Pearl Harbor à la Beaujoire

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Viragiennes, Viragiens, Mon rédacteur en chef est talentueux.
Sachant la difficulté que j’ai à trouver du temps pour écrire des articles qui ne seront lus que par ma mère, il a trouvé un très bon moyen de me motiver. Il me provoque.


Car je ne peux pas croire que l’article publié sur Virage, de la plume (talentueuse) de Jean Miflin n’ait pas été écrit pour me titiller et me donner envie de répliquer.
A le lire, donc, la défaite contre Nantes serait calculée, par un entraîneur avide de pouvoir, qui aurait sciemment placé 11 plots sur le terrain dans le but d’obtenir plus de pouvoir.
Ainsi, la stratégie de Tuchel, ce serait de faire Hara-Kiri pour montrer qu’il a raison. Mon collègue se trompe. A la Beaujoire, Tuchel et le PSG n’étaient pas des kamikazes.
La Beaujoire, c’était Pearl Harbor. Et Paris était la flotte américaine.

Découvrez l'article de Jean Miflin "HARA-KIRI A LA BEAUJOIRE" en cliquant ICI

Etant en radical désaccord avec Jean Miflin, je vais reprendre ses arguments, en commençant par citer le passage qui m’a, sans doute, fait le plus tiquer :
« Même avec un effectif très allégé, des solutions assez simples auraient été salvatrices.
Draxler est un ailier gauche, un 10 ou même un 9 et demi. Pourquoi l’aligner si bas en laissant Nkunku (8 de métier) plus haut ? Pourquoi ne pas laisser la chance à des jeunes qui avaient envie plutôt que des divas déçues de ne pas avoir droit à quelques jours de repos ».

Sait-on seulement quel est le vrai poste de Draxler ? Vendu comme un ailier pouvant jouer 10, il a joué une demi saison en ailier gauche avant d’être expérimenté en milieu central (où il aura finalement le plus joué sous nos couleurs) et, cette saison, d’être le couteau suisse de Tuchel. Il revient de blessure, a joué un match indigent, en position d’ailier gauche, contre Lille. Et on voudrait lui donner les clés du jeu ?
Il a été placé à son poste « préférentiel », c’est-à-dire celui où il a le plus de repères.
Si on le fait monter, on fait redescendre Nkunku ? Christopher – je sais pas quoi faire du ballon – Nkunku au cœur du jeu et de la récupération ? Sachant que j’ai du mal à me souvenir d’une seule bonne action de sa part contre Nantes, je ne peux l’imaginer orientant notre jeu à la place de Draxler (qui ne fut pas brillant, ne nous mentons pas).
Quant à « laisser la chance aux jeunes », on parle de jeunes de la réserve, pas des derniers espoirs du centre de formation (exception faite de Güclü, à qui la chance fut laissée, du reste).

Le problème n’est pas que les divas soient déçues de ne pas avoir droit à quelques jours de repos, le problème vient du fait que nos divas tirent plus la langue que des adolescentes sur des photos pour paraître cool.
Ils enchaînent les matches, sans jamais souffler (Kehrer revient de maladie, Kimpembe enchaînait encore, Alves n’aurait jamais dû tant jouer cette saison…).
Notre infirmerie ressemble à notre équipe type, notre effectif est l’un des moins garnis parmi les grands d’Europe, mais on vient accuser Tuchel de jouer avec ses troupes alors qu’il essaie de monter des équipes un tant soit peu cohérentes.

L’entraineur aurait donc « manigancé la défaite pour avancer ses pions en interne ». Outre le caractère gratuit de l’accusation, qui ne repose sur aucun élément factuel, on voit mal en quoi la défaite aurait été manigancée. Paris a mené au score sur la belle inspiration d’Alves et seul le mental de nos joueurs (et le manque de profondeur de banc) sont responsables de la défaite. C’est peu dire que Kehrer est au fond du trou (on y reviendra) ou que Kurzawa n’est pas un défenseur. Ce sont les principaux responsables de la défaite hier puisqu’ils ont failli sur les phases défensives où ils étaient attendus.

