Paris un jour, Paris toujours

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En cette période post-traumatique pour bon nombre de supporters parisiens, certains préférant quitter le navire, d’autres remettre en cause leur foi ou leur réabonnement, j’ai personnellement choisi de sourire. Je souris à la vie, la mienne, dont le destin m’a mené ici, écrire quelques lignes sur ce club qui est bien plus que cela. Il n’y a pas que le football dans la vie. Il y a aussi le PARIS SAINT-GERMAIN.


Alors je souris, devant cette photo de Bruno Ngotty, levant les bras après un boulet de canon, au soir du 8 mai 1996, vêtu d’un maillot magnifique, d’un bleu blanc rouge blanc bleu unique, et sans sponsor ce jour-là, une tunique qui devrait être la seule représentante de nos couleurs à domicile. Je souris aussi devant ce tir, enfin, de Marco Verratti, en dehors de la surface de réparation qui plus est, finissant au fond des filets, premier but d’une demi facilement victorieuse, exploit banalisé d’une série de cinq d’affilée.

J’ai souri, et plus encore, en voyant Choupo propulser le ballon au fond des filets du Parc des Princes, pour la première fois et pour un but si important, le premier du match pour le Titre. J’étais fier de mes encouragements pour ce joueur moqué et décrié, limité il est vrai mais joueur du PSG qui mérite mon respect. Quelques minutes plus tard, j’ai été estomaqué par son geste incontrôlé et incompréhensible, retirant une finition remarquable à un Christopher Nkunku qui en avait pourtant bien besoin, et nous aussi. Ces deux actions, intervenues en quelques minutes, résument pour moi parfaitement l’histoire du Paris St-Germain. On se demande toujours ce qui va encore arriver de meilleur et de pire, et nous ne sommes jamais déçus. Le meilleur et le pire finissent toujours par arriver. Toujours peur qu’il n’arrive rien. Mais il arrive toujours quelque chose de plus. Comme si Choupo ne suffisait pas, une poignée de secondes plus tard, nous vîmes un but extra des strasbourgeois …

Je souris car après tout ces moments, de joie et de bonheur, ou parfois de souffrance et de pleurs, on pourrait mourir tranquille, comme l’a jadis dit Thierry. Mais le plus beau, j’en suis certain, est encore à venir. Alors je souris à ces instants restant à vivre, en Rouge et Bleu, évidemment. Les sourires étant communicatifs, j’ai donc envie de vous partager, certains de ces instants magiques, qui un jour m’ont fait vibrer.

Je pourrai ne vous citer qu’un joueur, qu’une action ou qu’un match en particulier. Cruel exercice. Impossible à réaliser. Une belle histoire est rarement un coup d’un soir. Mon premier, celui du 18 décembre 1992, une première claque, les premiers tacles, première défaite, première rencontre des marseillais, 32 autres depuis, domicile ou extérieure, je vous promets, je les ai comptés, et un bilan fortement rééquilibré ! Parmi ces classiques, beaucoup pourraient être cités dans le panthéon du Paris SG, mais cela serait trop long, et maintes fois visités. Je pourrais donc explorer bien d’autres contrées. Celles de l’Europe fréquemment traversée. En terre batave, pour une finale qui ne fut pas un doublé. Des neiges alpines, en route pour un baptême en terre Rossoneri, joué avec un maillot gris Opel Corsa, un premier but contre nous de notre Léo, et une égalisation de Nico Anelka.

Paris Un jour, Paris toujours Virage PSG
PSG vs. Derry City / 28 septembre 2006 (c) Panoramic

Croiser les chats de l’Acropole, un soir de Saint-Valentin, ça valait bien un but de Sammy, un second de Bernard Mendy, et une titularisation pour notre précoce Titi, Mamad’ Sakho a grandi depuis. De tels périples, par dizaine, je pourrai vous en narrer. En terre espagnole, anglaise, ou bien encore outre-rhin, maintes fois j’y ai tremblé. Mais aucun, non aucun, n’a jamais pu rivaliser avec cette rencontre du troisième type.

Un jour de septembre 2006, au nord de la province d’Ulster. Le Bogside et son Brandywell, ses fresques et ses Candy Stripes. La chaleur de ses pubs, la ferveur de ses cœurs. L’amitié créée, des corps et des âmes fraternisant entre des pintes et un ballon. Jusqu’au bout d’une nuit intense, la lune ne nous a pas couché. Le match retour fut du même ton. Chaleureux et merveilleux. Au Quigley’s de Saint-Eustache, les riverains s’en souviennent. Notre belle Tour Eiffel fut aussi de la partie. A son pied nous passâmes tout l’après-midi, échangeant nos bières et nos drapeaux, chantant tous pour des couleurs que nous avions mélangées. En tribune ce fut la même, comme une parenthèse enchantée. Ce soir là les grilles et les filets auraient dû être prohibés. Le Parc des Princes comme on l’aime, fier et coloré, dans ses travées et dans ses chants, accueillant comme il se doit, nos amis nord-irlandais. Céad míle fáilte.

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We love you Paris, we do, we love you Paris, we do, we love you Paris, we do, oh Paris we love you !

