera Paris dans ma vie, plus peur de ce que j’ai moi aussi dit cent fois, que c’est justement dans ces moments là… Je n’ai plus peur de perdre le rythme, de perdre le fil, de perdre le contact. Je n’ai plus peur de débrancher cette passion sous amour artificiel. Plus peur de ceux qui diront qu’après tout il y a des choses plus graves, plus peur des plus hostiles qui disent toujours que ce n’est que du foot. Je n’aurai plus peur de ces buts assassins, avant chaque printemps, qui tuent nos petites fiertés comme on tire des lapins. Sans même avoir à forcer leur destin. Car le destin à vrai dire n’y peut rien. Paris connaissait déjà le sien. 
Et d’ailleurs ce n’est même pas un drame. Juste un énième coeur brisé par une bonne étoile en carton. Après ça, certains renoncent aux dames. Moi je renonce aux petits princes qui depuis des années n’ont plus d’âme. Le fameux coeur brisé avec les doigts, ces doigts planqués à bout de bras par Kim. Car le sort à voulu que ce soit lui qui nous condamne. Parfait, j’aime autant que ce soit un ami qui m’annonce la fin des temps. 
Vingt ans. D’une coupe du monde à l’autre. J’échangerais volontiers les deux contre un peu de temps additionnel au Parc pour dire Adieu. Je n’en ferai pas toute une histoire, la mienne s’arrête là. 
Désormais, je jubilerai en secret. En serrant fort contre moi le souvenir de Ronnie et Pauleta, le but et la moustache de Vampeta, la toute première frappe de Monsieur Okocha ; je retiendrai Rothen, Sorin et Laurent Leroy, je me souviendrai même d’Heinze pourquoi pas ; et puis de Robert, Christian et Jérôme Leroy ; je n’oublierai jamais Sakho, Mendy et Papus Camara. Et puis Partouche, Sankharé, Maurice et Arnaud, N’gog, Abriel, Ogbeche, Sakho et même Anelka… Tous ceux-là. Tous ceux qui ont grandi avec moi. Mes faux espoirs. Reste Presko, mais ce sera sans moi. Car si je continuerai à vénérer Diané, je ne donnerai plus mon temps à ce PSG. 
J’aurais voulu partir sur une victoire comme Carlo. Mais j’étais fait pour la défaite comme la bande à Marco. Simone n’est plus de la fête. Batman nous a oublié depuis belle lurette. Et de toute façon, tout ça c’est dans la tête.

Noé Pellissier

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