J’en viens aux questions sur le recrutement de Tuchel. Kehrer et Choupo-Moting seraient donc « ses choix », qui seraient limités. Rappelons donc que Choupo a été une occasion de renflouer le banc de touche sans débourser un centime, ni créer de vagues dans le vestiaire. J’appelle ça de la bonne gestion.
Rappelons encore que, l’été dernier, nous avons dépensé une quarantaine de millions d’euros pour faire venir Kehrer et Bernat. Nous n’avions pas les moyens de réellement nous renforcer. Devions-nous faire l’impasse sur ces deux joueurs, quand on regarde le nombre de matches qu’ils ont joué ? Choupo était-il censé jouer autant ? Certainement pas. Mais les blessures ont eu raison de l’effectif.

Sur Kehrer, il est aisé de le jeter aux orties après son match face à Manchester et ses performances depuis. C’est oublier un peu vite l’épaisseur qu’il a (vite) prise dans les grands rendez-vous en première partie de saison et même sur le match aller à Old Trafford.
Non, l’allemand n’est pas une chèvre, c’est un jeune défenseur. Il joue beaucoup trop en ce moment, c’est indiscutable, il aurait dû passer la fin de saison sur le banc et attaquer en forme l’an prochain. Mais, Guess What ? Notre charnière centrale est blessée. Notre infirmerie ressemble à celle d’Arsenal, époque Wenger. Peut-être des ajustements sont-ils à faire au niveau des préparateurs physiques. Ou peut-être enchaîne-t-on trop les matches avec un effectif insuffisant, qui sait ?

Quant à Paredes, le peuple parisien semble oublier sa jurisprudence Raí. On condamne sans attendre un joueur en pleine adaptation physique et tactique et qui est arrivé au mercato de janvier. Ce mercato où on se tourne vers les clubs pour récupérer les invendus des étalages, les joueurs déjà éliminés des compétitions européennes ou en conflit avec leurs entraîneurs. Les seconds couteaux ou les trop vieux…
Pouvait-on espérer mieux, avec le budget qui était le nôtre, que Paredes ? Thiago Mendes ? Doucouré ? Gueye ?

« Kehrer + Paredes, c’est plus que De Ligt ». Soit. Mais si Tuchel avait pris De Ligt, aurait-il fait une saison aussi superbe que celle qu’il accomplit à l’Ajax, son club formateur et dans lequel il n’est pas barré par la concurrence qu’aurait constitué Kimpembe, Silva et Marquinhos ? Peut-on, honnêtement, penser que De Ligt aurait fini titulaire dans notre club après trois mois ? Rappelons que Marquinhos, lors de sa première année, était loin d’être aussi indiscutable qu’aujourd’hui.

Nous sommes au moins d’accord, avec mon collègue, sur un point : « quand on laisse le club perdre pour servir son intérêt personnel c’est qu’on met celui-ci au-dessus de tout ».
Qui a vu ses intérêts préservés, toute la saison ? Est-ce l’entraîneur humilié en Europe, obligé de bricoler semaine après semaine ? Ou est-ce le directeur sportif qui, sans pression, peut proposer des pipes au mercato (Renato Sanches, sérieusement…), négocier des deals pour le moins douteux (coucou Giovanni !) et n’a pas apporté un joueur vraiment indiscutable depuis son arrivée (qu’on ne vienne pas me parler de Neymar ou Mbappé, Henrique ne les a pas découverts) et qui, pourtant, est toujours en poste ?

Tuchel est sans doute loin d’être irréprochable, mais il a l’honnêteté de l’admettre. Voilà un coach qui dira en conférence de presse « la première mi-temps, elle est pour moi » (Lille). Un coach aimé et respecté de ses joueurs (Laurent Blanc vous manque ?) avec une vraie sensibilité footballistique et une patte tactique.
Depuis des années, on a changé de coach tous les deux ans, pour un résultat sensiblement équivalent. La direction, elle, demeure. Cherchez l’erreur…


Rabiot Jacob

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