Je pourrai vous énoncer toutes ses finales nationales. Depuis 98, à aucune je n’ai séché. Certaines furent triomphales. D’autres de vraies calamités. Toutes ne furent pas un récital. Mais toutes pourraient être récitées. Le Stade de France ne mérite toutefois pas d’avoir cette félicité, d’accueillir dans mon récit, ce match si particulier. Si je dois n’en citer qu’un, ça ne peut être qu’à la maison. Dans notre jardin adoré, où nous chantons à l’unisson. Des cris, des pleurs, beaucoup de tension. Les souvenirs y sont légions. Des tours d’honneurs en fin de saison, des larmes versées sur le gazon. Raï a eu son Monaco, Pedro a eu son Sainté, pour ne citer que deux exemples où tous nous finîmes prosternés.

Des ambiances survoltées, des tifos à foison, des tribunes embrasées, et un tambour qui fut le mien, mon retentissant compagnon, que j’ai dû laisser, plein de chagrin, un soir de mai, à l’abandon. Des espoirs et des regrets, j’en ai plein mes filets. Des frissons et des hurlements, à ne plus savoir quand c’était, autant de retournements, et de scénarii alambiqués. Mon premier de Ligue des Champions, un quart de finale validé. Raï et Guérin en tête de proue, au bout de ma paire de jumelles, achetées spécialement pour cette occasion, mirifique, exceptionnelle, pouvoir admirer ce soir là tous les étoiles du Parc briller.

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Capitaine Roche (c) Panoramic

Des exploits sportifs à la pelle, qui m’amène à vous conter, ce joueur si particulier, qui pour moi a beaucoup compté. Ceux qui me connaissent aujourd’hui, vous citeront Javier sans se tromper. Ce n’est sûrement pas sans raison, qu’ainsi au Parc certains m’ont surnommé. Mais pour cet exercice, plus loin je vais remonter, jusqu’à mes prémices dans ce stade vénéré. Comme gravé dans la roche, il reste à ce jour, et ce plus de vingt ans après, le seul et unique joueur que j’ai eu de floqué sur un de mes maillots du Paris SG. Défenseur élégant, il fut mon modèle, lorsque adolescent, je chaussais mes crampons. Deux destins liés, puisque nous arrivâmes au Parc la même année. Lui au milieu d’une génération qui sera couronnée, moi au sein de tribunes bouillantes et déchaînées. Palmarès éloquent, il fut même capitaine, et contribua sans doute à forger ma passion. Rouge et Bleu, dans notre sang et dans nos veines, nous sommes tous deux les mêmes, parfois aigris, mais toujours fidèles.

Avant de conclure, et de ne choisir qu’un instant, une action particulière doit attirer mon attention. Je n’en évoquerai pas qu’une seule, mais la même à répétition. Celle qui a la dernière seconde, fait chavirer nos émotions. Dans le malheur ou dans la gloire, l’issue n’est finalement qu’une illusion. Peu importe de quel côté tombe le hasard, l’histoire est plus belle si l’on ne connait pas à l’avance sa conclusion. Citons ainsi quelques exemples qui nous laissèrent en suspension, d’un ballon flottant dans l’air, puis transperçant la ligne de front. Ainsi en septembre 2000, Laurent Leroy fit sensation, lorsqu’à la 90ème, il broya l’ennemie teuton. A cet instant nous étions loin d’une de nos pires désillusion.

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Francis The Great (c) Panoramic

Un soir de Coupe trois ans plus tôt où nous sombrèrent à Clermont. Menant 4 – 1 à la 68ème, sur ce terrain de Nationale 2, nous ne pûmes échapper à la prolongation. Bien sûr cela vous évoquera une certaine remontada, que je vis dans un parcage qui chantait « Bye Bye Barcelona ». J’y osa à la 88ème déclarer que le compte n’y était pas, mais les jeunes parisiens impertinents me regardèrent tous en se moquant de moi. Un autre soir au Vélodrome, Edi exécuta sa mission, lorsque d’un coup-franc sous la barre, il mystifia Steve Mandanda. Revenons 20 ans plus tôt, au Parc des Princes, un soir de mai. Tout au bout de la dernière journée, à la minute 89, Vincent Guérin, comme de coutume, nous qualifia pour la C1. Accroché à mon transistor, en Tribune Paris du Parc des Princes, je me souviens de ce moment, certes un peu flou, mais toujours vibrant.

Rentrons maintenant dans le solennel. Je n’ai pas vécu cette belle époque, je n’étais pas encore né, arrivé sur cette terre quelques semaines seulement après notre premier trophée. Ce n’est que dans les archives, que j’ai vu cet homme aux cheveux blancs, se mettre à genoux sur notre sainte pelouse, et avec passion l’embrasser. Alors si je ne devais retenir, qu’un seul match parmi ces ans, dans ce joyau qu’est ce navire, habituellement si bruyant, ce serait dans mes souvenirs, un court mais très vif instant, deux minutes pour une éternité, un silence si pesant, pour un homme passionné, et un grand Président. Au milieu d’un Virage paré de noir, en lettre blanche était inscrite, une épitaphe « Adieu Francis », que tout le peuple brandit fièrement. Puis dignement, les acclamations résonnèrent, pour laisser place au ballon rond, aux Rouge et Bleu chers à Francis, lui qui les aimait tellement.

Paris un jour. Paris toujours. Paris d’amour. Paris velours. Paris glamour. Paris basse-cour. Paris paillette. Paris ginguette. Paris d’ici. Paris d’ailleurs. Paris dorée. Paris bonheur. Paris Boulogne. Paris pavé. Paris Auteuil. Paris coloré. Paris Borelli. Paris lumière. Paris Paris, Paris SG.

Crédit photo Homepage : Merry Moraux 


Benjamin Navet

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